msMITIC 2019

SEQ 1: continuité pédagogique

14.01.2021

 Christopher Carroll avatar. Christopher Carroll

Durant le semestre de printemps 2020, j’ai effectué un stage pratique A au sein de l’établissement primaire et secondaire du collège des Dents-du-Midi à Aigle. À côté de l’enseignement des deux périodes d’histoire dans une classe de 10 VG, j’assistais également dans les cours hebdomadaires d’une classe de 11 VG et de 9 VG. À la suite des mesures de confinement, je n’ai plus suivi les classes de 11 et de 9 VG et suis resté exclusivement affilié à la classe de 10 VG. 

Du fait des mesures de fermeture des écoles à partir du 16.03.2020, mon stage pratique en présentiel s’est mué en formation à distance. Dès l’annonce de ces mesures, ma PRAFO et moi-même nous sommes entretenus afin de définir les moyens d’une continuité de l’enseignement et du programme par le biais des outils numériques à notre disposition. En effet, il n’était évidemment pas envisageable de renoncer purement et simplement à la poursuite de l’enseignement, mais il s’agissait plutôt de réfléchir aux nouvelles modalités à mettre en place afin de pouvoir continuer de pourvoir aux élèves des leçons de qualités. 

Dans cet article, je vais m’atteler à exposer comment j’ai élaboré ma séquence d’enseignement et aussi, comment j’ai dû faire face à cette nouvelle situation de travail, quelles ont été les difficultés que j’ai rencontrées, et enfin quels ont été les enseignements qui ont bien fonctionné. 

 

Anticipation

Ces nouvelles conditions d’enseignement allaient rendre indispensable le recours au numérique. En effet, ce n’est qu’au travers de différents outils numériques qu’il a été possible de communiquer avec les élèves, mais aussi de travailler avec eux. C’est-à-dire avancer dans le programme annuel, leur donner des travaux à réaliser et leur faire des retours sur leurs productions. 

Néanmoins, ce nouvel environnement de travail allait tout de même poser de nombreux défis. Il était en effet nécessaire de repenser complètement les planifications séquentielles que j’avais préparées pour le semestre, afin qu’elles puissent être adaptées à une mise en place réaliste et égalitaire. En effet, il était impossible de simplement transposer un programme et ses activités, conçus pour être réalisés en classe, vers un modèle d’application à distance. Il était désormais indispensable de prendre en compte une multitude de nouveaux facteurs auxquels il n’est habituellement pas nécessaire de penser. Les élèves possèdent-ils tous les ressources matérielles pour suivre l’enseignement à distance ? Les travaux qu’on leur demande sont-ils adaptés à un travail essentiellement autonome ? Comment s’assurer que les élèves soient capables de faire leurs devoirs, voire qu’ils les fassent tout simplement ? La perte du contact présentiel crée une série de problèmes, dont la perte d’un certain contrôle sur les élèves, ce qui prétérite la progression dans le programme. 

Pour ce faire, il était nécessaire de planifier et de préparer sur le long terme (malgré les incertitudes concernant la situation sanitaire) la mise en place de l’enseignement à distance. Cette aptitude peut être liée à la compétence Sqily « Organiser la continuité des apprentissages pour vos élèves à distance » (https://www.sqily.com/msmitic-2019/skills/3090).

 

Afin de maintenir le meilleur contact possible avec les élèves, nous avons immédiatement décidé avec ma PRAFO que je continuerais à donner des cours en live au travers du programme informatique Zoom. Ceci, car nous ne souhaitions pas passer à une communication uniquement écrite, mais avons décidé que pour assurer une poursuite de relation prof-élève active, il fallait maintenir un certain contact visuel et vocal. Ainsi, nous avons créé un groupe What’s App intégrant tous les élèves de la classe et qui serait le support de correspondance pour les questions des élèves ainsi que certains messages de notre part. Pour la planification des cours et la transmission des documents, nous avons eu recours à la plateforme Teamup mise en place par l’état de Vaud. Cependant, les devoirs des élèves m’étaient remis directement en message privé afin d’éviter que les élèves puissent trop « s’inspirer » du travail de leurs camarades. Ainsi, les élèves avaient rendez-vous chaque mercredi matin à 10h00 pour un cours sur Zoomde 40 minutes. 

