msMITIC 2019

Réviser les homophones grâce au MindMap (à distance)

02.06.2020

Amandine Fabello  avatar. Amandine Fabello

I. CONTEXTE

1) Introduction

La séquence que je vais présenter aurait dû avoir lieu physiquement dans une classe de l’École de la Transition.  Après de nombreuses erreurs d’homophones présentes dans des travaux écrits réalisés en début d’année scolaire, nous avons décidé (avec mon prafo) de travailler ce point orthographique avec eux sur le long terme, à travers divers exercices et à partir des phrases de leurs productions écrites.
Nous avons réalisé des quiz sur Plickers, parfois pour faire une évaluation diagnostique et voir quels homophones les élèves avaient besoin de revoir (Exemple 1 et 2), parfois pour vérifier s'ils avaient intégré ceux étudiés (Exemple 3). Les élèves ont d'ailleurs beaucoup apprécié cette application et se montraient motivés à travailler avec Plickers.
Exemple 1: https://drive.google.com/file/d/1F591sI4XHiv9hkgYX0sLyBNIoaYOWoZf/view?usp=sharing
Exemple 2: https://drive.google.com/file/d/1R9389TQaGjf-mTaARCL9FiRFoDvmOg8h/view?usp=sharing
Exemple 3: https://drive.google.com/file/d/166t7DD5XTxyDnCHGpHVdONDEYbIlruEj/view?usp=sharing

Nous travaillions donc les homophones à raison d’une période par semaine en moyenne depuis 12 semaines en parcourant les différents niveaux (reconnaître, comprendre, appliquer, analyser et évaluer) de la taxonomie d’Anderson & Krathwohl (2002) jusqu'à l'activité finale sur le Mind Mapping qui amenait l'élève à créer, avant la décision de fermeture des établissements scolaires (COVID-19). Dans cette dernière phase de création, j'avais prévu d'utiliser l’outil Framindmap afin qu’ils mettent en lien ce qu’ils avaient retenu de ces différentes séances dans un schéma heuristique. Cela me permettait également de vérifier leurs acquis. De plus, cette activité devait constituer pour eux une phase de révision avant le test final. Toutefois, la fermeture des établissements a été prononcée avant que j'aie pu introduire cet outil auprès des élèves. J'ai donc dû terminer cette séquence un peu différemment et j'ai été confronté à des difficultés liées à l'enseignement à distance. 

En cette période de confinement et dans le cadre de mon stage A à l’École de la Transition, je n'ai pas de contact direct avec ma classe de français. Chaque groupe est pris en charge par son maître de classe et les autres enseignants envoient du travail aux élèves par mail ou utilisent éventuellement des plateformes d'enseignement à distance. J'ai donc adopté le système instauré par mon prafo (qui n'en est pas maître de classe) avec ces élèves et j'ai envoyé ma séquence par e-mail, par son intermédiaire. 
Néanmoins, l'objectif pour ces élèves est, en premier lieu, de trouver une place d'apprentissage pour l'année à venir (c'est également celui de l'EdT), il est donc difficile de les garder motivés et attentifs aux disciplines plus scolaires telles que le français dans mon cas. Les élèves ayant trouvé une place d'apprentissage ne suivent plus les cours donnés à distance et ceux toujours en recherche se concentrent là-dessus. Nous leur envoyons donc d'habitude du travail chaque semaine puis les corrigés, sans leur demander de retour, afin qu'ils soient libres de poursuivre à leur rythme en conciliant leurs recherches de formation. En conséquence, lorsque je leur ai demandé un retour pour cette séquence, j'en ai eu très peu. 

Je leur ai envoyé plusieurs documents par mail le lundi, leur laissant une semaine complète pour faire cette séquence :
- Un programme leur expliquant étape par étape ce qu'ils devaient faire, sur lequel apparaissent également deux questions auxquelles ils devaient répondre directement sur le pdf, après avoir lu la feuille théorique sur le Mind Mapping. Pour ce faire, j'ai dû apprendre à créer un pdf en mode formulaire avec iSkysoft, pour qu'ils puissent y ajouter directement leurs réponses. 
https://drive.google.com/file/d/1xTlGKoKUytALq7tkJh7JPtfXlI2uvac6/view?usp=sharing
- La feuille théorique sur le Mind Mapping afin de définir l'outil, ses avantages et des conseils d'utilisation. 
https://drive.google.com/file/d/1qVoR2Whzj6AYHVF62KpyObByWmnJRjay/view?usp=sharing
- L'aide-mémoire sur les homophones qu'ils remplissaient au fur et à mesure en classe, dans le but de disposer d'un outil de référence ensuite (en format Word afin qu'ils puissent continuer de le compléter si besoin). En effet, leur exemplaire personnel était resté à l'école. 
https://drive.google.com/file/d/1V2tSsuQyYo-zFDc9vASS3LpFE0yJZXOV/view?usp=sharing

