msMITIC 2019

SEQ1: Réalisation d'une mind map à distance

25.06.2020

Ema Janeckova avatar. Ema Janeckova

Introduction

Dans le cadre de mon stage A en sciences de la nature, j’enseigne ce semestre dans deux classes (une 9 VP et une 10 VG) à raison de 4 périodes par semaine au total. Avant le confinement, j’ai alors passé 3 semaines en tant qu’observatrice et ensuite enseigné pendant les 3 autres semaines. Il y a 10 élèves par classes, pas de cas spécial. Ceux de la classe VP étaient nettement plus motivés à travailler mais tous étaient curieux et s’intéressaient à la matière enseignée.

Depuis le confinement, je n’ai eu aucun contact avec les élèves jusqu’à la reprise après les vacances de Pâques. Cependant, je continuais à leur donner du travail, seulement par l’intermédiaire de mon praticien formateur (prafo) qui s’occupait de mettre mes consignes à leur disposition. Ceci se passait apparemment d’abord sur la plateforme Educanet et plus tard sur Teamup. 

D’abord, je leur donnais des exercices à faire et mon prafo a décidé de leur faire suivre le corrigé la semaine après. Comme ils étaient amenés à être autonomes et pas dépendants de nous, ce qui est très bien en soi (Piaget, 1932), nous n’avions aucun retour des élèves. On ne pouvait même pas savoir s’ils avaient accès aux exercices et s’ils les ont travaillés ou pas. De plus, mon prafo voulait qu’ils finissent le thème pour pouvoir aborder un nouveau prochainement. 

Sachant qu’il n’était pas recommandé d’avancer dans l’apprentissage, j’ai alors décidé de demander aux élèves de la 10 VG de créer une mind map sur le sujet abordé, le système digestif. Je leur ai fourni un lien sur le site de l’Alimentarium (https://academy.alimentarium.org/fr/programmes-scolaires) pour trouver davantage d’informations sur le sujet si nécessaire ainsi que quelques autres liens expliquant ce qu’est une mind map, avec des exemples, des logiciels et des tutoriels. 

Figure 1 : Site de l’Alimentarium avec des thèmes classés selon les programmes scolaires


Figure 2 : Site de l'Alimentarium et des options pour les élèves


Anticipation

Pour ma part, je devais premièrement m’apprivoiser les plateformes Educanet et Teamup que je n’ai jamais utilisées. De plus, je me suis renseignée sur squily sur comment organiser la continuité des apprentissages à distance (Organiser la continuité des apprentissages pour vos élèves à distance : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/3090) et comment évaluer la qualité et l’utilité des vidéos prévues pour ces apprentissages (Intégration des vidéos en classe dans un contexte d'apprentissage : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/3024).

J’ai d’abord voulu créer un quiz basé sur ces vidéos avec le logiciel Edpuzzle (edpuzzle.com), les stopper à plusieurs reprises et poser des questions sur ce qui a déjà été visionné avant de continuer (Gamifier / Ludiciser sa classe avec le numérique : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/2552). Le seul travail des élèves serait dans ce cas de regarder les vidéos (mais pas nécessairement) et de répondre aux questions. Je pourrai ainsi voir quels élèves ont répondu aux questions et quelle sera leur réussite mais je ne verrai par contre ni leur réflexion ni s’ils ont compris.

Après m’être inspirée de la compétence sur la variation des approches pédagogiques (Savoir varier les approches pédagogiques pour tirer parti des plus-values des MITIC : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/2409),  j’ai alors essayé d’imaginer quelque chose qui demanderait l’engagement de leur part, comme le fait de résumer la matière par leurs propres mots, et ce qui en même temps impliquerait la créativité (Wormeli, 2005) pour que ça soit personnel et que ça sorte de l’ordinaire. Je voulais leur proposer une tâche complexe (Nunziati, 1990) : une activité dont le produit me permettrait de savoir si les élèves ont compris la matière ou pas et de m’aider à définir les points sur lesquels il faudrait travailler en classe lorsque cela serait à nouveau possible ; mais également une activité qui susciterait davantage leur curiosité et qui leur serait utile (Goodnough & Woods, 2002). Après le renseignement sur l'utilité des mind maps (Création et utilisation du MindMapping : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/2410), leur réalisation m’a alors semblé comme une bonne idée . Celle-ci requiert non seulement la récapitulation des informations, mais également leur organisation et grâce à leur côté visuel je pourrais aussi contrôler leurs acquis. De plus, la mise en place des connaissances autour du thème principal pourrait éveiller plusieurs questions grâce auxquelles l’élève pourrait mieux atteindre les objectifs de l’apprentissage (Stokhof et al., 2018). Enfin, sa réalisation permet de développer quelques capacités transversales, comme par exemple la stratégie d’apprentissage, la démarche réflexive et la pensée créatrice. 

