Selon une étude PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) qui a lieu tous les trois ans en France, on constate que les écarts se creusent entre les élèves, le niveau moyen baisse, qu’il y a un alourdissement du poids des inégalités sociales et les élèves manquent de confiance sur leurs capacités en mathématique (Bodin, 2009). Ces résultats conduisent à utiliser le numérique dans l’enseignement des mathématiques pour aider les élèves à combattre leur anxiété et le manque de confiance en soi, de valoriser l’activité de l’élève, améliorer la différenciation des apprentissages, encourager le travail en dehors de la classe (Pilet, 2013). Parmi les E.N.T existants, LaboMep est une plateforme qui propose des exerciseurs et autres fonctions pour les enseignants et les élèves. Il permet aux élèves de travailler en autonomie en classe ou à la maison, de refaire les exercices, de travailler sur des tâches simples à complexes, d’écrire des réponses sous forme de texte, d’utiliser d’autres liens pour accéder à d’autres ressources. Pour les enseignants, Labomep permet de donner des séries d’exercices allant de difficulté croissante, de bloquer la progression du travail si le niveau de réussite souhaité n’est pas atteint, de voir les erreurs bloquantes et individuelles des élèves et de le retravailler par la suite. 

Ce travail de certification présente l’implémentation d’une séance d’enseignement via cette plateforme en vue de réaliser une évaluation formative des élèves.

La séquence numérique proposée porte sur l’utilisation d’une plateforme pour les mathématiques intitulé LaboMep. Il s’agit d’une plateforme gratuite, libre et développée par l’association Sésamath constituée de professeurs de mathématique en activité.

Cette séance numérique s’adresse à une classe de 10 VG qui comprend 18 élèves de niveau 1 en mathématique. Cette séance aura lieu après 9 périodes données sur le thème de Fonctions et diagrammes, résolution de problème de proportionnalité et durera deux périodes. L’objectif de cette séance sera de recueillir des informations individuelles sur les atteintes intermédiaires des objectifs d’apprentissage des élèves (évaluation formative) afin de pouvoir ensuite individualiser une partie du cours. La production recueillie à la suite de la séance sera d’éditer le taux de réussite de chacun des élèves et de mieux identifier les difficultés rencontrées.

 

L’objectif de cette séance est d’identifier individuellement les obstacles d’apprentissage en lien avec la thématique. Une manière de les identifier aurait été de donner une série d’exercices papier sous forme de TA, mais ceci génère du stress pour les élèves et peut impacter les résultats. L’avantage de cette plateforme est de pouvoir réaliser une évaluation formative sans générer des notes visibles par les élèves et de proposer par la suite un enseignement différencié.

L’outil proposé est une modification dans le modèle SAMR, puisque les tâches scolaires ordinaires sont réalisées grâce à la technologie. L’enseignant a accès aux travaux des élèves en cours, et il peut recevoir les exercices et les commentaires des élèves pour les évaluer. Bien que cet outil numérique ne permette pas une écriture collaborative et de faire des évaluations entre pairs, il est toutefois possible de partager entre enseignants les séquences élaborées.

Du coté des élèves, cet outil leur propose des aides en ligne (voir plus loin) et ils ont le droit à deux essais avant de recevoir la correction de la question. Dès la première erreur, l’exerciseur propose à l’élève de solliciter l’aide en ligne. A la fin de la série, le score est donné. L’élève a alors deux options, soit de refaire la série si le score est insuffisant ou de passer à l’autre série d’exercices.

 

L’outil me permet effectivement de faire une évaluation individuelle des élèves. Il est bien pensé car les élèves réalisent les exercices de manière aléatoire. Une fois la séquence réalisée, il est possible de lancer une analyse automatique qui donne un rapport de la séance. Grâce aux codes couleur de ce rapport (Cf. figure 1), je peux savoir si les élèves ont su répondre du premier coup ou non à chaque question, s’ils ont sauté la question, s’ils ont eu des problèmes de déconnexion, combien de temps a duré l’exécution de l’exercice. La visualisation rapide des résultats de l’ensemble des élèves est un gain de temps considérable. Je peux identifier très rapidement les élèves en difficulté et le pourcentage des élèves concerné.

