msMITIC 2019

Proposition de séquence MITIC en Connaissance de la Suisse dans une classe d'accueil de la scolarité post-obligatoire

05.04.2021

Cécile Pasche avatar. Cécile Pasche

1. Contexte
 
1.1. Introduction
 
Depuis la rentrée d'août 2020, la Direction générale de l'enseignement post-obligatoire (DGEP) souhaite introduire l'utilisation généralisée, pour les enseignants, les étudiants ou les apprentis des outils de la suite Office 365. Cette mise en place a été précipitée par l'expérience du semi-confinement de mars à juin 2020 où les enseignants et leurs élèves ont dû, du jour au lendemain, s'approprier divers outils numériques pour assurer l'enseignement et l'apprentissage " à distance". L'utilisation de certains outils tels que Zoom ou Whatsapp ont posé des problèmes d'ordre juridique ou éthique. Ainsi, alors que la mise en place d'Office 365 devait initialement être échelonnée sur deux ans, celle-ci a été accélérée afin de pouvoir disposer de ces outils en cas de nouveau confinement.
 
1.1.1. Contexte scolaire
 
J'enseigne à l'Ecole de la Transition (EdT) en classe d'accueil. Je suis titulaire d'une maîtrise de classe dite de "post-alphabétisation" regroupant des adolescents et jeunes adultes (16 à 20 ans) qui n'ont pas ou peu été scolarisés avant leur arrivée en Suisse. Certains sont totalement débutants, d'autres ont déjà suivi quelques cours de français à l'EVAM (mais souvent interrompus par le confinement), enfin deux élèves ont déjà suivi deux ans de scolarité à la DGEO mais présentent d'importantes difficultés. Leur familiarité avec les outils numériques est variable mais la majorité des élèves n'a jamais utilisé d'ordinateur. J'enseigne le français (ci-après FLS) et les connaissances de la Suisse (ci-après CH) dans cette classe, ainsi que la CH dans deux autres classes d'adultes (20-25 ans). Les élèves des classes d'accueil n'ont pas de cours d'informatique. Il n'y a pas d'ordinateur en classe. La plupart des classes sont toutefois équipées d'un beamer (mais pas de tableau blanc). Nous disposons de chariots d'ordinateurs portables auxquels nous pouvons accéder sur réservation.
 
Si la DGEP et l'EdT ont mis à la disposition des enseignants quelques capsules vidéo en guise de formation, il n'y a pas eu de cours d'introduction ou plus simplement de temps pour que les enseignants puissent se familiariser avec les divers outils proposés. Les enseignants doivent donc s'approprier les outils d'Office 365 de manière rapide, à la fois pour remplir les exigences du DGEP et, plus pragmatiquement pour pouvoir assurer l'enseignement à distance en cas de quarantaine ou de reconfinement. Aucun cours n'est prévu pour les élèves. Les enseignants ont simplement été chargés de transmettre aux élèves les codes leur permettant d'accéder à Office 365.
 
1.1.2. Contexte de la séquence
 
Face à cette situation, et dans ce contexte de précipitation, j'ai décidé de profiter de ma séquence MITIC pour découvrir et me familiariser avec l'utilisation de certains de ces outils (Teams et Powerpoint) et d'offrir également à mes élèves l'occasion de le faire en continuant à travailler la matière commune à mes trois classes : la CH. Le sujet abordé sera la découverte des principaux cantons suisses.
 
Mes trois classes n'ayant pas le même niveau de français, la même autonomie dans le travail ni la même familiarité avec les outils informatiques, j'ai décidé de débuter l'expérience avec la classe qui a le meilleur niveau de français et, également, la plus grande aisance informatique. Cette classe est composée de 10 élèves adultes, provenant du Portugal, d'Espagne, d'Equateur, du Venezuela, du Kosovo et de Syrie. Tous les élèves de cette classe ont effectué une scolarité complète dans leur pays, pour la plupart jusqu'au baccalauréat. La plupart des élèves sont très autonomes dans leurs apprentissages. Ils sont motivés, souhaitent pour beaucoup effectuer une formation professionnelle en Suisse mais certains n'ont pas beaucoup de temps à disposition pour étudier à la maison car ils travaillent pour gagner leur vie. Le challenge est donc de leur permettre d'acquérir des connaissances de base sur la Suisse (géographie, histoire, politique, etc) tout en nourrissant leur curiosité sans les surcharger de devoirs. Deux élèves de la classe présentent plus de difficultés que les autres. 
 
1.1.3. Brève présentation de la séquence
 
Plutôt que de passer par un apprentissage classique, et il faut l'avouer quelque peu rébarbatif, de la géographie des cantons via l'ouvrage de référence, j'ai proposé aux élèves de cette classe une séquence de découverte des cantons via des outils numériques. Concrètement, j'ai déposé dans notre classe virtuelle dans Teams, une marche à suivre ainsi qu'un exemple d'un diaporama Powerpoint de présentation d'un canton. Par groupes de 2, les élèves choisissent un canton et réalisent une présentation Powerpoint de celui-ci sur la base de la marche à suivre et de l'exemple. Les échanges se passent principalement par Teams: de l'envoi de la première version à la version finale. 
 
Ces diaporamas seront ensuite présentés oralement dans mes deux autres classes. Pour limiter les contacts, j'ai proposé aux élèves de faire également leurs présentations via Teams. Les élèves des deux autres classes seront, au même moment, dans deux autres salles équipées d'un ordinateur connecté à Teams et relié à un beamer sous la supervision de deux collègues complices.
 
Cette séquence s'inscrit dans une démarche pédagogique dite de "perspective actionnelle" au sens de Cuq et Gruca (2005) ou de pédagogie par projet telle que définie par Perrenoud (1999).
 
1.2. Utilité du numérique
 
Pour dégager l'utilité ainsi que l'intérêt de l'utilisation des MITIC dans cette séquence de CH, je vais la comparer à la séquence que j'ai réalisé les années précédentes sur le même sujet sans MITIC. Je proposais alors aux élèves également par groupe de 2 de réaliser un poster de présentation d'un canton qu'ils réalisaient sur la base des informations trouvées dans leur ouvrage de référence ainsi que d'un dossier papier que je leur mettais à disposition.
 
