Je suis enseignante (stage B) pour une classe de 9e VG niveau 2. La séance proposée fait partie d’une séquence sur les nombres rationnels. Mon but était de poursuivre cette séquence à distance en trouvant un procédé simple et rapide à réaliser, simple à consulter pour les élèves et avoir un suivi de leur travail. Lors de cette démarche, je me suis posée de « nouvelles » questions :

-         Comment entrer en contact avec l’ensemble de mes élèves ?

-         Comment leur transmettre du travail ?

-         Comment leur expliquer une notion sans interactions directes ?

-         Quel support utiliser ?

-         Quels outils numériques et de communication possèdent les élèves ?

-         Comment suivre leur travail ? 

-         Comment suivre leur acquisition ?

-         Quelle production finale leur demander ?

-         Comment poursuivre mon enseignement tout en respectant les consignes vagues de la direction ?

-         Quel est mon rôle ( enseignante ? Stagiaire ? )

A travers ce document, je présente le travail à distance sur le thème de  l’addition / soustraction et multiplication de fractions.

 

Les compétences enseignantes mises à contribution ( lien Sqily ):

-         Savoir varier les approches pédagogiques pour tirer parti des plus-values des MITIC

-         Maîtriser les fonctions de base de logiciels disciplinaires 

-         Montage vidéo : utilisation d'iMovie version PC avec : Movavi vidéo editor 

-         Maitriser les logiciels traitant le son

-         Analyser la qualité pédagogique d'un logiciel utilisé à des fins d'apprentissage

-         Créer des supports pédagogiques

-         Favoriser le processus d'acquisition et d'appropriation des connaissances en exploitant le potentiel des MITIC

-         Evaluer l’accessibilité et l’ergonomie d’un média

-         Connaître les contextes juridiques, réglementaires, déontologiques et éthiques d'une production média

-         Réaliser des Quizz en ligne

-         Organiser le travail 

-         Être patient, disponible, compréhensif, conscient de la situation pour des adolescents

 

 

Compétences élèves :

-         Autonomie « physique » dans la mise au travail à la maison

-         Autonomie dans la gestion de la difficulté : demander de l’aide

-         Autonomie d’organisation : travail donné à l’avance qui doit être rendu

-         Utiliser les outils numériques pour mener à bien un travail.
-         Auto-régulation de son apprentissage par l’élève.

 

Les solutions envisagées :

Il y a eu différentes étapes lors de ma démarche. Dans un premier temps, pour présenter la notion « d’additions de fractions »  j’ai pensé à une vidéo. Je me suis filmée devant un tableau blanc en train d’expliquer la notion de façon similaire à la présentation en classe. Le rendu n’était pas satisfaisant : le son était mauvais, la lumière rendait le tableau brillant, la caméra mal orientée et l’ensemble peu attractif.

J’ai ensuite pensé que d’autres enseignants avaient peut être déjà postés des vidéos sur le même thème. J’ai réalisé des recherches et je n’ai pas trouvé de vidéos qui me convenaient mais elles m’ont inspirées. 

Ayant une idée plus précise de mes attentes et je décide de réaliser un montage vidéo à l’aide du logiciel Movavi Video editor. Je me rends vite compte que pour réaliser une vidéo en mathématiques et de plus sur les fractions, il faut du langage mathématiques ( trait de fraction, racine carré…). Power point offre cette possibilité. D’autre part, j’ai attendu les consignes précises de la direction qui sont intervenues tard (on nous parlait de plateforme, d’attendre, de ne pas donner ou de donner peu de travail...). Quand les choses ont été un peu plus claires, il me restait peu de temps.  Mon choix était donc fait : la vidéo sera réalisée avec Power point. Elle sera moins attrayante mais restera convenable.


Pour le support écrit, je décide de réaliser un pdf (figure 1) J’ai conscience que les élèves n’ont pas forcément d’imprimante donc je leur indique qu’ils peuvent répondre sur leur cahier. Beaucoup d’activités seront organisées avec les moyens d’enseignement.

 

Pour suivre les apprentissages : 

j’organise le travail sous forme d’objectif et je demande aux élèves de m’envoyer leur travail au fur et à mesure ( envoie du travail objectif 1 puis ils passent à l’objectif 2). 