Les élèves doivent de leur côté apprendre comment construire une carte heuristique, et ce,sur le sujet du système digestif. Pour cela, il leur faudrait d’abord rassembler les connaissances acquises sur le sujet et organiser leurs pensées. Ensuite, ils devront faire une recherche (lecture) sur comment réaliser des mind maps et avec quel logiciel (Création et utilisation du MindMapping : https://sqily.com/msmitic-2019/skills/2410). Puis, ils devraient s’approprier le logiciel choisi pour en construire une. Pour cet étape, j’ai pas mal puisé dans squily afin de leur faciliter ce travail et j’ai finalement trouvé un logiciel libre qui se trouve être bien expliqué par un de mes collègues (Tutorial pour comprendre MindMaster :https://www.sqily.com/msmitic-2019/workspaces/3165). Néanmoins, je suis également tombée sur l’article d’un autre collègue où il mentionne que selon lui et ses expériences, ce travail d’appropriation de la matière et la mémorisation sont plus efficaces lors de la réalisation de la carte à la main avec les crayons et le papier (Création d'une ressource: représentation des "Dix petits nègres" d'Agatha Christie en mind map : https://sqily.com/msmitic-2019/workspaces/3179).

 
Pédagogie

La forme du travail final n’a pas été imposée. Je leur ai fourni un lien où plusieurs logiciels ont été cités mais je leur ai suggéré de se tourner vers les logiciels de Microsoft Office (Word et PowerPoint) qui devraient déjà être connus par les élèves. Et pour ceux qui n'auraient pas le Microsoft office, j'ai suggéré d’utiliser le logiciel libre Edraw MindMaster disponible sur internet. Pour ce faire, je leur ai fourni des tutoriels expliquant l'utilisation de ces 3 logiciels dans le but de créer une mind map. Cependant, pour la raison citée ci-dessus, j’accepterai ce travail accompli également de manière manuelle car le but était surtout de développer quelques capacités transversales, comme la stratégie d’apprentissage, la démarche réflexive et la pensée créatrice. Le côté MITIC est donc secondaire, comme un petit bonus.

Le numérique est néanmoins essentiel dans cette activité, d’une part pour trouver les consignes, de l'autre  pour chercher des informations sur le sujet à travailler. Les élèves seront les consommateurs dans la première partie du travail, puis les producteurs par la suite (de façon numérique ou pas). Dans une situation dite « normale », les informations seraient probablement amenées par l’enseignant et la réalisation se ferait au sein des groupes. Ceci donnerait la place aux autres compétences, comme la communication et la collaboration qui sont malheureusement en ce moment négligées. Mais dans cette situation, le rôle de l’enseignant est considérablement restreint et c’est le numérique qui le remplace.


Planification

Les objectifs principaux de cet exercice étaient premièrement de rétablir un contact entre l’enseignant et les élèves, vérifier s’ils ont accès au travail et les conditions pour l’accomplir. J’espérais que ceci aboutirait vers une discussion entre l’élève et moi-même me permettant ainsi de redevenir présente, visible, ce que je ne me sentais plus. Toutefois, ce sentiment de solitude aurait très bien pu être réciproque et avoir comme conséquence la démotivation et le désinvestissement des élèves (Albero & Kaiser, 2019). Pour diminuer ces sentiments d’isolement, Jézégou (2019) propose un dialogue personnel entre l’enseignant et l’élève qui peut offrir un soutien motivationnel. J’aurais pu proposer une séance zoom pour encore mieux les soutenir mais comme mon prafo n’a jamais reçu de retour de ces élèves, on ne savait donc pas s’ils avaient tous un accès internet et quelles étaient leurs conditions de travail (accès internet, ordinateur personnel, présence et soutien des parents). Vu le nombre de ressources appliquées et la quantité de travail demandée dans d’autres disciplines, je leur ai laissé deux semaines pour la réalisation et leur ai alors proposé de m’envoyer des questions en cas de besoin par email. J’étais prête à m’investir dans les futurs dialogues.  

