msMITIC 2019

Séquence 1- Séquence d’enseignement à distance et ses enjeux

23.05.2020

Ivona Cuadra avatar. Ivona Cuadra

Séquence d’enseignement à distance et ses enjeux

Introduction
Je suis actuellement en stage B dans un Cycle d’Orientation à Fribourg et j’ai trois classes différentes : des 10VG niveau 1, des 11VG niveau 2 et des 11PG auxquelles j’enseigne l’allemand. Les classes de 11H ont 3 périodes d’allemand par semaine et les classes de 10H en ont 4 par semaine. Le stage B me permet de côtoyer des adolescents chaque jour et de contribuer à leur développement scolaire et personnel. Travaillant de manière régulière dans cette école, je bénéficie chaque jour de plusieurs points de comparaison entre les différents niveaux, classes et aptitudes des élèves. Je suis très reconnaissante d’avoir l’opportunité d’expérimenter toutes les facettes du métier d’enseignant, qui sont de nature pédagogique, didactique, sociale, culturelle et professionnelle, dans cet établissement qui compte environ une centaine d’enseignants. Chaque jour de stage à Fribourg m’amène de nombreuses expériences enrichissantes, autant de nature professionnelle, que personnelle. Une fois sur le terrain, il est encore plus clair pour moi de noter que la transmission des connaissances, le maintien de l’attention, le fait d’encourager les élèves à participer, le fait de s’assurer que l’input ait bien été transmis demandent énormément d’effort, d’attention et d’implication de la part de l’enseignant.
A la suite de la situation extraordinaire causée par le Coronavirus, plus précisément depuis le lundi 16 mars et la fermeture des écoles, j’ai dû adapter mon enseignement et assurer un suivi à distance. Cette situation exceptionnelle a demandé à tout le corps enseignant de se conformer aux nouvelles règles en vigueur, soit de permettre la continuité des apprentissages et leur évaluation à distance, en adaptant sa pratique professionnelle et en privilégiant le lien avec les élèves. En très peu de temps j’ai été forcée à m’organiser de manière réfléchie et pratique. Il a été question dans un premier temps de repenser aux moyens de communication à distance, car la plupart du temps les informations et les documents étaient transmis par mail ou par Educanet, ce qui n’était ni pratique ni optimal pour permettre une communication fluide et qualitative. De ce fait, le site d’Educanet est tombé en panne pendant une semaine et la boîte mail ne permet pas de conserver une grande quantité de mails. Par conséquent, les boîtes mail des élèves étaient souvent rapidement saturées. J’ai proposé aux autres enseignants d’allemand de mon établissement d’utiliser Showbie. J’ai préparé un dossier avec les documents et les explications que Mme Evelyne Viret nous a donné durant un atelier Showbie, mais cet outil n’a pas convenu à tout le monde, d’une part pour la difficulté d’utilisation des MITIC pour certains enseignants et d’autre part pour le « trop grand travail » que ça impliquerait pour d’autres enseignants ayant plusieurs classes à gérer. Après une longue réflexion, mon choix s’est porté sur un site Google, même si je n’avais jamais appris à l’utiliser. C’était une des options proposées par la responsable d’allemand du CO, en plus de créer des documents et les déposer sur Fribox ou Educanet.
Les directives de mon établissement concernant les outils à utiliser étaient assez  vagues et nous ont permis d’avoir la liberté d’écrire aux élèves par le biais d’un support qui nous convenaient le mieux et qui permettaient aux élèves de se sentir davantage concernés par leur apprentissage et de rester motivés. 
Après discussion avec l’équipe d’enseignants d’allemand, nous avons convenu qu’il faudrait continuer avec les unités du manuel utilisé dans le CO en adaptant les contenus pour que les élèves soient capables de travailler à la maison et de ne pas faire que des révisions.