Des test sur Quizizz (figure 2), réalisés à la fin, me permettent de voir ce qu’ils sont capables de faire ou non. 

Un test formatif est réalisé en fin de séquence.

Toutes ces prises d’informations me permettent d’ajuster le travail pour la semaine suivante.

 

Pour les rétroactions :

Si le travail est majoritairement incompris : reprendre la leçon en vidéo conférence avec zoom. 

Si le travail n’est pas satisfaisant que chez certains élèves : prise de contact individuel, explication audio, visioconférence ( explication au tableau blanc ), Screenshot d’écran pour expliquer l’erreur sur la correction (figure 3 - 4), …..

 

Le rôle de l’enseignant est de transmettre le savoir et de guider le processus. J’ai du décortiquer davantage mes objectifs pédagogiques pour être la plus claire possible. Les interactions aident à comprendre, il est donc essentiel que les élèves communiquent soit avec moi soit entre eux. L’outil numérique est la clé pour une bonne communication. Et principalement les messageries instantanées. 

Les élèves consultent le travail demandé par l’intermédiaire d’un agenda numérique, de leur  boite mail et de messagerie instantanée. Ils réalisent le travail de façon classique et doivent me retourner des photos. Je corrige leur travail directement sur la photo et leur renvoie les corrections (figure 5). Le quizz est accessible depuis leur smartphone et offre un support dynamique. 

Pour cette séance, l’environnement numérique est utilisé, avant tout, pour maintenir une communication. 

 

 

Objectifs principaux de la continuité pédagogique :

-         Maintenir le contact avec les élèves

-         Maintenir une activité scolaire en mathématiques

-         Avancer selon le PER tout en sélectionnant les objectifs réalisables à distance

Les fichiers vidéos sont déposés sur youtube et sont donc consultables depuis n’importe quel réseau internet et matériel ( smartphone ou ordinateur). Les fiches théories et exercices sont au format pdf donc facilement consultables et ne sont pas nécessairement à imprimer. Les élèves ont la possibilité de réaliser les exercices sur un support leur appartenant. 

La communication avec les élèves se réalisent par mail mais surtout par messagerie instantanée : WhatsApp. Un groupe classe a été créé. 

Le travail est déposé sur la plateforme teamup, envoyé par mail et déposé sur WhatsApp.  

Les contacts en conversation privée sur WhatsApp permettent de réguler et d’aider les élèves en difficultés (figure 6- 7)

 

Déroulement :

Le travail demandé avec des consignes précises est déposé le samedi sur Teamup (figure 8). Puis le lundi matin, je prends contact avec les élèves via WhatsApp. Je leur indique que le travail est en ligne et que je souhaite un retour des exercices au fur et à mesure. 

Le mardi je relance les élèves, sur le groupe, pour savoir s’ils ont bien pris connaissance du travail et s’il y a des questions. A partir de là, certains entre eux entre en contact avec moi en privé et j’apporte des compléments selon leurs demandes ou difficultés. 

Jeudi, pour les élèves qui n’ont encore rien rendu ou dont je n’ai pas eu de nouvelles, j’envoie des messages privés pour savoir où ils en sont. 

Le vendredi je transmets les codes pour le QCM en ligne. Je relance, sur le groupe et en privé, les élèves qui ne m’ont pas rendus le travail. Si le vendredi soir je n’ai pas de nouvelles, j’envoie un mail ou un message aux parents pour signaler le problème. 

Pour l’instant, cette démarche fonctionne même si les élèves n’avancent pas tous à la même vitesse. Je ne leur en tiens pas rigueur du moment où ils maintiennent une activité scolaire et que le travail est correctement réalisé.

 

 

 

 

Comportement des élèves :

Les comportements sont très variés. Certains élèves posent des questions, veulent comprendre et rendent leur travail au fur et à mesure dans les temps. D’autres ont besoin de rappels. Et d’autres (très peu heureusement) restent très distants des réseaux sociaux, ne rendent pas tout le travail voir rien. Pour ces élèves, j’ai pris contact avec les parents qui disent qu’il vont en parler avec leur enfant, d’autres parents sont impossibles à contacter directement ( personnels soignants ). Les maîtres de classes sont au courant. Il faut espérer que ces élèves vont prendre conscience de la situation.