Deuxièmement, j’ai été intéressée à savoir s’ils avaient compris le sujet traité et comment leur réflexion pourrait être stimulée. Bien entendu, il m'a été possible de juger uniquement la situation de ceux qui m'ont répondu.

Les consignes ont été déposées sur les deux plateformes utilisées par l’établissement, càd Educanet et Teamup. Parmi les consignes, plusieurs liens de sites web ont été mentionnés ainsi que l’Aide-mémoire qui aborde le sujet de la construction d’une carte conceptuelle. Les élèves ont été encouragés à utiliser tout le matériel à leur disposition et à chercher davantage d’informations si nécessaire. Ne connaissant pas leur situation individuelle, ce travail a été mis en place comme asynchrone et j’ai privilégié la communication par email.

 
Déroulement et évaluation

Le déroulement de la conception de ma part, étant déjà bien développé plus haut, ne serait plus approfondi dans cette partie. Néanmoins, je joins les consignes données aux élèves en annexe.

Quelques jours après la mise en ligne des consignes (durant la première semaine), j’ai reçu le travail de trois élèves. J’ai été surprise de directement avoir reçu leur travail car je m’attendais à ce que les élèves me posent des questions au préalable, par email. Hélas, les travaux ne correspondaient pas du tout aux attentes. La seule question que j'ai reçu était pour savoir s'il fallait vraiment faire une mind map ou si un simple schéma pourrait suffire. 

Le premier travail d’un élève était sous le format PowerPoint contenant 3 slides. Je joins 1 des 3 slides en annexe (Fig. 3). Ce travail m’a permis de voir que l’élève n’a pas seulement compris le concept de mind map mais également que le sujet traité n’a pas été compris non plus. J’ai alors suggéré à l’élève de visionner les vidéos sur le site de l’Alimentarium (comme recommandé dans les consignes) et de regarder des exemples de cartes heuristiques. Encore le même jour, il m’a renvoyé une deuxième version, faite sur PowerPoint avec les outils de mind map. Ce travail (Fig. 4) a déjà montré une meilleure compréhension du sujet mais pas encore de la carte heuristique. Je lui ai alors donné quelques pistes d’améliorations et pas longtemps après, j’ai reçu sa troisième version (Fig. 5). Celle-ci est bien réussie même si pas encore autant détaillée comme je l’aurais espéré. Cependant, j’ai pu clairement voir les progrès qu’il avait fait depuis sa première version et cela dans un intervalle très court. J’aimerais aussi croire qu’il avait pris du plaisir à le faire vu qu’il ne l’a pas abandonné et m’a même répondu alors que nous étions un samedi.
 
Figure 3 : Première version du travail d'un élève
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Figure 4 : Deuxième version du travail d'un élève


Figure 5 : Troisième version du travail d'un élève


Le deuxième travail que j’ai reçu était en Pages (Fig. 6). C’était un simple texte qui montrait toutefois une meilleure compréhension plus détaillée contrairement au premier élève. Je lui ai alors rappelé de regarder des exemples que je leur ai fournis.

Figure 6 : Travail du deuxième élève


Le troisième travail était une photo d’une mind map faite sur le papier (Fig. 7). L’élève a décidé de la créer comme un cheminement des aliments à travers le système. J’ai alors pu voir qu’il y avait une légère confusion par rapport aux organes qui y participent mais par où les aliments ne passent pas. Je lui ai donc donné quelques pistes de réflexions pour pouvoir améliorer sa carte.

Figure 7 : Travail du troisième élève
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Après ces quelques retours, j’ai constaté que la tâche serait certainement mieux accomplie en classe grâce au guidage de l’enseignant ainsi qu’aux interactions entre les élèves en temps réel (régulation interactive) (OCDE, 2005), particulièrement la première partie qui est assez difficile à saisir par les élèves, surtout si c'est la première fois qu'ils en réalisent une. En effet, la sélection des informations clés et l’organisation des pensées, étant compliqué pour l’élève seul, ceci pourrait être réalisé de manière plus pertinente en groupe et probablement d’abord manuellement sur le papier. Ainsi, les élèves bénéficieraient davantage de connaissances métacognitives de leurs pairs. Puis, la partie sur le numérique serait plus simple, car il s’agirait seulement de reproduire la carte déjà dessinée à la main. Les élèves pourraient également s’amuser plus en jouant avec les styles, les couleurs ou les formes, et en essayant plusieurs logiciels afin de sélectionner celui qui leur conviendrait le mieux.  L’apport de l’enseignant dans cette partie ne serait donc pas nécessaire. L'avantage du numérique sur la version manuscrite pour moi serait certainement son côté visuel qui peut être amusant à faire. On pourrait même imaginer de remplacer une partie du texte par les images. Un autre avantage du numérique est le fait que si on veut modifier le moindre détail, on n'a pas besoin de créer une nouvelle carte comme si on le fait sur le papier. Ceci nous fait alors gagner du temps.

