msMITIC 2019

SEQ1 - séquence de révision différenciée grâce à Showbie

18.06.2020

Marie Metivier avatar. Marie Metivier

1. contexte

Introduction

     Cette séquence a été mise en place en classe d’accueil 7-8e durant mon stage du deuxième semestre où j’enseigne le français langue étrangère. La classe est composée d’élèves issus de l’immigration. Ils ont des vécus et des niveaux scolaires variés, certains n’ont pas ou ont peu fréquenté l’école avant d’arriver en Suisse. Les compétences informatiques varient également. Certains ont des ordinateurs à la maison, certains n’en ont pas.

    La séquence s’est déroulée sur 2 périodes, soit 1h45 juste après la réouverture des écoles mi-mai. L’objectif était de réviser le lexique et la grammaire vus durant la période d’enseignement à distance. J’ai mis en place cette séquence sur Showbie (annexe), un environnement numérique de travail (ENT) que les élèves utilisaient pour la première fois.

     La classe est équipée de trois ordinateurs fixes et d’ordinateurs portables. Pour respecter les mesures sanitaires imposées par la BAG, chaque élève avait son ordinateur attitré. J’ai aussi fait usage du tableau blanc interactif (TBI) afin de faire découvrir la plateforme et de projeter les instructions (annexe) et autres documents supports.

     Comme je connaissais bien l’outil et que les élèves étaient enthousiastes à l’idée de travailler sur les ordinateurs pendant deux périodes, la séquence a été un succès. Tant du point de vue technique car j’ai pu aider les élèves à créer leurs comptes et résoudre les petits problèmes informatiques que du point de vue de l’apprentissage car les élèves se sont investis dans l’accomplissement des exercices et des activités.

Utilité du numérique

     Le numérique a servi de substitution ou d’amélioration (grâce notamment à l’autocorrection) pour cette séquence. Il avait trois utilités principales :

Le but premier qui a motivé l’utilisation de la plateforme Showbie était la possibilité de différencier l’apprentissage. Showbie permet de sélectionner ce que chaque élève peut ou ne peut pas voir sur sa page. J’ai ainsi pu proposer des exercices de niveau différent ou des consignes différentes adaptées aux besoins et aux capacités de chacun. Aussi, j’ai utilisé la fonction « note vocale » pour transcrire les consignes écrites en consignes orales. Ainsi, les élèves ayant des difficultés en lecture pouvaient écouter les consignes. 

Le second avantage était de laisser les élèves aller à leur propre rythme. 

Le troisième enfin était de me laisser le loisir de superviser la séquence, de m’assurer que tout le monde était au travail et d’apporter mon soutien technique ou pédagogique si nécessaire. Comme le dit Guillot-Rouillard (2017, p. 2) citant lui-même d’autres auteurs, « l’introduction massive du numérique fait passer l’enseignant « d’un rôle de transmetteur du savoir à un rôle d’accompagnateur de l’élève dans ses apprentissages » ». Si cela est aussi possible avec une séquence de révision avec des documents papiers, l’avantage en plus du numérique est de proposer des exercices auto-correctifs. L’enseignant n’est pas obligé de tout corriger et vérifier.

     Tous ces avantages du numérique ont été particulièrement utiles pendant la séquence. J’ai pu guider chacun des élèves lorsqu’ils en avaient besoin. Mises à part certaines hésitations au niveau informatique, les élèves ont pu avancer à leur rythme et tous ont pu réviser l’ensemble des points. Si je devais faire une séquence similaire, j’imprimerais cependant la liste d’activités pour que les élèves puissent avoir une vue d’ensemble et visualiser leur avancée. Je regrette également l’absence d’options de mise en page du texte sur Showbie. Si nous ne prenons pas soin d’aérer les instructions écrites, les élèves ayant des difficultés de lecture pourraient peiner à s’y retrouver. 

Compétences enseignantes

     La compétence principale est bien sûr la maîtrise de l’outil ENT Showbie (compétence Sqily : https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2397). Cet outil m’a séduite dès que je l’ai découvert au premier semestre et je l’ai utilisé durant mon stage de premier semestre pour une séquence d’évaluation. Je l’ai également utilisé de manière hebdomadaire durant l’enseignement à distance avec deux de mes classes de français. J’ai d’ailleurs créé un tutoriel vidéo à destination des professeurs qui souhaiteraient découvrir cet ENT. J’étais donc confiante en ma capacité à aider les élèves au niveau technique. 

