msMITIC 2019

Article - La continuation des Arts Visuels grâce au MITIC

14.05.2020

Aurèle Sudan avatar. Aurèle Sudan

FICHIERS
 
Discipline : Arts Visuels
 
Classe : 10ème OCOM
 
Equipement : E-mail - smartphone : whatsapp, appareil photo - Papier / crayon
 
Suite à cette situation particulière de confinement, dû au COVID-19, j’ai décidé (en accord avec ma PRAFO) de mettre en place un système de tutoriels, afin de permettre de travailler la technique du dessins. Les échanges de traces se font par mail et whatsapp. Comme annoncé, il est impossible de mettre en place un plan d’évaluation. L’idée est de permettre aux élèves désirant pratiquer le dessin de pouvoir développer leurs compétences.
 
Au vu de l’importance moindre donnée aux disciplines artistiques à l’école (et en général aux yeux des parents), il est quasiment impossible d’imaginer mettre un dispositif en place dans lequel on pourrait s’attendre à recevoir à intervalle régulier (toute les semaines), une production. En effet, ma praticienne formatrice à envoyé un mail à tout ses élèves d’Arts visuels (une centaine), avec des propositions d’exercices, et n’as reçu qu’une dizaine de réponse. Une partie des élèves (parents), n’ayant pas donné de nouvelles depuis la fermeture des écoles. 
C’est donc dans un climat d’incertitude et de difficulté de dialogue qu’on doit mener ces expériences. Les élèves ne peuvent être contacté que par le mail des parents.
 
Je propose donc dans ce cas de distribuer des tutoriels à la classe des 10ème OCOM, dans laquelle les élèves ont choisi les arts visuels comme branche spécifique. Dans ce tutoriel, je leur propose un exercice à me rendre pour la semaine d’après. 
Je fais des retours personnalisés par mail à ceux qui m’envoient leur photo de travaux par Whatsapp. Je fais un suivi à tout les élèves qui me feront des retours (même en retard). En fonction de leur niveau, je pourrais leur créer des tutoriels plus spécifiques.
 
ANTICIPATION 
 
Vu le peu d’informations quant à l’informatisation du lieu de vie des élèves, j’ai préféré un exercice qui nécessite que le strict minimum de matériel. Donc support à dessin, crayon/stylo, et smartphone pour faire parvenir les travaux. 

Il y n’aura donc pas de compétence MITIC enseignée, à proprement dit. Il s’agirait plutôt d’une expérience de l’application et utilisation des différents moyens technologiques à disposition, de dialogue / transfert de fichier à distance. 

Le déroulement de l’exercice dépendra principalement des travaux en retour des élèves. Si aucun ne me répond, il n’y aura pas de donnée ni de trace, et on pourra en conclure que la mise en place d’un dispositif didactique à distance (dans ce genre de situation très spéciale) dans le cours d’arts visuels est un échec.

Dans la classe avec laquelle je vais mener cette expérience, il y a 10 élèves, je m’attends à recevoir entre 4 et 5 réponses dans le délai demandé. Je ferais des corrections depuis Photoshop, directement sur leur fichier, que je pourrais leur retourner par la suite par mail. Pour les élèves qui ont de la facilité (j’en attend 2 ou 3 sur la classe), j’ai prévu des tutoriels plus avancés. 

Je compte leur demander de garder toutes les productions qu’ils feront dans un dossier, pour quand ils reviendront à l’école. Les mails contenant le contenu de la suite des fichiers PDS de l’exercice seront évidemment envoyés constamment aux 10 élèves, afin qu’ils puissent rattraper leur retard s’ils le désirent.

 
PÉDAGOGIE

Pour les élèves, le numérique sera uniquement le moyen de contact avec moi : consignes d’exercice, questions, transmission des travaux, …

Pour moi, j’utiliserai le numérique pour créer des tutoriels sur Photoshop, que j’exporterai en PDF pour les faire parvenir aux élèves. Les corrections que j’apporterai se feront directement sur leur fichier, depuis Photoshop. Mon rôle sera dans un premier temps de faire un état des lieux du niveau des élève concernant une compétence (le dessin de portrait). Le but serait de consolider les acquis et proposer des pistes pour aller plus loin à ceux qui ont de la facilité, et guider les élèves qui n’ont pas les mêmes acquis, pour qu’ils aient le niveau de base dans cette compétence.

Mon but serait que chaque élève ait réalisé une « carte d’identité » du personnage, avec son portrait de face et de profil, ainsi qu’une description. J’aimerais aussi avoir avec ce dessin final, un dossier comprenant tous les exercices de construction fait au préalable.