Anticipation
Dans mes séquences, les élèves devaient utiliser les technologies numériques pour accéder aux contenus et pour faire certaines activités (trouver le matériel, savoir comment télécharger un document depuis un site Google ou Fribox, créer une Mindmap avec des logiciels proposés), créer des dossiers dans leur appareil pour organiser les documents et envoyer des e-mails correctement avec un objet et les pièces jointes demandées. 
Les élèves ont besoin d’un réseau internet et d’une caméra. J’ai utilisé Zoom car cette application permet de communiquer plus facilement avec les élèves et a permis d’expliquer les consignes aux élèves, de transmettre les objectifs des leçons, mais aussi de parcourir les différents documents nécessaires pour le travail avec la fonction de partage d’écran et de vérifier ce qu’ils ont appris. Cette phase synchrone permet d’échanger avec les élèves, contrôler la compréhension des consignes, répondre aux questions et évaluer les apprentissages. Pour s’assurer que tout le monde arrive à se connecter, télécharger le logiciel et mettre le mot de passe correctement, j’ai expliqué son utilisation dans les groupes WhatsApp de chaque classe, que j’avais créés auparavant. Bien entendu, ceci s’est fait avec l’accord de la direction, des titulaires de classe et des parents. J’ai également proposé aux élèves de travailler à l’aide de leur smartphone, même si l’utilisation des smartphones serait interdite en temps normal. Il a été intéressant de constater que dans cette situation exceptionnelle, les élèves ont été capables de les utiliser intelligemment pour communiquer et pour l’envoi des devoirs, ce qui pourrait remettre en question les règles d’utilisation des smartphones au sein des établissements. Les smartphones se sont avérés particulièrement utiles durant l’enseignement à distance car ils permettent aux élèves qui n’ont pas les moyens techniques à la maison, de remplir les objectifs pédagogiques, d’utiliser la caméra comme scanner et ainsi, de prendre en compte les éventuelles inégalités qu’il pourrait y avoir entre les élèves et leur accès aux outils informatiques nécessaires. Cette expérience positive et utile des smartphones vient aussi confirmer l’omniprésence de ceux-ci chez les jeunes, selon la compétence Sqily « digital natives » et a permis d’en prendre compte pour donner des outils supplémentaires pour l’apprentissage aux élèves comme les dictionnaires ou d’autres applications en ligne. 
Les élèves ont le choix de m’envoyer leur travail par le biais d’une photo par message privé ou par e-mail. Pour ma part, je leur fais toujours un retour personnalisé par message ou par e-mail s’il s’agit d’une production écrite ou d’un exercice de grammaire. Si je remarque que la majorité des élèves font la même erreur, je mets les corrections et les explications dans le groupe WhatsApp ou j’organise une vidéoconférence via la plateforme Zoom. Néanmoins, s’il s’agit d’une thématique plus complexe et des erreurs répétées, je crée un document sur le site Google avec des explications écrites en français. S’il s’agit d’un élève en particulier qui a besoin d’explications supplémentaires, j’organise un appel individuel par téléphone portable, ce qui a été jusqu’à maintenant le cas avec les élèves de 10 VG1 à plusieurs reprises. 
J’ai aussi utilisé Fribox pour donner accès à certains documents en format Word et pour mettre à dispositions des fichiers audio, vu qu’il n’est pas possible de les insérer sur un site Google. Pour faciliter l’accès et ne pas devoir jongler entre deux plateformes différentes, je mets le lien direct sur le site Google pour accéder au Fribox afin que les élèves puissent trouver plus facilement les fichiers audio, ainsi que d’autres documents en format PDF ou Word à télécharger. 
Dans le cadre de l’enseignement à distance, j’ai personnellement dû perfectionner des compétences Sqily comme « utiliser les ressources numériques de son environnement de travail », « connaître les conditions pour une intégration efficace des MITIC des enseignements », « créer des quiz numériques pour l’apprentissage du vocabulaire dans le L2 », « connaître les contextes juridiques, réglementaires… », « savoir varier les approches pédagogiques pour tirer parti des plus-values des MITIC », « gamifier/ludiciser sa classe avec le numérique » et « création et utilisation du Mindmapping ». J’ai lu les descriptions de celles-ci et j’ai passé les brevets pour pouvoir transmettre mon savoir-faire aux élèves. Étant donné que l’enseignement à distance se poursuit dans le canton de Fribourg jusqu’au 2 juin, je suis persuadée que je serai obligée des découvrir d’autres compétences MITIC pour varier les exercices. Jusqu’à présent, j’utilise régulièrement Quizlet, LeraningApp et Kahoot avec mes élèves. Ils connaissent déjà l’utilisation de ceux-ci, car nous avons l’habitude de les utiliser en classe. 
En tant qu’enseignante, je ressens une véritable responsabilité de l’apprentissage des élèves et du suivi des séquences à distance. Tout au long de ces semaines, j’ai eu un échange très riche et bénéfique avec mes élèves en ce qui concerne leurs rendus, je leur ai proposé des feedbacks personnalisés, pris le temps d’avoir des échanges téléphoniques avec leurs parents, ce qui était indispensable pour favoriser une collaboration avec eux et ne pas perdre le contact avec certains élèves. Je trouve que l’implication des parents régulière a une influence sur le comportement et l’investissement d’élève dans son travail. Une des solutions trouvées pour relever au mieux le défi de l’enseignement à distance a été de trouver un ordinateur disponible pour ceux qui n’en n’avait pas un à la maison, pour faciliter la communication. N’ayant pas pu régler cette problématique tout de suite et étant très concernée par l’égalité de traitement des élèves, j’ai imprimé les dossiers d’allemand et je les ai envoyé par la poste à ces élèves, jusqu’à ce que les titulaires de classe et la direction leur fournissent des ordinateurs.  