1.2.1. Les cinq avantages du numériques a priori
 
Le premier avantage du numérique est à mon avis la liberté et la variété des supports qu'il apporte, tant pour les élèves que pour l'enseignante. En effet, les élèves se font enquêteurs en allant à la recherche des informations nécessaires à la réalisation de leur exposé alors que lors de la séquence sans numérique ils recevaient directement des informations qu'ils devaient trier, sélectionner et organiser. Ils ont plus de liberté puisqu'ils choisissent non seulement la nature des sources qu'ils souhaitent utiliser (vidéos, photos, audios ou écrits), mais également leur provenance (wikipedia, offices du tourisme, presse quotidienne, etc) ainsi que, si nécessaire des outils pour leur compréhension (google trad., lecture vocale, etc). La variété et le nombre d'informations à disposition sont également beaucoup plus grandes. Ce passage au numérique induit donc la sollicitation de nouvelles compétences (ou une sollicitation plus grande): le tri des informations, la vérification des informations et le respect de la propriété intellectuelle.
 
Le deuxième avantage du numérique est qu'il permet une plus grande autonomisation et une responsabilisation plus importante des élèves. Ceux-ci sont déjà des adultes assez autonomes, pour la plupart, face à leurs apprentissages. Le numérique permet de reconnaître, de mettre en valeur et de s'appuyer sur cette autonomie pour construire de nouveaux apprentissages plutôt que de l'écraser dans le cadre scolaire habituel. 
 
Le troisième avantage du numérique est la gestion de l'hétérogénéité de niveau et de besoin qu'il permet.
 
Le quatrième avantage du numérique est qu'il facilite la perspective actionnelle dans le cadre du cours de CH. En effet, en classe d'accueil, c'est la méthodologie principale que nous utilisons car elle induit un projet de communication, ce qui est précieux dans le cadre de l'acquisition du français comme nouvelle langue (Cuq & Gruca, 2005). En cours de CH, ce "projet de communication" n'est pas toujours facile à construire et paraît parfois, à raison, artificiel aux élèves. L'utilisation du numérique dans le cadre de cette séquence facilite cette perspective : en effet, par le biais de Powerpoint, elle offre un support fondamental pour la présentation orale et, par le biais de la visio-conférence Teams, offre un cadre qui permet aux élèves de présenter leurs exposés à un public réel autre que l'enseignant et les camarades de classe. L'enjeu de présenter son exposé à un public est un atout motivationnel important mais ajoute un stress qui devra être géré. Ce dernier aspect nous semble également intéressant car les élèves sont exposés à un stress analogue lorsqu'ils doivent prendre la parole en français pour un entretien d'embauche dont certains se déroulent actuellement également par visio-conférence. Si certains élèves connaissent déjà les visio-conférences pour avoir vécu le premier semi-confinement, ils y ont eu pour la plupart eu un rôle plutôt passif car ils étaient élèves et non orateur responsable de la transmission d'un savoir. 
 
Enfin, le dernier avantage que je citerais est le fait que cette séquence pourrait être poursuivie en cas de quarantaine ou de nouveau confinement. Depuis le début de l'année scolaire, l'école a été fortement impactée par les conséquences du semi-confinement ainsi que par la gestion actuelle de la pandémie. Un nombre croissant d'élèves et d'enseignants sont atteints par la maladie ou ont dû être mis en quarantaine. Le fait de maintenir une certaine régularité et de mettre en place une progression construite des apprentissages deviennent un enjeu plus important que jamais tant pour les enseignants que pour les élèves. Le contexte social anxiogène pèse également lourdement et met en évidence le besoin de normalité et de continuité tant des élèves que des enseignants. Les outils numériques peuvent nous donner un cadre pour répondre à ces besoins mais il est nécessaire de les mettre en place et d'adapter également les contenus et les modalités d'enseignement.
 
1.2.2. Evaluation de la séquence selon le modèle SAMR
 
Dans le modèle S.A.M.R de Ruben Puentedura tel que décrit par Alain Lévy (2007), je souhaite que ma séquence offre aux élèves une transformation de leurs tâches. Certaines de celles-ci sont reconfigurées de manière significatives comme la gestion des informations nécessaires à l'exposé (notamment l'utilisation des informations trouvées dans le respect de la propriété intellectuelle) ainsi que la mise en forme de celles-ci (l'aspect support de présentation). D'autres tâches qui n'existaient pas dans la version hors numérique se sont ajoutées telles que la recherche d'informations et la présentation face à un publique réel via un outil numérique. Outre les compétences liées à ces tâches spécifiques, les élèves se seront approprié l'utilisation d'outils numériques qui les accompagneront tout au long de leur formation professionnelles puisque la suite Office 365 est désormais l'outil de référence commun à toutes les institutions de formation dès le secondaire II. 
 
1.2.3. Retour après expérience
 
Sur le questionnaire d'évaluation de la séquence distribué aux élèves, ils ont tous indiqué avoir aimé (voir beaucoup aimé pour la majorité) réaliser ce travail essentiellement par le biais des MITIC.
 
L'intégration des MITIC a eu pour avantage d'ajouter l'aspect important de la recherche qui n'était pas présent dans la séquence équivalente sans MITIC. La liberté laissée aux élèves dans le choix des sources, des illustrations et de certains contenus a été très appréciée et utilisée à bon escient. Les élèves m'ont appris certaines choses sur les cantons et ont été très heureux que je les en remercie. Cela m'a permis par exemple de découvrir l'origine légendaire du lien entre Berne et les ours. Le fait qu'ils sélectionnent les éléments qu'ils souhaitaient présenter a certainement contribué à plus éveiller l'intérêt et l'écoute de leurs camarades (dans la classe et dans les autres classes. Je citerais l'exemple de la présentation du canton de Zürich où les élèves ont choisi de mettre en avant les loisirs nocturnes de la plus grande ville de Suisse.
 
La deuxième promesse du numérique était celle d'une plus grande autonomisation des élèves. Elle a largement été tenue. Durant la plus grande partie des leçons, une fois le travail lancé, mon rôle d'enseignante s'est borné à un bref input en début de leçon sur différents aspects (voir description de la séquence) puis à de la régulation. Les différents groupes se sont également entre-aidés, les élèves plus à l'aise avec les moyens informatiques allant parfois montrer ou dépanner les élèves moins à l'aise. Cette entre-aide très spontanée m'a également beaucoup aidée à gérer l'hétérogénéité. J'ai pu consacrer le temps nécessaire à l'appui à apporter aux deux groupes présentant le plus de difficultés. Une élève très à l'aise avec les moyens informatiques est également parvenue à fournir un excellent travail en étant présente uniquement lors des trois dernières leçons. Elle a compensé son "retard" dû à une absence pour cause de maladie en travaillant de manière autonome à la maison en s'appuyant sur les documents et exemples mis en ligne via Teams.
 
