L’enseignement à distance – continuité des apprentissages

 

 

Durant le confinement, j’avais à ma charge l’enseignement de quelques périodes de français à deux classes, l’une 10VG et l’autre 10VP. Nous devons, pour notre didactique de français, proposer une séquence de production orale ou écrite, et j’avais dans un coin de ma tête la volonté de faire du débat oral avec ma classe 10VP. Lorsque le confinement a été annoncé, je n’étais pas sûre de pouvoir mettre en place ma séquence et jusqu’aux vacances de Pâques, j’ai effectué quelques activités de vocabulaire, révisions avec kahoot, etc. avec mes élèves. 

J’ai ensuite discuté avec ma PraFo de la possibilité de mettre ma séquence et lui ai proposé un plan général. Elle m’a aiguillée et m’a mise face à certaines difficultés que je risquais de rencontrer. Il fallait que je présente le sujet aux élèves, car c’était une matière entièrement nouvelle pour eux, avant de les rendre actifs. La classe se compose de 23 élèves, dont une qui n’était présente qu’à 50% avant le confinement et qui était très peu productive dans la branche en période de confinement.

J’avais espoir de retourner en classe pour terminer ma séquence, ce qui m’arrangeait car pour la recherche d’arguments en groupe, et surtout le débat en lui-même, le présentiel est largement préférable. J’ai suivi le schéma de La jeunesse débat, une séquence didactique créée pour enseigner le débat dans les classes et je l’ai adaptée à ma situation d’enseignement à distance. Cela exigeait de séparer en tâches les séances prévues par la méthode car voulant que les élèves soient autant de bons participants que de bons observateurs et critiques de débat, il fallait qu’ils réalisent un maximum de travail par eux-mêmes. 

Ils allaient donc réaliser après l’introduction que j’ai faite à l’aide d’une vidéo postée sur YouTube, un premier essai de débat sur une thématiques choisies par eux. Deux groupes devaient ensuite évaluer le débat à l’aide de formulaires Office Forms. Suite aux retours formatifs, nous sommes passés à l’étape suivante qui est le discours d’introduction, suivi à nouveau d’un retour formatif guidé par formulaire. Nous avons ensuite pu reprendre en présentiel lundi 11 mai. 

 

Pour ma vidéo YouTube, j’ai eu besoin de me familiariser avec un logiciel de montage vidéo ainsi qu’un logiciel de traitement du son que j’ai intégré à ma vidéo. J’ai utilisé XXX pour le premier et audacity pour le second, celui-ci m’a également servi à éditer les audios de débat enregistrés avec mes élèves afin d’en sélectionner des parties pour les retours formatifs. J’ai posté ma première vidéo sur YouTube donc j’ai appris certaines fonctionnalités comme le fait de ne pas répertorier la vidéo, utile pour plus de confidentialité et j’ai également appris à utiliser les formulaires d’Office qui, heureusement, sont accessibles sans compte. 

 

            J’étais intéressée à proposer à mes élèves des outils pour l’écriture collaborative et j’imaginais tout d’abord créer une plateforme Teams sur laquelle je les aurais guidés afin de partager tous les documents pour qu’ils puissent élaborer des choses en collaboration. Malheureusement, bien que cela ait été prévu initialement, Office n’a jamais été accessible aux élèves de mon établissement, j’ai donc été forcée d'abandonner cette idée. 

Je me suis donc tournée vers une dropbox afin que les élèves puissent collaborer sur un document. Je pensais cette plateforme facilement accessible, mais malheureusement elle n’a pas eu l’utilité envisagée. J’ai donc continué d’utiliser TeamUp sur lequel je partageais des documents et les liens des formulaires à remplir pour les élèves « juges ». 

J’ai choisi d’utiliser une vidéo YouTube et sa section « commentaires » car c’est un outil familier des élèves.

Les formulaires Forms sont très simples à utiliser et je n’ai rencontré aucune difficulté majeure pour leur remplissage chez mes élèves. L’intérêt d’utiliser Forms est que j’avais un suivi des élèves qui avaient répondu au formulaire et que les élèves étaient en charge à travers leurs réponses de la rétroaction sur les activités que je compilais pour leur retransmettre avant de poursuivre dans nos tâches. Ils n’avaient également pas besoin de me renvoyer par email leurs réponses qui me parvenaient directement à la fermeture du formulaire. 

Finalement, mes élèves étaient familiers de Zoom depuis le début du confinement et nous les avions, au préalable, informés des règles de la vidéo-conférence. J’ai donc pu utiliser facilement cet outil pour faire le premier essai de débat dont j’ai enregistré le son. 

