msMITIC 2019

SEQUENCE 3: Écriture collaborative: résumé d'une pièce de théâtre classique ("Phèdre" de Jean Racine)

26.05.2021

Romain Butikofer avatar. Romain Butikofer

MSMITIC
 


Introduction 
 
Dans le cadre de la crise sanitaire, la question de la continuité scolaire est apparue et le Département perçoit comme une obligation de doter les écoles et gymnases vaudois d’une plateforme permettant les échanges de ressources, la communication, l’organisation hebdomadaire des cours et la collaboration entre les enseignants entre eux et entre les élèves et les enseignants. De ce fait, le gymnase de Burier, dans lequel j’effectue cette année mon stage s’est muni d’Office 365 qui comprend les applications Word, Excel, Teams, OneNote, OneDrive, Outlook, PowerPoint, SharePoint. L’accord entre le Département et le gymnase vise à favoriser l’enseignement à distance dans les cas où des élèves ou encore la classe entière seraient mis en quarantaine. 
Certaines de ces applications, comme l’agenda et la messagerie Outlook ou Teams sont utilisés au quotidien, notamment pour permettre aux enseignants de partager des ressources ou des informations importantes. Mais la présentation de cette séquence vise à partager l’expérience qui a été menée sur l’écriture collaborative en utilisant le « Bloc-notes pour la classe» de l’application Teams
 
Inscription de la séquence MITIC
 
Cette séquence s’inscrit dans le contexte d’un enseignement sur le XVIIe siècle et sur le théâtre classique, et particulièrement sur Phèdre de Jean Racine. Au préalable de l’étude de passage et de lecture orale. Cinq périodes de 45 minutes sont dévolues à l’étude des cinq actes de la pièce. Au cours de ces périodes, les élèves sont répartis en cinq groupes et chacun analyse une scène de l’acte. 
Les élèves de chaque groupe doivent réaliser un résumé de la scène et répondre à des questions qui mettent en évidence l’enjeu de la scène. 
Dans chaque groupe, un élève est nommé « secrétaire » et se charge de rédiger les réponses et le résumé avec le concours de ses camarades. Si les groupes restent les mêmes, le statut de « secrétaire » change au fil de cinq cours dévolus à l’étude des actes. 
Il est important de noter ici que la forme classique de l’œuvre (5 actes de 5 à 7 scènes) convient parfaitement à l’effectif de 25 élèves de la classe. De ce fait, 5 secrétaires par période rédigent le résumé des 5 scènes (ou plus) l’acte durant 5 périodes ou total. 
 
L’écriture collaborative
 
Il semble ici heureux de définir l’écriture collaborative et ses apports sur les apprentissages. Elle peut se définir comme étant l’écriture synchrone d’un document écrit par plusieurs sujets. En effet, les élèves collaborent sur un même objet (bloc-notes) en même temps afin de constituer un document qui sera à la disposition de tous. 
L’écriture collaborative permet donc de mutualiser les efforts ; elle favorise la collaboration et la coopération entre les apprenants ; elle permet la constitution d’un document de façon synchrone ; et, surtout, l’écriture collaborative permet une co-construction des savoirs. Si l’écriture collaborative, en soi, n’est pas une nouveauté si l’on s’entend sur le fait que toute écriture est une coécriture, mais les moyens informatiques ont permis de rendre le processus de collaboration synchrone. 
Alain Baudrit et Rémi Thibert, chercheurs en éducation, distinguent quatre types de collaboration : la co-écriture, la co-publication, la co-révision et la co-édition. Cette séquence se rapproche davantage de la co-révision dans la mesure où chaque élève rédige individuellement sa partie sur un document commun et qu’il révise les parties de ses pairs. 
Finalement, l’écriture collaborative est sensiblement améliorée par le cloud computing. Ce dernier terme correspond à la création d’un document disponible depuis n’importe quel ordinateur connecté à un réseau Wi-Fi. Le document est dématérialisé ; il se trouve « dans les nuages » et on y a accès par un lien attribué aux créateurs de ce même document. 

Quel apport pour l'enseignement ?

Selon le modèle SAMR développé par Ruben Puentedura, la présente séquence concernant l'écriture collaborative correspond à la modification des enseignements. En effet, la possibilité de créer un document commun en Cloud Computing permet de modifier l'approche de l'écriture et du résumé. Les élèves ont la possibilité de modifier à leur guise le document et l'enseignant peut annoter, rectifier le travail de tous les élèves sur ce même document. L'utilisation du bloc-notes Teams permet donc de travailler (un peu) différemment alors que les tâches sont reconfigurées de façon significative. 
 


Compétences enseignantes

Tout d'abord, il nécessaire de maîtriser les fonctions de base des logiciels disciplinaires.
Puis, je me suis penché sur ressources théoriques de bases que proposait Yves Dupraz en préliminaire d cela validation de son son brevet "Écriture collaborative". Les vidéos suivantes présentent de façon éclairante les enjeux de l'écriture collaborative, ainsi que le
CloudComputing :







Évidemment, la vidéo de Yves Dupraz présentant le brevet a elle aussi été visionnée :




Ensuite, il m'a été nécessaire de valider le brevet "Écriture collaborative" validé par Monsieur Yves Dupraz. Il permet de comprendre les enjeux de l'activité et de se saisir des outils nécessaires. Le brevet validé propose d'inviter un pair afin de se familiariser avec ce type de méthode. Pour mon cas, je me suis penché sur l'application
Teams de Microsoft 365 qui offre un bloc-notes collaboratif facile d'utilisation et dont les élèves sont eux-aussi familiers. 

