La séquence consiste en une leçon d'anglais qui aborde un aspect de grammaire en utilisant l'outil Plickers pour évaluer instantanément et de manière ludique le degré de compréhension de la classe et, àpostériori, pour voir quels élèves auront besoin d'explications supplémentaires. La séquence a été conçue pour deux classes de 1ère année de gymnase voie maturité. Dans ces deux classes, j'ai déjà essayé plusieurs fois d'utiliser les MITIC pour évaluer l'apprentissage des élèves en fin de leçon afin de comprendre quels aspects sont acquis, quels éléments doivent être repris en classe et quels élèves nécessitent d'explications ou d'exercices supplémentaires. Pour faire cela, j'ai utilisé principalement Mentimeter (qui me permettait de voir quels mots du vocabulaire à apprendre représentaient des difficultés pour les élèves) et Google Forms (qui me permettait de voir les besoins individuels de chaque élève). Cependant, beaucoup d'élèves n'ont pas une connexion internet et, même si j'avais fait en sorte que les élèves pouvaient envoyer plusieurs réponses (ou une seule réponse pour deux élèves) avec un seul dispositif, un tiers de la classe n'a pas répondu au sondage. En outre, la troisième fois que j'ai proposé cette activité une élève m'a approché en me priant de ne plus prévoir d'activités similaires parce qu'elle était sensible aux ondes électromagnétiques et que le nombre élevé de connections en même temps lui donnait des maux de tête. J'ai donc décidé de prévoir une séquence avec Plickers, qui me permet de ne pas renoncer aux rétroactions précises et rapides possibles grâce aux outils numériques sans désavantager aucun des élèves, vu que Plickers ne demande aucune connection à internet de la part des élèves. En effet, chaque élève reçoit une feuille avec un code carré et une lettre (A, B, C ou D) sur chacun de ses quatre côtés. Pour répondre, les élèves doivent tourner le carré de manière que la lettre correspondante à la réponse correcte se trouve vers le haut. Chaque code est unique, ce qui permet à l'enseignant de voir les réponses de chaque élève et en même temps empêche que les élèves voient les réponses de leurs camarades de classe (les lettres sont trop petites pour être vues par les autres).

Ensuite, l'enseignant enregistre les réponses des élèves dans l'application en scannant la classe avec son smartphone ou tablette. Vu que Plickers ne requiert pas l'utilisation des smartphones des élèves (en évitant ainsi toutes les distractions que cela engendre), cela me permet de l'utiliser plusieurs fois tout au long de la leçon, offrant donc une meilleure alternative aux applications que j'avais déjà testées en classe ou à l'interrogation casuelle d'un nombre restreint d'élèves. L'objectif principal sera donc de permettre aux élèves de démontrer leur niveau de compréhension de manière ludique, rapide et sans peur d'être jugées par les camarades de classe, vu que les réponses individuelles sont difficiles à déchiffrer par les autres. 

Utilité du numérique
L’application Plickers permet la récolte et l’élaboration instantanées des réponses de tous les élèves, ce qui donne à l’enseignant la possibilité de présenter les résultats tout de suite et d’adapter le contenu de sa leçon en fonction du niveau de compréhension. Cela peut être fait en trois moments : au début de la leçon, sous forme d’évaluation diagnostique, pour savoir ce que les élèves connaissent déjà et orienter l'enseignement (Mottier-Lopez, 2015) ; pendant la leçon, pour vérifier si les élèves ont compris ce qui vient d’être expliqué ; à la fin de la leçon, pour comprendre sur quels aspects il faudra se concentrer lors de la leçon suivante. Tout cela ne serait pas faisable sans l’aide du numérique. En outre, grâce au fait que les codes sont uniques et que les lettres sont très difficiles à lire par les autres élèves, Plickers permet de rendre anonymes les réponses des élèves, donnant ainsi une chance de s'exprimer sans peur même aux élèves plus timides. Donc, cette séquence se situe au niveau Augmentation du modèle SAMR.
Les deux classes ont accueilli Plickers avec intérêt et enthousiasme et chaque élève a répondu à toutes les questions, ce qui m’a permis de connaitre en temps réel les éléments qui avaient été acquis et ceux qui étaient encore problématiques pour une partie de la classe. Cela aurait été impossible sans l'aide du numérique, car j’aurais dû soit corriger les réponses écrites des élèves soit organiser un quiz par levée de main, ce qui aurait pu influencer les réponses des élèves et rendre les résultats de l'évaluation formative moins fiables.