Pédagogie
Le numérique est à tout instant présent lors des échanges entre mes élèves et moi. Au niveau pédagogique, mes priorités sont de maintenir des liens privilégiés avec les élèves et leurs parents en établissant un contact régulier, rassurant et empathique, dans un souci de bienveillance. Les parents ont besoin de comprendre comment se passe l’enseignement à distance, mais les enseignants aussi doivent être très vigilants, car « Les parents ne sont ni des enseignants, ni des webmasters. Et ils n’ont pas à le devenir. Confondre les rôles serait le premier moyen d’installer une ambiguïté, source de malentendus voire de conflits contre-productifs, surtout en période d’anxiété distribuée », comme Monsieur Olivier Maulini, professeur à l’Université de Génève le souligne. De mon côté, dès le 16 mars, j’ai sollicité mes élèves pour cerner au mieux comment chaque famille vivait cette situation afin de fournir le suivi nécessaire, d’offrir le soutien à mes élèves et de m’assurer que chacun d’eux pouvait bénéficier de conditions satisfaisantes, qu’elles soient matérielles (ordinateur, livres, dossiers) ou affectives. Durant cette période, je trouve crucial de veiller à l’égalité des chances entre les élèves pour au mieux identifier les opportunités pédagogiques et didactiques, afin de les intégrer dans ma pratique et valoriser les apprentissages réalisés à distance. La mise en place de cet enseignement hybride n’est pas un objectif mais un outil ayant permis de créer des situations d’apprentissage malgré la distance et de les évaluer de manière formative pour offrir aux élèves une remédiation adaptée. Même si les différents objectifs de mes séquences sont détaillés plus tard, il est important de relever qu’ils ont permis de traiter des thématiques spécifiques aux MITIC. La création de mon site Google est innovante pour moi comme pour mes élèves, d’une part par la situation exceptionnelle que nous vivons actuellement avec la fermeture des écoles et d’autre part par la mise en place de divers outils promouvant l’implication des élèves et le développement de leur éducation aux médias. Les objectifs principaux en lien direct avec l’utilisation des MITIC sont de garder les élèves constamment en contact avec des apprentissages équilibrés et dotés de sens, de leur permettre d’apprendre à utiliser d’autres outils comme par exemple, des mind maps en ligne, des quiz, divers logiciels favorisant la mémorisation du vocabulaire et la compréhension de règles grammaticales et de leur proposer de nouvelles stratégies d’apprentissage. Comme Viau (2005) le met en évidence, il faut constamment diversifier les activités pour garder les élèves motivés dans la durée.
Le souci principal au tout début de l’enseignement à distance a été le nombre important d’informations provenant de chaque enseignant, adressés aux élèves par des flux différents. Cette hétérogénéité s’est aussi présentée pour les outils de transmission des documents, comme par exemple Fribox, site Google, Educanet, Padlet et d’autres moyens dont mes connaissances étaient limitées. Ceci a provoqué un stress supplémentaire pour les élèves et une difficulté pour certains. Pour ma part, j’ai proposé aux titulaires de classe de faire un site Google et d’insérer les liens de tous les enseignants de cette classe dans le but de leur faciliter la tâche, économiser leur temps, les guider plus facilement et les motiver. Il faut aussi évoquer que la direction de l’établissement nous a demandé de communiquer aux titulaires de classe le planning de travail hebdomadaire et le temps nécessaire pour réaliser chaque tâches afin d’éviter une  surcharge des élèves.

