msMITIC 2019

SEQ1: Continuité pédagogique

14.05.2020

Rachel Marguerat avatar. Rachel Marguerat

1. INTRODUCTION
La pandémie de Covid-19 qui sévit actuellement nous a plongés dans une situation totalement inédite. Elle nous oblige à revoir nos standards, questionner nos certitudes et envisager de nouvelles voies dans la pratique de notre enseignement. Nous devons, en somme, réinventer celui-ci. 
 
 Le présent article vise à démontrer de quelle manière s'est mise en place ma pratique d'enseignante dans ce contexte et comment je l'ai faite évoluer en tenant compte de mes élèves d'abord (besoins, ressources, capacités), des impératifs de la DGEO ensuite (outils, recommandations) mais également de mes propres contraintes (maîtrise de classe, mère de deux enfants, et mariée à un informaticien en mode télétravail forcé).
 
 J'ai la maîtrise d'une classe de 10ème VG dans laquelle j'enseigne l'histoire, la géographie et, pour la grande majorité de mes élèves, le français. Je connais ces élèves depuis l'année dernière, puisque je suis leur prof de classe depuis leur entrée en neuvième année. L'ambiance de classe en temps normal est relativement bonne. Certains élèves sont plus dissipés que d'autres mais dans l'ensemble, je n'ai pas de gros problèmes de discipline à gérer. Les élèves connaissent et respectent le cadre qui leur est fixé.
 
Je me focaliserai pour ce travail plus particulièrement sur l’enseignement du français. Je vais expliquer la manière dont j’ai pensé cette collaboration et les attentes que j’ai formulées. J’aborderai ensuite les résultats que j’ai obtenus, les pistes d’amélioration et conclusions que je tire de cette expérience.
 
2. ANTICIPATION  
2.1. Compétences Sqily exploitées dans ma pratique d'enseignement à distance
Les compétences enseignantes liées aux MITIC que je peux activer dans ce contexte sont les suivantes :
  • Utiliser les ressources numériques de son environnement de travail https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2425: Compétence dans laquelle j'ai réalisé un brevet, ou j'en ai également créé un et dans laquelle j'ai créé une ressource et écrit l'article qui y est associé. Cette compétence me permet notamment d'adapter les outils imposés par la DGEO (TeamUp, par exemple) à ma pratique et de les combiner avec mes propres outils.
  •  Connaître les conditions pour une intégration efficace des MITIC dans l'enseignement https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2426"> https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2426: cette compétence (validée par un brevet) est celle qui m'a permis de faire un état des lieux de la situation au lendemain du 13 mars afin de savoir comment organiser la mise en place de cet enseignement à distance et dans l'indentification des contraintes à prendre en compte dans celle-ci.
  • Comprendre l'élève digital native https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2553: cette compétence validée par un brevet, m'a également été très utile pour comprendre les points forts sur lesquels j'ai pu prendre appui pour la mise en place de l'enseignement à distance (par exemple, le téléphone mobile comme outil digital privilégié chez les jeunes) et les faiblesses à prendre en compte (le téléphone mobile comme SEUL outil digital totalement maîtrisé par mes élèves).
  • La dernière compétence, qui s'avère particulièrement nécessaire dans mon enseignement à distance pour garder la motivation de mes élèves au plus haut, est la suivante: Gamifier/Ludiciser sa classe avec le numérique https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2552.  Je n'ai pas validé cette compétence par un brevet mais j'ai en revanche participé à un atelier sur le sujet qui m'a été grandement utile pour connaître un certain nombre de solutions numériques à exploiter dans ce contexte.

 2. 2. Solutions techniques envisagées, mises en place ou non-retenues : 
2.2.1. WhatsApp
Une des premières informations reçues de notre direction le 13 mars a été que nous avions désormais l'autorisation de communiquer via WhatsApp avec nos élèves. Cette information m'a été bien utile car il me semble en effet qu'au vu du contexte, la première des règles et d'utiliser des outils communs et familiers. Ma première tâche a donc été de contacter l'ensemble des parents de mes élèves via WhatsApp pour :

  • Les informer sur les premières mesures prises (et notamment la création du groupe WhatsApp de classe), Récupérer leurs adresses emails et celles de leurs enfants,
  • Savoir si leur enfant peut accéder à un ordinateur et une connexion internet,
  • Leur donner le site de l'établissement comme référence pour trouver toutes les infos officielles concernant la scolarité de leur(s) enfant(s) durant cette période. 