2) Utilité du numérique

Il m’a paru intéressant d’intégrer l’outil Framindmap pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le logiciel offre la possibilité de partager les Map avec d’autres utilisateurs, ce qui permet un partage aisé entre les élèves de leur travail de révision. Puis, il offre l’avantage de créer une Mind Map interactive, c’est-à-dire que des liens, des notes et des émojis peuvent être intégrés au schéma heuristique, le rendant plus attrayant et dynamique et permettant de compléter avec des liens ou notions utiles pour la compréhension des homophones présentés (par exemple des explications pour les exceptions, si nombreuses dans la langue française). Finalement, par opposition à une version manuscrite, une Mind Map réalisée à l’ordinateur permet une correction et un remaniement de manière simple et propre. De plus, les élèves réfractaires à l’écriture et au format papier trouveront peut-être dans cet outil une aide pour leurs prises de notes ou révisions futures.

3) Compétences enseignantes

En tant qu’enseignante, pour me préparer à cette séquence, j’ai réalisé la compétence 
« Création et utilisation du MindMapping » sur Squily, qui m’a permis de découvrir l’intérêt du schéma heuristique d’un point de vue pédagogique ainsi que les logiciels à disposition. Je me suis ensuite familiarisé avec l’un d’entre eux : Framindmap. 
A cela a été ajoutée la nécessité de réfléchir à cette séquence en fonction de la situation (COVID-19) et donc de pouvoir la mettre en place à distance avec les élèves. Heureusement que j’avais réalisé pour ma ressource un tuto vidéo sur Framindmap : ce format facilitait l’explication à distance du logiciel aux élèves.
--> https://drive.google.com/file/d/1_ifmNZ4tPbcdETvTxcssrcHMwZsrThte/view?usp=sharing
J'ai ensuite réfléchi au support le plus adapté pour transmettre la séquence à mes élèves, mais j'ai dû faire avec le système instauré par mon prafo : depuis le début du confinement, nous envoyons chaque semaine par mail aux élèves le travail à effectuer.

II. ALIGNEMENT PÉDAGOGIQUE

1) Objectifs

Puisque j’enseigne cette année dans une classe de transition professionnelle, les objectifs sont différents de ceux du collège. Il s’agit principalement de renforcer les acquis scolaire des élèves et de les soutenir dans la recherche d’une place de formation.

A travers cette séquence, l’objectif disciplinaire lié au français est d’amener les élèves à améliorer leur production écrite à travers l’étude et la compréhension de certains homophones (L1 36).
Au niveau des MITIC, L’intégration du Mindmapping implique également l’objectif de sa maîtrise par les élèves afin de leur offrir un nouvel outil de réflexion et de prise de note. Nous l'utilisons ici dans le cadre de la révision des homophones.
En terme de capacités transversales, la séquence est principalement orientée sur l'objectif "stratégies d'apprentissage : acquisition de méthodes de travail". Le but est de leur faire utiliser une méthode de travail différente pour organiser les notions étudiées et leurs réflexions, appliquée ici dans une visée de révision. Ainsi, l'élève acquiert une nouvelle manière de gérer son matériel ainsi que d'organiser son travail, et développe son autonomie.

2) Style pédagogique

Le rôle de l’enseignant est de faire découvrir aux élèves une méthode de travail grâce à laquelle ils vont pouvoir organiser les notions étudiées (ici les homophones) et les réviser. Ainsi, il met à leur disposition un outil qu’ils pourront réutiliser dans des moments de prise de note ou de réorganisation de leurs notes de cours, comme dans cette séquence. 
Les élèves vont devoir cibler leurs difficultés afin de les travailler/réviser en Mindmapping, ce qui leur permettra de mieux déployer et comprendre les notions étudiées. L'idée était qu'ensuite ils partagent leur production avec leurs camarades mais le peu de retour reçu a rendu cette partie de la séquence non pertinente. 
L’environnement numérique sert à la fois à organiser (et réorganiser) facilement et proprement un schéma heuristique en ayant la possibilité d’ajouter des éléments interactifs tels que des liens ou des notes. De plus, il permet ensuite de partager facilement les productions des élèves si souhaité. 

3) Évaluation

La production de Mind Map par les élèves devait être notée et ajoutée à la note du test final sur les homophones. Néanmoins, au vu de la situation et de l’enseignement à distance mis en place, cela a dû rester une évaluation formative non notée. L’École de la Transition faisant partie du post-obligatoire, l'établissement ne rouvrira en tout cas pas avant le 8 juin, mon stage se terminera donc à distance.
J'ai donc fait un retour par mail aux trois élèves (sur dix-neuf) qui ont réalisé le travail afin de voir ce qui avait été compris/acquis et bien réalisé, puis de pointer les éléments à améliorer/corriger.

