msMITIC 2019

RES1 : Générateur de nuages de mots

16.06.2020

Francesca Suppa avatar. Francesca Suppa

Alessandra Spada avatar. Alessandra Spada

1. Description de la ressource
La ressource présentée est un générateur de nuages de mots, accessible gratuitement à ce lien : https://www.nuagesdemots.fr/
La compétence Sqily concernée est « Création et utilisation du MindMapping »: https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/2410
 
2. Public cible et objectifs d’apprentissage
Notre ressource s’insère dans une séquence didactique d'italien élaborée pour une classe de 9H OS italien à partir du manuel Rete! Junior A. Le thème de la leçon étant La casa, nous avons prévu des activités numériques pour consolider l'acquisition du vocabulaire comme défini par le PER L3 36 : “Observer le fonctionnement de la langue et s’approprier des outils de base pour comprendre et produire des textes…”
Nous avons choisi des activités de production des nuages de mots pour leur caractéristique d'être en même temps très simples à réaliser, donc adaptées à une classe de neuvième et à intégrer une longue séquence sans être trop chronophages, mais aussi assez complexe pour interpeller et croiser plusieurs compétences. La mémorisation du lexique a été l'objet d’un de recherche que Alessandra Spada a réalisé pour le séminaire MSMET32, ainsi que du cours de Fondements de la didactique des langues-cultures étrangères imparti par S. Wokusch (HEPL, semestre d’automne 2020) : nous nous sommes donc aussi référées à ces bibliographies.

3. Intérêt pédagogique
La littérature scientifique récente souligne comme le liste de mots à apprendre par cœur sont un outil d'apprentissage encore trop utilisé sans le contextualiser, ce que les rend inefficaces sur le long et moyen terme. Car les mots appris hors contexte et sans ancrage ne feraient en réalité que traverser la mémoire car « le lexique mental est organisé à partir du sens plutôt que de la forme des mots » (Grossmann, 2011). 
Pourtant les manuels de référence du Canton Vaud pour l'italien au secondaire 1 prévoient plusieurs listes de mots pour chaque unité. En effet, selon De Pietro (2003), en Suisse, la situation concernant l’apprentissage du vocabulaire est « pour le moins ambiguë, et parfois même catastrophique » (p.13)
L’auteur, qui met en exergue la carence de recherches en la matière jusqu’au début des années 2000, identifie un véritable hiatus entre conception savante et populaire de la langue. Il y aurait ainsi dans les classes toutes sortes d'activités intéressantes et pertinentes sur la langue et sa structure, mais une carence de proposition pour l'acquisition du vocabulaire. Conséquence : il se développerait en parallèle un « non-enseignement » fondé sur des notions aussi peu didactiques que l'accumulation, l'inculcation, le par cœur » (p.14). Ce constat, partagé par d’autres (Matthey, 2000 ; Nonnon, 2012 ; Wokusch, 2002), se trouve en partie contre balancé par les orientations prises par la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) dans le cadre de l’élaboration du Plan d’Études Romand (PER). Aujourd’hui, en italien par exemple, les indications pédagogiques (L3–36) préconisent un enseignement du vocabulaire en contexte, à travers des stratégies d’apprentissages variées : images, flashcards, jeux, famille de mots, mind map, etc. (ces considérations sont issues du travail de recherche réalisé dans le cadre du séminaire MSMET31: Menétrey, V. & Spada, A., 2020).
L’utilisation de nuages de mots fait aussi partie de ces stratégies d’apprentissages. Les nuages de mots sont particulièrement adaptés à des activités de brainstorming, dû à la libre disposition des mots à son intérieur. En outre, sa création constitue un moment ludique et créatif pour les élèves.
 
4. Évaluation des apprentissages 
Une des raisons pour laquelle les listes de mots restent un outil privilégié est certainement la facilité d'évaluation de la part de l'enseignant∙e, juste ou faux c'est vite réglé. Mais cela ne donne aucune garantie qu'il s'agit d'un apprentissage à longue terme et non d'apprendre pour passer le test et tout de suite oublier. Transformer les listes en nuages n'est pas la solution magique. Mais consacrer du temps en classe au travail en petits groupes, visualiser les mots en couleur sur l'écran, travailler sur la composition des formes, peut apporter un support visuel en plus à la mémorisation. Il s'agit donc d'une activité d'entrainement, qui n'est pas évaluée en soi, mais fait partie d'une séquence à la fin de la quelle nous prévoirons une évaluation sommative, qui porte sur la compétence de la production orale.
 
5. Analyse du processus de création
Dans notre ressource, l’utilisation du générateur de nuage de mots est expliquée à travers une série d’images accompagnées par des descriptions. Nous avons d’abord créé plusieurs nuages de mots différents, pour montrer une ébauche des possibilités fournies par ce générateur. Par la suite, nous avons documenté les différentes étapes du processus de création d’un nuage de mots à travers le logiciel « Capture d’écran » de Windows.
 
6. Analyse de la ressource
Nous avons choisi ce générateur de nuage de mots car il est gratuit et assez facile à utiliser. En outre, ses fonctions avancées sont assez développées et permettent aux utilisateurs de créer des nuages de mots très personnalisés. En effet, la liste de formes, de polices et de couleurs est très riche comparée à des autres générateurs de nuage de mots qu’on trouve sur l’Internet (par exemple, www.nuagedemots.co). Cela permet aux élèves de mobiliser leur créativité pendant la réalisation des nuages de mots. Cette liberté créative facilite une approche learning by doing : les élèves apprennent les nouveaux mots en réalisant une tâche créative. En outre, les apprenant∙e∙s peuvent choisir les caractéristiques esthétiques de l’image les plus fonctionnelles au stockage de mots dans leur mémoire sémantique (Lieury 1992). 
Parmi ses points forts, nous pouvons relever la possibilité d’exporter le nuage de mots sous différents formats (PDF, JPG, PNG, SVG) et de l’imprimer.Un autre point fort de ce logiciel est sa disponibilité en français, langue de scolarisation de nos élèves. 
En ce qui concerne les points faibles, nous pouvons mentionner la relative complexité d’utilisation : en effet, le fait de disposer d’une richesse de formes, polices et couleurs implique un processus de création moins guidé par rapport à des ressources plus simples. 