Il est ressorti de cet état des lieux qu'une élève n'avait aucun ordinateur dans son foyer. Elle dispose néanmoins d'un téléphone mobile avec une connexion internet. Cette élève m'a rapidement informée par message qu'elle se sentait mal à l'aise de cette situation et ne voulait pas que cela s'ébruite. J'ai fait les démarches pour qu'elle puisse avoir un ordinateur mis à disposition par l'établissement mais cela a pris 3 semaines pour qu'elle le reçoive et elle n'a, aujourd'hui encore, aucune possibilité d'imprimer un document. 

 Un besoin de gouvernance s’est vite fait sentir avec cette application. J'ai posé quelques règles concernant la communication dans notre groupe WhatsApp ; afin de réguler les échanges et pour distinguer les sujets d'intérêts communs de ceux qui se font en conversations privées. J'ai dû donner un cadre clair concernant les horaires d’utilisation de whatsApp dans le cadre « scolaire » (aucun message le week-end, en soirée ou la nuit).  

2.2.2. TeamUp
La plateforme TeamUp mise en place par la DGEO en un temps record est une plateforme qui se présente comme un agenda électronique dans lequel chaque enseignant peut mettre à disposition du travail sous forme de consignes et de liens vers des documents. Les élèves, en se connectant sur leur classe, peuvent voir le programme de la semaine. Leur temps peut être géré relativement librement mais la mise à disposition du travail dans un agenda leur permet de pouvoir répartir la charge de travail sur une semaine et de ne pas se retrouver avec l'entier du travail à faire le vendredi matin.

Du côté des enseignants, la visibilité donnée par TeamUp sur l'ensemble des activités permet de mesurer la charge de travail donnée vis-à-vis de collègues enseignant au même niveau et dans les mêmes matières et d''échanger des bonnes pratiques. Pour les maîtres de classe, c'est également un outil précieux donnant une vue globale et permettant de s'assurer que les élèves ne sont pas submergés par les devoirs donnés par leurs différents professeurs. 
 
Un bémol concernant cette plateforme, il est regrettable que les élèves ne puissent pas directement (et facilement) déposer leurs devoirs sur celle-ci (de la même manière que les profs y déposent des documents). Par ailleurs, pour les matières à options ou à niveaux, la lecture des horaires d'une classe peut s'avérer compliquée quand plusieurs cours sont donnés en même temps. Certains élèves s'en trouvent complètement perdus.
 
 2.2.3. E-mails
En plus de la mise en place, de TeamUp notre direction nous a demandé de privilégier les emails comme canal de communication principal. Après quelques jours seulement j'ai constaté qu'aucun de mes élèves n'accède à ses e-mails via son téléphone. Tous le font sur un ordinateur et, pour certains, l'accès à l'ordinateur familial n'est possible que le soir, une fois que les adultes ont terminé leur travail. D’autres part, quelques élèves n'ont pas encore d'adresse email personnelle et leurs parents préfèrent qu'ils utilisent la leur plutôt que de leur en créer une. Au vu des circonstances décrites, j'ai décidé que toutes les informations seraient envoyées via e-mail mais que WhatsApp resterait également un canal de communication parallèle étant donné que c’est celui qui a leur préférence. Ils y ont ainsi accès à tout moment et de manière indépendante. Cela peut sembler redondant (et cela l’est dans une certaine mesure) mais étant donné qu’il a leur préférence, les élèves se montrent beaucoup plus réactifs sur ce canal.

2.2.4. Zoom
Zoom est une plateforme de vidéoconférence dont l'utilisation est également préconisée par le département pour donner des cours à distance.  J'ai téléchargé et testé cette application avant de renoncer à l'utiliser au vu des difficultés de mes élèves à avoir accès à un ordinateur quand ils le souhaitent et à leurs difficultés à effectuer des tâches informatiques relativement simples comme l'envoi d'une pièce jointe, par exemple. Je dois également préciser ici qu'en parallèle de mes cours HEP, de ma maîtrise de classe et de mon enseignement je suis la mère de deux ados dont une est dans l'année charnière qu'est la 8ème Harmos et l'autre, âgée de 14ans est autiste non-verbale. Dans le contexte actuel cette dernière voit tous ses repères chamboulés et aligne les crises de panique. Je jongle donc entre mon travail, la mise en place et le suivi du travail de ma cadette et la gestion de ma grande pour maintenir un semblant de routine . Rajoutons dans son quotidien. À tout cela s'ajoute un mari qui essaie de se faire aux conditions du télétravail. Toutes ces raisons ont fait que j'ai très vite renoncé à mettre en place ces vidéoconférences car je ne peux garantir du calme et de la disponibilité à horaire fixe. Deux de mes collègues ont tenté de mettre en place cette solution avec mes élèves pour leurs matières et se sont retrouvés chacun avec un seul élève connecté. Il semblerait donc que le choix que j’ai pris ne soit pas trop mauvais.
  
