msMITIC 2019

Continuité

21.05.2020

Fabien Chachereau  avatar. Fabien Chachereau

Article continuité

Introduction

À la suite de la fermeture des écoles décrétées le 13 mars 2020, l’état de Vaud et les autres cantons suisses ont, par le biais de leurs responsables de la formation, préconisé un enseignement à distance. Cette mesure, qui visait selon le courrier du 24 mars de Madame Cesla Amarelle à assurer la consolidation des acquis, a donné lieu à une grande variété de pratiques. Certains enseignants ont pu maintenir une relation pédagogique et pratiquer un suivi rapproché du travail effectué hors-classe par leurs élèves, à l’aide de moyens divers tels que la visioconférence. D’autres, en revanche, se sont vus limités dans leurs possibilités d’enseignement à distance, ce qui a été mon cas. 

Dans l’EPS pour lequel je travaille, le passage à l'enseignement à distance a consisté, par le biais du site internet de l’école, à la transmission aux élèves d'exercices à effectuer. Ceux-ci étaient fournis pour chaque année et niveau scolaire. Seuls les enseignants officiant comme maîtres de classe ont été autorisés à garder contact avec leurs élèves par le biais de la visioconférence, le but avoué étant d’éviter de surcharger les familles et les élèves par des contacts divers avec la multitude d’enseignants opérant habituellement pour transmettre la matière scolaire. 

Dès le début la question a été la suivante : que transmettre et comment le transmettre ? Les consignes données ont souligné l’impossibilité d’assurer que le contact puisse être réellement maintenu avec les élèves et donc qu’il était de toute manière hors de question de tenter d’avancer dans le programme de l’année. De ce fait, les choix que j’ai opérés se sont portés sur des contenus liés à la révision et, pour les branches que j’enseigne, le français et l’anglais, une part non négligeable de ceux-ci portaient donc sur la révision de structures langagières et de vocabulaire. 

J'ai rapidement choisi, dans l'esprit de ce qui était préconisé par le DFJC, d’orienter les élèves vers des plateformes internet. Le but était à la fois que ceux-ci puissent effectuer l'ensemble du travail demandé en numérique mais également que les plateformes web puissent fournir une correction immédiate, dans le but d'éviter de multiplier inutilement les supports à consulter par les élèves. 

J'ai pu proposer une certaine variété dans les exercices proposés car il existe heureusement pour l’enseignement des langues de très nombreuses ressources permettant aux élèves de réviser des contenus langagiers avec l’apport des nouvelles technologies. 

Anticipation

Mes réflexions se sont vite portées sur la capacité qu’auraient mes élèves à remplir les exercices proposés en ligne. Loin d’une conception naïve autour de « Digital Natives » qui seraient globalement aptes à se servir d’un ordinateur avec une grande facilité, je pense au contraire qu’il faut garantir au maximum un accompagnement autour de l’outil numérique en général, mes élèves, comme j’ai pu le constater en salle d’informatique avec eux, possédant des capacités variées par rapport à celui-ci. L’avantage d’un document de type pdf est qu’il permet dès le départ d’assurer un fonctionnement facilité où l’élève peut simplement cliquer sur le contenu qui lui est proposé. 

Cela ne signifie évidemment pas qu’un guidage complet par rapport à la plateforme web soit effectué dès que le lien est fourni. J’ai dès lors choisi, plutôt que de diffuser d’innombrables tutoriels pour m’assurer que mes élèves soient à même de naviguer sans difficulté sur le site, de limiter les sources d’exercices afin qu’ils puissent s’habituer à une plate-forme. De plus, celles-ci devaient être facilement utilisables pour des élèves. J’ai donc privilégié des sites qui possédaient déjà une interface permettant une navigation facilitée avec des boutons colorés qui, en plus d’être des bons indicateurs pour des élèves moins habitués à l’outil informatique, me permettaient d’y référer facilement sur le document pdf qui leur était transmis. 

