msMITIC 2019

séquence : SCOTCH-MOTION - Initiation à l'animation stop-motion

06.06.2021

Tristan Thévenoz avatar. Tristan Thévenoz

Scotch-motion.jpg 1.41 MB

CONTEXTE

Introduction

Cette séquence didactique en art visuel a pour but de proposer aux élèves une initiation à l’animation en utilisant la technique du stop-motion. Autrefois utilisé pour les effets spéciaux au cinéma comme pour King Kong en 1933, le stop-motion est une technique d’animation utilisant des objets en volume et donnant l’illusion de mouvement. Pour se faire, on prend en photo une scène ou un objet, puis on le déplace un peu et on reprend une photo, et ainsi de suite. L’illusion du mouvement est ensuite créée en faisant défiler les images une par une à l’écran. 

Voici un extrait du film King Kong en stop-motion :


Mais il existe beaucoup d'autres possibilités avec cette techniques, voici quelques exemples :





Le stop-motion est une technique complexe et difficile à appréhender dans le cadre scolaire. Elle nécessite un matériel informatique spécifique, un travail de préparation conséquent, beaucoup de rigueur et un énorme investissement en termes d’espace et de temps. C'est pourquoi j'ai décidé de faire travailler les élèves par groupe en limitant le matériel à un appareil photo (téléphone portable, iPad ou autre) et un rouleau de scotch de carrossier. Ce contexte de travail simple permettra aux élèves d'expérimenter une première approche de l'animation en évitant les projets trop ambitieux tout en garantissant à leurs réalisations d'être de bonne qualité. Cette séquence sera également un bon moyen de travailler autour de la persévérance, qui constitue un des 6 traits de personnalité qui ont un lien étroit avec le développement de la créativité (Lubart & al., 2017).

Après une présentation générale et une analyse de certains exemples en commun avec l’ensemble de la classe, chaque élève expérimentera la technique du stop-motion à travers de petits exercices exploratoires de base: déplacer un objet d’un emplacement à un autre de manière fluide, faire voler un objet ou faire progresser une ligne de scotch de carrossier sur le sol. Ensuite, répartis en petits groupes, les élèves pourront se confronter au travail en collaboration dans une réalisation à visée formative ou l’enseignant pourra intervenir et donner des feedbacks. Une fois que les élèves auront acquis les compétences de bases, ils seront séparés en petits groupes (idéalement de trois) afin de réaliser le projet final en utilisant le scotch et en intervenant, dans les limites du possible, dans différents lieux de l’établissement scolaire.

UTILITÉ DU NUMÉRIQUE

Modèle SAMR

Le passage par les MITIC est essentiel pour une animation en stop-motion. Le proche parent analogue de cette technique est le flip-book qui regroupe les images composant l’animation sous la forme d’un livre à faire défiler soi-même. Cependant, les projets réalisés en classe ont tendance à s’abîmer à force d’utilisation. De plus, cette méthode limite grandement la diffusion et la taille des projets, alors qu’une animation en stop-motion peut être rediffusée infiniment sur des écrans de toutes tailles, ou même projetée sur de grandes surfaces et peut être facilement diffusable à travers nos appareils électroniques. Enfin, l’ordinateur garantit un défilement des images stable et régulier alors que celui du flip-book dépend de la dextérité de ses lecteurs. C'est en cela que la réalisation des élèves fait partie de la catégorie de la redéfinition selon le modèle SAMR de R. Puentedura. De plus, comme le souligne R. Viau dans ces 12 questions sur l’état de la recherche scientifique sur l’impact des TIC sur la motivation à apprendre, le fait d'utiliser des outils technologiques pour réaliser le travail augmente la motivation des élèves à s'engager dans la tâche. Le risque est parfois que leur intérêt ne soit porté que sur l'outil et non sur les apprentissages.

Retour après expérience

J'interviens actuellement dans une école spécialisée auprès d'élèves de 7 à 10 ans. Ces enfants présentent des troubles du comportement et/ou de la personnalité accompagnés de retards scolaires importants. J'ai dû procéder à de nombreux aménagements pour pouvoir donner cette séquence de manière efficace et accessible. Pour leur permettre de s'engager dans la tâche et de maintenir leur attention, il est nécessaire de varier les modalités d'enseignements .À d'autres occasions, nous avons déjà travaillé l'utilisation du numérique sous diverses formes, de la photo à la vidéo en passant par la réalisation de petites animations sur l'ordinateur. Les élèves se sont donc déjà retrouvés face à un long processus de travail. Il n'est cependant pas aisé pour eux de percevoir de manière tangible le résultat final qui devient visible uniquement lors de la dernière étape de création.

