msMITIC 2019

SEQ1 - Continuité pédagogique

29.05.2020

Canisia Chassot avatar. Canisia Chassot

INTRODUCTION

Lors de mon stage de géographie au printemps 2020, j’ai enseigné la géographie à une classe de 10 VG à Aigle. Cette dernière, qui compte quinze élèves, dont un élève à besoins spéciaux, est plutôt hétérogène. Quoique que participative, la classe présente une mise à la tâche ardue au vu de problèmes de discipline qu’elle connait. Certains élèves sont par ailleurs en décrochage scolaire. L’enseignement à distance imposé par le Covid-19 a apparu comme un challenge supplémentaire dans l’effort de maintenir l’implication des élèves dans leur apprentissage et d’assurer la continuité pédagogique. Ma PraFo me fit rapidement part de premiers cas de travaux non rendus et d’absentéisme aux séance zoom dans la classe. Les exercices sur fiches ou dans les manuels usuels semblaient ne plus opérer. Par ailleurs il y eu rapidement un hiatus entre la recommandation de l’établissement de travailler à conserver les acquis et l’attention réelle qu’on pouvait attendre des élèves avec cette approche. Les enseignants ont décidé du coup de poursuivre le programme mais à un rythme adapté.

Aussi, j’ai opté pour une activité sur Edpuzzle afin de « remobiliser » du moins momentanément l’intérêt des élèves dans leur apprentissage. L’usage de ce numérique dans l’enseignement à distance n’a pu être expérimenté plus d’une leçon, l’établissement ayant recommandé le retour aux supports traditionnels de cours (manuels scolaires). Et ce dans l’optique de limiter les inégalités des élèves en matière d’accès au numérique. Seuls allaient être conservés cependant la communication sur WhatsApp et les cours « en classe » Zoom, tous les deux mis en place par les enseignants et l’agenda Teamup mis en place par l’établissement tout juste avant que je ne fasse l’activité Edpuzzle avec les élèves.

Edpuzzle est un logiciel en ligne qui permet de réaliser une leçon sur la base de vidéos interactives avec quiz. L’alternance vidéo/quizz/rétroaction immédiate est assez ludique. Initialement conçue pour des classes inversées, cette application un outil très utile pour l’enseignement à distance à des classes de Secondaire I. Et ce pour plusieurs raisons :

1.     La simplicité de connexion et d’utilisation par l’élève depuis un ordinateur, tablette ou smartphone. L’élève accède au site via le lien URL envoyé par l’enseignant. Il s’identifie par un prénom ou un pseudo sur la classe virtuelle créée préalablement par l’enseignant et accède à la vidéo qu’il visionne. L'élève n’a plus qu’à répondre en ligne aux questions qui apparaissent durant la diffusion. 

2.     Les rétroactions immédiates du système que reçoit l’élève stimulent son apprentissage

3.     Les possibilités de contrôle qu’offre l’outil à l’enseignant. Le tableau de bord indique l’implication de l’élève et sa progression dans la tâche, ainsi que le détail de ses réponses. Les questions qui posent problèmes peuvent être revues plus tard (i.e. sur séance Zoom en collectif ou individualisé).

Le reportage vidéo choisi dans le cas précis C’est pas sorcier – Effet de serre, Ca chauffe pour la planète, traite de la thématique enseignée dans cette classe et concordent aux besoins de l’alignement curriculaire. Juste avant le confinement, nous étions entrain avec élèves de clore le chapitre relatif aux interactions à l’œuvre dans l’effet de serre. Nous allions aborder les conséquences du réchauffement/dérèglement climatique. Le choix de la vidéo permettait de répondre aux exigences de l’établissement de favoriser la consolidation des acquis et d’aborder de nouveaux concepts de manière pédagogique, le reportage proposant des supports visuels et des démonstrations simples qui favorisent la compréhension et le réapprentissage.

Retour sur expérience : Tous les élèves se sont impliqués et ont réalisé l’activité en une trentaine de minutes sur deux jours. Seule une élève, ayant rencontré des problèmes de connexion internet / bande passante, a dû effectuer l’exercice de manière plus traditionnelle (visionnage de la vidéo sur YouTube et réponse au questionnaire envoyé séparément via mail). Aussi le résultat est plutôt positif quant à la remobilisation des élèves. La production finale de ces derniers est le quiz intégrant leurs réponses et les réponses correctes attendue, trace de leur implication dans l’activité, et qui peut servir à une évaluation formative.