Les élèves ont régulé leur apprentissage surtout en communiquant. Ils demandent de l'aide. Je leur propose une explication écrite via whatsApp. Si ce n'est pas compris je propose des vidéos en lien. Ces deux étapes sont proposées pour qu'ils restent maître de leur apprentissage. Mais si cela ne leur suffit pas, une vidéo de correction avec un exercice similaire est proposé. En général, les plus en difficulté arrivent alors à faire le travail. Ce système ne permet pas de dire que l'objectif est acquis mais tout du moins que les élèves ne soient pas déconnecté du travail scolaire.

Les élèves qui ont de la peine à rendre leurs devoirs sont davantage les enfants avec une situation familiales difficiles et qui se sont déconnectés de la réalité (horaires de vie décalés, jeux vidéos en continue, parents isolés...). Les élèves en difficultés ne rendent pas tout le travail mais le lien est maintenu.   



 

Acquis, indicateurs, traces d’apprentissage : 

Chaque semaine une notion importante de la semaine précédente est reprise. Cela me permet de savoir si ce qu’ils ont vu la semaine dernière est « acquis » ou non.

Le retour des travaux permet de voir où ils en sont. De même que le QCM est un bon indicateur pour voir les acquisitions. Je corrige les exercices au cas par cas et je donne une correction détaillée.

Le test formatif final me permet d’évaluer leurs acquisitions. Et fait office de travail d’auto-régulation, ils voient ainsi les points à retravailler. 

En mathématiques, je me suis appliquée à bien séparer les objectifs en différents points. Ex : addition de fractions : avec le même dénominateur, dénominateurs différents mais multiples du deuxième, dénominateurs différents pour les deux fractions, additions entier et fraction… De même que la difficulté des exercices est progressive. 

En aide ou en remédiation : je propose des vidéos (figure 9), des aides en ligne, communication directe via WhatsApp. Je ne propose pas d’exercices en plus car je ne veux pas rajouter des choses mais plutôt qu’ils aient compris ce qui est demandé.

 

 

L’enseignement à distance permet aux élèves de développer leur autonomie. Au niveau de leur communication, ils apprennent à formuler correctement leurs difficultés ; le « je comprends pas » en classe se transforme «  j’arrive à additionner des fractions avec le même dénominateur mais pas avec un entier ». La relation avec les élèves est moins hiérarchique : les échanges forme un travail en collaboration. De plus, travailler avec des support différents n’est pas une obligation mais vraiment une solution à chaque problème. Les aspects négatifs sont le suivi des élèves les moins autonomes. C’est difficile pour eux de s’organiser ( chercher les documents, s’organiser des moments de travail à la maison, adaptation difficile entre le cadre de l’établissement par rapport à celui de la maison,….). L’enseignement à distance n’est pas accessible pour tous les élèves. 

L'enseignement à distance m'a permis de une meilleure différentiation en devant proposant des supports variés et en permettant un apprentissage varié.  Concept que l'on retrouve dans le travail de  Céline Taverne (La diversification des outils pédagogiques dans l’enseignement de l’histoire au cycle 3. Education. 2012.):  "La diversification des supports est nécessaire pour confronter l’élève face à différents outils car c’est dans la comparaison de documents que l’on comprend ce qui s’est passé." 

 

L’utilisation de WhatsApp à des fins pédagogiques est une nouveauté pour les élèves. Ils apprennent à communiquer autrement qu’entre amis. Ils utilisent les médias de façon autonomes et sont à la fois lecteurs, producteurs et diffuseurs de contenus. Le lien « enseignant – élèves » ainsi créé favorise les élèves à être des « cybercitoyens » actifs et responsables. 

La transmission du travail se réalise par plateforme où aucune inscription n’est demandée aux élèves dans le but de protéger leurs données. De même que pour les QCM, les élèves rentre un code en ligne et uniquement un prénom. Dans mes choix didactiques, l’ensemble des documents transmis sont de ma conception et peuvent être diffusés. 

Pas d’élèves à besoin particulier. L’ensemble des documents pdf sont, selon les consignes de l’établissement, réalisés en police calibri et taille 12.  Pour les vidéos, prise en compte d’une diction claire et pas trop rapide ainsi que de temps de pause pour la compréhension. De même que les supports sont accessibles depuis un smartphone ou un ordinateur.