Toutes les solutions décrites ci-dessus sont des solutions servant avant tout à communiquer et transmettre des informations ou des documents. Je présente ici les deux solutions que j’ai utilisées comme supports d’enseignement afin de varier les approches sans privilégier une méthode unique.
 
Il s’agit du portail des écoles du canton du Jura et de la partie francophone du canton de Berne. Le site offre une grande variété de ressources d’accès qui sont en libre accès et gratuites. Elles présentent en outre l’énorme avantage de répondre aux exigences du PER (Plan d’Études Romand). Un grand nombre de matières scolaires y sont couvertes mais dans ma pratique actuelle, je le propose à mes élèves pour continuer de répéter la conjugaison. L’article que j’ai soumis récemment sur Sqily portait sur la création d’un tutoriel pour accéder à la nouvelle version de l’application « mémomachine ».
Lien vers l’article concernant ma ressource : https://www.sqily.com/msmitic-2019/workspaces/3601"> https://www.sqily.com/msmitic-2019/workspaces/3601
 
LearningApps est une application permettant aux utilisateurs de créer des exercices divers et variés permettant de soutenir les apprentissages des élèves. Je reviendrai plus longuement sur cette application dans le point 4.2. Les applications et exercices créés peuvent être mis à disposition des autres utilisateurs dans une banque de données ou gardés privés si c’est le souhait de l’utilisateur.
 
3. PEDAGOGIE
 J'ai à cœur d'éduquer mes élèves au numérique. Les cours de Formation Générale (ou d’AMP-Approche du Monde Professionnel) sont l’occasion pour moi de les initier au traitement de texte, à la mise en page, à la préparation de présentations, etc.  J'ai par exemple créé un cours dans lequel ils doivent accomplir une tâche de traitement de texte relativement laborieuse puis refaire cette même tâche en utilisant des raccourcis clavier qui leur simplifie grandement la vie. Alors que la première partie de l’exercice leur prend une demi-heure, ils réalisent la deuxième en quelques minutes à l’aide des raccourcis appris. J’ai donc une approche plutôt pragmatique des Mitic, essayant avant tout d'équiper mes élèves pour l’avenir.  Avant le confinement, nous étions sur le point de terminer la rédaction de leurs Curriculum Vitae et j'avais déjà pu constater qu'ils appliquaient ces "trucs" appris (raccourcis des copier-coller, pour l'enregistrement, pour mettre en gras, pour changer de page etc.). J'ai à cœur de les préparer au monde professionnel. Mon expérience m'a montré que ces apprentissages en salle d’informatique sont laborieux. Les élèves ne sont pas si à l’aise que ça et il faut passer beaucoup de temps auprès d'eux pour les épauler. Nous avons d’ailleurs dans l’établissement un certain nombre de périodes pour lesquelles nous sommes deux enseignants afin de pouvoir gérer correctement ce type d'accompagnement. 
 
Malheureusement, dans le contexte actuel et en tenant compte de ma situation familiale, j'ai rapidement compris que je n'allais pas pouvoir dispenser des cours d'informatique à distance. J'estime que mon rôle n'est pas de pallier leurs lacunes en informatique dans l’urgence.  J'ai donc pris le temps d’expliquer à mes élèves comment nous transmettre leurs documents. Ceci n'est déjà pas une tâche aisée en soi. Ils se trouvent en grande difficulté pour envoyer une pièce jointe, sauver un document et aller le récupérer. La plupart de mes élèves continuent par exemple, malgré mes efforts, de m’envoyer leurs devoirs en photo. J'ai décidé que mon combat était de les faire travailler, de garder cette continuité du lien dans cette période troublée. Je renonce volontairement à tenter de leur apprendre à distance ce qu'ils n'ont pas encore acquis en présentiel.
 