Dans la pratique, cela donne ça :

Travail à effectuer durant la semaine du 6 au 10 avril.pdf 135.04 KB


Différents repères visuels provenant du site sont intégrés au tableau et j’ai tenté, autant que possible, d’expliciter le fonctionnement des différents outils à disposition sur les sites pour faciliter une entrée dans la tâche rapide et efficace. L’indicateur 1 permet de cibler le bouton qui doit être utilisé par l’élève et sert également de repère visuel pour la suite des cours puisque j’ai régulièrement demandé aux élèves d’aller effectuer des exercices sur le site ortholud.com. Les indicateurs 2 et 3 remplissent une fonction analogue et là encore, je leur ai transmis plusieurs dictées avec pour but de les habituer à l’usage de la plateforme du Bescherelle.

Pour l'autre branche que j'enseigne, l'anglais, nous avons choisi de mettre l'accent sur des activités de compréhension orale ou écrite et avons exploité les nombreuses ressources disponibles en ligne, et notamment sur YouTube.
L'écoute d'extraits de films nous a semblé pertinente:

Travail semaine 26 - Anglais .pdf 212.44 KB


L'intérêt supplémentaire ici étant d'exploiter le multimédia et de pouvoir confronter les élèves à des contenus auxquels ils ne sont potentiellement pas habitués. Les consignes ont été formulées de manière à préparer les élèves à effectuer l'exercice demandé, bien que la vidéo elle-même propose un rappel et des parties bien distinctes.

Dans les deux cas, l'idée générale était de proposer des contenus mêlant un enseignement réalisable directement sur l'ordinateur à des tâches plus proches de celles que la scolarité propose habituellement, dans le but d'assurer un contact avec celles-ci pour le retour en classe, tout en exploitant certaines possibilités qui nous étaient offertes.

Pédagogie
 
Comme je l’ai relevé en introduction, les décisions de l'établissement pour lequel je travaille ne m'ont pas permis de planifier des séquences d'enseignement permettant une réelle intervention et des évaluations formatives auprès des élèves. Mon rôle en tant qu'enseignant aura donc été essentiellement celui d'un transmetteur de contenus, tandis que les élèves n'en auront été, dans le meilleur des cas, que des utilisateurs plus ou moins assidus.

Les contenus transmis ne menaient pour la plupart pas à une production finale exploitable ou valorisable par la suite. Seuls certains contenus transmis à la fin de la période d'enseignement à distance ont pu être valorisés par la suite lors de la reprise de l'enseignement en présentiel.

Planification

La raison principale à l'impossibilité de créer une séquence autour du numérique était principalement que, des dires de la direction de l'EPS où j'enseigne, le but de l'enseignement à distance ne devait être que de "maintenir un contact minimal avec la matière scolaire". Dans ce cadre, seul les pdf de l'établissement pouvaient servir à la transmission de contenus et chaque semaine était préparée par un enseignant différent, la culture d'établissement favorisant la collaboration entre maîtres de chaque branche et chaque niveau.

La prise en compte de l'hétérogénéité ne pouvait donc être opérée qu'au sein du document et a consisté majoritairement à proposer des liens permettant un rafraichissement de la théorie autour de la matière, ou de fournir des pistes d'exercices supplémentaires si le temps alloué à une activité pouvait être trop long, par exemple.

Le planning proposé aux élèves était celui décidé par l'établissement. Il avait pour but essentiel de reproduire un planning correspondant à des journées scolaires réduites (3h par jour) à effectuer à domicile.

Déroulement et évaluation

N'ayant eu aucune possibilité d'évaluation, même formative, seul un déroulement autour du programme suivi en classe a été possible. Pour le français comme l'anglais, nous avons donc choisi de tenter un retour sur différents contenus vus en présentiel et d'organiser une progression autour de ceux-ci.