À posteriori, je reconnais qu’avec ma PRAFO nous avons surestimé les compétences des élèves. En effet, je me suis rendu compte après coup qu’il aurait été bénéfique que je crée une ressource détaillant l’utilisation de ce programme. En effet, même si les élèves ont rapidement su le maîtriser, les premières utilisations étaient plus laborieuses et les élèves ont souvent eu besoin d’aide. (Annexe 1)

Mis à part ces premiers problèmes informatiques, les élèves ont tout de même rapidement su s’approprier l’utilisation du programme Zoom et celui-ci a offert le bénéfice d’un contact vocal et visuel. En outre, mis à part le travail réalisé, il a également été le lieu d’un espace dédié aux questions des élèves.

 

Pédagogie

Dans cette situation de confinement, le recours au numérique était d’autant plus indispensable qu’en temps normal. Comme mentionné précédemment, ma PRAFO et moi-même avons tout de suite décidé de mettre en place les moyens de communications indispensables au contact avec les élèves. L’application Whatsapp a servi comme plateforme de base pour la communication écrite avec les élèves. En effet, le groupe crée a permis une communication simple et efficace entre les élèves et avec nous. Nous n’avons rapidement abandonné le recours à la boîte mail car cet outil nous est apparu comme fastidieux et peu ergonomique pour les élèves. En outre, tous les élèves de la classe étaient munis d’un smartphone et il apparaissait comme évident qu’ils seraient plus attentifs à la réception de messages par Whatsapp que par courriel. De plus, d’autres professeurs de ces élèves avaient déjà pris la décision d’utiliser ce moyen pour communiquer et nous n’avons donc pas souhaité ajouter encore un autre moyen de communication qui serait agrandir le nombre d’éléments pour eux à prendre en compte. Néanmoins, j’ai tout de même crée mon propre groupe « 10VG4 Histoire » afin de maintenir une certaine clarté dans les messages.  Dans ce groupe, j’envoyais surtout des messages succincts qui annonçaient les rendez-vous sur Zoom et qui renvoyaient les élèves vers la plateforme Teams où ils pouvaient y trouver les canevas de documents de travails et le feuilles de consignes. En cas de question, les élèves pouvaient m’écrire directement ou dans le groupe.  Voilà ce qu’il en était du numérique.

L’autre aspect capital était le maintien et la valorisation d’une relation humaine avec les élèves. En effet, il était important de maintenir un lien et un contact avec eux malgré la situation. Comme dit par Claire Peltier de l’Université de Fribourg : « Il importe avant tout de nourrir le lien, le sentiment de présence à distance si subtil et si difficile à mettre en œuvre ». C’était là l’un des plus gros défis de l’enseignement à distance. Tout faire pour éviter que les élèves se sentent coupés et ne soient plus impliqués dans leur scolarité. Il était primordial de maintenir une relation scolaire. En outre, le spectre du décrochage était bien réel même chez les « bons » élèves[1]

Au travers de ces moyens, les élèves ont pu être à la fois utilisateurs et producteurs. En effet, par les réunions sur Zoom, les élèves travaillaient de manière orale sur l’analyse de nos thématiques. Ensuite, après avoir récupéré les documents nécessaires sur Teams, ils me renvoyaient leurs productions écrites. 

Enfin, mon rôle en tant qu’enseignant était d’offrir aux élèves un soutien et un fil rouge en cas de problèmes. De même, après la réalisation des travaux, mon rôle était de fournir un retour individualisé sur leurs productions.

 