Je me sens néanmoins très concernée par cette situation et c'est dans cette optique que j'ai contacté mon directeur d'établissement pour lui faire part de mes constats et lui dire que je me tiens à sa disposition pour renforcer le contenu des cours de "bain informatique", tels que nous les appelons dans notre établissement. J'ai été ravie d'apprendre de lui qu'une des premières mesures budgétaires qu'il a prises durant cette crise a été de doubler le nombre d'heures par classe de "bain informatique" par année. 
 
 D'un point de vue pédagogique, le principal écueil que je rencontre est le fait que l'enseignement à distance limite grandement la personnalisation. Je poste du travail sur Teamup pour tous, sans distinction. Je dois agir ensuite au cas par cas, en fixant des rendez-vous à mes élèves. Je peux également m’adapter aux besoins des élèves en diminuant la charge pour les plus faibles et en donnant plus à ceux qui avancent vite et bien. 
 
Mais dans ces conditions, le modelage, concept-clé de l'enseignement sur lequel les cours de la HEP ont beaucoup insisté (et à juste titre) n'est plus possible. Il n'est pas possible de reprendre avec un élève, de faire reformuler des consignes, de les accompagner dans le raisonnement, de les aiguiller etc. Je donne du travail, je corrige parfois ou j’envoie des corrigés. Je ne peux qu’espérer ensuite que les choses sont faites correctement chez les élèves et qu’ils bénéficient d’un peu de soutien. La frustration de ne pouvoir mieux les accompagner pour les aider à comprendre et apprendre est grande.

 J'essaie autant que je le peux de continuer à interagir avec mes élèves de manière personnalisée et d’entretenir notre relation. Je prends de leurs nouvelles, leur fais des retours sur leurs devoirs, les encourage, propose des rendez-vous téléphoniques pour discuter un exercice qui n'a pas été bien compris. Mais là aussi, cela dépend du niveau de motivation de l'élève et, bien souvent, de la disponibilité de celui-ci. Ce n'est parfois pas leur choix de ne pas être disponibles, de ne pas rendre leurs devoirs à temps. Ils sont souvent les victimes d'une situation qu'ils ne maîtrisent pas dans leur foyer. Un de mes élèves m'a révélé faire ces devoirs le soir une fois que les parents ont fini de travailler et que la fratrie (ils sont 3) a fini d'utiliser l'ordinateur familial. Je reçois ses devoirs entre 22h et 23h. Cette question de la relation est donc fondamentale. Garder le lien est prioritaire sur le fait de recevoir le travail en temps et en heure. J’ai essayé, sans en faire des tonnes, de mettre en place quelques routines à distance. Ainsi je leur souhaite à tous un bon week-end chaque vendredi après-midi et les laisse tranquilles jusqu'au lundi matin (pas de réponses aux messages, pas d’envois d’informations etc). Le lundi matin commence toujours par une autre routine, instaurée dès la première semaine.  Je leur demande comment ils vont, comment ils se sentent et tous doivent me répondre, par écrit ou par message vocal.
 
 Le numérique est au cœur de l’enseignement à distance. Il devient le vecteur du travail à accomplir, il offre des moyens de communication nouveaux dans le cadre scolaire. Du point de vue pédagogique et didactique, il permet d’explorer de nouvelles manières d’enseigner ou de présenter un sujet aux élèves. Mais la richesse des moyens numériques mis à disposition à également montré ses limites et révélé le rôle central de l’enseignant et de la classe en tant que groupe dans le développement des apprentissages.
 
 4. PLANIFICATION
4.1. Objectifs principaux de l’enseignement à distance
La décision 166 du Département de la Formation et de la Jeunesse du Canton de Vaud définit les objectifs de l'enseignement à distance (également nommé "continuité pédagogique") de la manière suivante : 

"a. L’enseignement à distance ne saurait répondre aux mêmes exigences que l’enseignement présentiel. Les enseignant-e-s priorisent donc les thèmes retenus et privilégient la consolidation des acquis. Ils sont responsables de cette priorisation, d’entente avec leur direction. La DGEO fournit un soutien en élaborant des séquences d’enseignement adaptées en collaboration notamment avec la HEP et l’EPFL qui fournit des référentiels d’utilisation aux enseignant-e-s. 
b. Il n’est procédé à aucune évaluation notée du travail des élèves aussi longtemps que les activités présentielles sont interdites. L’auto-évaluation est privilégiée, mais des évaluations formatives peuvent être organisées. Toutes les évaluations délivrées le sont de manière indicative. "

