MSMITIC – Séquence L. PADULA-SCHLESSER p33962

A. Introduction

Étudiante à la HEP depuis 3 ans bientôt, j’ai décidé d’étaler ma formation pour concilier vie professionnelle et familiale. Je suis actuellement en stage B au sein de l’établissement de Montreux-Ouest, dans lequel je resterai, au minimum, pour la totalité de la durée de mon stage d’économie et droit. J’enseigne l’option complémentaire et spécifique d’économie et droit à 3 classes ;

-9VG – OCOM – 2 périodes 
-10VP – OS – 4 périodes 
-11VG – OCOM – 2 périodes

L’établissement dans lequel j’évolue regroupe des élèves d’un milieu social relativement défavorisé. Cette indication aura toute son importance dans l’analyse de l’enseignement à distance.

Les évènements liés au COVID-19 nous ont obligés à changer drastiquement notre manière d’enseigner ainsi que nos habitudes d’enseignement. Dès le 13 mars, la situation sanitaire en Suisse nous a obligé à procéder à l’enseignement à distance avec nos élèves. La situation, sans précédent, est novice pour chacun de nous et surtout sans plan de préparation en amont.

Cette expérience est difficile à vivre pour chacun à son échelle personnelle. Néanmoins, les enseignants les moins « adeptes » des nouvelles technologies sont mis à rude épreuve. J’ai fait le choix, il y’a quelques années de les intégrer dans mon enseignement et surtout, d’habituer mes élèves à travailler avec.

J’ai eu pour habitude de communiquer avec mes élèves via mon site Internet et par ce même biais, leur permettre de télécharger des documents ou encore de visionner des vidéos que nous aurions travaillées en classe. J’ai créé ce site Internet au début de mon enseignement et je l’actualise chaque semaine.

Les élèves avaient acquis les compétences nécessaires à l’utilisation de ce site auparavant donc je n’ai pas eu d’inquiétudes particulières à ce sujet. Néanmoins, de nouvelles compétences ont tout de même fait surface durant cette période d’enseignement à distance. Les élèves ont dû rendre certains travaux par e-mail. J’ai pu constater que pour la plupart des élèves, les maniements informatiques simples, tel que l’envoi d’un fichier joint, relèvent d’une difficulté importante. Avec un peu de recul, je trouverai intéressant de consacrer 1 à 2 période en début d’année à entraîner à effectuer des envois de mails avec ou sans pièce jointe ou encore de transformer des fichiers en divers formats. Je pensais naïvement que les périodes de Forgen étaient consacrés à ce genre d’apprentissage. Mais je me suis vite rendue à l’évidence.

Après expérience, j’ai pu constater que cela m’avait demandé beaucoup d’heures d’investissement pour concevoir mes cours à distance, proposer des apprentissages différents, mais surtout lister les documents reçus, les manquants etc... Le suivi des élèves n’a pas été facile à effectuer et plusieurs relances (parfois sans succès) ont été nécessaires.

La conception de la transmission des connaissances a dû être revue afin de permettre aux élèves d’en dégager le maximum de profit. J’ai effectué des tutoriels vidéos que j’ai partagé à mes élèves afin de pouvoir leur faire des démonstrations ou des explications complémentaires lorsque celles-ci paraissaient nécessaires.

Planification

Les objectifs principaux de l’enseignement à distance ont été de :

-consolider les acquis d’apprentissages travaillés en classe jusqu’au 13 mars

-de maintenir les élèves motivés malgré la distance

-prendre en compte les difficultés dont les élèves doivent faire face durant ce confinement et proposer des activités intéressantes

Il a été évidemment primordial de prendre en compte la situation personnelle des élèves ainsi que les moyens dont ils avaient à leur disposition pour travailler. En effet, certains élèves n’ont qu’un ordinateur par foyer à partager avec des frères et sœurs dans la même situation scolaire ou encore avec des parents en télétravail. Afin de prendre compte l’organisation familiale des élèves, j’ai fait le choix de ne pas imposer de jour particulier dans la semaine où ils devaient faire leurs travaux mais plutôt de proposer un planning hebdomadaire à suivre avec des objectifs précis.

Le rôle de l’enseignant dans cet enseignement était davantage de guider les élèves, de réorienter ou de les aider à surmonter leurs difficultés. Le deuxième rôle important était celui de proposer des idées d’exercices ou de projets qui soient en adéquation avec les moyens à disposition et surtout motivants.

Les élèves se sont répartis en deux catégories distinctes. Les élèves qui ont suivis de manière régulière les exercices, les projets, les réunions vidéo et d’une autre côté, les autres élèves qui ont montré des signes de démotivation importante dès le début de cette période difficile. Dans le deuxième cas, il est évident que cela était très compliqué de contacter les élèves afin de leur redonner l’envie et le goût de l’école. Dans le cas où un élève semblait véritablement perdre pied, nous avions l’ordre d’informer le maître de classe en question puis le doyen de l’établissement. Ce dernier informait les parents de la situation afin de trouver ensemble des moyens pour maintenir l’élève à flot.

J’ai dû évidemment trouver des alternatives afin de motiver mes élèves à continuer à apprendre. J’ai été confronté au fait de devoir sortir du programme initial tout en conservant une lignée en corrélation avec ma discipline. J’ai, dans ce sens, organiser un projet intitulé « Battle économique » avec ma classe de 9H. Cette dernière découvrait une question vive par semaine ainsi que des supports audios ou audio-visuels en lien avec le sujet. Chaque semaine, trois élèves étaient tirés au sort afin de participer au « Battle économique ». L’un deux se concentrait sur le discours introductif, le deuxième sur la partie centrale du débat et le dernier sur le discours de clôture. Ce projet a été également mené en parallèle dans deux autres établissements afin de mettre les élèves en situation de challenge. L’établissement vainqueur de la semaine avait la possibilité de soumettre trois sujets pour la semaine suivante.

Ce genre de projets, hors du planning habituel, ont montrés un intérêt et un enthousiasme beaucoup plus important de la part de mes élèves. J’ai eu des retours très positifs de mes élèves qui semblent avoir pris beaucoup de plaisir à réaliser ceci.

Les élèves ont été baignés dans un monde numérique de manière très soudaine mais je pense qu’ils ont une capacité d’apprendre à travers les outils beaucoup plus importante que la nôtre. Ils ont certainement développé des compétences (l’envoi d’un e-mail, d’une pièce jointe, la création d’une capsule etc...) que nous n’aurions certainement pas eu le temps d’exploiter en classe, dans l’organisation standard et le stresstraditionnel.

HEP Lausanne - 04.2020