Planification
Mes objectifs principaux sont de permettre à mes élèves de continuer leur apprentissage de l’allemand, renforcer l’apport des connaissances et des acquis, proposer d’autres activités que nous n’avions jamais faites en classe comme le visionnage de films courts didactisés, de maintenir des travaux de groupes depuis une autre perspective et de soigner les rapports humains. 
Concernant le matériel, les élèves doivent avoir accès à un ordinateur ou à un smartphone avec appareil photo, d’une connexion internet, de quoi écrire et si nécessaire une imprimante, selon les habitudes des élèves. Les seuls logiciel ou applications nécessaires au bon déroulement des activités et avoir accès aux informations sont Zoom et WhatsApp.Je les utilise pour communiquer avec mes élèves en plus des e-mails ou des appels téléphoniques si besoin. 
J’ai organisé jusqu’à maintenant au moins une vidéoconférence toutes les deux semaines.  Concernant le planning de mes cours à distance, les élèves ont chaque jour entre 30 et 45 minutes de travail à réaliser. J’ai intégré à chaque cours, au minimum deux compétences énoncées dans le Plan d’Etudes Romand (PER)(Leseverstehen, Hörverstehen, Schreiben, Sprechen).
Comme expliqué avant, j’ai créé un site Google dans lequel il y a des activités à réaliser chaque jour avec le temps nécessaire pour chaque activité et les délais à respecter pour rendre les devoirs. Suite à cela, j’ai mis les corrigés à disposition des élèves. Les travaux à rendre sont toujours prévus pour le cours suivant. Dans les consignes des devoirs, je nomme la plupart du temps quatre élèves qui doivent me rendre leur devoir par e-mail ou par WhatsApp ou sinon c’est tout le monde qui doit le faire. Dans tous les cas ces consignes sont spécifiées directement dans le même site. J’ai toujours fait attention à prendre en compte les possibles difficultés que les élèves pourraient rencontrer. C’est pourquoi j’ai réalisé une marche à suivre pour accéder au site Google et permettre à tout le monde de trouver le matériel nécessaire. (Annexes)
Les consignes et les supports de cours sont souvent illustrés par des exemples, des références et des lien. Pour ma classe 10VG2 et quelquefois pour ma classe 11VG1, j’écris les consignes en allemand avec des explications supplémentaires en français, pour qu’elles soient compréhensibles et accessibles pour tout le monde. Il s’agit à mon avis d’une des difficultés les plus fréquentes pour les élèves lors du travail à distance. En classe de langue étrangère, les consignes sont d’une importance primaire car les élèves doivent non seulement comprendre le but de la tâche, mais aussi le vocabulaire utilisé par l’enseignant. Il en va de même pour les objectifs. Ces derniers doivent être clairs pour que les élèves sachent ce qui est attendu lors du cours. Je mets une importance particulière pour que les consignes soient complètes, lisibles sur toutes les formes d’écran, pour que le temps pour réaliser la tâche figure sur le site et pour que les consignes soient accompagnées d’illustrations. 