L'introduction d'une perspective actionnelle grâce à la présentation des exposés via Teams à deux autres classes a constitué un point fort même si ce n'est pas cet aspect qui a été le plus apprécié par les élèves. En effet, cette proposition de présenter leurs powerpoints à un public véritable les a beaucoup stressés. C'était leur premier "exposé" en français et la première fois qu'ils prenaient la parole face à un public. Ce stress, qui est par définition désagréable, est pourtant l'un des éléments fort au niveau pédagogique. Les élèves l'ont eux-mêmes relevé en faisant le lien avec les exposés (plus importants) qu'ils allaient devoir présenter en français peu après cette première expérience, les tests d'expression orale auxquels ils seraient soumis au semestre et, enfin, les différents moments de communication orale qui jalonnent la recherche d'une place de formation professionnelle (téléphone, entretien d'embauche, entretien d'évaluation, etc). S'il a été aigu peu avant la présentation et parfois au début de celle-ci, les élèves ont relevé qu'il avait petit à petit diminué. La plupart des élèves ont aprécié de ne pas être vu du public durant la présentation (puisque le publique ne voyait que les slides et que les présentateurs tournaient le dos aux autres élèves de la classe qui regardaient les slides via le beamer), ce qui leur a permis de mieux gérer leur stress. Un élève a même relevé "J'ai aimé voir que je suis capable de faire une présentation car je ne pensais pas." 
 
En revanche, je n'ai pas pu, ou pas su, rendre responsable les élèves de la gestion de l'aspect technique de la visio-conférence. J'ai à chaque fois fait les manipulations nécessaires à la diffusion des Powerpoint (sauf passation des slides) et je me suis assurée que la communication passait avec les deux autres classes. Je n'ai donc malheureusement pas pu aller jusqu'au bout de ma démarche qui souhaitait rendre les élèves acteurs ou responsable de la visio-conférence. Les limites technologiques liées à l'utilisation de Teams (problèmes de wifi dans l'école ainsi que l'instabilité de Teams) ainsi que ma courte expérience avec ce nouvel outil rendaient également difficile cette responsabilisation complète.
 
Nous n'avons pas dû poursuivre cette séquence en enseignement à distance. Nous avons pu la réaliser entièrement en classe. Mais l'utilisation de Teams a permis de mieux gérer les retards de travail liés à deux quarantaines (comme mentionné dans l'exemple donné plus haut). La séquence a également permis aux élèves de découvrir Teams, ce qui a soulagé le travail de mes collègues enseignantes de FLS et chargées de la maîtrise de classe. Malheureusement, cela a été fait de manière un peu "impressionniste" car au début de la séquence, la moitié de la classe ne disposait toujours pas de l'accès à la suite Office. Une partie de la mise à disposition des documents et des échanges liés à la correction des slides Powerpoint s'est donc faite par mail. Hors le moment de visio-conférence, cette séquence aurait pu être réalisée par le biais de Onedrive ou via mails (mise à disposition des divers documents et échanges de régulation). Cela interroge en retour l'utilité pédagogique de Teams.
 
Si je devais à nouveau réaliser cette séquence, j'utiliserais de préférence Onedrive pour les échanges liés à la partie préparation si les élèves ne sont pas encore familiers de l'utilisation de Teams. A l'heure actuelle, Teams me semble moyennement fiable (des problèmes liés à des mises à jour du système d'exploitation ou certains droits accordés ou non aux enseignants ne rendent pas le travail aisé). En revanche, je conserverais la présentation via visio-conférence qui a constitué un réel ajout pédagogique au projet tout en respectant les normes d'hygiène liées au COVID. Je n'avais pas anticipé le fait que la visio-conférence a plutôt aidé les élèves à gérer le stress lié au fait de parler en public (puisqu'ils n'étaient pas visibles) et réutiliserai certainement cet avantage pour la réalisation d'un premier exposé ou d'une première prise de parole en public.
 
Pour conclure, je dirais que l'utilisation des MITIC dans cette séquence m'a permis de travailler sur un biais de mon style pédagogique : j'interviens beaucoup et peine à laisser mes élèves prendre leur autonomie (alors que j'estime que celle-ci est un objectif de tous les jours en classe d'accueil). Le fait de me sentir en manque de confiance face à toute cette technologie que je maîtrise mal (notamment à cause de la précipitation avec laquelle on demande aux enseignants de se l'approprier et de la transmettre aux élèves) m'a fait me mettre parfois en retrait. Cela a permis à des élèves plus à l'aise que moi sur ce plan de se révéler d'excellents pédagogues pour leurs pairs et pour moi-même. Pour ces élèves, cela a été un facteur de prise de confiance et pour leurs camarades également. Comme le souligne le pédagogue Paolo Freire, "Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble, par l'intermédiaire du monde." (Freire, 1974 : p. 62) Cela a favorisé l'émergence d'une dynamique de groupe dans cette classe que je trouvais, auparavant, plutôt éteinte et nous a permis de renforcer le lien pédagogique tant entre élèves qu'entre les élèves et l'enseignante. On retrouve ici mon objectif transversal de collaboration. 
 
1.3. Compétences enseignantes nécessaires à la réalisation de la séquence et leur actualisation
 
Cette séquence nécessite tout d'abord la maîtrise des outils Powerpoint et Teams de la suite Office 365. Comme je l'ai décrit dans le contexte, l'introduction d'Office 365 et de ses outils se fait dans la précipitation. Je suis familière de l'utilisation de Powerpoint que j'utilise régulièrement. En revanche, je n'ai jamais utilisé la plateforme collaborative Teams. J'ai donc visionné 2 capsules vidéo réalisées par l'un des responsables informatiques de notre établissement. Puis j'ai proposé à trois collègues de tester l'outil afin de nous l'approprier. Je n'ai pas trouvé de ressource Sqily à ce propos.
 
Elle requiert ensuite, très pragmatiquement, la connaissance et la maîtrise du matériel informatique à disposition des élèves. L'utilisation des ressources de mon environnement de travail ne me pose pas de problème particulier puisque j'enseigne depuis 15 ans dans le même établissement.
 
Enfin, il s'agira de pouvoir accompagner les élèves dans la recherche d'information et dans la gestion de celle-ci dans le respect de la propriété intellectuelle. Il est donc nécessaire d'intégrer une sensibilisation des élèves au plagiat. A ce titre, deux compétences Sqily m'ont aidée: "Etre plus efficace dans la recherche d'informations" et "Prévention au plagiat". Je me suis également inspirée du cours "recherche bibliographique et éthique" suivi dans le cadre du cours de méthodologie proposé dans le cursus Master secondaire I de la HEPL.
 
