Ma séquence d’enseignement a été effectuée avec une classe de 8H en cours de géographie. J’enseignais alors dans l’établissement primaire et secondaire du Mont-sur-Lausanne, et nous avions la chance d’avoir une quinzaine d’Ipads à disposition pour la classe. C’est donc sur ces appareils que nous avons réalisé cette séquence. Elle a été mise en place durant les semaines qui ont suivi le confinement dû au Coronavirus, à savoir entre fin mai et mi-juin 2020. Les conditions pédagogiques étaient alors particulières puisqu’aucune évaluation n’allait être effectuée jusqu’à la fin de l’année. Je me suis donc permise de m’éloigner quelque peu du programme officiel de fin de 8ème pour la géographie et de créer une séquence d’enseignement en incluant les MITIC, sur le thème des drapeaux et capitales du monde. La séquence entière a duré entre deux et trois semaines. 

Tout d’abord, les élèves ont réalisé diverses activités pour se familiariser avec les drapeaux et capitales du monde. Par exemple, par groupe, ils-elles avaient pour tâche de créer un mot croisé intégrant une liste de pays qui leur avait été donnée. Ils-elles avaient accès à des Ipads pendant cette activité, pour pouvoir aller chercher des informations sur les pays qui leur avaient été attribués. Cette première phase avait eu beaucoup de succès auprès des élèves, qui dans leur grande majorité appréciaient beaucoup de pouvoir se mettre à la place de l’enseignant-e en créant le matériel pédagogique que leurs camarades allaient ensuite utiliser. En effet, une fois leur mot croisé créé, j’en faisais des copies et les faisait remplir par les autres équipes de la classe. Les élèves se retrouvaient donc à remplir les grilles créées par leurs camarades mais également à corriger leurs propres grilles chez leurs camarades qui tentaient de les remplir à leur tour. 

Cet échange riche auprès des élèves m’a donné l’idée de renverser les rôles une fois de plus, mais cette fois-ci dans le cadre de la création de quiz sur la plateforme www.Kahoot.com . Les élèves de cette classe étaient déjà familiarisés à cette plateforme puisqu’il m’était déjà arrivé de l’utiliser pour les tester sur différentes compétences au cours de l’année. Les élèves appréciaient généralement beaucoup de participer à ce genre de quiz. Cette fois-ci cependant, j’ai donc décidé de les mettre en action d’une manière différente en les faisant créer eux-elles-mêmes un quiz Kahoot, dans l’optique de le faire passer à leur camarades par la suite, à la manière de l’activité de mots croisés que nous avions faite au préalable. 

 

L’intégration des MITIC dans cette séquence a pour moi été très pertinente car elle a grandement aidé à maintenir l’intérêt des élèves, qui se voyaient heureux de travailler sur un support différent de celui qu’ils-elles avaient l’habitude d’utiliser (fiches et livre de géographie fournis par les Moyens d’Enseignement Romands). L’occasion pour elles-eux de créer des quiz, qu’ils-elles avaient par ailleurs l’habitude d’utiliser en tant que participant-es, a semblé beaucoup leur plaire et leur a permis d’assimiler la matière (drapeaux et capitales) au travers d’un apport double : à la fois en répondant aux questions de leurs camarades, mais également en devant chercher les informations pour créer leur propre quiz en équipe. 

 

Pour mener à bien cette activité, il m’a fallu me familiariser avec l’outil Kahoot et créer un compte Gmail pour la classe (www.gmail.com). De cette façon, les élèves avaient une adresse mail à laquelle se connecter, et un seul et même mot de passe à retenir. De plus, tous les quiz étaient recensés sous le même compte, ce qui facilitait le travail sur plusieurs périodes différentes et permettait d’éviter de perdre trop de temps à la connexion (perte d’identifiant, de mot de passe etc.). 

 

 

 

Comme expliqué plus haut, cette séquence a été réalisé dans le cadre exceptionnel de la fin de l’année scolaire 2019-2020, au retour du confinement. Dans cette disposition particulière, cette séquence ne s’est introduite dans aucun objectif spécifique du PER. Nous avions bien avancé dans le programme de 8ème et c’est pourquoi je me suis permise de leur proposer une activité qui relevait plutôt de la culture géographique générale en leur faisant découvrir les drapeaux et capitales des pays du monde pour la durée de cette séquence. 