Finalement, il est nécessaire d'organiser en amont le travail qui sera attendu. Dans le cas présent, je me suis efforcé de poser des questions relativement précises sur les scènes de la pièce afin de garantir l'homogénéité des résumés et pour que les élèves soient dirigés dans la tâche. 
 

Objectifs 

Les objectifs visés par cette séquence sont les suivants :
 
-       L’élève est capable de résumer les enjeux d’un scène du théâtre classique français. 
-       L’élève est capable de collaborer avec ses pairs et de s’entendre sur un produit final.
-       L’élève est capable de restituer des éléments dramatiques, et donc de faire preuve d’abstraction. 
-       L’élève est capable de maîtriser le « Bloc-notes OneNote de la classe » sur Teams de Microsoft 365
-       L’élève est capable de formuler une critique du travail de ses pairs. 
 
Style pédagogique

Le rôle de l'enseignant dans la présente séquence est d'abord un rôle de guide. En effet, l'enseignant doit s'assurer que les élèves ont tous accès au bloc-notes collaboratif et, avant tout, qu'il trouve le document prévu à cet effet sur Teams. Cette étape n'est pas à négliger, car je me suis trouvé dans le cas où j'ai dû répéter plusieurs fois le cheminement sur l'application à certains élèves. On ne doit pas négliger la prise en main de l'outil, auquel cas l'élève ne peut tout simplement pas participer à l'activité.
Au sein de la salle d'informatique du gymnase, les postes de travail sont répartis en lignes horizontales ce qui ne favorise pas une vision d'ensemble. Il est intéressant ici de souligner qu'une disposition en lignes verticales, c'est-à-dire perpendiculaires au poste de l'enseignant, devrait être faite.
Les élèves se doivent de compléter le bloc-notes, mais comme je le dirai plus bas, il est important de leur attribuer le rôle de lecteur des parties de leurs pairs afin d'assurer une réelle collaboration entre les élèves.
 


Activité de guidage

Compte tenu du fait que l'application Teams est utilisée et que les élèves ne sont pas forcément familiers du bloc-notes
Teams, il pourrait être intéressant de projeter l'écran de l'enseignant au Beamer de la classe le cheminement nécessaire à la réalisation de la tâche.
Et, dans un second temps, de faire un test sur le premier acte de la pièce. Un élève écrit sa partie quand les autres assistent à la rédaction et ont alors l'opportunité de corriger, d'annoter et d'ajouter des éléments. Tout cela, sous le regard de l'enseignant dont le rôle est toujours celui de guide.



Planification

Pour ma part, comme vous avez pu le lire dans l'introduction, j'ai décidé de diluer cette séquence sur cinq semaines à raison d'un période par semaine. Il s'agissait pour moi d'établir les enjeux de l'acte qui serait étudié au cours de la semaine. Cinq "secrétaires" rédigeaient le résumé d'une scène par semaine. Les autres les aidaient à la rédaction et amenaient d'éventuels compléments.

Mais cette séquence peut aussi se condenser sur une semaine, en sachant qu'il y a cinq périodes de français par semaine.

En amont, l'enseignant aura préparé le document en indiquant les actes et les scènes qui seront à résumer.

Durant la 1re période, en classe, l'élève se voit attribuer une scène à résumer. En sachant que ma classe est constituée de 25 élèves et que la pièce contient 5 actes de plus ou moins 5 scènes, un élève s'occupe de résumer une seule scène. Les 4 scènes supplémentaires peuvent être résumées par l'enseignant.

Durant la 2e période, en salle d'informatique, les élèves prennent en main le bloc-notes de
Teams et assistent à l'activité de guidage. Ils commencent à rédiger leur résumer sur le bloc-notes.

Durant la 3e période, les élèves commencent et terminent de rédiger leur partie.

En 4e période, les élèves se verraient attribuer une partie à relire. Une chaîne s'instaurerait afin que chaque élève voie sa partie relue par un pair.

En finalement, au cours de la 5e période, le document est peaufiné et établi. Une conclusion est donnée.





Évaluation

Le présent travail, du moins la partie TIC, n'a pas été évalué puisqu'il correspondait à un travail préparatoire. C'est bien l'analyse de texte sous format papier qui a été évalué à la fin de la séquence littéraire sur Phèdre. Cependant, il est tout à fait envisageable d'évaluer ce genre de travail dans le cadre d'un travail sur le résumé d'oeuvre. Les critères d'exhaustivité et de précision seraient alors élaborés avec davantage de méticulosité. 