Déroulement et évaluation 
Le déroulement des activités se fait en différentes phases. Dans une première phase, je prépare les différentes activités selon les indications spécifiées plus haut et je les publie sur le site Google aux jours et heures exactes durant lesquelles les élèves auraient les cours en situation normale. Ainsi, les élèves sont au courant du moment de la publication du contenu et sont tenus de les terminer dans les délais, qui sont également marqués sur le programme de la semaine. Le bon déroulement de la leçon dépend de différents critères. L’un comprend l’affichage des consignes et la présentation des documents destinés aux élèves. Lorsque l’on enseigne une langue étrangère, en l’occurrence ici l’allemand, il faut être encore plus vigilant que d’habitude. En effet, les consignes en allemand peuvent parfois poser problème pour certains élèves. Le problème est d’autant plus flagrant dans les classes de VG1 que dans les classes de VP. Il ne faut pas céder à la tentation de traduire la consigne mais plutôt essayer d’utiliser des images ou des synonymes, si possible. Le bon déroulement de la leçon peut être complètement déstabilisé si la consigne n’est pas assez claire. Dans cette optique, je fais attention à ce que les consignes et les exercices soient lisibles, sans ambiguïtés et bien espacés. Dans cette volonté de structure, je classe les activités par classe, par semaine de travail, jour de cours et je note les objectifs ou spécifie le programme du jour. Les élèves doivent pouvoir s’y retrouver et ne pas perdre trop de temps avant de commencer la tâche. Par ailleurs, les élèves doivent savoir ce que j’attends d’eux en retour et sous quelle forme ils doivent m’envoyer les documents. Dans certains cas, lorsque les élèves ont besoin d’un outil qui n’a encore jamais été utilisé, j’insère également une marche à suivre pour son utilisation et la bonne réalisation de la tâche. 
Dans une deuxième phase, les élèves font les activités publiées sur le site et me renvoient les devoirs si c’est le cas, par mail ou par photo. Je reste bien entendu à disposition des élèves selon les horaires spécifiés également sur le site. Il est cependant déjà arrivé que certains élèves me contactent en dehors des temps mais, consciente de la situation extraordinaire et voulant les soutenir au maximum, je me suis montrée disponible par téléphone et par message. Le maintien du contact avec les élèves et le fait qu’ils puissent me contacter à tout moment est très important à mes yeux. C’est une relation pédagogique basée sur le respect et l’entraide que j’entretiens depuis le début de l’année en classe et que je continue d’entretenir à distance ; c’est l’un des atouts d’effectuer mon stage en cours d’emploi. En ce qui concerne les devoirs et les travaux à rendre, j’essaie de rester souple et tolérante. 
Dans une dernière phase, je récupère les devoirs des élèves et met en évidence les élèves qui ne me les envoient pas. Cette phase est primordiale car elle permet de garder un suivi des élèves et de ne pas « perdre » certains élèves qui pourraient avoir tendance à le faire lors de cette période où le contrôle devient plus difficile. Elle ne sert pas uniquement à gérer la classe mais surtout à évaluer les apprentissages de mes élèves. Celle-ci s’est déjà faite sous différentes formes. Le premier cas est de mettre en évidence les erreurs fréquentes des élèves et de les commenter sur le site pour la classe suivante pour tous les élèves afin qu’ils comprennent la cause de ces erreurs (exceptions, expressions fixes, …) J’ai aussi utilisé Zoom pour évaluer les apprentissages des élèves et profiter du direct avec les élèves pour répondre aux questions, pour les interroger et contrôler les apprentissages. Elles me permettent notamment d’expliquer aux élèves certaines notions grammaticales, d’introduire une nouvelle unité et de discuter de voix vive les objectifs de l’unité. Alors que la plupart du temps ces discussions se sont réglés en commun durant ces conférences, certains élèves ont parfois besoin de plus d’explications, donc je propose des remédiations individuelles par téléphone ou Zoom. Les élèves sont véritablement soulagés de pouvoir garder un contact direct avec moi et sont aussi rassurés d’avoir de l’aide pour avancer. La gestion du temps joue aussi un rôle très important dans l’enseignement à distance. Les élèves sont amenés à travailler de manière autonome dans des conditions d’apprentissage qui peuvent varier selon le milieu socioéconomique de