Planification

Durant l’enseignement à distance, les directives du département de l’instruction de l’état de Vaud préconisaient de ne pas aborder de nouvelles thématiques avec les élèves et de rester sur de la révision des sujets déjà travaillés. Néanmoins, avec ma PRAFO nous avons immédiatement décidé qu’il n’y avait pas de sens à stagner dans notre programme d’histoire et que l’enseignement à distance n’empêchait pas de continuer à avancer. En effet, pour cette branche, il apparaissait comme essentiel d’amener de nouvelles choses afin de ne pas complétement perdre l’intérêt des élèves. Ainsi, les objectifs principaux de notre continuité pédagogique étaient clairs : il fallait maintenir l’implication des élèves dans la branche, maintenir leur participation et maintenir leur intérêt. Pour ce faire, nous avons choisi de développer la nouvelle thématique portant sur la Révolution française. Thématique qui avait été brièvement introduite juste avant les mesures de confinement. Afin de pouvoir vérifier l’implication des élèves, des petits travaux portants sur le cours donné sur Zoom leurs étaient demandés chaque semaine. En effet, tous les mercredis matin de 10h à 11h, les élèves avaient rendez-vous avec nous sur Zoom pour le cours en live. Notre intervention auprès d’eux était donc synchrone.  Lors de ce rendez-vous nous travaillions sur le sujet du jour et je transmettais ensuite des indications concernant le devoir à faire pour la semaine d’après. Ce devoir était toujours d’une durée d’une heure environ afin que le travail total hebdomadaire corresponde à peu près à la dotation horaire de la branche histoire. Le moyen de communication pour (ré)informer du devoir était Whatsapp et les documents pour le faire étaient déposés sur Teams. (Annexe 2)

Certains aménagements ont dû être introduits afin de rendre possible la réalisation des travaux pour tous. Car, si chacun était équipé d’un téléphone qui permettait la connexion aux visioconférences, tous n’étaient pas équipés d’ordinateurs personnels et tous n’avaient pas forcément accès à une imprimante. Ainsi, il était demandé à ceux qui ne pouvaient pas imprimer les documents de recopier la donnée dans leur cahier d’histoire. L’objectif ici était de faire une certaine forme de différenciation vis-à-vis des moyens techniques des élèves. Car comme le souligne Philippe Perrenoud : « La différenciation pédagogique porte sur les moyens et les modalités de travail, pas sur les objectifs de formation, ni sur les ambitions implicites que l’enseignant développe à propos de chaque élève. »[2]

La flexibilité était de mise et j’ai donc accepté toutes les formes de restitutions. Certains m’ont renvoyé des fichiers PDF et d’autres Word. D’autres encore m’ont renvoyé une photo du document imprimé et remplis. Enfin, certains recopiaient l’exercice dans leurs cahiers et me renvoyaient une photo également. Ainsi, si tous ne pouvaient pas rendre leurs travaux de la même manière, tous étaient tout de même en mesure de les réaliser. (Annexe 3)

 

Déroulement et évaluation

Par souci de concision et afin de pouvoir développer en profondeur cette partie, j’ai choisi de focaliser mon développement sur une des activités réalisées lors de l’enseignement à distance. 

La principale activité lors de la séquence à distance a été la réalisation d’un projet de recherche des élèves sur un personnage historique choisi parmi une liste élaborée par mes soins. En effet, la séquence a débuté avec un cours donné sur Zoom où j’ai appris aux élèves à rechercher des informations sur Wikipedia. Nous avons travaillé avec l’exemple de Napoléon Bonaparte. Au contraire d’avoir été fait au hasard, ce choix a été fait de manière délibérée. En outre, la page allouée au petit corse est particulièrement dense et fourmille de nombreux détails sur la vie et le parcours de ce personnage historique. C’était donc un support idéal pour montrer aux élèves comment naviguer parmi autant d’informations pour trouver les éléments que l’on souhaite. Il s’agissait notamment de trouver la date de naissance et de mort, le lieu de naissance, le rôle politique, le titre et certains accomplissements notoires. Toute l’heure passée sur Zoom a été allouée à cet exercice afin que les élèves saisissent au mieux la façon de rechercher les informations. Puis, je leur ai transmis un canevas de présentation de personnage historique et leur demandé de faire leur propre recherche de manière autonome. (Annexe 4)

L’attitude des élèves face à ce travail a été particulièrement variée. En outre, le respect des délais et la qualité du travail produit n’était pas du tout uniforme. Premièrement, les élèves avaient jusqu’au vendredi (3 jours après) pour me signaler leur choix de personnage historique parmi la liste que j’avais proposée. J’ai tout d’abord souhaité que chaque élève choisisse un personnage différent mais devant l’engouement des élèves pour certains personnages, j’ai finalement accepté que plusieurs prennent le même (toujours en travaillant individuellement). Cette première phase a déjà pu démontrer le niveau d’implication des uns et des autres. En effet, certains élèves furent très prompts à me contacter pour me signaler leur choix alors que d’autres ne se sont tout simplement jamais manifestés. Ainsi, le vendredi soir, j’ai accordé un ultime délai jusqu’au lendemain pour me transmettre par Whatsapp leur choix de personnage à ceux qui ne l’avaient pas encore fait sous peine de leur en assigner un. Cet ultimatum en a secoué quelques-uns qui m’ont fait part de leur choix mais il y a tout de même quelques élèves qui sont restés en silence radio et à qui j’ai dû assigner un personnage. 