 
PLANIFICATION

Objectifs de la séquence 

-         Continuer une activité créatrice en dehors du contexte de l’établissement scolaire
-         Consolider et développer les connaissances que l’élève à déjà acquis
-         Intégrer des notions technique et théoriques dans les habitudes créatrices des élèves

Matériel 

-         Support de dessin : papier, carton, … Ce que l’élève aura à disposition
-         Smartphone : appareil photo, Whatsapp (pour la transmission des travaux), e-mail (pour les feedbacks de l’enseignant

Planning

Le premier PDF du support de l’exercice a été transmis aux élèves le lundi 6 avril. Je leur ai donné comme délai pour leurs premiers rendus la fin de la semaine (avant les vacances de pâques). Je m’attends néanmoins à recevoir des travaux au début des vacances. 

Une fois que j’aurais ces premières traces, je pourrais prévoir les prochains retours. Je donnerai la possibilité d’échanger avec les élèves qui le souhaitent, pendant les vacances. Cela ne sera pas une obligation. Le premier lundi des vacances, je leur transmettrai un second PDF, pour leur montrer sur quoi on travaillera après les vacances, et pour permettre à ceux qui désireraient déjà prendre de l’avance de travailler.

Mise à jour du 11.05.20


RÉSUMÉ DE LA SITUATION / PLANIFICATION

J’ai écrit le début de mon travail le 6 avril. A ce moment-là, j’ai fait parvenir un exercice (voir annexe, cours 01) à une dizaine d’élève d’une classe d’OCOM. C’était la semaine avant les vacances de pâques. Je leur ai proposé comme délai la fin de la semaine, j’ai précisé que je ne demanderai rien pendant les vacances, et que je leur ferai parvenir la suite à la rentrée. 

Le lundi de la rentrée, je leur fais parvenir un deuxième exercice (voir annexe, cours 02). Je précise pour ceux qui ne m’avaient rien envoyé qu’il serait mieux pour eux de d’abord essayer de faire le travail numéro 1, puisque le deuxième s’appuie sur des connaissances apprise lors du premier. Ils ont une semaine pour réaliser l’exercice. La semaine suivante, le retour en classe était prévu. 

 
RÉSULTATS ET RETOURS

Exercice 1 :

Deux élèves (sur les dix) m’ont fait parvenir leurs travaux en retour du premier exercice, avant les vacances. Etant donné que j’ai reçu peu de travaux, j’ai pu prendre le temps de faire des retours très personnalisés pour chaque élève (voir annexes commentaires pour XXXX).

Ça a été très agréable pour moi de pouvoir faire ce genre de retour, j’ai voulu valoriser le travail de ceux qui m’avaient envoyé quelque chose, en leur faisant un retour le plus complet possible, avec exemple à l’appui. J’ai donc pris un temps plus conséquent pour chaque correction. Je me suis dit que ça leur donnerait envie de continuer l’exercice. Je suis conscient que faire ce genre de retour à toute une classe aurait pris trop de temps, mais étant donné les circonstances, ça a été un réel plaisir de prendre le temps de faire le retour le plus complet possible.

Le confinement nous a, pour beaucoup, permis de prendre le temps, et c’est plutôt agréable quand on peut le faire. Certains ont pris le temps de mettre en place leur jardin, de redécorer leur maison, d’autres de réparer leur moto, en bref des choses que nous mettions de côté, pour privilégier l’efficacité.

Résultats des courses, un peu déçu d’avoir reçu si peu de travaux, mais content d’avoir pu faire des retours plus poussés.

Exercice 2 :

Pour cet exercice de la semaine de la rentrée des vacances, je n’ai eu aucun retour. Je n’aurais donc pas grand-chose à ajouter. Je suis un peu déçu que les deux élèves auxquels j’avais fait des retours ne me répondent pas non plus. D’autant plus que, lors du premier exercice, la mère d’une des élèves m’a envoyé tout les jours un message et une photo sur whatsapp, pour témoigner de l’avancée de sa fille dans l’exercice.

Voilà ce qui nous amène à notre discussion principale sur le rôle des MITIC dans cette situation due au COVID-19.

 

LE RÔLE DES MITIC

Pour commencer, on peut relever que les MITIC sont devenus indispensable pendant cette situation, tous les collèges ont dû mettre en place des systèmes pour permettre la continuation des cours. On sait aussi que ce ne sont pas les moyens qui manque pour permettre la communication a distance (Zoom, skype, whatsapp, e-mail, …). Dans mon cas, le problème s’est posé au niveau de la communication (laborieuse) avec les élèves. 

En effet, dans le collège où je suis en stage, nous n’avions comme moyen de communication avec les élèves, que l’adresse mail des parents. J’ai leur ai également donné mon numéro pour qu’ils me fassent parvenir des photos des travaux de leurs enfants. Les moyens utilisés étaient donc très basiques, mais permettaient une accessibilité maximum. 

Le plan : J’envoie les consignes par mail -> les élèves réalisent le travail avec papier/crayon -> les parents prennent une photo et l’envoient par whatsapp -> je leur fais un retour par mail. 

Au niveau du matériel requis on a donc : papier, crayon, e-mail, smartphone, whatsapp. La base de la base des MITIC en quelque sorte, rien d’extravagant. 