l’élève. D’un côté, certains élèves ont un ordinateur à disposition toute la journée et peuvent travailler calmement. De l’autre côté, certains élèves doivent partager l’ordinateur avec leurs frères, sœurs ou parents qui travaillent depuis la maison. Je porte une attention particulière à garder des leçons de 30 à 45 minutes afin que les élèves puissent aussi travailler les autres disciplines scolaires. Le but est de ne pas surcharger l’élève et de rester efficace. J’ai également proposé récemment des conférences facultatives pour les élèves à besoins particulier mais il faut dire qu’elles n’ont pas eu un franc succès, compte tenu du faible nombre d’élèves qui se sont présentés. Un autre problème rencontré durant cette phase est la gestion de la classe durant les conférences : un « élève-perturbateur » a dépassé les limites et a pris le contrôle du partage d’écran d’un tableau blanc et a dessiné des choses inappropriées, a sans arrêt interrompu pour exprimer son besoin de perturber la classe et j’ai par conséquent dû l’expulser du cours.  Suite à cela, je me suis entretenue avec le titulaire de classe, qui a aussi subi les insolences de ce même élève, qui a dû par la suite l’expulser du groupe WhatsApp de la classe. Tenant à cœur que tout le monde puisse continuer apprendre et suivre le cours dans des conditions idéales, nous nous sommes entretenus avec la mère de ce dernier et il a présenté ses excuses par écrit. La situation s’est apaisée depuis. 
La conception de l’organisation est un peu plus différente en classe qu’à distance. Lorsqu’on donne une leçon à distance le rôle de l’élève est moins variable qu’en classe, car il s’agit plutôt d’un travail individuel et le travail sous forme de groupes de travail en synchrone est plus difficile à planifier. A distance, il est plus difficile de faire collaborer les élèves. Le fait de travailler en groupe permet à l’élève de s’impliquer dans l’enseignement à distance vis-à-vis de ses attentes, des attentes du groupe et de la comparaison de ses progrès dans le groupe selon Deci & Ryan (1993). Cuq (2005) souligne également l’importance du travail en groupe, qui favorise l’apprentissage collaboratif et motive les élèves. J’ai par exemple proposé une activité où les élèves devaient jouer à une sorte de partie de bataille navale par WhatsApp ou par téléphone en allemand. (Schiffe versenken) 
L’investissement des élèves et les travaux réalisé durant l’enseignement à distance ne sont pas évalués de manière sommative mais j’ai trouvé important de faire une évaluation formative après chaque unité pour contrôler l’apprentissage des élèves et proposer une remédiation. L’implication des élèves était en général très bonne, avec tout de même quelques exceptions, notamment pour respecter les délais donnés et certains élèves ont dû être contactés personnellement pour m’envoyer les travaux demandés par cause d’« oubli ». Ce que je retiens principalement c’est la curiosité, l’attitude, l’assiduité et la grande qualité des travaux rendus par la plus de la moitié des élèves. Néanmoins, j’ai pu apercevoir une certaine attitude passive de certains élèves durant le confinement, mais ce qui est le plus important pour moi c’est d’avoir fait mon maximum pour leur permettre de continuer leur année dans ces conditions et d’informer les parents et titulaires de classe. 
L’enseignement à distance nous apporte de nouveaux savoir-faire et savoir-être, et une nouvelle manière d’enseigner en essayant de nouveaux logiciels, en utilisant le numérique à disposition, une collaboration avec les parents et les élèves que je pourrais décrire comme plus compréhensive. Cet expérience est très constructive pour mon parcours professionnel et personnel. Les échanges, la collaboration et la mise en place des séquences furent très riches en partage mais aussi très stressants pour ma part. La collaboration avec les élèves étaient certes plus dure à distance mais elle est aussi plus difficile avec les collègues de branche et elle aurait permis de tous nous soulager si nous avions trouvé une méthode de travail commune. Le fait de créer toute seule les documents, de chercher d’autres ressources sur le net, d’être à entière disposition pour mes élèves, fut un travail à temps complet pour moi. L’enseignement à distance rend difficile de partager le temps de travail et le temps de repos, comparé à un enseignement classique mais mon but est de continuer à soutenir mes élèves et de suivre mon « devoir » d’enseignant consciencieusement et sans aucun regret. 

