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La numérisation de l’école : vers l’école de demain

30.10.2019

Devrim Özsoy avatar. Devrim Özsoy

La numérisation de l’école : un bien ou un mal?

De plus en en plus de personnes politiques parlent de la numérisation de l’école, de ses bienfaits ou de ses dangers.

Mais qu’est-ce que la numérisation, et donc, la numérisation de l’école ?

La numérisation est la transformation de données physiques en valeur binaire (des 0 et des 1) que l’on peut stocker sur de la mémoire virtuelle.

Depuis quelques décennies, les innovations technologiques nous ont offert de nouvelles possibilités.

La numérisation est répartie en 4 domaines distincts : l’interconnexion, l’automatisation, la virtualisation et la réalisation.

  • L’interconnexion: De nombreux domaines peuvent être maintenant reliés entre eux. Un des exemples les plus récents est l’apparition du World Wide Web que nous appelons plus simplement internet. Il est maintenant possible d’avoir à un nombre quasi illimité d’informations sans quitter son ordinateur. Les possibilités de communications sont maintenant nombreuses et leur nombre va encore croître. Il était possible de relier des ordinateurs entre eux à l’aide d’un réseau, il est maintenant aussi possible de relier des humains entre eux. Nous appelons cela un réseau social.
  • L’automatisation: Il s’agit certainement du domaine, le plus controversé. D’une part il permet d’accroitre les cadences de travail de manière significative. Les machines demandent un investissement important, mais permettent de travailler plus rapidement que les êtres humains. Elles ont aussi l’avantage de ne pas avoir besoin de dormir. C’est à ce moment qu’intervient le côté pervers de cette évolution technologique. Les entreprises sont sans cesse engagées dans une compétitivité grandissante et nécessitent de moins en moins de main d’œuvre humaine pour les tâches répétitives et cela commence à s’étendre à de nombreux corps de métier.  A l’heure actuelle, il est possible de se faire opérer à distance depuis un autre continent à l’aide d’une machine. Les adeptes de la théorie du complot envisagent même des machines à des postes décisionnels importants qui pourraient nous amener à la fin de la civilisation.
  • La virtualisation: Les possibilités sont nombreuses, elles permettent de nouvelles possibilités de communication ou même de réalité virtuelle. Il existe par exemple des films dit d’animation qui sont une création de toute pièces mais dont les similitudes avec de vraies personnes sont troublantes.
L’inquiétude de la menace que l’automatisation fait planer sur les emplois est sans cesse grandissante. Mais même si les métiers manuels à caractère répétitif seront les premiers à disparaître dans les prochaines années si ce n’est pas déjà fait, cela ne veut pas forcément dire que la société n’aura plus assez de place pour le travail des humains.

Certains corps de métiers où les interactions sociales sont une base primordiale, sont voués à survivre à ce processus. Cependant, plusieurs études menées dans le cadre du WEF (World Economic Forum) montrent que les compétences en technologies de l’information seront de plus en plus indispensables dans la plupart des professions à l’avenir (le recours à aux technologies, comme la vidéo, les images, les projections seront utilisées de manière de plus en plus systématique).

Une autre étude prétend même que dans une vingtaine d’années, 65% des futurs métiers n’existent pas encore. Il va donc être inutile de se former des personnes dans un domaine trop précis, mais plutôt de leur faire acquérir un ensemble de compétences de base qui va leur permettre de se former plusieurs fois dans une carrière professionnelle.

De nos jours un travailleur change entre deux et trois fois de profession sur une carrière, il est donc impératif qu’il puisse compter sur un plus grand éventail de compétences afin que sa flexibilité soit maximale.

La numérisation de l’école: quel impact?


Mais quel est donc l’impact de la numérisation sur l’école ?

Tout d’abord, il faut distinguer 3 axes :

  • Les effets de la numérisation sur la didactique, ainsi que la mise en ligne de cours.
  • La modification des contenus didactiques pour faire face aux demandes de demain.
  • Les répercutions éventuelles sur la pédagogie en classe.
Dès l’apparition des premiers cours en ligne qui permettait de suivre certains modules en ligne dans les universités, tout le monde s’est empressé de surfer sur ce succès expérimental et prédisait la fin des salles de classes.