 

J’ai pris en compte l’éducation aux médias en leur montrant dans les détails les différentes fonctionnalités de la plateforme Kahoot, et en ayant diverses discussions en classe entière sur l’utilité de cet outil. Je leur ai également rappelé les éléments clés pour effectuer une recherche efficace sur un moteur de recherche tel que Google par exemple.  Les élèves m’ont surprise par leur capacité de méta-réflexion, en relevant les aspects ludiques et didactiques des quiz Kahoot. La possibilité de participer tous-tes ensemble à une activité, et de voir en direct l’avancée des scores dans le cadre d’un quiz que l’on fait passer à la classe entière est notamment ressorti comme un des avantages de la plateforme et de l’utilisation des technologies de l’information de manière générale. Les élèves ont également apprécié de pouvoir facilement ajouter des images dans leurs quiz Kahoot et ont soulevé cet élément comme un avantage de l’utilisation de cet outil.  L’éducation aux médias a été un élément tout à fait facilitant dans cette séquence précise puisqu’ils avaient à la fois la plateforme à disposition, ainsi que des moteurs de recherche pour trouver les informations dont ils avaient besoin.

Le fait de mettre les élèves dans le rôle de créateurs et créatrices de contenu leur a donné un sens tout différent de la tâche qu’ils avaient à accomplir et j’ai pu observer un investissement supérieur à d’autres activités proposées de manière plus traditionnelle. J’utilise depuis ce mode de fonctionnement dans d’autres branches également et cherche souvent à mettre les élèves à la place du savant, les encourageant à trouver des manières efficaces de transmettre leur savoir aux autres. 

 

Le principal retour que j’ai observé au cours des quelques semaines qu’a duré la mise en pratique de cette séquence d’enseignement est que l’investissement des élèves dans la tâche qui leur était donnée était tout à fait positif et productif. Je l’ai notamment observé au fait que mon rôle était de plus en plus diffus, au fur et à mesure de la séquence. En effet, j’ai été très présente au début, leur expliquant en détail comment naviguer sur la plateforme et les aidant à se familiariser avec, ainsi qu’en les guidant vers des recherches d’informations efficaces. A partir de là cependant, les équipes ont rapidement pris de l’assurance et de l’autonomie et ont réussi à avancer de plus en plus indépendamment dans l’activité, jusqu’à finaliser leur propre quiz. La plateforme Kahoot étant passablement intuitive, il était très simple pour les élèves de s’y orienter et ils-elles se sont tous rapidement habitués à cet outil. Le fait qu’ils-elles aient été en équipe constituait également un avantage à ce stade-là, puisque les élèves plus à l’aise face à l’environnement numérique pouvaient aider leurs camarades qui avaient plus de peine. 

 

A nouveau, à cause des circonstances particulières de la fin de l’année scolaire 2019-2020, je n’ai pas eu à faire d’évaluations académiques. Cependant, toutes les équipes avaient pour consigne d’aller jusqu’au bout de leur quiz afin de pouvoir le faire passer au reste de la classe au terme de la séquence. Cet objectif a été atteint pour toutes les équipes, et chacune a eu l’occasion de faire passer son quiz au reste de la classe. Cette évaluation, bien qu’informelle, rejoint le mode d’évaluation appelé « évaluation par les pairs » présenté notamment dans le modèle de l’Assessment for Learning par Allal et Laveault (2009), qui préconise une évaluation au service des apprentissages. Dans cette séquence en effet, l’évaluation venait uniquement clore la tâche qui avait été faite par les élèves : si un problème n’avait pas été réglé par une équipe, il apparaissait inévitablement lors de la réalisation du quiz par la classe entière. Les élèves pouvaient alors se faire des retours mutuels. 

 

Des exemples de quiz réalisés par des élèves se trouvent aux liens suivants : 

 

 

 Education aux médias

Le fait d’avoir pris du temps pour familiariser les élèves avec l’utilisation efficace d’un moteur de recherche a été la première étape de l’intégration de l’éducation aux médias dans ma séquence. Discuter avec les élèves de leur expérience face aux technologies en classe et des avantages et inconvénients qu’ils observent a aussi été très instructif et a permis de mettre en lumière certains éléments importants. L’importance de la variation dans les supports de travail ainsi que l’interaction permise par les MITIC sont notamment deux des points soulevés qui m’ont semblés être les plus pertinents. 