Éducation aux médias
Pour que l’enseignement à distance se déroule correctement, il est primordial de porter une attention particulière aux prérequis des élèves pour qu’ils soient capables de mener à bien des travaux, surtout avec l’utilisation de Google site. Pour cela, j’ai préparé une marche à suivre pour expliquer aux élèves où trouver mon numéro, mon mail, mes disponibilités, les cours pour chaque cours et comment télécharger les documents. La prise en compte des élèves à besoins particuliers était primordiale et c’est pourquoi je propose des documents en format Word et PDF afin que les élèves dys par exemple, puissent travailler directement sur leur ordinateur comme ils en ont l’habitude ou encore pour que les élèves n’ayant pas accès à une imprimante puisse écrire sur un document Word directement. 
Il était aussi important de savoir au début si chaque élève avait la possibilité d’avoir accès à internet et à une caméra pour les différentes tâches à réaliser mais aussi pour les vidéoconférences. Il est ici question de faire une réflexion sur l’égalité des chances des élèves : il se pourrait qu’un élève n’ait pas les ressources à disposition chez lui et dans ce cas, il nécessiterait une aide de ma part. Ça a été le cas pour quatre élèves et la collaboration avec la direction et les titulaires de classe ont permis de gérer cette problématique en moins de deux semaines. 
Il était aussi important pour ma part de poser des règles claires depuis le début, surtout pour l’utilisation de Zoom pendant les conférences. La mise en place de celles-ci a permis aux élèves de suivre le contenu donnée lors des conférences et de ne pas être perturbés par d’autres élèves, la plupart du temps. Dans un cas exceptionnel, ces règles ont également permis de sanctionner sans devoir donner trop d’explications. J’ai par exemple expliqué aux élèves qu’il est interdit de faire des photos durant nos vidéoconférences, qu'il est nécessaire de respecter le temps de parole de chacun et de garder une conduite responsable, comme nous le ferions en classe. Les élèves n’ont pas dû publier de contenu nécessitant une explication complémentaire concernant les droits d’auteur mais il s’est principalement agi de mon travail, en citant toutes les ressources publiées sur le site, en rendant le site accessible qu’aux élèves de notre classe et en proposant un transfert de documents par des moyens sécurisés.
Durant cette période d’enseignement à distance qui se poursuit dans le canton de Fribourg jusqu’au 2 juin, jusqu’à ce jour, je n’ai remarqué d’inégalités quant à l’utilisation des MITIC. Cette période a  plutôt révélé une inégalité au niveau de l’autonomie de certains élèves. Mis à part ces quelques cas isolés, les élèves apprécient beaucoup l’enseignement à distance et le matériel que je leur propose. C’est une chose que j’ai rapidement aperçu lorsque je donnais du travail à l’avance et que les élèves en profitaient pour terminer le travail de la semaine, ou encore lorsque le travail était régulièrement fait par certains lors des horaires habituels très tôt dans la matinée.

Annexes :
 
Cuq, Jean-Pierre & Gruca, Isabelle (2005). L’expression écrite. Dans “Cours de didactique du français langue étrangère et seconde”. 
 
Deci & Ryan (1993). Sentiments de l’auto-efficacité, de l’auto-détermination et de l’inclusion sociale. Die Selbstbestimmungstheorie der Motivation und ihre Bedeutung für die Pädagogik, pp. 223-239.

Maulini, Olivier (2020), Enseigner à distance, Université de Genève.
 
Plan d’Études Romand (PER), plateforme du Plan d’études Romand. https://www.plandetudes.ch/web/guest/allemand
 
Viau, Rolland (2005). 12 questions sur l’état de la recherche scientifique sur l’impact des TIC sur la motivation à apprendre. Université de Sherbrooke.