Je retiens les points suivants comme étant les plus importants : 
  1. L'enseignement à distance ne répond pas aux mêmes exigences que l'enseignement présentiel. 
  2. Il faut privilégier la consolidation des acquis plutôt que de nouveaux sujets. Cette période de travail à distance sera donc consacrée à la consolidation de sujets déjà abordés en cours de scolarité et à la poursuite de la lecture commencée avant le confinement, dans notre cas Oliver Twist, de Dickens.   
  3. On n'évalue pas les élèves durant cette période.
 
4.2. Matériel, applications : supports et moyens de transmission
Sur ordre de notre direction, toutes les tâches de la semaine doivent être postées sur Teamup, au plus tard le lundi matin à 11h. Ceci afin de laisser aux élèves le loisir de s'organiser comme ils le souhaitent. 
 
Pour ce qui est du matériel, j'utilise des fiches ou des exercices de nos manuels officiels qui ne nécessitent pas beaucoup de recopie pour éviter aux élèves qui n'ont pas d'imprimante une charge supplémentaire de travail. Il m’arrive d’adapter les consignes ou la mise en forme pour rendre l’exercice moins contraignant à réaliser.

 D'autre part, afin de varier les supports, je prépare l'autre moitié des exercices de la semaine dans Learningapps (2.2.6). Ce site permet de créer ses propres applis de manière très simple et de varier ainsi les manières d'apprendre.  J'utilise ces applications pour le travail de révision (homophones, synonymes, antonymes, etc.). Je peux par exemple créer des textes à trous et les élèves doivent y replacer des homophones, mettre une liste de mots à disposition et les élèves doivent faire des regroupements synonyme/antonyme par ex, ou une grille de mots croisés, etc. il existe beaucoup de modèles et de possibilités de personnaliser avec des images, du son, des vidéos etc.
 
L’application est très simple à utiliser et les élèves peuvent faire ses exercices sur leur téléphone (critère ayant déterminé mon choix de cette application) et sont ainsi tous sur un pied d’égalité pour ce qui est de l’outil à utiliser et non-dépendants de l’ordinateur familial, par exemple. Ils utilisent le clavier de leur téléphone, des drag & drop avec leurs doigts, etc.
 
Exemple d’exercices de révision de grammaire ou d’orthographe :
homophones.png 328.25 KB
pendu syn_ant.png 2.02 MB

Je peux personnaliser les consignes, choisir si l’élève doit écrire la réponse ou si je veux lui mettre les réponses à sélectionner dans un menu déroulant. J’alterne et propose des variantes en fonction des exercices proposés.
 
Chaque élève a reçu au début du confinement ses accès et un QR code, deux moyens d’accéder à la plateforme de manière sécurisée. J’ai créé un dossier de classe dans lequel ils retrouvent tous les exercices que je leur prépare. Je les classe par thèmes pour qu’ils les retrouvent plus facilement. De mon côté je peux continuer de travailler sur d’autres applications et je choisis quand je souhaite les mettre à disposition de mes élèves.
dossier de classe.png 150.61 KB

Cette application m'est particulièrement utile par rapport au travail de lecture que nous faisons actuellement. Nous lisons Oliver Twist, le vocabulaire qui correspond à la fin du XVIIIème est très compliqué pour les élèves et ils ont de la peine à bien comprendre le texte. Je leur prépare donc chaque semaine un lexique pour le chapitre à lire et je leur mets un exercice pour travailler le vocabulaire.
 
Exemples d’applications créées pour travailler le vocabulaire du livre :
champs lexicaux.png 375.36 KB

Ils ont ensuite moins de peine à comprendre ce qu'ils lisent. En deuxième partie de semaine je leur fais un petit quizz de compréhension de texte pour qu'ils puissent juger s'ils ont bien compris le chapitre lu.
 
Exemple d’applications pour évaluer la compréhension du texte :
qui veut gagner des millions.png 1.05 MB
chronologie.png 365 KB

Les élèves sont assez preneurs de ce type d’exercices plus ludiques et je reviendrai plus tard sur l’évaluation de ces exercices.