2. Alignement pédagogique
 
2.1. Objectifs
 
2.1.1. Objectifs disciplinaires
 
Les classes d'accueil de la DGPE ne sont pas soumises au PER mais nous disposons d'un référentiel de compétences pour l'histoire-géo dont la CH est une "sous-discipline" et qui en est inspiré. On peut ainsi lire dans ce référentiel[1] : "Enseignée dans les classes d’accueil, la Connaissance de la Suisse a pour objectif principal de permettre à des jeunes migrants allophones une meilleure compréhension de leur pays d’accueil, de se situer par rapport à celui-ci ainsi qu’à leur parcours migratoire."
 
La géographie des cantons aborde donc la relation homme-espace avec comme objectif d'apprentissage : "Analyser des espaces géographiques et les relations établies entre les hommes et entre les sociétés à travers ceux-ci." Les élèves aborderont donc dans leurs exposés les aspects géographiques en lien avec des aspects historiques et culturels. 
 
A l'issue de cette séquence, les élèves se seront forgés une représentation mentale de plusieurs cantons, seront capables de les nommer, de les situer et de donner quelques spécificités propres à chacun de ces cantons.
 
2.1.2. Objectifs MITIC
 
Le principal objectif MITIC est de permettre aux élèves une première approche des compétences nécessaires à l'utilisation des outils numériques que sont Powerpoint et Teams et de renforcer leurs compétences en matière de recherche d'information.
 
Concernant l'éducation aux médias, c'est principalement la question des droits d'auteur et du plagiat qui sera abordée.
 
2.1.3. Objectifs transversaux
 
Le premier objectif transversal travaillé est celui de la stratégie d'apprentissage tant dans la planification du travail puisque celui-ci est réalisé avec une grande autonomie que dans le recours libre à des outils facilitant la compréhension des sources (logiciels de traduction, dictionnaires, lecteur vocal, etc).
 
Les exposés étant réalisés en binômes, le deuxième objectif transversal visé est celui de la collaboration. 
 
Enfin, l'objectif central et probablement le plus sollicité tant dans la préparation des exposés que dans leur présentation est celui de la communication.
 
2.2. Style pédagogique
 
2.2.1. L'enseignante
 
L'un des avantages cités pour l'utilisation du numérique est la gestion d'une classe assez hétérogène. Je pourrais diviser la classe en trois groupes : un groupe d'élèves autonomes dans leurs apprentissages et très à l'aise face au numérique, un groupe d'élèves autonomes dans leurs apprentissages mais moins à l'aise face au numérique et un binôme d'élèves peu autonomes dans leurs apprentissages et peu à l'aise face au numérique. Mon rôle en tant qu'enseignante variera donc selon ces trois groupes : un rôle de régulation et de réponse aux sollicitations pour le premier groupe, un rôle de régulation et d'appui pour le deuxième et une présence plus régulière d'accompagnement étape par étape pour le troisième.
 
Il ne faut pas oublier non plus les deux classes qui assisteront aux présentations et dont je suis également l'enseignante. Mon rôle sera, avec eux, de les préparer à ne pas être uniquement un publique passif mais à se positionner face aux exposés et le cas échéant, à se sentir légitime d'intervenir pour poser des questions.
 
2.2.2. Les élèves
 
Les élèves réalisant les exposés deviennent des acteurs de leurs savoirs, des producteurs d'information et seront responsable de la communication avec les autres élèves.
 
Comme mentionné, l'enjeu sera pour les élèves du public de ne pas être uniquement dans une posture de réception mais de se positionner et d'être actif dans la communication.
 
2.2.3. Retour après expérience
 
Comme mentionné au chapitre concernant les avantages du numérique, cette séquence m'a permis de modifier quelque-peu mon rôle d'enseignante en laissant plus de place aux élèves. Cela a eu pour effet de favoriser la collaboration (objectif transversal) et de permettre une meilleure gestion de l'hétérogénéité. Le fait que je laisse la liberté de recherche aux élèves (plutôt que de leur mettre à disposition les documents) et que je me mette un peu en retrait dans mon rôle de régulatrice m'a permis d'être plus ouverte à la curiosité des élèves et à leurs propositions quant au contenu. En retour, cela a accru l'intérêt de leurs camarades sur la matière. 
 
Tous les élèves ont été actifs dans la production et la présentation des exposés. 
 
Les élèves du public ont réalisé l'exercice qui leur avait été confié. En voici un exemple :
Mes deux collègues ont dû les accompagner dans cette tâche. Il n'y a pas eu d'échange, à l'issue des exposés, entre le public et les auteurs. Nous étions pressés par le temps, les moyens technologiques n'étant pas optimaux et je voulais éviter de trop grands moments de latence entre les exposés. Mes collègues ont pris l'initiative de réouvrir leurs micros à l'issue des exposés pour que mes élèves entendent les applaudissements du public. Cela a été un bon soutien. A l'issue de leur travail, des délégués des deux classes (membres du conseil des délégués de l'école) sont venus dans la classe des élèves qui ont réalisé les exposés pour les remercier et dire un élément qui avait été apprécié (par exemple, "la classe a bien aimé l'exposé sur Zürich à cause des discothèques"). J'ai sollicité ce retour de manière improvisée. Elle n'était pas prévue mais m'a paru essentielle pour valider la communication. Il s'agit d'une limite des visio-conférences (notée par de nombreux enseignants): on ne perçoit pas, ou mal, les réactions du public, la communication est moins chaleureuse. Cette démarche a ajouté une validation bienvenue du travail des élèves, a rendu les délégués porteurs d'une communication tout en mettant en évidence une limite du numérique. Si je devais refaire cette séquence, j'essaierais de renforcer le rôle des élèves du publique et ajouterai de manière plus cadrée ce retour en présence du public.
 
Enfin, autre aspect que je n'avais pas anticipé, mes collègues m'ont fait un retour sur le moment vécu en classe avec les élèves du public. Ils ont apprécié ce moment "expérimental", ont trouvé intéressant de se retrouver de l'autre-côté de l'écran (ils ont été confrontés pendant le confinement de mars à l'animation de visio-conférences pour l'enseignement à distance), ont souligné les limites pour leurs élèves (difficultés de compréhension, pas de possibilité de demander de reformuler vu que les micros étaient coupés, difficultés parfois de concentration, une classe n'a eu que le son pour deux exposés) et m'ont avoué avoir été frustré dans leur rôle d'enseignant. En effet, ils me l'ont confié, "on était passif, on ne savait pas à quelles étaient les informations qui allaient être données ni à quelle vitesse, il était donc impossible de pointer une image pour soutenir la compréhension ou la concentration des élèves ou de compléter en écrivant des mots clés au tableau noir". Une piste de régulation serait donc de leur donner accès aux exposés avant la séance de visio-conférence afin qu'ils puissent préparer cet étayage.
 