À la fin de la séquence, les élèves ont pu apprécier les efforts fournis au préalable en découvrant leurs animations défiler automatiquement sur l'ordinateur. En ce sens, le numérique remplit pleinement ces fonctions.Il est malgré tout nécessaire que les élèves aient bien compris les objectifs de réalisations et la forme finale que prendra le projet afin d'éviter qu'ils se sentent découragés lors du processus créatif long et fastidieux. Il est important ici de noter que selon Lubart et coll., il existe une forte corrélation entre la capacité à être persévérant et la créativité de l'individu. Or, toujours selon les mêmes auteurs, la créativité est nécessaire au développement de la pensée divergente que nous demandons aux élèves de mobiliser dans la suite de leur parcours scolaire.

COMPÉTENCES ENSEIGNANTES
Afin d’assurer la bonne marche de cette séquence, l’enseignant doit :

  • Maîtriser la technique du stop-motion
  • S’assurer que chaque élève possède le matériel nécessaire à la réalisation du projet
  • Maîtriser le programme utilisé pour la création des animations
  • S’assurer de la sauvegarde et du stockage des travaux sous forme numérique durant les différentes étapes de réalisation du travail

J'ai eu l'occasion d'explorer de nombreuses fois la technique du stop-motion à différents moments dans mes études artistiques et cette technique partage beaucoup d'éléments, tels que la décomposition des mouvements ou le cadrage, avec l'animation numérique que je pratique quotidiennement. Actuellement, je me consacre, en parallèle de mes études, au développement de plusieurs petits jeux vidéos en pixel art. Je m’occupe de l'intégralité des visuels tandis que mon collaborateur s'occupe de la programmation. Les jeux que nous développons sont accessibles gratuitement sur navigateurs internet. Je retire beaucoup de plaisir de cette pratique et de la partager avec mes élèves dans le cadre de séquences d'enseignement.

Yes Boss!

Hemit the sluggish caterpillar of the sea

Le principe même de cette séquence à été développé dans le cadre du cours de didactique des arts-visuels lors d'une amorce de création de consignes. Nous avions alors du produire des consignes simples et, à l'aide d'Ipads, réaliser un petit film en stop-motion en suivant les consignes données par les autres étudiants. Les consignes initiales de cette séquences étaient les suivantes:

  • Le matériel est limité au scotch de carrossier
  • L'animation commence avec une ligne de scotch qui évolue petit à petit sur des surfaces planes
  • Le scotch doit ou bout d'un moment quitter la surface pour évoluer dans l'espace tridimensionnel

SQILY

Comme j'avais la chance de déjà posséder la majorité des compétences techniques pour mener à bien ma séquence, je me suis penché sur les compétences Sqily suivantes: 

Compétences : 

  • Utiliser les fonctions de base des ordinateurs de mon école 
  • Réaliser un film d'animation (j'ai d'ailleurs réalisé le brevet pour cette séquence qui n'en comportait pas encore)

ALIGNEMENT PÉDAGOGIQUE

OBJECTIFS 

 A 31 AV — Représenter et exprimer une idée, un imaginaire, une émotion, une perception dans différents langages artistiques  Composantes : 1 en inventant, produisant et composant des images librement ou à partir de consignes 4 en participant à une création collective 5 en utilisant diverses technologies de traitement de l'image

Progression des apprentissages
  •  Choix et utilisation de stratégies et techniques inventives permettant la représentation et l'expression d'une idée, d'un imaginaire, d'une émotion à partir de sollicitations diverses
  • Conception, élaboration et réalisation d'un projet sous forme d'images fixes ou animées en exerçant progressivement la planification et la réalisation par étapes successives du processus créatif et la pratique d'exercices exploratoires favorisant l'originalité et l'innovation

Attentes fondamentales
  • Crée une image dans le but de concrétiser une intention de manière inventive, innovante et appropriée
  • organise son travail pour pouvoir passer de l'intention à la réalisation de façon partiellement autonome  conçoit et réalise des images en réinvestissant ses apprentissages techniques, perceptifs et culturels