J’ai aussi fait attention à poster des documents au format pdf ou à les imprimer pour certains. En effet, lors de la séquence d’évaluation que j’avais mise en place au premier semestre, j’avais créé des documents avec le logiciel word sur une interface Windows alors que l’école utilise des ordinateurs Mac qui ne lisaient pas correctement ces documents.

     Les compétences « savoir varier les approches pédagogiques pour savoir tirer parti des MITIC » (https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2409) ainsi que « gamifier / ludiciser sa classe avec le numérique » (https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2552) me semblent également importantes pour comprendre l’utilité pédagogique des exercices et des jeux proposés. 

2. alignement pédagogique

Objectifs

     Le moment de créer un compte personnel a été l’occasion de les encourager à ne pas partager leurs données personnelles sur internet. C’est pourquoi je leur ai proposé de réfléchir à un pseudo et à un mot de passe facilement mémorisables mais anonymes. Le reste des compétences informatiques travaillées indirectement (le vocabulaire tel que « cliquer, retour, valider etc. » ou s’orienter parmi les onglets et sur la page internet) n’étaient pas des objectifs en soi mais constituent des compétences transversales.

     L’objectif didactique général était la révision du lexique et de la grammaire étudiés durant les six semaines d’enseignement à distance : construire un lexique bilingue et favoriser l’écoute (PER FLS L1 16 sur le fonctionnement de la langue) et travailler l’orthographe grammaticale, notamment l’accord en genre masculin/féminin (PER FLS L1 16 également).

     Cette révision aboutissait à une fiche récapitulative sur laquelle chaque élève auto-évaluait ses connaissances sur chaque point révisé. L’objectif était de faire un point personnalisé.

Style pédagogique

     Les élèves étaient uniquement utilisateurs ici. Ils se sont servis des ressources pour identifier, écouter ou écrire des mots de vocabulaire. 
En tant qu’enseignante, j’étais principalement guide du processus d’apprentissage : je vérifiais l’accomplissement des exercices et activités et j’aidais ou guidais l’élève dans la tâche.
L’outil numérique permettait un accès aux consignes et aux ressources numériques ou numérisées.

     Ces rôles n’ont pas changé durant la séquence. J’ai choisi de ne pas mettre les élèves en position de producteurs ici car je connaissais mal leurs compétences informatiques. Je savais qu’il existait des disparités et j’ai préféré ne pas être trop ambitieuse pour une première utilisation de cet ENT. Gillot-Rouillard (2017) met d’ailleurs en garde contre le mythe des « digital natives » qui nous encouragerait à croire que les enfants et adolescents maîtriseraient les outils informatiques de manière instinctive car ils les utilisent depuis tout petits. Cela n’est pas toujours le cas et c’est ce que j’ai pu constater durant la séquence. Trois élèves ont eu besoin de mon assistance technique à plusieurs reprises et seulement deux élèves ne m’ont sollicitée qu’une ou deux fois, en particulier lors de la création de leur compte. 

Evaluation

     La séquence en soi était une forme d’évaluation formative qui « informe à la fois l’apprenant sur sa progression et l’enseignant sur les remédiations à mettre en place » (Springer, 2013, p. 16). Elle m’a permis de faire le point sur ce que les élèves ont pu retenir des leçons données à distance. 

     Dans le but d’informer directement l’apprenant, j’ai classé les thèmes par catégorie et leur ai demandé de juger leurs connaissances à la fin de chaque catégorie avec un smiley rouge, orange ou vert (annexe). Le professeur utilise régulièrement les smileys pour évaluer les activités qui ne donnent pas lieu à une note, les élèves y sont donc habitués. Cette forme d’auto-évaluation doit permettre de les encourager à cibler leurs besoins en préparation à l’évaluation sommative la semaine suivante. Indirectement, cela leur enseigne une stratégie d’apprentissage. Je prévois d’ailleurs de permettre aux élèves de réviser de nouveau leur vocabulaire sur l’ENT la veille du test.