Cette douce euphorie a été de courte durée, car cet enseignement baptisé « e-learning » a été rapidement confronté à un certain nombre de problèmes chez les adultes comme chez les enfants.

  1. Le besoin d’une relation sociale entre un enseignant et un étudiant a été grandement sous-estimée. Le simple fait de ne pas pouvoir poser des questions pour se rassurer a fini par générer des angoisses et des inquiétudes. De plus la réussite des étudiants dans les cours en ligne était plutôt moyenne.
  2. Le taux d’abandon était phénoménal, car près de la moitié des étudiants n’allaient pas au bout de leur cursus.
Un compromis en l’école « à l’ancienne » et l’école numérique, s’est alors imposé comme une évidence.

Les outils numériques sont alors utilisés comme supports de cours de manière ciblée et ne saurait se substituer à l’enseignement habituel. Le travail de l’enseignant est primordial, car il va devoir lui-même effectuer un tri parmi tout le contenu disponible sur internet ?

Comment utiliser une vidéo de démonstration sur YouTube ? Doit-on regarder la vidéo en classe et la commenter ? Doit-elle être regardée à la maison ?

Doit-on regarder un film en entier ou seulement une partie ?

Quels sont les sites dédiés aux branches qui sont fiables ? Comment les différencier ?

Il faut reconnaître qu’à l’heure actuelle le contenu didactique, permettant de faire du E-learning en simultané avec du contenu en classe est relativement pauvre. Avant de vouloir mettre une tablette dans les mains de chaque enfant, il faudrait d’abord s’assurer que leur potentiel soit pleinement exploité.

De plus en plus d’école disposent de moyens informatiques importants, mais trop peu d’enseignant ont reçu une formation spécifique pour pouvoir en faire profiter les élèves de manière optimale.

Comment la numérisation va-t-elle modifier les contenus didactiques ?


Il est très difficile de cibler de manières précises les compétences qui vont être nécessaires pour les métiers de demain, car personne ne sait avec précision de quelles compétences les actuels enfants auront besoin dans la vie professionnelle. Il existe une seule certitude, c’est qu’une faculté d’adaptation va être primordiale et que la formation continue sera obligatoire. Il est toutefois pour ainsi dire acquis que la connaissance des mathématiques et celle de la première langue (maternelle)  sera indispensable.

De plus en plus d’experts pensent que l’apprentissage de la programmation de base devrait être enseigné à l’école obligatoire. Tous les élèves ne seront pas destinés à devenir des informaticiens, mais des notions de programmation font leur apparition dans presque tous les métiers, de telle sorte que chacun devra pouvoir en comprendre les principes.

Les enfants devront être amenés à se représenter des situations plus ou moins complexes de manière abstraite. Cette capacité à penser comme un ordinateur et de comprendre leur logique est très importante.

Fort heureusement il est possible de travailler ces compétences de manière ludique et adaptée.

  • L’utilisation de la suite Office se posera comme une évidence assez rapidement. Faut-il pour autant donner des cours de bureautique aux élèves ? Bien sûr que non car l’absence de liens concret va nuire à leurs apprentissages, il est donc recommandé d’intégrer de manière transversale les outils bureautiques à l’enseignement.
  • Il peut arriver que certains élèves maîtrisent mieux certaines compétences liées à la numérisation que leurs professeurs. C’est une vérité inéluctable, les domaines numériques sont devenus si vastes qu’il est impossible de prétendre pouvoir tous les maîtriser. Il ne faut plus avoir peur de se faire dépasser dans un domaine et essayer d’accompagner l’élève dans sa démarche.
  • Il n’est pas interdit de faire appel à un consultant extérieur qui est un expert dans son domaine. Les salles de classe ne sont pas condamnées à être fermées et l’intervention d’un expert qui pourrait être un parent d’élève sera beaucoup profitable qu’une intervention la manière d’évaluer un test. Il existe tout un certain nombre de concours technologiques auxquels des élèves pourraient participer s’ils bénéficient des bons appuis.
Ce n’est pas pour autant qu’il faille négliger l’importance des compétences sociales qui permettent justement aux être humains de se différencier des ordinateurs. Il ne convient donc pas de faire une fixation sur toutes les compétences mathématiques nécessaires aux métiers de demain, mais bien de garder en tête que notre réalité d’aujourd’hui ne sera pas la même pour nos enfants.