Compétences enseignantes
L’enseignant doit maitriser les fonctions de base des outils numériques, savoir utiliser les dispositifs mis à disposition par l’établissement et savoir à qui s’adresser en cas de problèmes techniques (Utiliser les ressources numériques de son environnement de travail). De plus, l’enseignant doit avoir en tête les principes de la ludification/gamification de l’apprentissage (Gamifier/Ludiciser sa classe avec le numérique) et doit prendre en compte l’éducation aux médias (Connaître les contextes juridiques, réglementaires, déontologiques et éthiques d'une production média). Je suis devenu expert dans les deux premières compétences, mais je dois encore valider la troisième.

Objectifs
L'objectif disciplinaire principal de la séquence est "Elargissement progressif de la maîtrise des structures fondamentales de l’anglais en contexte" (DGEP, 2020). Cela sera fait à travers l'enseignement des pronoms relatifs et des propositions relatives, qui sont très communs en anglais, mais qui représentent un sujet assez compliqué pour les élèves. L'application Plickers permet d'identifier rapidement les éléments qui sont problématiques pour les élèves et, en même temps, de donner aux élèves la possibilité de s'exercer en classe de manière plus ludique et stimulante qu'en faisant les exercices du manuel individuellement. Les habiletés demandées aux élèves sont de l'ordre de la compréhension, de la restitution et de l'analyse, selon le type de question. 

Style pédagogique
Dans cette séquence, l’enseignant transmet d’abord ses connaissances aux élèves et guide ensuite les apprenants à travers leurs processus d’apprentissage, en leur permettant de tester leur niveau de compréhension et de combler les lacunes en identifiant les éléments qu’ils ne maitrisent pas encore. Même si les élèves ont un rôle actif lorsqu’ils répondent aux questions individuellement, ils n’ont pas l’opportunité de créer des questions ni d’utiliser directement un dispositif électronique, vu que c’est seulement l’enseignant qui a préparé les questions et qui recueille les réponses des élèves à l’aide d’un smartphone. Cependant, une fois que les élèves se sont familiarisés avec l’outil Plickers, il serait envisageable de prévoir d’autres séquences qui permettent aux élèves de présenter eux-mêmes un aspect grammatical ou du vocabulaire en anglais à un petit groupe d’élèves en utilisant Plickers pour évaluer le niveau de compréhension et apprentissage de leurs camarades de classe. En alternative, ils pourraient travailler en groupes pour préparer avec Plickers un quiz de révision sur un aspect qui a déjà été présenté en classe. J’ai fait le choix de ne pas inclure une activité de ce type parce que mon but principal est de connaître le niveau de compréhension des élèves au début, au milieu et à la fin de la leçon pour adapter mon enseignement. En outre, je voulais aussi rendre la leçon plus active pour tous les élèves (et non seulement pour ceux qui répondent aux questions) et en même temps plus fluide. Cela implique que les questions doivent être préparées avant le cours, ce qui implique une certaine familiarité avec le site et l’application Plickers. J’ai donc choisi de leur permettre de prendre connaissance de cet outil du côté élève et, selon leurs réactions et leur charge de travail, envisager une éventuelle activité qui leur permette de tester l’outil du côté enseignant. 
Les élèves ont apprécié le rôle qui leur avait été confié. La classe était très attentive pendant l’explication des règles et posait fréquemment des questions. Pendant les évaluations formatives, les élèves étaient très motivés en raison du côté ludique de l’exercice, même si quelques élèves auraient apprécié une activité plus compétitive avec un classement final. Pendant ces moments, ils se sentaient au centre de l’action et cela les motivait à rester attentifs lors des explications pour avoir un meilleur résultat lors du quiz suivant. Les élèves ont également exprimé leur intérêt à créer un quiz Plickers avec des questions de compréhension à soumettre au reste de la classe à la fin de leur exposé. Par conséquent, je vais créer une marche à suivre pour créer des quiz avec Plickers et prévoir une période en salle d’informatique pour permettre aux élèves de les préparer.

 

