Article MITIC. Continuité pédagogique

En raison de l’interruption des cours le 13 mars 2020, les écoles se sont trouvées dans l’obligation de mettre sur pied et en peu de temps un système pour assurer la continuité pédagogique. La situation d’étudiants en stage que je suis en a elle aussi été bouleversée. J’effectue en effet mon second stage dans un groupe d’accueil d’un établissement vaudois. Classe réservée aux élèves issus de la migration (politique ou économique) et dont les connaissances en langue française sont encore insuffisantes pour intégrer à temps plein les classes régulières. Les classes d’accueil ont ainsi un statut particulier et la pression du programme y est faible. Dans ce cas notamment, décision a été prise par la hiérarchie de l’établissement de ne pas introduire de notions nouvelles pendant cette période d’enseignement à distance et de procéder à des activités de renforcement.

En vue de mener cet enseignement à distance, l’enseignant a besoin de maîtriser certains apports du numérique surtout celles capables d’assurer et de maintenir la communication à distance.  Les compétences Squily « Créer des supports pédagogiques » et « Créer des quiz numériques pour l’apprentissage du vocabulaire dans une L2 » ont été mises à contribution pendant cette période. Les élèves ont eu l’habitude des ressources numériques pendant les cours car la classe dispose d’un certain nombre d’outils comme des tablettes, un beamer, un ordinateur...Notamment une séquence en cours avant le confinement sur « l’article encyclopédique » a nécessité une séance en autonomie sur les tablettes afin de récolter les données. De   la mise en œuvre de l’enseignement à distance a nécessité pour ma PraFo et moi-même de faire appel à nos ressources dans le domaine du numérique, de les consolider et d’en découvrir de nouvelles. Au niveau de l’établissement, une liste de sites exploitables a été mise à la disposition des enseignants et elle a été enrichie par les connaissances et expériences de chacun.

Pour ce qui est du CIF, nous avons opté dans un premier temps pour l’exploitation des ressources de l’UMA en adaptant certaines activités à la spécificité de notre classe. Ce site offre l’avantage d’avoir été conçu pour les classes d’accueil et il propose des activités pour tous les jours que l’enseignant peut proposer aux élèves ou alors que les élèves peuvent faire tout seuls. En voici le lien : https://uma.edu-vd.ch/

 Nous avons également saisi l’occasion de l’enseignement à distance pour relancer le blog de la classe en y mettant les liens vers les activités et en invitant ensuite les élèves par des mails adressés aux parents, à aller consulter le blog et faire les activités proposées ( on-parle-français.ecub.info)

 Ma PraFo et moi avons donc chacune proposé une activité orale et une activité écrite mais au bout d’une semaine nous n’avons enregistré aucune réaction du côté des élèves. Finalement nous avons opté pour la création d’un groupe W apps, outil qui nous a semblé être plus familier à nos élèves. L’accent étant surtout mis sur la consolidation, nous avons travaillé la compétence de communication à l’oral. L’outil W apps et les mails transmis aux parents nous permettaient de le faire. Les élèves devaient enregistrer leurs devoirs et le mettre dans le groupe ou alors faire des photos dans le cadre d’un devoir écrit. Et nous pouvions faire des retours de la même sorte et cela a plutôt bien fonctionné.

Le numérique occupe de nos jours une place importante dans l’enseignement et pas seulement. Cela s’est vu durant cette période de confinement.  Les outils que nous avons choisi d’exploiter permettent à l’enseignant de guider les apprentissages même à distance comme cela a été le cas avec W apps ou le blog. Les élèves eux sont à la fois utilisateurs et producteurs. En réalisant des audio ou des photos à partager via le numérique dans le cadre de la classe.

Les objectifs de la continuité tels que définis par l’établissement étaient de faire des activités de renforcement, de ne pas surcharger les élèves avec des thématiques nouvelles. Dans le cadre du CIF, nous avons travaillé suivant cette directive.