 

Figure n°1 a: rapport d’analyse pour un élève

Figure n°1 b: rapport d’analyse pour la classe

Pour mener à bien cette séquence, j’ai dû :

-       devenir experte de la compétence « LaboMep » proposée sur Sqily. Cela a nécessité de créer mon compte Sésaprof, de m’inscrire sur la plateforme, créer ma classe puis créer ma séquence d’enseignement

-       me former aux compétences sqily «  savoir varier les approches pédagogiques pour tirer parti des plus-values des MITIC » ainsi que « connaître les conditions pour une intégration efficace des MITIC dans l’enseignement ».

-       en classe, de créer les comptes des élèves et de gérer leurs mots de passe.

-       me donner un aperçu des avis des utilisateurs, découvrir aussi toutes les autres possibilités, fonctionnalités que propose cette plateforme via les sites suivants :

 

http://revue.sesamath.net/spip.php?article1078, 

Au niveau disciplinaire, les élèves vont travailler des exercices sur la proportionnalité avec des exercices portant sur les échelles et les pourcentages. (Cf. figure n° 2). La séquence comprend 6 séries d’exercices comprenant entre 5 et 10 questions chacune. Les séries portent sur (1) le calcul des échelles,  (2) calculer la dimension réelle, (3) calculer la dimension représentée, (4) l’échelle d’agrandissement, (5) mesurer pour calculer des échelles. Ces exercices s’intègrent au PER des 10eme dans la partie Fonctions et diagrammes, résolution de problème de proportionnalité. 

Au niveau des MITIC, c’est l’utilisation d’un environnement multimédia qui est sollicité durant cette séquence et en particulier le point repérage et utilisation autonome des ressources numériques d’apprentissage. Les élèves sont amenés à utiliser de façon autonome la plateforme, ce qui inclut de retrouver la plateforme via internet, se connecter à son compte, de trouver sa séquence de travail, de mobiliser les outils en ligne proposés tels que le compas, règle, calculatrice, aide en ligne, de faire des QCM, de visualiser des vidéos et sauvegarder le travail en cours. A noter, que cette plateforme peut être utilisée sous forme de devoir et les élèves doivent donc être capables de travailler en totale autonomie.

Dans le cadre de cette séance, il s’agit d’effectuer une évaluation formative en milieu de séquence donc peu de compétences transversales sont mobilisées. Il n’est pas demandé aux élèves de collaborer entre eux car le but est ensuite de pouvoir donner des exercices individualisés pour surmonter les obstacles d’apprentissage.

 

Figure n° 2 : séquence de travail proposée aux élèves

 

Mon rôle durant la séquence sera de guider les élèves pour l’utilisation de l’outil numérique, d’apporter mon aide en cas de problème technique (e.g. déconnexion, perte de la page, problème avec flash, perte du mot de passe). Je serai également amenée à pointer leur attention sur l’utilisation des outils mis à disposition par le logiciel pour la réalisation des exercices tels que la calculatrice, la règle, l’aide en ligne.

Les élèves seront en position utilisateur de la plateforme et les productions finales seront les réponses données converties en taux de réussite par la plateforme.

Durant la séance, dès que les élèves n’arrivaient pas à répondre aux questions ils me sollicitaient immédiatement. Ils ne pensaient pas à utiliser les aides proposées par la plateforme. J’ai dû dans un premier temps leur demander d’utiliser l’aide et de me rappeler si cela n’était pas suffisant. Je me suis rapidement rendue compte que les explications données par la plateforme ne les aidaient pas à débloquer leurs incompréhensions et que celles-ci ne remplissaient pas le rôle attendu. J’ai dû faire plus de régulation qu’initialement prévue.