Évaluation
Cette séquence prévoit deux types d’évaluation : diagnostique (au début) et formative (au milieu et à la fin). Toutes ces évaluations sont au service des apprentissages et visent à fournir le meilleur cours possible pour les élèves, selon les principes de l'Assessment for Learning (Allal & Laveault, 2009). Les élèves recevront des rétroactions collectives pendant les deux leçons et une rétroaction individuelle dans la semaine qui suit la fin de la séquence. Les rétroactions collectives porteront sur les erreurs principales et sur les stratégies pour les éviter. En revanche, la rétroaction individuelle finale présentera les réponses individuelles de chaque élève, une note indicative et un commentaire qui résume les aspects qu’ils ont intégrés et ceux sur lesquels ils doivent encore travailler, ainsi que de potentielles stratégies à adapter. Les élèves auront ensuite la possibilité de poser des questions à l’enseignant à propos du contenu de la rétroaction individuelle. Ce dispositif d'évaluation leur permet donc de commencer le processus d'autorégulation, qui est à la base de tout apprentissage significatif (Hattie & Timperley, 2007), et, s'ils en ont besoin, de demander à l'enseignant de les aider à atteindre l'objectif. 
Les évaluations se sont déroulées comme prévu. Dans chaque leçon, les élèves ont démontré de bonnes connaissances de base lors des évaluations diagnostiques (entre 71 % et 81 % de réponses correctes). Ensuite, plusieurs difficultés sont apparues lors de la première évaluation formative après l’explication des règles plus compliquées et des exceptions (entre 46 % et 58 % de réponses correctes). Finalement, les élèves ont montré une bonne compréhension lors de la dernière évaluation formative (entre 73 % et 90 % de réponses correctes). Par conséquent, la première évaluation formative a permis d’identifier les éléments les plus problématiques et de les expliquer à nouveau lorsqu’il y avait beaucoup de réponses erronées dans une certaine question. Cela s’est visiblement révélé utile, car les élèves ont amélioré leurs résultats entre la première et la deuxième évaluation formative. Donc, le dispositif d’évaluation était au service des apprentissages des élèves et m’a permis de vérifier l’efficacité des explications que j’avais données. 

Éducation aux médias
Les élèves seront informés de leur droit à l’image et du fait que l’enseignant ne prend pas de photos lorsqu’il fait le scan de la classe avec son smartphone et que, par conséquent, aucune image des élèves ne sera gardée sur le dispositif ou sur un serveur externe. En outre, l’enseignant portera l’attention sur le fait que les images et les citations qu’il utilise dans ses présentations PowerPoint et dans les questions Plickers sont libres de droits et que leurs sources sont toujours mentionnées. Il leur explique qu’il veut qu’ils fassent la même chose lors de toutes leurs productions (numériques ou physiques).
Les élèves ont bien compris le fait que leur droit à l’image n’était pas menacé lorsque j’enregistrais leurs réponses. De plus, étant donné que les élèves ont exprimé leur intérêt à préparer un quiz Plickers, j’ai insisté à nouveau sur l’importance de ne choisir que des images libres de droits, en leur suggérant d’utiliser Pixabay, et de citer leurs sources à la fin du quiz. Les élèves ont montré une bonne compréhension des enjeux liés à l’utilisation d’images trouvées sur internet et ont également posé des questions pour être sûrs d’avoir bien compris.

Planification
La séquence consiste en deux périodes de 45 minutes sur deux semaines (une période par semaine est dédiée à la grammaire). Elle se focalisera sur l'utilisation des pronoms relatifs et des propositions relatives, en faisant référence à l'unité du livre de cours correspondante et en les mettant en relation avec les éléments que les élèves maitrisent déjà. Elle permettra de comprendre si les élèves ont besoin de plus de temps pour intégrer les nouvelles notions ou si, au contraire, ils sont déjà prêts pour les mettre en œuvre et pour passer à un autre aspect de grammaire. L'utilisation de l'application Plickers sera la même pour les deux périodes et sera divisée en trois moments : au début de la leçon (5-10 minutes), après les premières explications (5 minutes) et à la fin de la leçon (5 minutes + 5 de rétroaction et interprétation des résultats). Cela permettra de comprendre l'évolution du niveau de compréhension des élèves afin de réguler le contenu de la leçon et, éventuellement, la structure de la deuxième période.
Au début de la première période, après avoir distribué les cartes Plickers, une diapositive de la présentation PowerPoint montrera la marche à suivre pour répondre aux questions (voir image ci-dessous), et l'enseignant vérifiera que tout le monde a compris avec un exemple de question.