2.3. Evaluation
 
2.3.1. Evaluation formative
 
Une première évaluation formative sera faite lors de la préparation des slides Powerpoint. La régulation se faisant par le biais de Teams. Une seconde évaluation formative se fera lors de la répétition des exposés oraux. Le groupe classe en sera co-responsable avec l'enseignante. 
 


 
2.3.2. Evaluation sommative
 
Une double évaluation sommative sera faite à l'issue de l'exposé final. Celle-ci portera sur la qualité et la clarté du Powerpoint et de l'exposé oral. Voici deux exemples d'évaluation :
 
 
 
Les élèves du public seront sollicités, par questionnaire, pour évaluer les exposés à l'issue de l'expérience. Voici un exemple d'évaluation réalisé par un élève :
2.3.3. Evaluation des acquis et régulation
 
Après leurs exposés oraux via Teams, les élèves ont rempli une fiche d'évaluation sur l'ensemble de l'expérience. En voici un exemple :
 En me basant sur leur retour ainsi que sur mes observations, je peux évaluer mes différents objectifs de la manière suivante.
 
Objectifs disciplinaires (2.1.1.) : Tous les élèves estiment avoir appris de nouvelles choses sur les cantons suisses. Certains soulignent même que c'est ce qu'ils ont particulièrement apprécié dans cette démarche, à la fois rechercher des informations sur les cantons mais aussi découvrir d'autres cantons par les exposés de leurs camarades. Je pense que l'aspect interactif lié aux MITIC ainsi que le projet de communication (perspective actionnelle) a non seulement permis aux élèves de mieux s'approprier la matière travaillée mais également d'être plus attentifs aux informations apportées par leurs camarades. Je n'ai pas réalisé d'évaluation sommative sur cet aspect (un contrôle d'acquis par exemple) mais j'estime que leur participation active, leur motivation et surtout la curiosité et leur réactivité face à certaines informations sont plus précieuses pour développer leurs connaissances sur la géographie cantonale de la Suisse que des informations mémorisées pour une évaluation sommative.
 
Le principal objectif MITIC (2.1.2) était de permettre aux élèves une première approche des compétences nécessaires à l'utilisation des outils numériques que sont Powerpoint et Teams et de renforcer leurs compétences en matière de recherche d'information. La plupart d'entre eux connaissaient déjà Powerpoint et c'est principalement grâce à l'entraide dans la classe que ceux qui ne connaissaient pas cet outil ont pu développer les compétences de base nécessaire à une utilisation assez instinctive. A l'issue de la production des exposés écrits, tous les élèves maîtrisaient suffisamment l'outil pour pouvoir produire un exposé scolaire (même rudimentaire) par ce biais. En revanche, l'échange d'informations via Teams n'a pas fonctionné car l'outil comportait encore de nombreuses failles et certains élèves ne disposaient pas encore de compte. Cet objectif n'a donc pas été atteint. En ce qui concerne la recherche d'information, j'estime que le bilan est contrasté. Les quelques contraintes liées à la consigne (citer au moins 3 sources différentes) pour pousser les élèves à effectuer une véritable recherche d'information. C'est là que je me suis aperçue que je n'ai pas assez anticipé leur difficulté à maîtriser les codes de la recherche par mots clés. A cet égard, mon apport en début de cours était trop complexe et trop peu développé. J'aurais dû imaginer quelques exercices au préalable. Je reprendrai donc cet aspect au second semestre lorsque les mêmes élèves effectueront un exposé biographique sur les pionnières du droit de vote des femmes en Suisse.
 
Concernant l'éducation aux médias, comme je l'ai mentionné, mon input a donné lieu à un large débat dont je n'avais pas anticipé l'intérêt et la qualité. Le document "Les 10 degrés du plagiat du plus au moins grave" mis à disposition sur Sqilly a été un excellent apport permettant de cadrer le débat. C'est notamment la catégorie "Retwitt" qui a permis aux élèves de faire le lien entre le plagiat et l'immédiateté de l'accès à l'information auquel je n'avais pas pensé. C'est l'une des premières fois que j'aborde ces questions d'éducation aux médias en classe et j'y prêterai plus de soin à l'avenir !
 
Enfin, concernant les objectifs transversaux (2.1.3) le bilan est très positif. Les élèves se sont montrés très autonomes, ont collaborés d'excellente manière au sein des binômes mais également entre les binômes et estiment tous que l'aspect communication était essentiel dans leur motivation. Sur ce dernier point, ils ont montré, pour la plupart, de bonnes capacités réflexives. Beaucoup ont indiqué qu'ils souhaitaient à l'avenir mieux préparer leurs présentations orales pour éviter de lire par exemple. Certains élèves ont confiés qu'ils ne pensaient pas être capables de "communiquer un sujet en français". Je ménagerais plus de temps pour soigner cet aspect à l'avenir, soit dans le cours de CH soit en lien avec les enseignants de FLS en leur proposant une démarche interdisciplinaire (travailler les aspects langagiers et linguistiques en lien avec les cours de FLS).
 
3. Gestion de la classe
 
3.1. Éducation aux médias
 
3.1.1. La question des droits d'auteur
 
En tant qu'enseignante, je ne m'estime pas assez formée et sensibilisée concernant cette question fondamentale. Souvent prise par le temps, surtout dans le contexte actuel, nous mettons cet aspect au second plan. Le module Sqily me permettra donc de me replonger dans cette question.
 
Pour sensibiliser les élèves, j'ai choisi de solliciter leur esprit critique. En effet, je donnerai comme premier exemple de l'exposé à réaliser un Powerpoint réalisé par mes soins sur le canton de Vaud. Il s'agit de leur donner une référence et un appui pour leur travail. La question de la langue étant encore problématique en début d'année, cet appui leur permet de dépasser cette barrière et de se concentrer sur le contenu tout en tenant compte de la forme. Dans la première version de cet exemple, j'omets volontairement de citer les sources. Lors de l'introduction au deuxième cours, alors que les élèves ont déjà entamé le travail, je leur demande un retour critique sur mon Powerpoint en leur signalant qu'un élément fondamental manque. Ce challenge, débusquer l'erreur de l'enseignante, a pour but de solliciter leur attention et leur curiosité, pour introduire ensuite la question du plagiat et des droits d'auteur.
 
Cette question sera abordée sous l'angle de sa définition, sous un angle comparatif avec le vol d'objet, sur les outils de détection ainsi que sur les sanctions prévues. Elle se terminera sur une question ouverte d'ordre éthique : "Selon vous, doit-on accorder la même importance à la propriété intellectuelle qu'à la propriété individuelle?"
 