ANTICIPATION – COMPETENCES ENSEIGNANTS ET APPRENANTS - CHOIX D’EDPUZZLE

Compétences enseignantes / Squily
La compétence Squily Organiser la continuité des apprentissages pour vos élèves à distance   https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/3090 est utile pour connaitre le cadre législatif relatif au droit des élèves (protection des données) et les recommandations des écoles avant d’entreprendre une activité avec le numérique. La compétence Connaître les conditions pour une intégration efficace des MITIC dans l'enseignement  aide à saisir la plus-value qui peut être apportée par le numérique, notamment au travers du modèle SAMR  https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2426

Pour en revenir à l’activité Edpuzzle entreprise avec les élèves, la difficulté réside plus dans le choix de la vidéo et le souci d’alignement curriculaire. A noter que des vidéos à visionner en streaming sont disponibles depuis la plateforme Edpuzzle (YouTube, etc.) et il est aussi possible d’y inclure sa propre vidéo. 

Pour une première prise en main de l’outil par l’enseignant, des tutos sont disponibles sur le net aussi en français (à noter en passant que la plateforme Edpuzzle est en anglais), bien qu’aucune compétence spécifique ne soit exigée. L’outil est assez intuitif et les fonctions disponibles (couper des segments de la séquence vidéo, ajout d'image/voix/lien, création du quiz, types de questions) assez faciles d’utilisation pour construire sa séquence d’enseignement. 

La préparation du quiz, qui servira à accompagner l’élève dans la construction de son apprentissage sur la base de la ressource est importante. Il faut anticiper son choix de questionnaire (QCM à deux ou plusieurs propositions, questions ouvertes) et son impact sur l’évaluation qui est visible pour l’élève et peut être décourageant pour ce dernier. En effet, le logiciel dans le cas de QCM à plus de deux propositions comptabilisera la réponse comme fausse si une seule des bonnes propositions n’a pas été cochée, alors que dans une évaluation formative « traditionnelle » les résultats seraient pondérés. J’ai choisi l’option de questions à choix multiple et non de texte libre afin de ne pas pénaliser les élèves qui présentent des problèmes de français. Par ailleurs, bien que facile à réaliser, le quiz peut prendre du temps (il faut s’y prendre à plusieurs fois pour intégrer les questions au bon moment dans la séquence de visionnage, créer les questions, allouer la valeur « juste » ou « fausse » aux réponses proposées en cas de QCM). 

J’ai préparé un quiz identique sur un support plus traditionnel (Word+PDF) que je puisse transmettre dans l’éventualité où un élève rencontrait des problèmes de connexion (internet était instable au début du confinement à l’époque où cette activité a été réalisée)

Compétences des élèves pour mener à bien l’activité. 
L’activité peut être réalisée par les élèves sans exiger de compétences préalables. Ces derniers se connectent individuellement à la classe virtuelle via l’URL communiqué par l’enseignant et s’identifient avec leur prénom ou un nom fictif facilement identifiable par l’enseignant. Seuls une connexion internet et un support (ordinateur, tablette, smartphone) sont nécessaires. La fonction « review » permet à l’élève de revoir la/les séquence/s qui pourraient poser problèmes. Cependant, afin d’éviter que ce dernier ne « saute » des questions, la fonction « skip » (disponible pour chaque question) peut être désactivée. L’élève est ainsi contraint de répondre à la question pour visionner la suite de la vidéo. Il reçoit une rétroaction immédiate du système (réponse/s attendue/s déterminées au préalable par l’enseignant) dès qu’il soumet sa réponse. 

L’enseignant peut suivre la progression de chaque élève sur le tableau de bord et ainsi que le temps et le taux de réalisation. Un seul bémol : la rétroaction correct/incorrect (incluant les réponses qu’il aurait fallu cochées) ne permet pas à l’enseignant d’avoir une appréciation réelle de l’apprentissage par les élèves, mais seulement d’identifier les questions qui posent problèmes. Ces dernières peuvent être reprises plus tard avec la classe,car le système ne propose pas de remédiation immédiate possible. 

Le retour après une nouvelle activité avec le numérique me parait nécessaire pour connaitre l’accueil de cette approche didactique et ne serait-ce déjà que pour clarifier/approfondir les contenus qui ont pu poser problème. Dans mon cas, ce fut fait lors de la séance suivante avec la classe sur Zoom.  


PEDAGOGIE – ROLE DU NUMERIQUE, DE L’ENSEIGNANT ET DE L’ELEVE DANS UNE ACTIVITE AVEC EDPUZZLE

L’enseignant prépare à l’amont l’enseignement qu’il va soumettre aux élèves (choix de la ressource didactique/vidéo, structuration et guidage via les questions/quiz) qui sera relayé par le numérique. 