Après le premier questionnaire (10 minutes), l'enseignant commentera les résultats et présentera le plan pour la leçon, qui sera adapté en fonction des difficultés relevées par l'évaluation diagnostique. Ensuite, il présente les premiers aspects de grammaire et fera quelques exercices avec les élèves (10 minutes), avant de passer au deuxième questionnaire (5 minutes). En fonction des résultats, l'enseignant explique encore les éléments qui viennent d'être abordés ou passe aux aspects suivants, en proposant des exercices individuels avec correction en plénière pour répondre aux questions des élèves (10 minutes). L'enseignant lancera donc le dernier questionnaire et, ensuite, présentera les résultats en demandant aux élèves de l'aider à les commenter et interpréter. Sur la base des éléments qu'ils et elles ont identifiés, les élèves et l'enseignant s'accordent sur le contenu de la leçon suivante et sur les devoirs à effectuer en préparation (10 minutes). La même structure sera suivie lors de la deuxième période, avec quelques minutes en plus vers la fin pour les dernières questions sur le sujet et pour discuter de la possibilité de prévoir une séquence qui permette aux élèves de créer de questionnaires Plickers sur un aspect grammatical ou du vocabulaire qu'ils ou elles vont expliquer à un petit groupe d'élèves.
Dans la préparation de la séquence, il est important de tenir compte des limites de la séquence.  Le premier questionnaire prendra sûrement plus de temps que les suivants ; l'enseignant prévoit donc 10 minutes pour le début de la première période et 5 pour la deuxième période. En outre, même si les réponses individuelles sont très difficiles à discerner par les autres élèves, certains élèves pourraient se sentir mal à l'aise. Notamment, dans une des deux classes il y a un élève avec le syndrome d'Asperger, qui est parfois gêné par les situations où il se sent au centre de l'attention. Au début de la leçon, je devrai donc rassurer la classe du fait que leurs camarades de classe ne pourront pas voir leurs réponses et préciser qu'il s'agit seulement d'évaluations formatives. 
La leçon s’est déroulée comme prévu, mais le plan s’est révélé relativement ambitieux, car les trois quiz prenaient beaucoup de temps. Si je devais proposer à nouveau une séquence avec Plickers, j’enlèverais le premier quiz (évaluation diagnostique) pour laisser plus de temps pour les rétroactions et pour l’interprétation des résultats avec les élèves à la fin de la leçon. Cependant, toutes les parties de la leçon ont pu être présentées comme prévu et je n’ai dû renoncer à aucune activité. L’élève avec le syndrome d’Asperger était beaucoup plus à son aise que d’habitude parce que personne (sauf l’enseignant) ne pouvait déchiffrer sa réponse. L’activité m’a également permis d’évaluer les compétences des élèves les plus timides en dehors des évaluations sommatives et sans les mettre sous pression. 

Déroulement
Les deux leçons se sont déroulées comme prévu dans les deux classes. L’utilisation des cartes Plickers s’est révélée être très intuitive pour les élèves, grâce à la diapositive explicative (voir ci-dessus) et aux questions d’essai. Les élèves étaient étonnés par la rapidité du scan et ont apprécié le fait qu’ils pouvaient vérifier que leur réponse avait été enregistrée en contrôlant si leur nom était surligné sur l’écran. Dès que je montrais les graphiques avec la distribution des réponses et la réponse correcte, je demandais à quelqu’un d’expliquer pourquoi les autres réponses étaient fausses et il y avait toujours plusieurs élèves qui levaient la main pour répondre. J’étais très satisfait de la participation des élèves, surtout vu qu’il s’agissait d’un élément très essentiel pour la bonne réussite de la séquence. L’enjeu principal de la séquence était la difficulté des élèves à se concentrer immédiatement après le quiz. Dans l’une des deux classes, il m’a fallu rappeler plusieurs fois l’attention des élèves et leur demander de suivre attentivement mes explications, car elles auraient été utiles pour obtenir un bon résultat lors du quiz suivant. Une possible solution serait de ne proposer qu’un seul quiz par leçon (au milieu ou à la fin), ce qui limiterait les pertes de temps dues à la dissipation des élèves. D’ailleurs, je ne crois pas que l’utilisation fréquente de Plickers pour plus qu’une fois par période soit utile : les élèves étaient déjà beaucoup moins motivés par l’activité lors de la deuxième période, même s’ils répondaient toujours avec plaisir à répondre aux questions. Par conséquent, je ne vais plus proposer des leçons avec une utilisation si fréquente de Plickers, qui reste néanmoins un outil très précieux pour l’évaluation instantanée du degré de compréhension des élèves et pour faire de courts sondages.

Allal, L., & Laveault, D. (2009). Assessment for learning : Évaluation-soutien d’apprentissage. Mesure et évaluation en éducation, 32​(2), 99-106.

DGEP. (2020). École de maturité : Plan d'études et liste des examens. DGEP. https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/organisation/dfj/dgep/dgep_fichiers_pdf/DGEP_brochure_EM_web.pdf

Hattie, J., & Timperley, H. (2007). The Power of Feedback. Review of Educational Research, 77(1), 81-112.

Mottier Lopez, L. (2015).​ Évaluation formative et certificative des apprentissages.​ De Boeck.

Plickers. (n.d.). Standard Set of Cards #1-40. https://assets.plickers.com/plickers-cards/PlickersCards_2up.pdf