 

Avec du recul, et comme expliqué plus haut, l’activité préalable au cours de laquelle les élèves avaient à créer un mot croisé sous forme écrite remplissait plus ou moins les mêmes fonctions que le fait de leur proposer de créer leur propre quiz Kahoot. Cependant, je pense que le fait d’introduire les MITIC dans la classe apporte la plus-value de la motivation facilitée ainsi que de familiariser les élèves à certains appareils (dans ce cas, les Ipads) ainsi que de leur montrer qu’ils-elles sont capables de créer facilement du contenu informatisé et rapidement réutilisable, même en dehors du cadre scolaire. 

 

Cette séquence d’enseignement s’est insérée comme une activité se déroulant sur plusieurs semaines et permettant aux élèves d’ouvrir leurs connaissances des pays du monde, bien que le sujet puisse être considéré comme assez basique en terme de processus coginitfs. Si l’on se réfère à la taxonomie des habiletés proposée par Anderson et Kratwohl (2001), reconnaître des capitales et identifier des drapeaux sont des activités qui requièrent des processus cognitifs plutôt basiques (niveaux 1-2 de la taxonomie). Cependant, la tâche consistant à créer son propre quiz pour pouvoir le faire passer à d’autres nécessite quant à elle des processus cognitifs bien plus élevés (niveau 6 sur la taxonomie), puisque les élèves doivent utiliser les connaissances apprises pour produire à leur tour du contenu. Cette activité, bien que parallèle au chemin proposé par le Plan d’Etudes Romand, m’a donc semblé tout à fait pertinente et mobilisant des capacités transdisciplinaires pour les élèves. 

 

En ce qui concerne l’organisation, il m’a fallu m’assurer que les Ipads que nous utilisions étaient toujours disponibles sur les périodes dont nous avions besoin, puisqu’il s’agissait d’appareils partagés avec le bâtiment entier. Il a aussi été important de réaliser les activités préalables (réalisation de mots croisés notamment) pour familiariser les élèves avec le contenu mais également avec la recherche efficace d’information sur moteur de recherche. Il a fallu ensuite créer un compte pour la classe et leur montrer comment créer leur propre quiz, puis les accompagner dans leur prise de connaissance avec cette nouvelle plateforme qu’était Kahoot. J’ai pour ça procédé selon la marche à suivre explicitée dans la ressource suivante :https://www.sqily.com/msmitic-2019/workspaces/4252

 

Avec du recul, je vois que la planification de cette séquence aurait bénéficié d’être quelque peu plus organisée. En effet, au vu de la situation dans laquelle nous nous trouvions, j’admets avoir eu l’idée de cette séquence sur le tard, voyant la réactivité des élèves et leur plaisir à devoir créer du matériel qui allait être utilisé par leurs camarades. Je décidais donc au fur et à mesure de ce qui allait être leur prochaine étape d’apprentissage, et je crois avoir observé que cela leur plaisait pour la majorité, cependant plus de planification à l’avance aurait assurément ajouté de la fluidité à cette séquence. 

 

La séquence s’est déroulée sur deux à trois semaines (environ 6 périodes en tout). 

Voici les étapes principales de la séquence : 

1.     Les élèves ont été séparé-es en équipes de deux à trois personnes. Chaque équipe a reçu une liste d’une dizaine de pays. Il avaient dès lors la consigne de créer un mot croisé qui serait par la suite réalisé par le reste des équipes. Pour ça, chaque équipe avait à disposition un Ipad. J’ai donc pris du temps pour leur rappeler les bases d’une recherche Internet efficace. Les questions qu’ils posaient pouvaient porter sur le drapeau, la capitale, ou encore d’autres informations sur le pays qu’ils trouvaient. Certaines équipes sont allées plus loin que les capitales ou les drapeaux : les questions portaient parfois sur les pays environnants (ex : « quel pays se trouve entre l’Allemagne et la Russie ? » etc.) ou encore sur des monuments connus dans le pays (ex : « dans quel pays se trouve la tour de Pise ? »). 