L’élève est plutôt consommateur de la ressource didactique précédemment décidée et partiellement réalisée -ajout du quiz sur la vidéo - par l’enseignant. Par sa conception et sa fonctionnalité, le rôle du numérique est pluriel. Il permet à l’élève de rester concentré sur la tâche, les questions intégrées au reportage audiovisuel apparaissent progressivement avec le déroulement du reportage selon la structure définie par l’enseignant. Le numérique apporte ici une plus-value par rapport à un questionnaire « papier » ou « non intégré ». L’accès personnalisé donne à l’élève la possibilité de revoir les séquences de la vidéo en cas de besoin et ainsi de progresser à son rythme. Dès que l’élève soumet sa réponse, le système affiche les réponses attendues. La rétroaction immédiate qu’il reçoit est stimulante pour l’apprentissage. 

L’outil propose un tableau de bord extrêmement utile pour l’enseignant qui permet d’observer en temps réel la progression de tous les élèves dans la tâche réalisée individuellement, le résultat de ces derniers et le détail de leur réponse. Cela permet d’une part d’intervenir auprès de l’élève qui se trouverait « bloqué » et d’autre part d’identifier rapidement les difficultés rencontrées à reprendre plus tard individuellement ou avec la classe. 

En d’autres termes, dès que l’activité est lancée, le rôle de « transmetteur de connaissances » tenu par l’enseignant n’a plus lieu. Le numérique prend le relais. Engagés dans la tâche, les élèves prennent un rôle actif et autonome dans le processus de construction de leur connaissance tout au long de l’activité avec l’utilisation du numérique. Leur apprentissage est soutenu par les rétroactions qu’ils reçoivent. Le rôle de l’enseignant est alors d’observer en ligne la progression des élèves dans la tâche. Dans le triangle didactique (Chevallard) ou pédagogique (Hussaye) illustrant l’acte pédagogique, les élèves sont en relation directe avec le « savoir », l’enseignant est en retrait et devient observateur. 

Pour reprendre le modèle SAMR, l’outil permet une reconfiguration significative de la tâche (augmentation) impossible à réaliser pleinement sans le numérique. Le feed-back immédiat que reçoivent l’élève et l’enseignant permet au premier de renforcer son apprentissage et évaluer sa progression et au second d’évaluer le niveau d’appropriation des savoirs en temps réel.


PLANIFICATION- OBJECTIFS DE LA CONTINUITE PEDAGOGIQUE ET MOYENS DE COMMUNICATION

Objectifs principaux de la continuité pédagogique
- Comme dit précédemment, les principaux objectifs de la continuité pédagogique étaient de maintenir la relation avec les élèves, entre consolidation d’acquis et poursuite des apprentissages pour éviter tant que se peut le décrochage scolaire qui était en train de s’amorcer. Il n’y a pas eu de réelle planification. Les enseignants ont décidé tout d’abord de réduire le temps alloué à chaque discipline. Et chacun fit à sa sauce sans réelle concertation. L’activité sur Edpuzzle, avec son alternance vidéo et quiz fut la solution alternative « immédiate » que j’ai trouvée à la rupture qui s’annonçait. Ma PraFo trouva l’idée très bonne. Elle permettait par ailleurs de concilier l’exigence de consolidation des acquis et la poursuite du programme. L’activité n’allait pas remplir à elle seule la fonction de la continuité pédagogique.

Matériel, applications et canaux de transmission – L’établissement et les enseignants ont mis en place différents outils pour soutenir ces objectifs (agenda Teamup, WhatsApp, messagerie Educanet, séance Zoom). Il fut demandé au préalable aux maîtres de classe de s’enquérir auprès des familles pour connaitre les moyens informatiques dont elles bénéficiaient à la maison. Dans ma classe, tous les élèves avaient un smartphone et soit un ordinateur, soit une tablette (pas forcément d'imprimante).

-        Messagerie Educanet – tous les élèves bénéficiant d’un compte sur la messagerie de l’école, ce fut le premier outil de communication, de partage de documents et rendus de devoirs utilisés. Mais l’outil fut vite saturé, les boites mails n’étant pas « nettoyées » par les élèves. Par ailleurs, la messagerie Educanet présentait souvent des problèmes de connexion. Nous avons du coup dû recourir aux adresses privées (des parents ou des élèves et des profs), mais ce très exceptionnellement. Les échanges par mail ont été très vite abandonnés avec ma classe. Sauf peut-être pour ce qui relevait des communications plus « officielles » de l’établissement. Je n’eus que peu d’information à ce sujet.