A 33 AV —
Exercer diverses techniques plastiques  Composantes : 1en utilisant des techniques audio-visuelles et numériques 3 en maîtrisant des habiletés de motricité globale et fine (souplesse, précision, coordination, pression, rapidité du geste,…) 4 en exerçant et utilisant les éléments plastiques : matières, couleurs et leurs nuances, lignes, surfaces

Progression des apprentissages 
  • Motricité fine Exercice de la précision du geste (remplir des formes, tracé géométrique, construction d'un espace, observation rigoureuse,…) 
  • Ligne Utilisation des différentes qualités de la ligne (ligne esquisse, ligne contour, ligne décorative, ligne de construction) et différentes sensibilités de lignes (épaisse, fine, fluide, brisée,…)
  • Utilisation d'outils de création d'images analogiques, numériques (appareil de photos, caméra vidéo, ordinateur,…)
 
Attentes fondamentales
  • ajuste le geste, la tenue et le tracé de lignes et de formes (précision, pression de la main, amplitude) en fonction d'une demande ou d'une intention
  • varie la qualité, la sensibilité de la ligne et leurs combinaisons en fonction d'intentions
  • Manipuler au moins un logiciel d'images et un appareil numérique Liens FG 31 – MITIC
 

FG 31 — Exercer des lectures multiples dans la consommation et la production de médias et d'informations  Composantes : 2 en analysant des images fixes et animées au moyen de la grammaire de l'image

Progression des apprentissages
  • Recours aux moyens audiovisuels et informatiques adaptés à la tâche à effectuer jusqu'à la production finale (impression de documents illustrés, de séquences filmées, de documents sonores,…)
  • Choix du support et production de réalisations médiatiques selon le travail projeté en utilisant la grammaire de l'image et les principales règles d'ergonomie et de lisibilité

Attentes fondamentales
  • produit un document cohérent en recourant aux appareils audiovisuels et informatiques adaptés à la tâche projetée
  • réalise des productions médiatiques selon les règles des différents supports


CT Collaboration —La capacité à collaborer est axée sur le développement de l’esprit coopératif et sur la construction d’habiletés nécessaires pour réaliser des travaux en équipe et mener des projets collectifs

Prise en compte de l’autre
  • reconnaître les intérêts et les besoins de l'autre
  • échanger des points de vue
  • entendre et prendre en compte des divergences 

 Action dans le groupe
  • élaborer ses opinions et ses choix
  • articuler et communiquer son point de vue
  • participer à l'élaboration d'une décision commune et à son choix
 

STYLE PÉDAGOGIQUE

La conception du travail sera le fruit de recherche et d’échange d’idées entre les élèves, il est donc important que tous les avis soient pris en compte et que les décisions se fassent en commun. Je compte me placer en second plan et intervenir si nécessaire pour aider les élèves dans leurs discussions et ainsi faire en sorte que chacun puisse s'exprimer. Les élèves vont devoir s'organiser dans la production et se répartir les rôles, ce qui représente en soi une difficulté.

Dans le cadre du secondaire 1, la séquence peut débuter par une question de l'enseignant aux élèves: "Comment donner l'illusion du mouvement en utilisant des images?" Après une première phase exploratoire, l'enseignant donne des exemples discutés en classe comme le tutoriel en fin de document le propose ou alors des réalisations issues d'internet. Puis, il les guide dans la réalisation des animations simples en utilisant de petits objets. Une fois les compétences de base maîtrisées, la phase divergente peut alors commencer, phase durant laquelle les élèves expérimentent diverses techniques et idées pour rendre l'illusion du mouvement. Cette expérimentation peut être réalisée en suivant une consigne simple, par exemple "la vie secrète des objets en classe". Durant ces étapes, l'enseignant doit aider les élèves à mettre en place un processus de travail collaboratif et efficace au sein des différents groupes de travail. C'est également pour lui l'occasion de donner des feedbacks et des retours en commun avec l'ensemble de la classe sur les productions réalisées préalablement. Une fois que les élèves ont acquis les compétences nécessaires à la réalisation d'une animation en stop-motion, le travail final ou travail significatif peut commencer. Ici, l'enseignant n'intervient plus auprès des élèves pour les soutenir afin de vérifier ce qu'ils ont réellement appris.