                                                                                                             
Éducation aux médias

Le but de cette activité n’est pas d’éduquer les élèves aux médias. Ils sont déjà bien sollicités par le biais de divers médias, qui ne font d’ailleurs pas partie de l’enseignement normal (avant le confinement), et doivent s’y faire tout seuls. En outre, je ne connais vraiment pas leurs possibilités pour ce qu’il s’agit de l’informatique et de l’aide des parents. Je me verrais donc mal d’augmenter les exigences. Toutefois, je pourrais les informer sur les droits de l'image, au cas où ils aimeraient impliquer des images dans leurs cartes, et comment les respecter.

Au bout de ces deux semaines, je n’étais en contact qu’avec ces 3 élèves uniquement. Malheureusement, mon activité n’a pas suscité assez d’intérêt et n'a pas été comprise par tous mes élèves (je leur ai posé la question lors du retour en classe pour connaître la raison pour laquelle je n'ai pas reçu le travail des autres). En même temps, je n’ai pas eu préalablement l’occasion de tisser des liens avec eux ce qui pourrait expliquer cet investissement faible. Je ne pouvais donc pas m’attendre à ce que je puisse influencer leur comportement car selon André (2005) “sans relation, pas d’influence possible”. Et pour ce qu'il s'agit de la compréhension de la tâche, comme mentionné plus haut, il serait envisageable de l'expliquer à tout le monde soit par zoom ou en présentiel (si possible) pour mieux la saisir.

Malgré le peu de retours, j’ai pu avoir un bref aperçu de leurs connaissances en utilisation des numériques – se rendre sur une des deux plateformes, télécharger les consignes, utiliser un logiciel (Pages, Ppt), y insérer une image, envoyer un mail avec une pièce jointe. En ce qui concerne les principes d’ergonomie, les plateformes Educanet et Teamup sont plutôt bien adaptées. Teamup est cependant plus visuel et clair car il y a que l’agenda de la semaine (Fig. 8) contenant les disciplines avec le travail demandé quand on clique dessus. Educanet est un peu chargé au niveau des informations qu'il contient. On y trouve une barre de menu exhaustive avec plein de dossiers inutiles (Fig. 9) mais ça reste toutefois gérable une fois qu'on a compris où chercher le travail. Cependant, ce dernier n’est pas lisible directement sur le site (Fig. 10) et il faut donc le télécharger.

Figure 8 : L’agenda sur Teamup
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Figure 9 : Educanet avec ses multiples fonctions (barre de gauche)
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Figure 10 : Visualisation du travail sur Educanet
 
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Bibliographie

Albero, B., & Kaiser, A. (2009). La formation à distance sélectionne un public d'autodidactes: résultats réflexifs à partir d'une enquête à visée exploratoire. Savoirs, (3), 65-95.

André, B. (2005). Autorité et pouvoir à l'école.

Goodnough, K., & Woods, R. (2002). Student and Teacher Perceptions of Mind Mapping: A Middle School Case Study.

Jézégou, A. (2019). La distance, la proximité et la présence en e-Formation. Traité de la e-Formation des adultes, 143.

OCDE. (2005). L'évaluation formative: Pour un meilleur apprentissage dans les classes secondaires.

Nunziati, G. (1990). Pour construire un dispositif d'évaluation formatrice. Cahiers pédagogiques (Cannes), (280), 47-64.

Piaget, J. (1932). Le jugement moral chez l'enfant: Paris. France: Felix Alcan.

Stokhof, H., de Vries, B., Bastiaens, T., & Martens, R. (2018). Using mind maps to make student questioning effective: Learning outcomes of a principle-based scenario for teacher guidance. Research in Science Education, 1-23.

Wormeli, R. (2005). Summarization in any subject: 50 techniques to improve student learning. ASCD.




Annexe

Figure 11 : Consignes données aux élèves de la 10 VG
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