III. GESTION DE LA CLASSE
 
1) Éducation aux médias

Cette séquence ne nécessitait pas d’aborder les questions de droits d’auteur ou droits à l’image. 
J’avais toutefois prévu de leur rappeler les règles à observer lors de l’utilisation des ordinateurs en classe (partie qui n’a pas été pertinente en vue du confinement) et la procédure de prise en main du média : se connecter à son compte utilisateur, créer un compte pour utiliser le logiciel Framindmap, leur faire visionner un tuto (crée par mes soins) pour apprendre à travailler de manière autonome sur ce dernier (FG31). 

2) Planification

Cette séquence s’insère comme révision et conclusion de nombreuses séances sur les homophones réparties tout au long de l’année scolaire. Pour la réaliser, j’aurais dû prévoir de réserver le chariot d’ordinateurs portables disponible au secrétariat pour les deux périodes de réalisation des Mindmap. J’ai finalement dû m’organiser pour qu’elle soit applicable en différé et à distance pour les élèves, comme expliqué tout au long de cet article.

Conclusion

Au terme de cette séquence à distance, je me trouve déçue de n'avoir pu remplir les objectifs fixés. Comme je l'ai expliqué, le contexte particulier du confinement suite au COVID-19 couplé à celui de l'École de la Transition a eu pour conséquence une perte du contact avec mes élèves. En effet, ils se concentrent sur leur recherche de place d'apprentissage pour ceux n'ayant pas encore trouvé, et donc sur le contact avec leur maître de classe et l'équipe d'orientation (conseillère & psychologues). Cela est tout à fait compréhensible, néanmoins, cela a eu pour conséquence un manque de motivation et de retour de la part de mon groupe de français pour cette séquence (et pour les autres également).
La première semaine, j'ai reçu des messages de deux élèves seulement, me disant simplement qu'ils n'avaient pas compris. Ne recevant plus de réponses de leur part après leur avoir demandé de m'adresser des  questions précises, je pensais ne recevoir aucun retour. Contre toute attente, après avoir relancé les élèves puis rallongé le délai de réédition des Mind Map, j'ai reçu les travaux de trois d'entre eux. Les travaux rendus m'ont permis de confirmer d'autres limites de l'enseignement à distance. Une élève a compris et réalisé le travail comme demandé (Élève 1). Une autre n'a réalisé la Mind Map que sur un homophone au lieu des 5 demandés et n'a plus répondu lorsque je le lui ai signalé (Élève 3). Un dernier élève s'est appliqué pour réaliser le travail demandé mais a imprimé les feuilles et l'a fait à la main (Élève 3). Ce dernier aura donc découvert le schéma heuristique mais n'aura pas appris à utiliser le logiciel. Peut-être n'a-t-il pas eu accès à un ordinateur à la maison, du moins pas assez longtemps pour travailler sur Framindmap.
Élève 1: https://framindmap.org/c/maps/937964/public
Élève 2: https://framindmap.org/c/maps/938539/public
Élève 3: https://drive.google.com/file/d/1wRN9890j1JWVNhDtgUnrwTP0jnJbgLJE/view?usp=sharing

Cette situation d'enseignement à distance amène une réflexion quant à l'accentuation des inégalités sociales, notamment en lien avec le numérique car, bien que cette dimension ait été particulièrement importante dans la mise en place de l'enseignement à distance, tous les élèves n'ont pas le même accès aux ressources numériques. Certains disposent d'un seul ordinateur par famille dont les parents ont besoin afin de télétravailler, d'autres n'en ont pas du tout. De plus, tous ne vivent pas dans un environnement familial propice au travail scolaire et n'ont pas forcément d'aide à la maison s'ils le nécessitent. 

Si cela était amené à se reproduire, il serait intéressant d'utiliser davantage de plateformes et ressources numériques avec les élèves en présence, pour les habituer à une utilisation autonome. Ainsi, nous aurions déjà le nécessaire en place pour travailler avec eux à distance dans les meilleures conditions possibles (avec bien entendu des systèmes de prêt de matériel afin que tous les élèves soient équipés de manière égale). 
Si j'avais eu à prendre les décisions pour organiser le fonctionnement de mon enseignement à distance, j'aurais fait autrement, en essayant d'établir une communication directe avec les élèves afin de garder plus facilement un contact. J'aurais utilisé des plateformes telles que Zoom afin de dispenser le cours aux horaires habituels et en direct, et instauré un outil comme Edmodo, afin de pouvoir échanger facilement avec les élèves des messages ou des documents, ou amener des discussions collectives. Il est évident que, le public et le contexte de l'École de Transition ne changeant pas, cela n'aurait peut-être pas mieux fonctionné. En cette période on ne peut plus particulière, chacun essaie de faire au mieux selon ses possibilités, du côté des enseignants comme des élèves.