Retour après expérience
Comme mentionné plus haut, j'ai dû adapter ma séquence afin de pouvoir la donner à mes élèves du spécialisé. Dans un tel contexte, les phases exploratoires divergentes sont moins présentes, car les élèves sont encore très jeunes et n'ont pas forcément les compétences nécessaires pour le faire. 
Dans un premier temps, j'ai choisi de leur transmettre les compétences techniques nécessaires à la réalisation d'une petite animation en stop-motion en les accompagnant lors du processus de création. Il s'agit donc d'une réalisation commune entre les élèves et l'adulte. Le fait d'utiliser leurs jouets pour la réalisation de l'animation garantit un engagement ludique et renforcé dans la tâche. La phase préparatoire a duré deux semaines, à raison d'une période par semaine. Le but étant de les familiariser avec le processus de création de l'animation. J'ai aidé les élèves à se répartir les rôles au sein du groupe et je les ai inversés lors de la deuxième semaine afin que chacun puisse expérimenter les différents aspects de chaque rôle (caméraman et animateur). 

ÉVALUATION

Initialement, cette séquence a été conçue comme une activité d'intersemestre lorsqu'il n'est pas possible de mettre de notes. Il est cependant tout à fait envisageable de l'insérer dans le cadre d'une séquence plus large autour de l'animation et de lui attribuer un TS.

Si l’enseignant constate des insuffisances dans les travaux de certains élèves, une remédiation est tout à fait possible. Il pourrait attribuer un travail personnel supplémentaire à réaliser à l'école sur un temps des devoirs surveillés. Le réaliser sur place garantit à chacun un accès au matériel informatique requis pour cette séance. Les élèves auraient alors une nouvelle occasion de montrer qu’ils ont acquis les compétences nécessaires à la réalisation d’une animation en stop motion.

Retour après expérience
Dans notre école, nous ne procédons pas à une évaluation formelle notée concernant les apprentissages. Les élèves sont amenés à passer des tests de compétences dans le cadre d'un projet d'intégration, mais concernant les activités quotidiennes, les feedbacks se font de manière plus informelle. Les objectifs varient en fonction de chaque élève et sont déterminés par le corps enseignant. Ces informations me fournissent un cadre de travail pour proposer des séquences en accord avec les objectifs visés. 

Afin de pouvoir mesurer les progrès que réalisent mes élèves, je procède souvent par observation lors de la répétition des tâches que nous avons abordées préalablement. Cette évaluation diagnostique informelle me permet d'ajuster mes interventions et ainsi mieux accompagner les élèves dans la réalisation des tâches en reprenant certaines notions ou en procédant par feedbacks pour stimuler la métacognition des élèves. Pour cette séquence, j'ai dû continuellement les aider à mesurer la distance de déplacement des éléments mobiles de leurs animations lors des phases formatives. J'ai pu constater une légère amélioration lors de la réalisation finale même si j'ai encore dû intervenir quelquefois pour les aider à conserver un rythme de déplacement régulier dans leur production. 

Au-delà de l'application d'une méthode de réalisation et de l'engagement dans une tâche dans l'intégralité du processus de création, j'avais pour objectif que mes élèves appréhendent la nature même de l'animation numérique et de la vidéo au sens large, c'est-à-dire une succession d'images. Même s'ils ont pu faire l'expérience de cette réalisation, je ne peux pas encore garantir qu'ils se soient vraiment approprié ce concept. Il reste nécessaire de répéter encore l'exercice et d'en affiner certains critères de réalisation comme la fluidité de l'animation. Afin de rendre compte des progrès réalisés, il sera alors possible de comparer les réalisations récentes à des travaux antérieurs..
 
GESTION DE LA CLASSE

Éducation aux médias
Dans le cadre du cours d’arts-visuels, idéalement prévu pour une OCOM, il est possible d’aborder les questions concernant le droit à l’image, mais aussi les droits d’auteurs en regard de l’évolution de la législation concernant le web et la diffusion de contenu. Les jeunes qui choisissent les métiers de l’image pour leur orientation personnelle doivent être sensibilisés et attentifs à ces questions d’ordre légal. Actuellement, certains critères se durcissent, comme récemment avec la modification des conditions d’utilisation de la plateforme de streaming en ligne Twitch ou certains créateurs se sont fait bannir pour avoir utilisé des musiques sans posséder les droits d’utilisation.