En exploitant les adresses e-mails des parents, le groupe W apps de la classe et le blog, nous avons convenu d’envoyer le mercredi et le samedi les consignes des travaux à faire aux parents, par e-mail. Pour les productions écrites, les élèves après les avoir faites font des photos et les envoient sur le groupe. Pour les productions orales, ils enregistrent des audios à mettre également sur le groupe. Les feedbacks sont ensuite transmis hors du groupe à chacun soit par e-mail, soit par audio.

Ainsi nous devions rester à disposition car chacun travaillait un peu selon son rythme et essayer de répondre au plus tôt aux élèves en vue de les encourager. Après un feedback, ils étaient libres de reprendre leur texte en fonction des propositions faites. En revanche j’ai eu un grand regret de ne pas avoir de feedback venant des élèves sur le travail de l’un de leurs camarades.

 

Dans cette partie je présente deux exemples de séquences menées avec les élèves. La première porte sur la lecture d’un texte intégral. Le texte a été lu en classe et j’ai proposé aux élèves via Quizlet un test de révision. Le quiz est auto correctif et le but ici est que l’élève puisse se rappeler les liens entre les personnages, la trame narrative. Le lien du quiz a été envoyé aux parents et sur le groupe les élèves rendaient compte de leur score ou de leurs impressions. 

Une autre séquence a été une production   orale autour du thème des émotions, séquence elle aussi débutée en classe. Le lien du texte a été déposé sur le groupe. Un texte avec des questions auxquelles les élèves devaient répondre. À la suite ils devaient à leur tour produire un texte sur le thème des émotions en relation avec la situation sanitaire. Le texte produit est enregistré et envoyé dans le groupe et les feedbacks s’organisent comme précédemment.

Trace 1 : Lien transmis aux élèves

Ensuite ils devaient à leur tour produire un texte autour des émotions. Ce texte est ensuite enregistré et envoyé dans le groupe 

Trace 2 (Voir audios émotions en PJ)

Pour le feedback, il est directement envoyé par message à l’élève. Cela nécessite une grande disponibilité car les heures qui ont été définies au départ n’étaient pas respectées. Les élèves travaillaient chacun à son rythme et envoyaient leurs travaux même en dehors des heures de classe.

Trace 3 Photos de feedbacks

Ainsi nous devions rester à disposition et essayer de répondre au plus tôt aux élèves en vue de les encourager. Après un feedback, ils étaient libres de reprendre leur texte en fonction des propositions faites.

 Les élèves ont été très participatifs dans les activités orales et un peu moins dans les activités écrites. En faisant des feedbacks personnalisés, ils pouvaient améliorer leur texte et proposer une seconde version. L’enseignement à distance a ainsi permis de confronter élèves et enseignants à quelque chose de nouveau, à exploiter la proximité des élèves avec l’outil W apps pour en faire un canal possible pour l’enseignement. J’ai surtout remarqué une libération de la parole chez certains élèves certainement due au fait qu’ils se sont sentis plus en confiance face à leur écran que face au regard des camarades. Car il faut le rappeler le défi de la classe de langue est d’abord communicationnel.

Je relève tout de même que cet enseignement s’est fait avec environ les 2/3 de la classe, certains élèves n’ayant réagi ni aux e-mails, ni dans le blog, ni dans le groupe w apps.

Nous avons privilégié durant cette période l’utilisation des audios et des photographies des exercices plutôt que les vidéos qui causent beaucoup de problèmes d’exploitation des images (licences), entrent dans l’intimité de ceux qui interagissent.

Durant cette période, les élèves se sont familiarisés davantage à des outils numériques qui même s’ils faisaient partie de leur environnement quotidien, n’étaient pas forcément mis au service des apprentissages. L’on pu voir que le numérique a crée de la confiance chez certains autant qu’il a renforcé la distance avec ceux qui n’avaient pas la possibilité de se connecter, d’avoir un accès à internet leur permettant d’interagir dans le groupe. Pour eux les travaux ont été envoyés par la poste. Ce qui montre que le numérique a certes un apport mais il ne vient pas supplanter les moyens traditionnels de communication.