Tout reposait donc sur la communication entre moi et les parents et les parents avec leurs enfants. C’est à ce niveau là que ça a posé un problème. En effet, avec ce système-là, il était impossible pour moi de savoir si l’élève avait reçu la consigne ou non. Rien qu’avec cet intermédiaire des parents, je me retrouvais avec deux fois plus de scénario qui menaient à une non-transmission du travail ; en voici quelques exemples :

1.      Le mail est parti dans les spam, le parent ne regarde pas cette boîte
2.      Le parent ne lit pas bien le français, il ne lit pas le mail
3.      Le parent ne lit pas bien le français, il fait lire le mail à l’élève qui l’efface car il a la flemme de                   faire le travail 
4.      Le parent lit le mail, mais estime que ces cours ne servent à rien, il ne le transmet pas à son enfant
5.      Le parent ne consulte pas ses mails régulièrement
6.      Etc. Etc. 

 
Sans réponse aux mails, je ne peux pas savoir qui est responsable de cette non-communication. 

Cette méthode est donc, d’après mon expérience, un échec complet. Nous avons à notre disposition des moyens des communications quasiment illimité, mais sans la bonne volonté des utilisateurs, rien ne peut avancer. Je pense que le système par e-mail est beaucoup trop indirect. On peut déjà observer le phénomène de ghosting (terme pour désigner la non-réponse sur une application, lorsque on a néanmoins vu le message) sur une application relativement directe comme whatsapp, donc imaginez pour le mail.

DISCUSSION

De part cette expérience, j’estime quand même que les MITIC peuvent être très utiles lors de l’enseignement à distance, mais ne peuvent fonctionner s’ils sont mis en place dans un aussi court laps de temps (les collèges ont eu à peu près une semaine pour mettre en place le système d’éducation à distance). 

On peut également remarquer le poids de la cybercriminalité qui pèse sur l’établissement scolaire, le désir qu’il n’y ait pas de contact entre élève et prof par des moyens de communication. Je ne suis pas pour le fait que les enseignants puissent avoir contact directement avec les élèves en dehors de l’école. Néanmoins j’estime que la communication directe élève/enseignant est la fondation qui permet l’enseignement. Ainsi lorsqu’on ne peut plus avoir de contact direct avec les élèves, il est possible que ceux-ci perdent vite le sens de l’école et de l’enseignement. Je remarque personnellement que l’enseignement à distance à la HEP est un peu étrange me donne parfois l’impression que les cours se sont arrêté, que je perds le sens et le but de ce que j’apprends. Donc je me mets à la place d’un élève qui n’a plus de contact direct avec son école et ses enseignants, ça doit être pire.

Une solution que je verrais, serait la mise en place de cours à horaires avec toute la classe, par zoom ou un programme du même genre, permettant aux parents aussi d’être présent. Cela permettrait un contact direct avec l’élève, et ainsi de garder ce « lien d’enseignement », qui permet à l’élève de ne pas perdre le contact avec l’institution de l’école. Bien sûr cela demanderait de s’assurer que chaque foyer ait accès à un ordinateur pour son enfant (certains collèges ont justement prêté des ordinateurs pendant cette période, pour permettre l’enseignement à distance).

 
CONCLUSIONS / PISTES

Pour conclure je dirais que cette expérience a été pour moi très intéressante. J’ai eu des bonnes surprises et des mauvaises, des joies et des déceptions, mais de manière générale m’a permis de beaucoup réfléchir sur le métier d’enseignant.

Je pense que l’enseignement à distance n’est pas efficace, du moins dans sa forme actuelle. Contrairement à ce que j’aurais pu penser avant, j’estime que le contact direct entre l’élève et l’enseignant primordial. Je pense que rien qu’en passant par une vidéo en direct (skype), on perd déjà une partie de l’efficacité de l’enseignement. Ça remet en lumière le fait que l’enseignement n’est pas que la somme des cours et des test dispensés aux élèves. Le contact est fondamental.  

Cette expérience du COVID-19 confirme aussi, à mes yeux l’idée, que le statut de l’école a changé Dans les yeux des gens, elle n’est plus cette institution intouchable et surpuissante comme elle l’était à l’époque. Pour exemple, ma praticienne formatrice m’a fait suivre que le collège n’a eu aucunes nouvelles de 30% de ses élèves pendant ces deux mois de confinement. Ce problème mis en évidence est bien sûr d’actualité, mais je ne pensais pas qu’il serait aussi extrême. 

Un point que je trouvais important de relever, mais qui dérive un peu de mon sujet principal, est le problème qu’a relevé l’application zoom. C’est-à-dire, en temps de crise, la rapidité avec laquelle certaines institutions/collèges ont privilégié l’accessibilité et la rapidité de mise en place, au profit de la sécurité des données des utilisateurs. C’est un peu paradoxal quand c’est justement par soucis de sécurité, qu’on a décidé de ne pas permettre le contact direct entre enseignant / élève, par email. Enfin, il s’agit d’un autre sujet.

 

Je vous remercie pour votre attention,

 

Aurèle Sudan