3. gestion de la classe

Education aux médias

     Comme je l’ai expliqué précédemment, j’ai mentionné aux élèves l’importance de ne pas partager leurs données personnelles comme leur prénom et leur nom sur internet et de préférer des pseudos anonymes lorsque cela était possible. Nous avons passé quelques minutes à chercher des pseudos pour chacun puis à voir les manières de créer un mot de passe. 

     Je n’ai pas pensé à informer les enfants de leurs droits mais leurs droits ont été respectés : la plateforme ne nécessite pas de mail ou d’autres données exceptés un identifiant et un mot de passe. J’ai contrôlé le contenu des sites au préalable et leur utilisation pendant la séquence. 

Planification et déroulement

     Ces deux séquences s’inscrivent dans la programmation annuelle de l’établissement, elle-même basée sur le PER Français Langue Seconde. Mon formateur m’a demandé de m’occuper de l’enseignement du lexique et de la grammaire durant mon stage en lien avec l’environnement des élèves dans la mesure du possible. Ici, il s’agit du chapitre sur les commerces et commerçants, les lieux en ville et les professions au masculin/féminin.

Phase de présentation de la séquence aux élèves : 20mn (au lieu de 10-15mn)
J’ai commencé par présenter la plateforme aux élèves au TBI et je leur ai ensuite expliqué de manière générale ce qu’ils allaient faire : une suite d’activités pour revoir presque tout le vocabulaire étudié durant les six dernières semaines. Chacun pouvait faire les activités à son rythme. Puis je leur ai montré comment se connecter. Je leur ai demandé à ce moment-là d’inventer un pseudo et un mot de passe et nous avons discuté de l’importance de l’anonymat sur internet.

Activités sur Showbie : 1h20 (au lieu de 1h30-40)
J’ai projeté au TBI une fiche de « marche à suivre » pour se connecter comme support visuel afin que chaque élève crée un compte et se connecte à la classe sur Showbie. 
Lorsque l’élève était connecté, il pouvait commencer les activités. Il s’agissait d’un mélange d’exercices en ligne et d’exercices sur feuille (lorsque l’ordinateur était utilisé pour visionner une vidéo ou observer une fiche). Tout se déroulait de manière individuelle, malheureusement, pour respecter les distances de sécurité entre élèves bien que j’aurais aimé mettre en place des activités en binôme pour terminer la séquence de manière dynamique.

La différence de temps dans la planification s’explique par le fait que nous avons finalement passé plus de temps sur la création des pseudos et l’éducation aux médias car les élèves sont intervenus spontanément pour parler de leur expérience. J’ai laissé la discussion suivre son cours car c’est un sujet important.

     Cette séquence a demandé une planification assez longue car il a fallu trouver et sélectionner les exercices et activités pertinentes, puis les rassembler sur Showbie. Mais en plus de cela, lorsqu’il était nécessaire de différencier le niveau des élèves, j’ai sélectionné quels élèves pouvaient avoir accès à quels documents. J’ai aussi créé un dossier de trois quatre feuilles papiers pour chaque élève car certains exercices se faisaient sur feuille avec un document support (tels qu’un imagier ou une vidéo) visionné sur l’ordinateur. Pour que les élèves s’y retrouvent mieux, j’ai numéroté les pages et indiqué les feuilles liées aux documents support dans les instructions. 

C’est donc la gestion de classe qui m’a pris le plus de temps car j’ai voulu limiter les problèmes informatiques et d’organisation au maximum. 

     Malgré tout, certains élèves ne s’y retrouvaient pas toujours. Je pense utiliser des symboles la prochaine fois pour simplifier les instructions et l’organisation du matériel. Cela ne les a pas empêchés de rester enthousiastes et impliqués tout au long de la séquence. La variation des supports et des types d’exercices y a sûrement contribué ainsi que l’aspect ludique de l’utilisation de l’ordinateur, même s’ils l’utilisent de temps à autre en classe. 

Cette séquence et cette analyse m’ont également montré que j’ai encore une utilisation limitée du numérique. Afin de développer les compétences informatiques des élèves et les impliquer davantage, je pense leur faire faire leur propre imagier bilingue voire même créer leur propre quiz à faire avec toute la classe.

Bibliographie

Gillot-Rouillard, D. Le numérique à l’école, un outil de différenciation pédagogique créant une nouvelle école?
Springer, C. (2013). Évaluer les apprentissages dans les environnements numériques.

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