 7. Développement personnel
L’outil présenté permet aux élèves de stocker le nouveau vocabulaire dans la mémoire sémantique au travers d’une tâche créative. Cela permet un apprentissage actif et basé sur une activité pratique (learning by doing). L’outil donne aux élèves la possibilité d’organiser le lexique dans plusieurs nuages de mots ayant couleurs et formes différentes et de les utiliser comme fiches pour l’entraînement. En outre, le nuage de mots est adapté à des activités de brainstorming dû à sa liberté structurelle. Cela n’empêche pas la possibilité de hiérarchiser le savoir grâce au choix des dimensions des mots. 

PDF de la ressource:

Spada Suppa MSTIC ressource juin 2020 corr.pdf 575.37 KB
 
Références bibliographiques 
 
Arnold, J. (2006). Comment les facteurs affectifs influencent-ils l'apprentissage d'une langue étrangère ?. Éla. Études de linguistique appliquée, 144(4), 407-425. Repéré à  https://www.cairn.info/revue-ela-2006-4-page-407.htm
 
Del Olmo, C. (2014). De l’impact favorable des émotions négatives dans l’enseignement /apprentissage du français langue étrangère. Colloque international des Étudiants chercheurs en Didactique des langues et en Linguistique, 1-8. Grenoble, France. CEDIL14, Repéré à https://hal.archives-ouvertes.fr/hal- 01251993
 
De Pietro, J.-F. (2003).  L'enseignement du lexique en suisse. Ou : comment en finir avec les listes à mémoriser ? La Lettre de l'AIRDF, n°33, 2003/2. 12-19.
 
Dörnyei, Z. & Csizér Eötvös, K. (1998), Ten commandments for motivating language learners: results of an empirical study, in Language Teaching Research, 2,3, 203–229.
 
Grossmann, F. (2011). Didactique du lexique : état des lieux et nouvelles orientations. Pratiques, 149-150. Repéré à http://journals.openedition.org/pratiques/1732 
 
Kensinger, E., Garoff-Eaton R. & Schacter, D. (2007). Effects of emotion on memory specificity in young and older adults. Journal of Gerontology Series B, Psychological Sciences 62, 4, 208-215. Repéré à http://nrs.harvard.edu/urn-3:HUL.InstRepos:3293012
 
Kigou, L. & Stalder, D. (2013). Anglais-Allemand : stratégies d’apprentissages du vocabulaire. 9e, 10e, 11e, Enseignement secondaire I, Cycle d’orientation, République et Canton de Genève. Repéré à  https://www.fapeo.ch/wp-content/uploads/2016/10/strategies_ang-all-2013.pdf
 
Laenzlinger, C., Hugues, P. & Moeschler, J. (2011). Didactique du lexique et enseignement de la grammaire. In Alain Kamber & Carine Skupien Dekens (éd.) Recherches récentes en FLE : 147-173. Berne 
 
Laenzlinger, C. & Hugues, P. (2016). Des savoirs linguistiques aux savoirs scolaires : L’accès à la grammaire par un lexique enrichi et générique. Limoges : Lambert-Lucas.
 
Lieury, A. (1992). Des méthodes pour la mémoire. Paris : Dunod.
 
Maheu, F. S. & Lupienn, S. J. (2003).  La mémoire au prise avec les émotions et le stress : un impact nécessairement dommageable ?, Medecine sciences, vol.19, issue.1, pp.118-224, 2003. Repéré à http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/4597/MS_2003_01_118.html?sequence=15&isAllowed=y
 
Matthey, M. (2000). Le vocabulaire français. In S. Aeby, J.-F. de Pietro & M. Wirthner (dir). L’Enseignement du français en Suisse romande : un état des lieux et des questions. Neuchâtel. IRDP.
 
Menétrey, V., Spada, A. (2020) Mémoire et vocabulaire : les stratégies d’apprentissages prônées par la recherche sont-elles privilégiées sur  le terrain de la classe?, Rapport de recherche sous la direction de Catherine Audrin, HEPL.
 
Nonnon, E. (2012). La didactique du français et l’enseignement du vocabulaire dans vingt ans de revues de didactique du français langue première. Repères, 46, 33-72. 
 
Pahud, S. (2012). Apprentissage du lexique et genres de discours. Pratiques, 155-156. Repéré à http://journals.openedition.org/pratiques/3458 
 
 
Paveau, M.-A.(2006). Chronique « linguistique ». Leçon de vocabulaire (1). Le français aujourd'hui, 3 n° 154, 121-128. Repéré à https://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2006-3-page-121.htm#
 
Picoche, J. (2011). Lexique et vocabulaire : quelques principes d’enseignement à l’école. Consulté le 15 mars sur le site web Eduscol : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Dossier_vocabulaire/14/4/Jacqueline_Picoche_111202_avec_couv_201144.pdf
 
Wokusch, S. (2002). Quelles stratégies pour apprendre / enseigner le vocabulaire? Babylonia 2, 39-44