3.1.2. Ergonomie des documents
 
Les élèves des deux classes "public" sont des élèves qui ont été peu scolarisés dans leurs pays d'origine et qui ont un accès difficile à l'écrit. Leur niveau de compréhension orale étant très variable, cette dimension devra également être prise en compte.
 
Les slides Powerpoint ne devront pas contenir trop de texte mais être construits principalement autour de mots clés écrit en caractères visibles et devront présenter également des images qui puissent constituer un appui à leur compréhension.
 
Cette dimension ergonomique est également à mettre ne lien avec l'objectif transversal de communication (tenir compte de son public).
 
3.1.3. Retour après expérience
 
Le débat concernant les droits d'auteur et le plagiat a été très animé. Le fait que je le déclenche en commettant une erreur volontaire (omission de mes sources) a très bien fonctionné car les élèves se sont pris au jeu de la critique. Un élève s'est exclamé: "Mais j'ai avalé les informations sur le Valais sans poser de question!"
 
Les opinions quant à la protection des droits d'auteurs était très clivé (une élève ne comprenant absolument pas que l'on protège "les idées"). La question éthique " Selon vous, doit-on accorder la même importance à la propriété intellectuelle qu'à la propriété individuelle ? " n'a donc pas suscité de grand débat mais mis en évidence ce clivage. En revanche, ce débat a abouti sur le constat d'une "accélération de l'information ou de l'accès à l'information" grâce à internet ainsi que sur la masse d'informations à notre disposition. Un élève a expliqué ne pas regarder la TV et les réseaux sociaux estimant que cela occuperait trop de place dans sa tête. Certains élèves ont expliqué se souvenir être allés, plus jeunes, jusqu'à un cybercafé près de chez eux pour consulter internet ou pour "aller sur Facebook". Ils ont relevé que le fait que cet accès n'était alors pas immédiat donnait un temps de réflexion nécessaire à l'esprit critique et au développement d'une motivation (il faut vouloir y aller, faire un effort) par opposition à l'immédiateté actuelle qui efface cet esprit critique et cette volonté. 
 
Le fait que les élèves fassent le lien entre la problématique du plagiat et l'immédiateté de l'information me semble indiquer que l'objectif d'éducation aux médias a été rempli. Mais, vu l'intérêt et la richesse de l'apport des élèves, il aurait mérité d'être développé. Je pourrais par exemple proposer un travail sur le vocabulaire spécifique (source, paraphraser, citer, bibliographie, sitographie, crédit, plagiat, esprit critique). Comme je me sentais pressée par le temps et la réalisation de la séquence, j'ai transmis à mes collègues enseignantes de FLS le contenu du débat afin qu'elles puissent le poursuivre en classe de français. Si je devais refaire cette séquence, je laisserai plus d'espace à cet objectif d'éducation aux médias et proposerais des prolongements à d'autres moments de l'année.
 
L'objectif de communication en ce qui concerne la réalisation des Powerpoint a été bien pris en compte par les élèves qui ont produit des documents, dans l'ensemble, bien lisibles. Certains ont écrit trop de texte. Un travail supplémentaire de rédaction (par mots-clés) aurait peut-être été utile pour certains.
 
3.2. Planification
 
3.2.1. Comment la séquence d'enseignement s’insère-t-elle dans mon programme annuel ?
 
Cette séquence s'insère dans un module consacré à la géographie de la Suisse. Le début de l'année scolaire s'ouvre sur le lexique de base spécifique à la géographie, puis nous abordons quelques connaissances fondamentales telles que les océans et les continents, les points cardinaux, les cartes pour arriver petit à petit à la géographie de la Suisse. Après avoir abordés les pays limitrophes et les régions géographiques, nous introduisons les cantons.
 
Je souhaite réaliser cette séquence si possible sur 5 semaines, soit 5 cours de 2 périodes. Cela afin de dimensionner le projet de telle manière à ce que les élèves ne s'en lassent pas et afin de ne pas prétériter la poursuite du programme. Vu le contexte actuel très compliqué (nombreuses absences liées à des cas COVID), il s'agira d'être flexible par rapport à cette planification ! 

3.2.2. Planification du déroulement : préparation - contenu - matériel
Les documents d'aide éventuels ou ressources supplémentaires seront mis à la disposition des élèves qui en ont besoin via Teams en direct. 
 
3.2.3. Retour après expérience
 
La planification de la séquence s'est révélée assez réaliste. Le fait d'introduire un aspect (recherche par mots-clés, droits d'auteurs, prise en compte du projet de communication) en début de chaque leçon était judicieux. Le moment de l'année où elle s'insère est adéquat et permet à partir d'un modèle simple, de réaliser un premier exposé (travail qui est repris dans différentes matières au long de l'année). Je n'ai pas dû réaliser de gros ajustement, mais j'ai dû "pousser" les élèves lors des deux dernières leçons pour que les présentations soient prêtes à la date prévue.
 
Pour améliorer cette planification, je proposerais essentiellement trois pistes de régulation. 
 
La première est de mieux présenter l'ensemble de la planification aux élèves dès le début et de leur proposer une feuille de route, à remplir à l'issue de chaque leçon pour cadrer leur travail. En effet, j'ai constaté qu'au début les élèves se sont mis trop tranquillement au travail pensant qu'il y avait beaucoup de temps jusqu'à l'échéance de l'exposé. Ils l'ont d'ailleurs presque tous relevé dans leur évaluation en fin de séquence, ce qui montre de bonnes capacités réflexives chez la plupart. 
 
La seconde serait de travailler en amont sur la question de la recherche par mots clés. En effet, j'ai surestimé cette compétence chez mes élèves. Vu le sujet de l'exposé (les cantons), la recherche est assez simple. Mais elle a été rendue plus complexe par ma demande de citer au moins trois sources et a révélé certaines lacunes.
 
La troisième serait d'ajouter une leçon pour permettre un meilleur travail de préparation pour la présentation orale. En effet, le temps de préparation à disposition était trop court et j'aurais également mieux dû guider les élèves dans ce travail. Si j'ai donné des indications claires (objectifs langagiers) pour la production des slides, mes indications quant à la présentation orale étaient trop vagues ("ne lisez pas"). Une élève ayant pris très à coeur la communication aux autres classes a écrit, dans l'espace prévu pour une remarque libre: "(...) rechercher la signification de mots pour explique plus a l'autres élèves qui pas comprendre bien le français. Avec ça les élèves on peut apprendre plus de vocabulaire." 
 