Pour le français, il se sera agi de réviser les temps verbaux en partant de l'imparfait et d'évoluer vers les temps introduits au cours du programme de 9e. Pour l'anglais, le fait que nous utilisions tous la méthode English In Mind facilitait également ce travail puisque nous avons suivi le cheminement proposé par le livre. Un autre apport a été que nous avons pu dans ce but nous baser sur le site de la méthode : https://eimciip.cambridge.org/ et faire ainsi apprendre les vocabulaires, à la fois par le biais du site et en utilisant quizlet comme complément, principalement grâce aux vocabulaires qui ont été entrés sur la plate-forme par différents enseignants d'anglais, notamment Antoinette Dapples (qui est également formatrice en didactique de l'anglais à la HEP de Lausanne) en commençant par l'unité 1: https://quizlet.com/186288966/eimciip-9h-unit-1-tous-les-mots-flash-cards/. L'idée étant de varier les approches pour permettre aux élèves de mieux réviser leur vocabulaire et de les écrire également. Nous avons utilisé cette plateforme essentiellement pour son aspect pratique puisqu'elle est connue de nos élèves et que les vocabulaires qu'ils doivent réviser ont déjà été inscrits sur celle-ci par de nombreux enseignants. Un autre aspect est qu'il convenait de pallier aux limites de la plateforme officielle de la méthode English In Mind qui, par le choix de ne faire travailler le vocabulaire qu'au sein d'activités ludiques (ce sont des petits jeux vidéo type jeu de plateforme ou de tir) ne fait que peu travailler l'écriture des mots. Finalement, un des avantages indéniables de Quizlet est qu'il permet en plus d'exercer la prononciation puisque des fichiers audio lisant les mots du vocabulaire sont également inclus sur la page de chaque unité.

À l'issue de cette période d'enseignement à distance, nous avons pu tirer un bilan général: dans l'ensemble, les activités à faire directement sur l'ordinateur ont été citées par les élèves comme étant celles qu'ils ont le plus réellement effectuées. D'autres activités, dont celles dont nous attendions la réalisation pour l'exploitation ultérieure en classe, n'ont pas semblé avoir rencontré le même écho. Bien sûr, n'ayant pas eu de possibilité de régulation et de vérification de l'implication des élèves durant la période de confinement, nous ne pouvons guère vérifier ces dires. Il m'apparaît toutefois que le numérique présente un certain intérêt et attrait pour nos élèves et que les premiers temps du travail à distance ont pu susciter un engagement de leur part grâce aux apports et à la nouveauté suscitée par ces nouveaux moyens d'enseignement.

Le choix de l'EPS au sein duquel j'enseigne de ne pas exploiter l'agenda TeamUp m'apparaît à la fois comme une décision logique compte tenu de l'exploitation du site internet de l'école mais également comme une potentielle perte par rapport aux possibilités qui étaient offertes.

L'idée de centraliser les activités proposées aux élèves me semble cruciale. Une plateforme comme TeamUp ou quelque chose de plus développé serait un plus indéniable pour des périodes de travail à distance. Le bilan que nous tirons actuellement de cette période nous porte à un sentiment assez mitigé sur le travail réellement réalisé par les élèves. Cela est sans doute dû au fait que nous avons dû réagir vite et adapter des séquences et des contenus souvent déjà prévus aux exigences du moment, sans avoir le temps et les ressources pour réellement prévoir des séquences adaptées au numérique. Néanmoins, il est possible que cette période contribue sur le long terme à l'exploitation plus ample d'outils numériques dans l'enseignement public suisse et à des investissements plus grands autour de ces technologies.

Éducation aux médias


Les plateformes que j'ai utilisées lors du confinement ont été choisies majoritairement parce qu'elles ne nécessitaient pas d'ouverture de compte et donc ne posaient pas de problème autour des questions de droit à l'image ou d'exploitation de données personnelles. 

Je l'ai décrit auparavant, la clarté des consignes transmises aux élèves m'a semblé être un point important. J'ai donc effectué des captures d'écran des sites utilisés afin de créer des repères visuels. Ce moyen, qui est rudimentaire, a été choisi essentiellement par souci d'efficacité et par manque de moyens - aucune plateforme internet étatique n'étant à l'heure actuelle dédiée à un enseignement à distance pour les branches que j'enseigne. 

Cette situation vient sans doute souligner le chemin qui reste à accomplir pour moderniser nos moyens d'enseignement: cette transformation et la réflexion à effectuer autour des nouvelles technologies nécessitant beaucoup de moyens, de compétences et de réflexion.