Nous avions d’abord convenu avec ma PRAFO que ce travail devrait être réalisé pour le mercredi de la semaine d’après. Or, nous avons finalement décidé d’accorder un délai d’une semaine supplémentaire pour la reddition. En effet, tout d’abord, les péripéties de choix ont retardé la mise au travail de certains élèves, ensuite il s’est trouvé que ceux-ci étaient aussi particulièrement chargé par d’autres travaux demandés dans d’autres branches à ce moment. Je suppose que le canevas proposé aux élèves pour la réalisation de leur projet ait été clair car je n’ai reçu aucune question concernant celui-ci. Ainsi, en dehors des consignes données de manière collective sur Zoom, je n’ai pas eu à soutenir individuellement les élèves avec davantage d’explications. Dans l’ensemble, les retours ont été ponctuels et de relativement bonne qualité. Néanmoins, il y a tout de même une élève qui ne m’a jamais répondu, ni rendu quoique ce soit. Après entretien avec ma PRAFO, j’ai appris que cette élève était en décrochage complet et qu’elle ne se présentait à plus aucun cours et que les tentatives de prises de contact avec elle ou avec ses parents s’étaient révélées infructueuses. Mis à part ce cas particulier, j’ai été satisfait de la qualité des travaux des élèves. Après réception des projets, j’ai transmis un retour personnalisé à chacun d’entre eux par Whatsapp où je faisais mes remarques. Aucun des travaux n’a du faire l’objet d’une remédiation. Dès lors, j’ai pu constater que les élèves avaient bien compris comment utiliser un outil tel que Wikipedia et qu’ils étaient désormais capables de pouvoir rechercher de manière autonome des informations précises sur un sujet et de trier les résultats de leur recherche. 

Enfin, j’ai pu me rendre compte que l’enseignement à distance ne posait pas de problèmes pour cette forme de séquence et que ce type de tâche demandé aux élèves était tout à fait réalisable même en dehors des murs de l’école. 

Éducation aux médias

Au travers du projet de recherche proposé aux élèves, j’ai pu transmettre un certain nombre d’éléments liés aux principes d’utilisation des ressources trouvées sur internet. En effet, la méthode de travail intégrait l’attention aux sources (notamment les images) et les citations. La classe n’avait aucun élève à besoins particuliers donc il ne m’a pas été nécessaire d’intégrer de quelconques formes d’adaptations dans mon programme. Les seules particularités étaient celles mentionnées plus haut dans ce travail. À savoir, l’hétérogénéité des accès des élèves au matériel informatique nécessaire et l’acceptation de différents moyens de reddition des travaux. (Annexe 5)

 

 

 

Bibliographie

Sites internets

https://www.swissinfo.ch/fre/societe/l-école-aux-temps-ducoronavirus_l-enseignement-à-distance--un-vecteur-d-inégalités/45689098, L’enseignement à distance, un vecteur d’inégalités, consulté le 18.10.2020.

 

Articles

Perrenoud, P. (2005), Différencier : un aide-mémoire en quinze points, Vivre le primaire, n° 2, mars-avril, 34.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexes 1 :


 

Annexe 2 :


 


Annexe 3 :

 

Annexe 4 :




Annexe 5 :

Annexe 5.jpg 314.87 KB

[1]https://www.rts.ch/info/suisse/11314207-le-spectre-du-decrochage-scolaire-a-lheure-de-la-rentree.html, RTS INFO, émission du 03.05.2020, consulté le 08.05.2020.[2] Perrenoud, P. (2005), Différencier : un aide-mémoire en quinze points, Vivre le primaire, n° 2, mars-avril, 34, P.1