3.3. Déroulement: réussites, échecs et propositions de régulation
 
Je n'ai pas averti au préalable les élèves que la séquence se déroulerait en partie via Teams. Cela a eu un effet assez drôle. En effet, la veille du début de ma séquence, j'ai mis en ligne, via Teams, comme prévu, l'exemple de Powerpoint sur le canton de Vaud ainsi que la marche à suivre. Un élève avait déjà réalisé la plus grande partie du travail pendant la nuit et me l'a fait parvenir via Teams, croyant qu'il s'agissait d'un devoir. Nous en avons beaucoup ri, je l'ai félicité pour sa motivation et j'en ai conclu que je devais m'abstenir de publier des indications de travail via Teams trop en avance !
 
Cours 1 (2p)
Lors de ce premier cours, j'ai présenté le projet et ses objectifs. La réaction des élèves a été très vive face à l'objectif et à la situation de communication finale: présentation des exposés à deux autres classes via Teams. Certains m'ont opposé un "NON Madame" très ferme. J'ai donc pris un moment avec eux pour accueillir cette réaction et comprendre ce qui leur posait problème. C'était le fait de parler face à un public (et non l'aspect visio-conférence). J'ai pu désamorcer cette réaction en explicitant le fondement pédagogique de ma démarche (perspective actionnelle pour les prépare à la communication orale dans le cadre de leurs recherches d'emploi ou de formation). Je les ai également rassurés sur le public que je savais bienveillant et surtout, "plus débutants" que les élèves présentant les exposés. Ils ont vite adopté une posture pédagogique en se motivant pour présenter quelque-chose à leurs camarades "pour qu'ils apprendre" (sic.).
 
Les groupes ont ensuite été constitués. L'élève qui avait déjà commencé le travail à la maison a souhaité poursuivre seul, ce que j'ai accepté. Une élève était absente. Je savais cette élève très autonome et organisée. Elle travaillera ensuite également seule.
 
Nous avons ensuite pris les ordinateurs (chariot d'ordinateurs portables). Pour certains élèves, il s'agissait de la première connexion sur les ordinateurs de l'école. La moitié de la classe n'avait pas encore d'accès Office 365. Je leur ai donc fait parvenir les documents par mail. Ceux qui le pouvaient sont allés chercher les documents et indications nécessaires sur Teams. 
 
Les élèves ont pris connaissance des documents qui n'ont pas suscité de question. Ils ont ensuite commencé leurs recherches. A l'issue du cours, nous avons eu un échange en groupe-classe sur la recherche par mots-clés. Un groupe écrivait des phrases entières dans le moteur de recherche. D'autres groupes ont décidé de chercher les informations dans leur langue première et de les traduire ensuite. Enfin, certains élèves ont cherché par mot-clé en français. Après cet échange, les élèves ont déterminé que la troisième stratégie adoptée semblait la plus opérante.
 
Cours 2 (2p)
J'ai débuté ce cours en posant en question au groupe-classe: "J'ai commis une grave erreur dans mon exposés sur le canton de Vaud. Une chose qu'une école n'accepte pas et qui peut être punie par la loi. Pouvez-vous me dire quelle erreur j'ai commise ?" Une élève a très vite relevé que je n'avais pas dit où j'avais pris les photos. Elle a ajouté, "c'est voler". D'autres ont soutenu cette réponse. J'ai ensuite demandé si j'avais le droit d'utiliser des informations trouvées sur internet sans dire où je les avais prises. Les élèves en ont conclu que le problème posé était identique. Une élève a avoué son incompréhension totale. Une autre élève lui a dit "Je vole ton sac, c'est la même chose." Comme relaté dans le bilan de l'éducation aux médias, le débat a été très intéressant et la participation a été large. Il a débouché sur un point qui était inattendu (l'accélération de l'information) mais qui a constitué un bon appui pour l'utilisation du document "Les 10 degrés du plagiat du plus au moins grave". Nous avons examiné assez rapidement le tableau récapitulatif et évoqué les moyens à disposition des écoles pour débusquer le plagiat. A l'inverse, nous avons réfléchi ensemble à comment l'éviter. La première stratégie évoquée par des élèves, en lien avec le débat du début du cours, était de "Prendre le temps pour être critique (face à l'information)" et ne pas tout reprendre tel quel. En tant qu'enseignante, et historienne, je leur ai proposé la stratégie de la variété des sources (croiser, vérifier les informations et ne pas citer uniquement wikipedia). En lien avec cette stratégie, j'ai formulé l'exigence de la présence de trois sources au moins.
 
Après cette introduction qui a pris plus de temps que ce que j'avais planfié et auquel j'aurais voulu laisser plus de place, les élèves ont poursuivi leur travail sur Powerpoint. C'est à ce moment que j'ai constaté que certains élèves avaient encore des difficultés quant aux recherches par mots-clés, notamment en lien avec mon exigence de la variété des sources.
 
A la fin du cours, j'ai demandé aux élèves de me transmettre leur travail via Teams. Seuls deux groupes sont parvenus à le faire (certains n'ayant toujours pas d'accès et d'autres pour des raisons de lenteur du wifi). En guise de conclusion, je leur ai parlé du "Travail personnel d'approfondissement" qu'ils auront à réaliser à la fin de leur formation professionnelle et qui inclut une présentation Powerpoint. L'idée était évidemment de faire le lien entre leur premier exposé (sur les cantons) et ce travail de fin de formation. Je leur ai donné en référence, via Teams, un guide de rédaction pour ce travail dans lequel la problématique du plagiat est clairement évoquée.
 
Cours 3 (2p)
Ce cours a débuté sur une sensibilisation à la prise en compte du projet de communication dans la réalisation des slides Powerpoint. Après la correction du travail de certains groupes, j'ai constaté que l'aspect langagier (prise en compte du destinataire) avait été négligé. Avec l'autorisation des auteurs, nous avons comparé deux projets des Powerpoints réalisé par les élèves du point de vue de l'ergonomie du document. Le projet contenant le moins de texte a été plébiscité. J'ai également rappelé aux élèves que leurs camarades étaient plus débutants qu'eux en français. 
 
Les élèves ont poursuivi le travail sur les Powerpoint. La plupart d'entre eux ont revu leurs projets en tenant mieux compte de cet objectif langagier. L'élève qui était absente lors des 2 premiers cours étant de retour en classe, j'ai laissé les autres élèves travailler de manière quasi-autonome afin de pouvoir lui résumer rapidement les différents aspects abordés les semaines précédentes. Elle a choisi de réaliser un travail individuel qu'elle a pu débuter.
 