De plus, s'il s’agit de mettre en ligne des réalisations pour accompagner un portfolio de travaux personnels, certaines plateformes en ligne sont plus adaptées à accueillir du contenu artistique, par exemple Vimeo plutôt que Youtube. Son système d'encodage est meilleur et permet d'accueillir des vidéos de meilleure qualité.

En ce qui concerne le droit à l'image, il est important d'être à jour avec les règles de l'établissement au cas où les élèves ou leur voix apparaîtraient dans l'animation. Il est donc important d'anticiper ces éléments avant de commencer la séquence. Pour plus d'informations à ce sujet il est intéressant de se référer à la compétence Sqily : "Connaître les contextes juridiques, réglementaires, déontologiques et éthiques d'une production média".

Retour après expérience
Nos élèves représentent une population particulièrement sensible concernant le droit à l'image. De manière générale et dans le respect du droit, nous diffusons ces contenus uniquement de manière interne à l'institution. Il est possible de demander des autorisations de diffusion, mais cela reste rare. La sensibilisation à la diffusion de données personnelles se fait au quotidien avec les élèves pour lesquels cela fait sens.

Dans le cadre de cette séquence, je n'ai donc pas constaté un écart entre mes prévisions et le développement général de ma planification. Comme j'ai eu l'occasion d'accompagner les élèves en permanence, il n'y a pas eu de risques concernant une quelconque diffusion en dehors du cadre scolaire. Nous avons en revanche pu diffuser les réalisations en interne auprès des autres élèves et enseignants dans un cadre sécurisé et bienveillant.

PLANIFICATION
Dans le cas où cette séquence s’inscrirait au sein d’une séquence d’enseignement plus large, elle constituerait une première approche idéale pour aborder les thématiques plus complexes intrinsèques aux films d’animation, comme les plans, le cadrage, le rythme et le découpage du film. Les élèves introduiront certains de ces éléments de manière spontanée lors de leurs premières réalisations. Lors des séquences suivantes, l’enseignant pourrait introduire les nouvelles notions en s’appuyant sur les réalisations préalables des élèves.

Comme ce type de travail requiert un contexte particulier, j’envisagerais une séquence complète sur l’animation dans un cursus d’OCOM où les exigences et l’investissement requis de la part des élèves sont plus importants. Dans le cadre de la préparation d’un projet personnel, une telle séquence pourrait facilement occuper un semestre entier, comprenant différentes étapes de création, de la conception de l’histoire à la création des décors et objets jusqu’à la prise de vue et enfin, le montage.

Pour ce faire, il est nécessaire de garantir l’accès à du matériel pour tous les élèves durant l’entier de la séquence. Les attentes en termes de réalisation doivent rester réalistes et, selon moi, l’ensemble de l’animation doit être réalisable sur le temps scolaire uniquement afin d’éviter de trop grandes inégalités entre les élèves.

Pour réaliser cette séquence et l'adapter au niveau de mes élèves, j'ai choisi le modèle d'appareil photo le plus large de l'institution pour simplifier la prise de vue, car mes élèves peuvent parfois avoir des difficultés à appuyer sur le déclencheur ou à manipuler un appareil avec de nombreux petits boutons. Nous avons ensuite utilisé les programmes disponibles sur les ordinateurs macs de l'école pour les différentes étapes de travail.

Transfert d'images pour télécharger les photos depuis l'appareil sur le poste de travail
iStopMotion pour la création du fichier gif animé

La séquence s'est déroulée sur un total de 3 périodes à raison d'une période par semaine. Les élèves ont réalisé à chaque fois des prises de vues, déposé les images dans l'ordinateur et enregistré la production au format gif dans un fichier sur le poste.

Le faible nombre d'élèves dans le groupe me permet d'apporter une aide continue en ce qui concerne d’éventuelles difficultés de manipulation des appareils ou de navigation avec l'ordinateur. D'autres documents de soutien ne seraient pas utiles ici, car mes élèves ne sont pas encore des lecteurs autonomes.