-        L’agenda Teamup – organisé par classe et discipline, mis en place par l’établissement une semaine après le début du confinement. Les élèves ont reçu les instructions pour y accéder par leur maître de classe et/ ou le secrétariat de l’établissement sur leur boite mail Educanet (quand il fonctionnait encore). Teamup avait l’avantage de donner un peu de structure dans ce chaos : la planification hebdomadaire des tâches. Les enseignants et stagiaires devions alimenter en début de semaine l’agenda des élèves avec les tâches à faire pour la semaine (incluant les documents nécessaires pour réaliser ces dernières) et y annoncions les séances Zoom. Il permettait aussi de s’assurer qu’enseignants et stagiaires respections l’objectif de ne pas trop charger les élèves, le volume de travail de chaque classe était rendu visible sur Teamup.

 -        WhatsApp – des groupes WhatsApp ont été organisés par classe et discipline par les enseignants très rapidement (le week-end qui suivit l’annonce de la « fermeture » des écoles). Ma PraFo m’a donné le choix de créer mon propre groupe. J’ai choisi de me joindre au sien pour communiquer avec les élèves, histoire de ne pas rajouter à la longue liste des groupes auxquels ils étaient affiliés. WhatsApp fut utilisé pour inviter les élèves aux séances Zoom, rappeler les élèves de consulter l’agenda Teamup, réveiller les quelques endormis (!) et fournir le support/guidage personnalisé en cas de besoin. Les élèves l’utilisaient pour le rendu de leurs travaux et des questions particulières. Il a fallu au tout début faire un ou deux rappels à l’ordre pour canaliser les (rares) commentaires déplacés, mais de manière générale cela fonctionna vite très bien. Je fus étonnée de la discipline qu’ils démontrèrent.  WhatsApp devint clairement le moyen de communication privilégié par les élèves et nous (ma PraFo et moi-même). Probablement pour l’intervention synchrone qu’il permettait, les fonctions multiples de communication (groupe/privé – message vocal, vidéo) qui prend en compte l’hétérogénéité des utilisateurs et l’habitude que les élèves avaient déjà de l’utiliser.  

-        Zoom – était l’équivalent numérique de la séance en classe que nous avons convenu d’utiliser pour chaque cours de Géographie. Il fut mis en place peu avant l’activité sur Edpuzzle. Une invitation sur le groupe WhatsApp et les élèves se connectèrent très facilement depuis leur smartphone, ordinateur ou tablette. Les débuts demandèrent pas mal de gestion de classe. En cas d’absence répétée, ma PraFo se chargeait de contacter les parents. Le problème de l’activation de la webcam -qui était exigée par ma PraFo- resta cependant un problème pour certains élèves. 


DEROULEMENT ET EVALUATION DE L’ACTIVITE EDPUZZLE ET SUITE DE L’ENSEIGNEMENT A DISTANCE

En début de semaine, j’intègre sur Teamup les informations relatives au déroulement de l’activité (instruction et guidage avec captures d’écran pour connexion via lien URL, code de la classe virtuelle sur doc PDF). 
 
Deux heures précédant l’heure officielle du cours, un rappel WhatsApp avec la recommandation de me contacter en privé en cas de problème ou questions est envoyé aux élèves. Des élèves commencent à me contacter pour m’informer que le système demande de charger l’application. Ces élèves se sont connectés à Edpuzzle via leur smartphone (qui nécessite un enregistrement de compte). Ce qui n’était pas recommandé dans mes instructions. Je refais un message sur le groupe WhatsApp pour rappeler les supports à privilégier pour l’activité (ordinateurs, tablette qui autorisent une connexion sans enregistrement de compte). 
 
Juste après mon message, je vois sur le tableau de bord d’Edpuzzle les élèves se connecter et observe en ligne leur progression dans la tâche. Une trentaine de minutes plus tard, les résultats d’un premier groupe d’élèves apparaissent sur le tableau de bord (scores, détails des réponses, temps effectué). J’informe ces élèves via WhatsApp que j’ai « reçu » leur devoir et que les points qui ont posé problèmes seront revus prochainement.
 
Une élève me contacte pour m’informer de lenteur de réseau/bande passante. Elle n’arrive pas à charger la vidéo. Je lui recommande via WhatsApp de refaire l’essai plus tard et lui propose, si le problème de connexion ne peut être résolu, de visionner la vidéo sur YouTube et de répondre au questionnaire en version Word/PDF (préparé à l’avance) que je lui envoie par mail sur Educanet.
 
Je reçois les résultats des autres élèves, observables sur le tableau de bord d’Edpuzzle, et les informe de la bonne réception de leur devoir via WhatsApp. 
 