La séquence pédagogique proposée par La jeunesse débat vise une grande autonomie des élèves, l’enseignant servant à les guider plus qu’à faire de l’enseignement magistral. Le début de cette séquence se fait originellement en plénum car il y a un besoin de faire sentir aux élèves la nécessité de la communication et de l’écoute. Ne pouvant avoir mes élèves devant moi, et les réunions Zoom ne permettant pas cela non plus (problèmes de connexion, de micro, impossibilité d’avoir les 23 élèves présents), je me suis tournée vers l’espace commentaire de la plateforme YouTube afin de les faire procéder à un premier échange. Par la suite, je n’ai fait que guider les élèves à travers les questionnaires qui se voulaient réflexifs et évaluatifs. L’objectif était que la classe réfléchisse au débat, en choisisse les thématiques et évalue leurs performances. Pour moi, il y a eu un certain avantage à travailler à distance, c’est que les débats étaient enregistrés et que les premières évaluations par les pairs pouvaient se faire de manière plus élaborée car il était possible de réécouter la production de leurs camarades plusieurs fois si nécessaire. 

L’avantage des questionnaires en ligne était que chaque élève devait avoir une réflexion sur la production de ses camarades alors qu’en classe, je sais que certains ne se seraient pas exprimés. À chaque retour de questionnaire, j’ai compilé leurs évaluations pour leur donner les aspects positifs et les points à améliorer pour la suite du travail.  
   

Dans le débat, la communication et le respect sont primordiaux. Il était donc intéressant d’expérimenter cette manière d’échanger à distance. Un des objectifs était également de construire une manière d’évaluer leurs camarades et le formulaire s’est avéré une solution rapide et efficace pour procéder à des rétroactions.

La classe utilisait TeamUp pour l’organisation des enseignements et c’est donc sur cette plateforme que j’ai donné les consignes aux élèves. Pour les outils que j’ai proposés, ils n’avaient jamais la nécessité d’avoir un ordinateur, car chez certaines familles, le partage de l’ordinateur entre les enfants posait problème. J’ai tenté d’utiliser une dropbox avec, sur celle-ci, des Googledocs pour que les élèves, par groupe, aient la possibilité de modifier et de compléter ensemble leur recherche d’arguments. Cependant, je leur ai dit que c’était à disposition, sans forcément les obliger à utiliser l’outil et certains groupes ont préféré communiquer par whatsapp et m’envoyer par mail leurs arguments. 

Pour la durée du travail à distance, j’ai créé des groupes de quatre que j’ai tiré au sort à l’aide d’une application, mais que j’ai ajustés selon les élèves les moins investis depuis le début du confinement afin qu’ils soient répartis dans des groupes et ne péjorent pas le travail de leurs camarades. L’organisation du travail était présenté sur TeamUp avec l’accès aux différents documents, les doublons des documents de la dropbox et les liens nécessaires pour.
Un exemple de consigne sur TeamUp est en annexe

J’étais disponible par whatsapp pour des questions et j’ai eu le cas d’une élève qui n’arrivait pas à lire les fichiers audio du questionnaire, j’ai pu les lui envoyer pour qu’elle complète son travail.

Nous avons fait 4 séances durant le confinement avec une fois un « devoir » à réaliser avant la séance suivante. Il y avait une quantité de travail restreinte car si en classe, la rétroaction peut se faire dans le cadre d’une même période, elle nécessitait plus de temps à distance et était repoussée à en particulier lié au fait que les élèves étaient libres de leur horaire et qu’il était déraisonnable d’exiger d’avoir tous les élèves qui travaillent sur la même tâche au même moment. 
 La planification est en annexe, avec, en rouge, les commentaires de ma PraFo.

La séance 1 était dédiée à l’introduction que j’ai voulue à travers une vidéo youtube. Elle présente rapidement ce qu’est le débat et fait parler deux personnages qui présentent des arguments plutôt mauvais. La consigne était ensuite pour mes élèves de commenter la vidéo en se répondant les uns les autres pour créer une première forme de débat sur une plateforme sur laquelle ils pourraient être amenés à débattre dans la vie réelle.

Des exemples de commentaires sont en annexe.
Sans que cela soit demandé, certains élèves ont même « liké » des réponses de leurs camarades, ce qui montre bien l’assimilation à ce genre d’outil et qui est très intéressant parce qu’il marque une première « rétroaction » des élèves que j’ai apprécié pouvoir leur faire remarquer par la suite.
À la suite de la vidéo, les élèves répondaient à un questionnaire sur l’idée qu’ils se font du débat et me proposaient des questions qui les intéressaient de débattre. 