 

L’utilisation de ce logiciel me permet de faire une évaluation formative des élèves. Cette séquence arrive après plusieurs périodes dédiées à la théorie et à la mise en application à travers de nombreux exercices du livre. Elle a pour but de consolider les acquis et de les entrainer via des questions assez répétitives. J’ai pu constater beaucoup de difficultés de la part des élèves à s’approprier ces nouvelles notions. J’ai donc choisi des séries ciblées sur leurs difficultés et j’ai préféré maintenir constant la difficulté des exercices afin de permettre d’automatiser leur raisonnement. Le choix des questions est imposé par l’exerciseur.

 

Sur les 6 séries proposées, deux ont pu être réalisées par l’ensemble des élèves. Ceci est relativement peu par rapport au temps attribué. Si on considère l’exercice réussi à 60% de réponses correctes, alors 7/12 élèves ont validé la série n°1 et seulement 1 élève la série n°2.

Les résultats de cette évaluation ne sont donc pas très bons pour une très grande partie des élèves et confirment que les élèves n’ont pas bien acquis les notions désirées. Cela dit, cette évaluation est à prendre avec des pincettes pour les raisons suivantes :

 

-       L’un des buts de cette séance était que les élèves se familiarisent avec la plateforme. J’ai pu constater qu’ils avaient fait plusieurs fois l’exercice n°1 au lieu d’enchainer la suite des exercices. J’aurai probablement pu voir ce problème en vérifiant sur mon compte labomep l’analyse des résultats, mais j’étais occupée à réguler les élèves sur d’autres points durant la séance.

-       Pour la série n° 2, la formulation des questions a été un obstacle didactique. Il est vrai que celle-ci n’était pas optimale et portait à confusion parfois. Beaucoup d’élèves ont fait faux probablement pour cette raison, mais il s’agit de la limite de l’outil de pouvoir déterminer précisément l’origine de l’erreur. 

 

Cette séance fait plutôt office de séance d’essai et je prévois de refaire une séance prochainement pour refaire une évaluation formative plus fiable et de retravailler avant les notions sur  « calculer la dimension réelle ».

 

 

 

Les élèves se retrouvent utilisateur d’un outil numérique. Dans le cadre de l’éducation aux médias, j’ai prévu d’aborder le fonctionnement de cette plateforme gratuite, et expliquer pourquoi il s’agit d’un outil sérieux. J’ai également prévu d’aborder la notion OpenSource avec eux car il s’agit d’une plateforme en code libre.

Cette plateforme permet de gérer l’hétérogénéité au sein de la classe en permettant aux bons élèves d’avancer rapidement, d’apporter des modifications ergonomiques aux élèves DYS et ainsi de maintenir l’ensemble des élèves en activité. 

 

Il n’y a pas eu d’écart à ma préparation initiale, les élèves se sont montrés curieux du concept OpenSource qu’ils ne connaissaient pas.

 

Cette séance va avoir lieu après environ 9 périodes dédiées à la thématique enseignée et va durer deux périodes. Pour cela, il est nécessaire de réserver la salle informatique. Il aurait été possible d’utiliser les tablettes en classe mais le logiciel requiert flash qui n’est pas configuré sur les tablettes.

Durant la leçon, j’ai prévu de projeter un document au TBI pour permettre aux élèves de suivre les étapes une à une, de l’accès à leur compte jusqu’aux séries d’exercices. J’ai également prévu de distribuer une copie papier de la marche à suivre afin qu’ils puissent refaire en totale autonomie ces étapes lors d’une prochaine séance ou chez eux.

 

La planification prévue s’est très bien déroulée. Il s’est avéré judicieux de projeter la marche à suivre au TBI car les élèves étaient facilement perdus. 