 4.3. Planning proposé aux élèves, temps d'intervention synchrones et asynchrones.
Je transmets chaque lundi matin un fichier PDF contenant le planning de la semaine avec l’ensemble des tâches que j’ai demandées et les échéances que j’ai fixées. Je leur transmets ce document via WhatsApp (à leur demande). Je contacte les élèves de manière individuelle pour leur faire des retours sur leur travail et utilise pour cela le même canal de transmission qu’ils ont choisi (email ou WhatsApp).

 
5. DEROULEMENT ET EVALUATION
Afin de décrire précisément les modes d’interaction et les supports utilisés, je me propose d’expliquer ici le déroulement d’une semaine car le principe reste toujours le même. Cela assure un peu de routine à mes élèves qui les aide à planifier leur travail plus facilement.

 Voici donc ma manière de procéder, que je répète chaque semaine :
 
  • Le travail de la semaine est mis à disposition sur Teamup le dimanche dans la journée
  • Je contacte mes élèves le lundi matin à 9h00 pour la routine de la prise des nouvelles :
    routine.png 980.25 KB
  •  J'envoie ensuite à mes élèves le planning de la semaine en version PDF via WhatsApp
Je leur ai fixé deux échéances pour rendre leurs travaux, le mardi soir et le jeudi soir. Leurs devoirs sont rendus par e-mail ou WhatsApp, à choix. Seuls deux élèves me rendent leur travail par e-mail, les autres m’envoient des photos de leurs fiches ou de leur écran. Je reçois les travaux d’expression orale (exercices de virelangue, par ex.) par messages vocaux.
devoirs rendus.png 1.61 MB
  • Je poste les corrigés de la semaine le jeudi soir et laisse à mes élèves le vendredi de libre afin de pouvoir dédier du temps aux corrections.

 De manière générale, mes élèves se montrent très réactifs sur WhatsApp, moins via les autres canaux. Je corrige leurs travaux et en fonction des besoins et fixe avec eux des rendez-vous à court terme pour travailler un point ou faire un exercice ensemble afin de vérifier un raisonnement. Les élèves se montrent moins réactifs lorsqu’il s’agit de respecter les délais de reddition mais je me montre assez flexible sur ce point. L’important restant en effet qu’ils travaillent.
 
Je tiens un fichier excel me permettant de suivre qui a rendu ou non son travail, afin de pouvoir les relancer ou avertir les parents lorsque je suis sans réponse. Cette dernière solution est vraiment un dernier recours et j’évite autant que possible d’impliquer les parents car je sais que certains se font frapper, à la suite de remarques de professeurs.
 
Pour les exercices faits sur Learningapps un tableau de bord permet d’accéder aux statistiques de la classe et de vérifier en un coup d’œil qui a fait ou non ses devoirs.
La situation actuelle a révélé ce que nous suspections tous, les élèves ne sont pas assez exposés aux MITIC. On les appelle Digital Natives mais en dehors de leur téléphone et des applications qui leur sont familières, ils sont vite empruntés. Nul doute qu’à l’heure du bilan, de nouvelles directions devraient être prises sur la question de l’éducation aux médias. La pandémie actuelle ne sera probablement pas la dernière et il faudra faire en sorte d’être mieux préparés et coordonnés la prochaine fois. L'enseignement à distance se prépare, il ne peut pas être efficace du jour au lendemain sans prérequis adéquats.
 
 Le succès de cet enseignement à distance reste en grande partie une question de responsabilité individuelle. Celle des parents pour les plus petits, mais également pour le secondaire, celle des élèves eux-mêmes. Ce sont eux qui décident le niveau d'implication et d'effort qu'ils souhaitent investir. À eux de faire ce qu'on leur demande et d’essayer de se mettre autant que possible dans des conditions d'apprentissage correctes. Les possibilités de tricher sont omniprésentes, à chacun donc de décider de l’investissement qu’il ou elle souhaite accorder à sa scolarité.
 
J'insiste encore pour terminer ce travail sur la partie relationnelle, qui demeure fondamentale, essentielle. Nous devons également leur montrer l’exemple en respectant leur vie privée (pas de remarques sur les heures auxquelles ils sont actifs sur WhatsApp, par ex.), en demandant leur autorisation pour partager leurs productions, en leur demandant de citer leurs sources d’informations etc. Pour le reste, soyons aussi capables d'apprécier cette opportunité de créer d'autres types de liens, de changer les dynamiques de groupes et de se laisser surprendre agréablement par certains élèves.