J’ai compilé ces questions dans un nouveau questionnaire qui leur demandait de voter pour une thématique. Ceci était en devoir afin de pouvoir leur proposer les résultats lors de la prochaine séance.

 

La séance 2 était consacrée à la recherche d’arguments qu’ils faisaient par groupe et deux membres du groupe allaient être « pour », deux autres « contre » la question de débat qui avait été choisie. C’est là qu’ils pouvaient utiliser la dropbox sur laquelle se trouvaient des documents à modifier en groupe ainsi que les consignes que j’ai également proposées sur TeamUp, n’était pas certaine que la plateforme soit accessible à tous. J’ai donné rendez-vous en fin de journée (16h et 16h30) à deux groupes afin de faire un premier essai de débat. J’ai décidé de le faire en fin de journée car les élèves travaillent souvent de manière asynchrone et cela permettait d’être sûre que chacun des membres du groupe avait fait sa part avant de lancer le débat.
 Les deux groupes d’élèves sont venus sur Zoom pour participer au débat, j’ai enregistré l’audio du moment du débat. Une courte autoévaluation a eu lieu à la fin du débat pour les participants et je leur ai donné un petit feedback.

La séance 3 visait l’évaluation et la rétroaction du débat par les camarades. Après l’écoute des audios des débats, j’ai créé des formulaires qui guidaient la rétroaction. Ceux-ci étaient légèrement différents selon les prestations des deux groupes :

À la séance 4, je leur ai mis à disposition deux documents. L’un était un retour sur les deux premiers formulaires. Pour le premier qui concernait leur idée du débat, j’ai compilé les informations à l’aide de Mentimeter ce qui leur donnait un résultat en un coup d’œil, je souhaitais que ce soit vite approché et j’ai fait un résumé de leurs évaluations.
Le document de la séance 4 est en annexe
Le second donnait des consignes pour la suite du travail ainsi qu’un résumé de tous les arguments proposés par les groupes à la séance 2. À cette séance 4, ils devaient préparer des discours d’ouverture (il s’agit de l’introduction du débat pendant lequel chaque participant a un tour de parole) et deux groupes désignés devaient m’envoyer leurs enregistrements audios. Certains ont fait un message vocal whatsapp, d’autres un enregistrement. 
Ces audios ont été utilisés au retour en classe pour une rétroaction collective.

Lors de ma planification, je ne connaissais pas encore toutes les possibilités des formulaires Forms qui est un outil génial que je pense réutiliser plus tard. Le seul inconvénient était l’impossibilité d’y poster des documents, la seule possibilité était d’utiliser des liens. Pour donner l’accès aux audios, j’ai donc dû les déposer sur mon drive pour les rendre accessibles sous forme de lien.
 Sinon j’ai pu réaliser tout ce que j’avais planifié et j’ai eu une très bonne participation de mes élèves. Les faire travailler par groupe, ce qui était une crainte pour ma PraFo a finalement bien fonctionné et les groupes participants aux débats et aux discours d’ouverture ont fait un super travail. La qualité des discours d’ouverture que nous avons analysés en classe après les rétroactions des pairs montre bien qu’un apprentissage a été effectué par les élèves. De plus, les participations aux rétroactions étaient vraiment majoritairement de qualité (certains étaient abonnés aux « je ne sais pas », mais c’était infime. 
 Le retour en présentiel est néanmoins appréciable pour continuer ce travail car le débat exige certaines préparations en plénum qui n’ont pas la même qualité à distance. De même, un débat sur Zoom, avec la latence parfois, les éventuels problèmes techniques, la nécessité d’avoir tous les élèves présents et bien au clair n’est pas aussi simple à organiser. 
 
 Comme je l’ai dit plus haut, le numérique a eu à mon avis une influence positive en ce qui concerne la pratique la rétroaction et de l’évaluation par les pairs. Les questionnaires ont permis à chacun de se faire une idée et d’être acteur de l’amélioration des compétences pour toute la classe. L’enregistrement plutôt que le discours en direct permettait également de se concentrer sur certaines parties et de pouvoir revenir en arrière, réécouter, car il est parfois difficile de juger un débat en direct de par la quantité d’information et la rapidité des échanges. 

Les élèves ont reçu avant ma séquence une petite formation concernant les règles à respecter lors d’une vidéo conférence. Nous avons également évoqué la non-diffusion du matériel qui sert à l’enseignement (comme les audios de leurs camarades).