Comment personnaliser l’enseignement à l’aide du numérique ?

Deux des grands mots d’ordre de notre époque sont : l’école inclusive (intégrer dans la mesure du possible toutes les personnes souffrant d’un handicap dans une scolarité normale afin d’éviter toute stigmatisation) et la pédagogie différenciée (qui consiste à adapter l’enseignement en fonction des difficultés rencontrées par chaque élève).

Il faudrait imaginer des plateformes numériques qui permettent de compléter le cours, où les élèves pourront faire des devoirs et suivre leur progression en temps réel. Il serait dès lors possible pour parents et enseignants de suivre les progrès des étudiants en les laissant avancer à leur propre rythme.

Cela ne va-t-il pas surcharger les enseignants ?

Bien évidemment que non, car la charge de travail requise leur est déjà demandée à l’heure actuelle.

Les enseignants doivent préparer un programme gérant la progression de chacun et se doivent ensuite de pouvoir communiquer de manière précise les progrès de chacun tout en tenant compte de toutes les spécificités.

Une plateforme optimisée permettrait d’obtenir des rapports précis des progrès réalisés par des élèves suivant les sujets. Il est bien évidemment illusoire de croire, qu’un programme va pouvoir remplacer un être humain, mais il faudrait plutôt le voir comme un assistant.

Il existe toutefois un côté pervers à cette numérisation à outrance de tous les moyens et une pédagogie assistée par ordinateur que les détracteurs ne manqueront pas de mentionner.

Les jeunes à l’heure actuelle ont déjà une fâcheuse tendance à se couper de toute relation sociale, en passant plus de temps que de raison sur des supports numériques comme les smartphones, tablettes ou consoles de jeu. Alors que nous sommes en train de découvrir de nouvelles pathologies mentales liées à la surutilisation de ces objets et de chercher par tous les moyens à ouvrir un peu plus les enfants au monde extérieur, une avancée pédagogique pourtant pleine de bonne volonté pourrait s’avérer délicate car elle pourrait isoler davantage les enfants.

Il ne faut pas perdre de vue que les compétences sociales comme la communication, l’argumentation, l’échange d’opinions et l’esprit d’équipe sont aptitudes qui vont être abondamment recherchées dans la vie professionnelle.

Numériser l’école: quelle serait la solution?


La facilité serait de se dire qu’il faut simplement rajouter plus de cours d’informatique au détriment d’autres branches que nous pourrions considérer comme désuètes. Avant de changer les contenus, il faut d’abord changer les mentalités. La numérisation va accélérer la mue de notre société à un point qu’il est devenu presque impossible de se projeter en avant.

Si l’on entend préparer les générations futures aux nouvelles exigences professionnelles, il faut avant que les jeunes puissent adopter une attitude positive face au changement et ne pas se complaire dans une routine.

Pour cela, il ne faut pas hésiter à stimuler leur curiosité et leur envie de découvrir. Un enseignant moderne sera plus celui qui se passionnera pour la nouveauté que celui qui malgré une passion manifeste pour la transmission de son savoir, continuera à enseigner que d’une seule manière.

Il sera donc essentiel de maîtriser la langue maternelle qui restera notre outil numéro 1 de communication ainsi que les mathématiques qui vont s’imposer comme un prérequis de plus en plus incontournable dans les professions actuelles et futures.

Les classes resteront un endroit où les compétences sociales seront apprises et la numérisation devrait permettre d’aider les professeurs à dispenser un enseignement plus ciblé.

Si la société est prête à opérer ce changement, une évolution pourrait être très rapide dans le cas contraire, nous pourrions être confronté à un décalage énorme entre les attentes du monde professionnel et les contenus scolaires.

Et vous? Que pensez-vous de la numérisation? La numérisation de l’école, est-ce vraiment utile? Donnez-nous votre avis en nous laissant un commentaire ci-dessous.

(Vous pouvez lire mon article original ici:
https://www.samsoutien.ch/la-numerisation-de-l-ecole/ )