Lorsque le mot croisé était terminé et prêt à être partagé, il était copié une dizaine de fois pour que les autres équipes puissent le remplir. Petit à petit, toutes les équipes ont terminé et ils-elles s’échangeaient leurs mots croisés entre eux. Lorsqu’une équipe rencontrait des problèmes, elle pouvait aller directement poser ses questions à l’équipe qui avait créé le quiz. 

 

2.     J’ai ensuite moi-même créé un quiz sur les drapeaux que j’ai fait passer à la classe entière, pour leur montrer un exemple de ce qui pourrait être fait par la suite. 

Voici le quiz qu’ils ont alors passé en classe : https://create.kahoot.it/details/quiz-geographie/f1cefe8d-1b73-4fd4-8aef-e500bf526ecd

 

3.     Enfin, j’ai montré aux élèves la marche à suivre pour qu’ils créent leur propre quiz, comme expliqué plus haut. Les élèves ont à nouveau été séparé-es en équipes de deux ou trois, et ont reçu plus ou moins la même consigne mais cette fois sur la plateforme Kahoot : créer leur propre quiz, pour questionner leurs camarades de classe. 

 

4.     Finalement, une fois que toutes les équipes ont fini leurs quiz respectifs, nous avons participé à tous les quiz en classe entière. Lorsque c’était leur tour, les équipes se rendaient à l’ordinateur principal de la classe pour pouvoir projeter le quiz et géraient le déroulement du quiz depuis là. 

 

 

Mon ressenti général lors de cette séquence a été principalement positive. J’ai eu beaucoup de plaisir à voir les élèves entrer dans le rôle des examinateurs et des créateurs de matériel pédagogique. J’ai pu observer que leur motivation était plus grande que lors d’autres activités plus traditionnelles telles que des fiches préfabriquées par exemple. J’ai toutefois également pu observer quelques limites. 

Tout d’abord, la différenciation n’était pas tout à fait optimale lors de cette séquence, puisque certains élèves moins à l’aise avec les Ipads se sont parfois un peu trop appuyés sur les membres de leur équipe qui eux étaient plus à l’aise, et j’ai eu de la peine à réguler ce biais. Le travail en équipe a donc été bénéfique en un sens, puisqu’il a permis aux élèves de collaborer et de partager leurs forces, mais a sans doute à la fois étouffé le potentiel de certain-es élèves qui se sont mis plus en retrait. 

Une autre limite a été le fait que les équipes qui avaient plus vite fini que les autres se sont retrouvées à ne pas savoir quoi faire sur la fin de la séquence. Le fait de devoir attendre que toutes les équipes aient fini pour pouvoir faire passer le quiz à la classe entière a créé des déséquilibres entre les équipes puisqu’inévitablement, leurs rythmes de travail n’étaient pas les mêmes. 

De plus, la dernière étape qui a servi d’évaluation, qui était de faire passer tous les quiz à la classe entière, a été très chronophage et quelque peu répétitive. Pour une prochaine séquence d’enseignement similaire, je pense répartir l’étape de réalisation des quiz sur une plus longue durée, pour favoriser la diversité d’activité et valoriser davantage le travail des élèves. La planification au fur et à mesure a selon moi péjoré l’efficacité de cette étape d’évaluation. 

En conclusion, Cette séquence m’a beaucoup appris puisque j’ai découvert que j’appréciais beaucoup d’utiliser les MITIC dans le cadre de mon enseignement et qu’ils peuvent se révéler être des outils précieux pour diversifier ma pratique. Je me réjouis de pouvoir découvrir toujours plus de ces ressources afin de proposer un contenu toujours plus attractif et pertinent pour les élèves. 

 

o   Propre expérience sur Sqily : https://www.sqily.com/msmitic-2019/profile/2562

o   Description de la compétence "Créer des quiz numériques pour l’apprentissage du vocabulaire dans une L2" sur Sqily 

o   Allal, L., & Laveault, D. (2009). Assessment for learning: évaluation-soutien d’apprentissage. Mesure et évaluation en éducation, 32(2), 99-106.

o   Krathwohl, D. R., & Anderson, L. W. (2009). A taxonomy for learning, teaching, and assessing: A revision of Bloom's taxonomy of educational objectives. Longman.

o   Rey. B. (2004). Discipline en classe et autorité de l’enseignant. Paris : De Boeck.