Déroulement 

1.     Dans un premier temps, les élèves étudient en groupe une scène de la pièce de théâtre et travaillent en groupe en présentiel et s’entendent sur ce qui est demandé par l’enseignant. Ils tâchent de répondre aux questions distribuées par l’enseignant. Au cours de l’introduction, il est important que les élèves comprennent ce qu’ils doivent réaliser, et, aussi, où et comment ils doivent apporter leur contribution. Pour ce faire, un PowerPoint de 9 slides (fig. 1) leur est présenté. Il contient notamment des captures d’écrans qui leur permettent de visualiser sur quels onglets cliquer pour accéder au bloc-notes OneNote
 

 
            

 
 
2.     Dans un second temps, les élèves rédigent le résumé et les réponses aux questions (fig. 3) sur le bloc-notes OneNote en salle d’informatique. Il leur est précisé qu’ils doivent opter pour un code couleur différent de la partie rédigée par leurs camarades. 


 
3.     Les résultats de la classe 1M12 du gymnase de Burier sont concluants (fig. 4)

 
4.     Finalement, l’enseignant et les élèves entre eux communiquent par la messagerie Outlook (Il est en outre possible d’utiliser le mur de publications disponible sur Teams), afin de pouvoir obtenir un document utilisable pour réviser le travail écrit. (fig. 5)
 
5.     Ce document est finalement imprimé par l’enseignant et distribué à l’ensemble de la classe pour que les élèves puissent bénéficier du travail collectif, ce qui était l’objectif principal de cette séquence. 


Figure 5: exemple de communication



Retour après expérience

S'il n'y a pas eu d'évaluation mise en place dans ce cadre, je peux cependant affirmer que les compétences de mes élèves ont permis de réaliser un travail de bonne qualité et qui a permis à l'ensemble de la classe de bénéficier du document commun. 

Globalement, l'expérience s'est déroulée de façon correcte, mais certaines modifications peuvent encore être apportées. En effet, les élèves se sont souvent contentés d'écrire leur partie sans ajouter, sans annoter les parties de leurs camarades. Il pourrait donc à ce sujet être intéressant de stimuler le retour entre les pairs en alignant par exemple une autre partie à réguler; l'élève A, après avoir écrit sa partie, relit et commente la partie de l'élève B quand l'élève B, après avoir écrit sa partie, relit et commente la partie de l'élève C, etc. Une chaîne de relecture pourrait être ainsi instaurée. 

Il est aussi important de souligner que cette chaîne de relecture permettrait d'alléger celui de l'enseignant. Je me suis trouvé dans la situation chronophage de relecture de l'ensemble des parties.  
Cependant, le document terminé, il a permis à mes élèves d'obtenir une moyenne de classe tout à fait acceptable à l'évaluation (4,54/6). Ils montraient dans leurs travaux, une bonne connaissance globale de l'oeuvre, ce qui amène tout de même une certaine satisfaction. 

Un écueil qui peut être ici souligné est celui de la communication entre les élèves. En effet, dans mon cas, les élèves ont eu de la peine à communiquer entre eux par le chat ou par mail. Il semble donc important d'insister et de guider les élèves vers cet outil qui leur permettrait de mieux valoriser la dimension collaborative. 
 
Limites et conclusion 
 
La mise en place de cette séquence d’enseignement intégrant les TIC a permis aux élèves de s’engager dans la tâche et, de fait, dans l’œuvre. Globalement, le travail final (le résumé scène par scène de Phèdre) était concluant et a permis aux élèves de réviser leur travail écrit qui portait sur l’analyse de l’une des scènes.

Au sujet de l'ergonomie du bloc-notes de Teams, il est possible de noter qu'il se prête tout à fait à cet exercice et qu'il propose une prise en main aisée. Les élèves, peut-être, ont eu quelque peine à trouver l'onglet "Phèdre" qui était prévu pour la compilation des résumés, mais ils ont pu être facilement dirigés.

Dans la classe dont j'ai la charge, deux d'entre eux sont dyslexiques. L' écriture collaborative a pu aider à la construction de leurs productions écrites. D'une part, ils sont aidés par le correcteur orthographique et, d'autre part, ils peuvent bénéficier de la relecture d'un de leurs pairs.  Et, concernant les élèves distraits, il est important de demander au maître de classe les mots de passe de l'ensemble de la classe afin que chacun puisse accéder à sa session.


Il est important de souligner que la création d’un document résumant en collaboration nécessite de la part de l’enseignant en outre un certain engagement afin que tous les élèves fournissent un travail équivalent. En effet, certains élèves – en l’occurrence, seulement deux – n’ont pas fourni le travail. Ils ont argué que le temps leur manquait et qu’ils ne maîtrisaient pas l’outil informatique. Afin de pallier à cela, j’ai demandé à ces derniers d’envoyer à l’ensemble de la classe le résumé de leur partie par mail en y ajoutant des excuses auprès de leurs pairs. 
En conclusion, le « bloc-notes OneNote de la classe » est outil pertinent pour l’écriture collaborative. Le cloud computing permettant la synchronie des efforts sur un seul et même document est un apport majeur de la technologie à l’enseignement. Teams permet effectivement la mutualisation des travaux individuels et la création d’un document commun.