Retour après expérience
La séquence s'est déroulée comme prévu dans le temps imparti. Cependant, comme je l'ai mentionné plus haut, les compétences acquises par mes élèves lors de cette séquence ainsi que leur appréhension du médium me paraissent encore fragiles. Il m'apparaît donc comme une évidence que ce travail n'est pas terminé. Pour la suite, je compte varier les modalités et continuer de travailler autour de l'animation afin de renforcer les acquis et permettre aux élèves de s'épanouir de manière plus autonome. Les possibilités sont nombreuses et après avoir répété l'exercice, je compte proposer aux élèves de réaliser une animation en stop-motion utilisant leurs corps.


DÉROULEMENT
Lors des réalisations d'entraînement durant les deux premières semaines, j'avais pour objectif principal de rendre visible la totalité du processus d'animation, de la prise de vue à l'assemblage des images dans l'ordinateur. Le tout en une période (ici une heure) afin de rendre clairs l'objectif de réalisation final et l'ensemble des étapes de réalisation. Ce choix est motivé de par le fait que je n'ai pas l'opportunité de laisser le matériel en place une semaine entière, mais aussi pour que les élèves puissent se familiariser avec chaque étape de création dans le but de renforcer leur autonomie lors de la réalisation du travail final. Lors des deux premières réalisations, nous avons commencé par sélectionner le matériel, les jouets, et définir un espace de travail précis, délimité par de grandes feuilles de carton de couleur. Puis en s'inspirant des moments de jeux, nous avons défini l'action, c'est-à-dire le scénario. Lors de cette étape, il est important de veiller à ce que le scénario soit le plus simple possible pour ne pas se lancer dans une réalisation trop complexe ou trop longue et garantir un résultat à la fin de l'heure (par exemple deux playmobiles arrivent devant un château hanté, toque à la porte, la grille s'ouvre et un squelette et un vampire effrayent et poursuivent les deux playmobiles). Ensuite j'aide les élèves à se répartir les rôles pour la réalisation du travail. Une fois la scène installée et les rôles définis, le travail peut commencer. Lors de la prise d'images, je supervise l'ensemble du travail. Je dois m'assurer que les élèves prennent correctement les photos et supervise les espacements des éléments mobiles de l'animation pour que celle-ci reste lisible. Je donne également des conseils aux élèves animateurs pour que l'animation soit le plus fluide possible. Une fois la prise de vue terminée nous allons dans la salle informatique et les élèves effectuent le branchement de l'appareil photo à l'ordinateur sous ma supervision. Je les guide ensuite dans l'importation des images vers le programme iStopMotion. À la fin de l'heure, nous avons le plaisir de voir le travail des élèves prendre vie. Pour cette histoire, les élèves ont été ambitieux et on essayé de développer une histoire autour d'une bande d'amis qui part pic-niquer et dormir dans la forêt. Ce scénario peut sembler simple, mais en réalité il y a une multitude d'éléments à prendre en compte et à faire bouger. Il est difficile pour mes élèves de garder en tête la totalité des éléments de l'histoire et j'ai dû souvent intervenir pour les aider. De plus, ce film comporte plusieurs plans avec des points de vues différents, ce qui a conduit mes élèves vers davantage de confusion lors de la réalisation de l'animation. (Un des élèves a insisté pour que Christiano Ronaldo nous accompagne lors de la réalisation des courts-métrages, j'ai dû accepter sa présence à la suite d'un compromis)

Le pic-nic compressé.gif 6.14 MB

La semaine suivante, nous commençons par visualiser la réalisation antérieure afin de déterminer les éléments à améliorer. Je demande aux élèves leur avis concernant le premier film, puis je leur suggère les éléments à travailler davantage lors de la deuxième réalisation. De nombreuses pistes d'améliorations sont présentes, comme la présence des mains dans le décor et des problèmes de mise au point avec des images parfois floues. Avec cette première expérience, les élèves ont pu se rendre compte de la difficulté de l'exercice et du temps de réalisation nécessaire. J'ai donc imposé aux élèves de simplifier davantage le scénario afin d'avoir une histoire simple, mais plus facilement compréhensible. J'ai également encouragé les élèves à faire davantage usage du plan fixe pour simplifier le travail. Pour le deuxième film, nous avons répété les mêmes opérations en inversant les rôles de réalisation.
Le chateau hanté compressé.gif 11.71 MB

Concernant le deuxième film, je constate que certains problèmes ont pu être corrigés, le film est plus simple, un peu plus fluide et beaucoup plus compréhensible. Il reste toutefois des problèmes de mise au point, mais qui restent relativement légers. Globalement, je suis satisfait de l'évolution et de l'investissement des élèves dans la tâche.