L’élève qui n’a pas pu se connecter m’informe que la situation ne s’est pas améliorée et qu’elle va m’envoyer ses réponses aux quiz séparément. Je reçois sur WhatsApp son devoir (photo). Un autre élève me demande un délai (un membre de sa fratrie devant utiliser l’ordinateur familial), il réalisera la tâche le lendemain matin.
 
J’analyse les résultats des élèves sur le tableau de bord, le détail des réponses et identifie les questions qui ont posé le plus de problème. J’informe mon PraFo que l’exercice a été effectué par tous les élèves, que les questions posant problèmes ont pu être identifiées et que celles-ci seront revues lors de la séance sur Zoom prévue la semaine suivante. 
 
Après expérience, le ressenti est plutôt positif dans le sens où tous les élèves ont effectué la tâche. Cette activité a eu l’effet de remobiliser momentanément l’intérêt des élèves. Le support vidéo très apprécié des ados, l’aspect ludique (alternance visionnage/quiz) et le fait de ne pas avoir à rédiger pour ces élèves qui ont de réelles difficultés d’écriture ont certainement joué un rôle.  
 
J’aurais souhaité renouveler l’expérience, mais l’établissement a décidé d’un retour sur les manuels scolaires pour éviter les inégalités des élèves en matière de numérique.
 
La suite de l’enseignement s’est donc fait en suivant le manuel et les exercices qui y étaient contenus, et ce durant les séances sur Zoom (annoncée en début de semaine sur Teamup et invitation envoyée par WhatsApp quelques minutes avant le cours). Séances assez laborieuses, la moitié de la classe n’activant pas sa webcam malgré les sollicitations répétées de ma PraFo qui assistait au cours. Difficile ainsi de connaitre l’implication des élèves concernés. Il fallait nommer les élèves, qui du coup enclenchaient leur micro, pour s’assurer de leur présence. Ce qui ne m’étonna pas, la webcam ayant le malheureux désavantage d’être intrusive et montrer au grand jour les disparités sociales que l’école essaie de gommer. Même en leur indiquant comment afficher un fond virtuel, certains élèves ont préféré rester derrière un écran noir. Était-ce dû à une incompréhension technique ou une stratégie pour contrecarrer l’autorité du maître ? je ne peux répondre. C’est un autre débat. Les exercices que nous ne pouvions terminer pendant la séance devaient m’être envoyés par WhatsApp, que je corrigeais et retournais aux élèves via WhatsApp ou étaient revus durent la séance Zoom suivante.
 
L’enseignement à distance tel que je l’ai expérimenté montre que nous avons dû multiplier les canaux de communication pour maintenir la relation pédagogique avec les élèves. Le numérique fournit une aide ponctuelle mais ne peut remplacer le relationnel entre l’élève et son enseignant.


EDUCATION AUX MEDIAS

Bien que les élèves soient très demandeurs, le numérique n’a pas beaucoup de place dans l’établissement où je fais mon stage. Les classes ne sont pas équipées de beamers (il n’y en a que 4 qu’il faut préalablement réserver), il n’y a que 2 salles informatiques et qu’une dizaine de valises informatiques pour une centaine d’élèves. Avec l’enseignement à distance, élèves et enseignants ont été avalés par la machine du numérique sans préparation préalable.

Au vu des différentes applications qu’il a fallu utiliser pour maintenir la continuité pédagogique, sensibiliser les élèves à la protection des données (objectif MITIC : développer un regard critique sur l’usage du numérique) et les risques auxquels ils s’exposent en transmettant des données privées aurait été un enseignement bénéfique.  J’aurais souhaité pouvoir revenir avec les élèves sur ces risques, mais malheureusement le temps réduit d’enseignement et mon statut de stagiaire A ne m’ont pas vraiment donné l’occasion. Affaire à suivre….

Dans le cas de l’activité Edpuzzle, j’avais pris soin de contourner le problème en leur demandant de se connecter depuis leur ordinateur ou tablette via le lien URL  que je leur avais envoyé et qui ne nécessitait pas d’enregistrement de compte, mais une simple identification par un prénom ou un pseudo.

 
SOURCES
 
Chevallard, Y. (1985). La transposition didactique : du savoir savant au savoir enseigné. La Pensée sauvage, 1991. 

Jean Houssaye, Le triangle pédagogique. Théorie et pratiques de l'éducation scolaire, Peter Lang, Berne, 2000
Alain Levy, « SAMR, un modèle à suivre pour développer le numérique éducatif », Techno sans frontière 

ANNEXE – Résultats des élèves sur activité Edpuzzle et questions de quiz (extraits)
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Extrait de réponses A
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Extrait B
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Extrait C
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Exrtait D
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Extrait - Autre vue possible D
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