A l'issue de ce cours, les élèves m'ont envoyé leurs projets pour correction. A nouveau, une partie des élèves l'ont fait via Teams, un groupe via Onedrive et enfin par mail pour le reste. 
 
Cours 4 (2p)
Avant ce cours, j'ai envoyé à tous les élèves les corrections de leurs Powerpoint. Certains les ont corrigés à la maison, d'autres non. En guise d'introduction, et pour introduire mes remarques générales, j'ai rappelé les trois points abordés dans les précédents cours: 
- Recherche par mots-clés
- Droits d'auteurs
- Prise en compte du projet de communication.
Les dernières corrections à introduire concernaient principalement les deux derniers points. Les élèves qui avaient déjà corrigé leur Powerpoint ont pris le temps de préparer leur exposé oral tandis que les autres finalisaient leurs slides. Un élève était absent. Tous les élèves présents ont ensuite pu présenter par oral leur exposé à la classe, en guise de répétition. 
 
De manière générale, les élèves ont "lu" leurs exposés. Je n'ai pratiquement pas eu à intervenir pour relever ce biais de communication, le groupe classe s'en étant chargé assez rapidement ! J'ai été impressionnée par la bonne capacité d'auto-évaluation de la plupart des élèves (ce sont des adultes) ainsi que par la capacité du groupe à s'autoréguler de manière bienveillante. J'aurais pu mieux accompagner ce processus en proposant un support écrit pour cette partie d'évaluation formative. Comme nous avons été pressé par le temps, j'ai demandé aux élèves de retravailler leur communication orale à la maison en vue de la présentation la semaine suivante. Comme évoqué plus haut, je pense qu'un second cours dédié exclusivement à l'expression orale et à la répétition des exposés aurait été bienvenu. Certains élèves se sont montrés très stressés déjà de présenter leurs Powerpoints à leurs camarades de classe et m'ont dit penser qu'ils n'étaient "pas capables". Le port du masque a évidemment ajouté une difficulté, rendant certains élève difficilement intelligibles (dû au stress et la timidité notamment).
 
A la fin de ce cours, les élèves m'ont tous envoyé leurs Powerpoints finaux. Ils étaient assez stressés. C'est le moment de ma séquence dont je suis la moins satisfaite car ce que j'ai proposé aux élèves pour préparer leurs exposés oraux n'était pas suffisamment étayé. Si je devais refaire cette séquence, c'est la partie que je développerai en lien avec les compétences travaillées en FLS.
 
Cours 5 (2p)
Ce cours m'a demandé une préparation importante : installation des ordinateurs et des beamers pour mes collègues; information et mise à disposition des documents nécessaires à mes collègues; préparation du dispositif en classe.
 
Lorsque je suis arrivée en classe, un peu en avance pendant la pause, les élèves étaient "survoltés". Tous m'ont assaillie de questions de vocabulaire, de demande de correction de leurs préparations d'exposés. J'ai accueilli toutes les questions et demandes que je pouvais avant d'y mettre fin pour débuter le cours. J'ai installé l'ordinateur (et Teams) et le beamer nécessaires à la communication avec les deux autres classes. Tous les Powerpoints étaient enregistrés dans l'ordinateur. Les élèves se sont assis à leurs places et nous avons débuté la séance Teams. En guise de prise de contact, les enseignants des deux autres classes ont branché caméra et micro pour saluer les élèves de ma classe puis se sont mis en mode "muet". Groupe après groupe les élèves se sont disposés devant l'ordinateur après que j'ai, à chaque fois "lancé" leur Powerpoint. Puis ils ont pris la main et effectué en autonomie leur exposé. A la fin de chaque exposés, les intervenants ont été applaudis de manière spontanée par leurs camarades et, comme je l'ai mentionné, par les deux autres classes du public qui réactivaient leur caméras et micros. 
 
Tous les élèves ont apprécié l'exercice mais se sont montrés très stressé. Ainsi un élève écrit avoir "aimé présenter sur le ordinateur". Le fait d'être encouragés par leurs camarades et le public était essentiel. Cette interaction bienveillante marque un point fort du projet. Malheureusement, point faible, l'interaction a été limitée à des encouragements bienveillants et n'a pas pu donner lieu à un véritable échange entre le public et les intervenants (par exemple: questions sur l'exposé et réponse des intervenants). Les deux principales raisons de cette limite étaient le manque de temps et la limitation technologique (il aurait fallu des micros ou un système sonore plus performant). Si je devais refaire cette séquence, je prévoirais plus de temps pour les exposés.

 4. Bibliographie et sitographie
 
Cuq, J. -P. et Gruca, I. (2005). Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. PUG.
Freire, P. (1974). La pédagogie des opprimés, Paris: Maspero.
Lévy, A. (2007). SAMR, un modèle à suivre pour développer le numérique éducatif Technologies, 2007(206), 8-13.
Perrenoud P. (1999). Apprendre à l'école à travers des projets : pourquoi ? comment ?, Faculté des sciences de l’éducation, Université de Genève.
 
Les 10 degrés du plagiat.

5. Annexes
 
5.1. Marche à suivre
 
Exposé Powerpoint sur un canton suisse
 
Travail à 2.
Attention : votre travail sera noté (qualité et intérêt du powerpoint + qualité et intérêt de la présentation orale)
 
1. Vous choisissez un canton.
 
2. Vous regardez l'exemple Powerpoint sur le canton de Vaud.
 
3. Vous recherchez les informations nécessaires à la réalisation de votre exposé sur Internet.
 
4. Vous pouvez vous inspirer des ressources mises à disposition dans la classe sur Teams.
 
5. Vous réalisez 6 diapositives avec des illustrations.
            1. Titre + noms des auteurs
            2. Géographie (situation + drapeau)
            3. Histoire et langue
            4. Une tradition vivante (fête, artisanat, musique...)
            5. Un plat traditionnel
            6. Un lieu à visiter ou à découvrir
            7. Sources (le point 7 a été ajouté lors de la 2e séance)
 
5. Vous postez votre travail sur Teams. Après la première évaluation formative, vous retravaillez votre présentation Powerpoint.
 
6. Vous préparez la présentation orale de votre Powerpoint.
 
7. Vous présentez oralement votre travail à la classe et écoutez le retour de vos camarades. 
 
8. Vous présentez oralement votre travail aux élèves des classes 2.1 et 5.A via TEAMS.
 
5.2. Exemple Powerpoint canton de Vaud
Le canton de Vaud.pdf 828.01 KB
5.3. Exemple d'une première production (avant régulation) et après régulation
 

NB: l'élève a ici confondu le canton de Fribourg et la ville de Freiburg en Allemagne.
 
5.4. Exemple d'une production finale (après régulation) et son évaluation