Enfin, pour la réalisation finale, j'ai choisi de leur imposer le scotch de carrossier comme matériel pour le film d'animation. Ce changement a quelque peu décontenancé les élèves, mais après une brève démonstration, je leur ai suggéré de travailler le scotch comme un serpent et l'exercice est devenu clair pour eux. Ils ont même pu investir le matériel au-delà de mes prévisions en choisissant d'augmenter le serpent en lui rajoutant des détails au stylo comme les yeux. Le fait de ne pas respecter la limitation du matériel ne me pose pas de problème dans ce contexte, car c'est le processus de création de l'animation qui prime sur l'inventivité. Dans le cadre du secondaire 1, cette limite est là pour encourager les élèves à être créatifs et trouver des solutions originales aux problèmes liés au matériel imposé. Les élèves ont spontanément choisi d'animer leur serpent sur la table, et de le faire ensuite descendre dessous pour créer une boucle (la consigne était de faire évoluer le scotch dans la classe). Malheureusement, un des élèves à très vite abandonné le groupe, j'ai choisi de le remplacer pour permettre aux autres élèves d'aller au bout de l'activité. Rester engagé dans un tel travail représente un défi de taille pour ces élèves et beaucoup de facteurs externes à l'activité peuvent venir en perturber la bonne marche du travail. Le fait de pouvoir travailler sur une période plus longue permettrait sûrement à la majorité des élèves de s'investir et de progresser lors de la réalisation du projet.
Ouroboros.gif 11.54 MB
En prenant en compte les facteurs extérieurs et les difficultés à maintenir l'intérêt des élèves dans la tâche cette fois-ci, je reste positif quant à cette réalisation. Je peux tout de même observer que le cadrage reste un élément à travailler davantage, surtout concernant la partie sous la table, et que les difficultés de mise au point persistent. Mais les élèves sont quand même arrivés au bout du projet ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Je compte pour la suite imposer un plan fixe pour que les élèvent se concentrent uniquement sur la décomposition du mouvement et le rythme de l'action.

Je pense que c'est la répétition des tâches qui a permis aux élèves de progresser en regard de certains des enjeux liés à l'animation, comme la décomposition du mouvement régulière qui donne une animation fluide ou encore une meilleure prise en main et manipulation de l'appareil photo, bien que des progrès restent à faire. Il s'agit là pour moi du facteur de réussite principal par rapport aux autres éléments ayant un impact motivationnel tel que la valorisation des réalisations par des tiers ou l'usage de jouets qui mobilisent leurs affects au service de la tâche. En revanche, le fait d'avoir réalisé les animations sans limiter les modalités de réalisations telles que l'usage de différents points de vues a pu contribuer à ajouter une couche de complexité qui a pu empêcher les élèves de se focaliser complètement sur les apprentissages visés. Un point de vue fixe avec un appareil installé sur un trépied aurait permis aux élèves de progresser plus rapidement tout en simplifiant la tâche.

BIBLIOGRAPHIE:
Lubart T., Mouchiroud C., Tordjman S., Zenasni F., Psychologie de la créativité, Armand Colin, Paris, 2017

Article en ligne
Viau, R., 12 questions sur l’état de la recherche scientifique sur l’impact des TIC sur la motivation à apprendre, http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/LME/lombard/motivation/viau-motivation-tic.html

Vidéos en ligne
Tiff Originals. (2015, 11 décembre). JOHN LANDIS on KING KONG | Magic Motion: The Art of Stop Motion [Vidéo]. YouTube.


notblu. (2008, 9 mai). MUTO a wall-painted animation by BLU [Vidéo]. YouTube.

Un Jour Sans Film (2015, 26 mai). Making Of- Les Noces Funèbres (Making Puppets Tick-Corpse Bride) [Vidéo]. YouTube.

Nicolas Carnol. (2017, 16 novembre). TUTO: ANIMER EN STOP MOTION SANS MATOS ! [Vidéo]. YouTube.