 

 

La séance a eu lieu dans la salle d’informatique que j’avais réservée pour deux périodes. Comme il s’agissait de la première séance durant laquelle les élèves allaient découvrir et utiliser la plateforme, j’avais prévu une grande plage afin d’avoir un accompagnement directif et progressif pour les familiariser à l’outil. 

Au début de la séance, je leur ai expliqué l’objectif de cette séance spéciale, comment elle allait se dérouler et les attendus de ma part. Après leur avoir introduit la plateforme et l’association qui l’a créée, nous avons démarré la découverte de l’outil. J’ai alors projeté au tableau mon écran d’ordinateur afin de faire pas à pas les étapes leur permettant d’accéder au site, puis à leur compte, de gérer leur mot de passe puis enfin d’accéder à la série d’exercices. Avant de démarrer la série, j’ai fait une démonstration en répondant à une série de questions et, je leur ai montré les outils d’aide disponibles. 

Après m’être assurée que tout le monde était sur le bon document de travail et qu’il n’y n’avait plus de question, les élèves ont démarré l’activité.

Durant cette période, j’ai circulé dans la salle pour répondre aux questions diverses. Je me suis rapidement rendue compte que :

-       Les élèves ne sollicitaient pas les outils de la plateforme et préféraient m’appeler dès qu’ils rencontraient une difficulté. J’ai dû les inciter à mobiliser l’aide en premier lieu et de m’appeler si besoin. Malheureusement, il s’est avéré que l’outil ne les aidait pas à surmonter leur difficulté et que ma régulation était indispensable.

-       Les énoncés des problèmes n’étaient pas toujours bien tournés et ont parfois posé des problèmes de compréhension, ajoutant une difficulté supplémentaire.

-       Il y a eu des soucis de déconnexion sur certains ordinateurs, ce qui a obligé l’élève à refaire toute la série de l’exercice.

-       La série proposée était trop longue et trop ambitieuse.  Même s’il s’agit d’une activité nouvelle et que les élèves ont montré un vif intérêt pour celle-ci, j’ai pu constater un décrochage après 45min. 

-       Malgré les consignes et les démonstrations du début, beaucoup d’élèves, au lieu d’enchainer sur la deuxième série d’exercices sur les pourcentages, ont refait la même série. Ce problème aurait pu être détecté et régulé si j’avais analysé en cours de route le bilan des exercices via mon compte labomep.

 

Après la séance, j’ai analysé les résultats de cette séance et je me suis aperçue qu’il m’était impossible de connaître l’origine des erreurs (didactique ou épistémologique) et qu’une séance feedback avec les élèves s’avérait indispensable. Malheureusement, la période de confinement a eu lieu quelques jours après et je n’ai pas pu faire cette séance avec eux. Il me manque donc des informations supplémentaires pour dresser le bilan complet de cette séance.

 

J’en retire cependant les conclusions suivantes :

 

-       Cet outil doit être utilisé de manière ponctuelle et l’activité proposée ne doit pas excéder 30-45 min.

-       La séquence doit alterner différents types d’exercices : QCM, exerciseur, démonstration afin de donner une certaine dynamique à la séance et me permettre de récolter un plus large panel d’indices sur les difficultés d’apprentissage.

-       L’utiliser en forme de devoir peut-être une bonne option ou en classe inversée

-       Cet outil est riche et mérite un investissement plus profond afin de pouvoir utiliser toutes les possibilités offertes.

 

En cette période de confinement, cette plateforme est une plus que jamais une option intéressante pour la continuité pédagogique !

 

 

 

 

Bodin, A. (2009). L’étude PISA pour les mathématiques Résultats français et réactions. La Gazette des Mathématiciens, 120, 53-67. 

Pilet, Julia (2013). Conception et implémentation dans une plateforme en ligne de parcours d’enseignement différencié en algèbre élémentaire. adjectif.net Mis en ligne mardi 9 avril 2013 [En ligne]http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article226