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Séquence continuité - Enseignement à distance en EPS

15.06.2021

Simon Duvoisin avatar. Simon Duvoisin

Introduction
 

Lors de mon stage au collège de Cossonay et pendant la période d’enseignement à distance, suite à la fermeture des écoles (mars-mai 2020), j’ai dû développer une séquence d’enseignement à distance destinée aux élèves. Pour des raisons pratiques et organisationnelles, les enseignants d’EPS ont décidé de fournir le même programme à l’ensemble des classes allant de la 9ème à la 11ème année. Le travail a donc été réparti entre les cinq enseignants d’EPS et les 2 stagiaires (dont moi). Chaque enseignant devait préparer deux  séances hebdomadaires à proposer aux élèves. J’ai donc dû élaborer deux séances d’EPS que les élèves devaient effectuer à la maison.
 
Lors de la création de cette séquence d’enseignement, j’effectuais mon 4ème stage obligatoire de  formation pour le master secondaire 1 en EPS. Ce stage se déroulait dans l’établissement de Pré-aux-Moines à Cossonay. J’enseignais l’EPS dans 3 classes différentes, la 9VG3, la 10VG4 et la 10VP2.
 
Afin de mener à bien cet enseignement à distance, les enseignants d’EPS se sont concertés et ont pris la décision d’envoyer deux séances hebdomadaires d’EPS que les élèves devaient réaliser chez eux. Ces séances s’apparentaient à des routines d’exercices physiques afin de maintenir un minimum d’activités physiques chez les élèves confinés. Pour tous les enseignants d’EPS, ces séances d’exercices représentaient la bonne solution car il apparaissait impossible, pour des raisons pratiques, de pouvoir contrôler l’apprentissage des élèves en EPS lors d’un enseignement à distance. C’est pour cela, que mes collègues et moi-même avons décidé de proposer des séances d’exercices physiques à faire à la maison aux élèves. L’objectif de ces séances était de permettre aux élèves de maintenir un niveau d’activités physiques à la maison et ainsi réduire la sédentarité des élèves. En effet, le rôle d’un enseignant d’EPS est aussi de promouvoir l’activité physique des élèves afin de les aider à maintenir une santé physique et psychique durant cette période particulière de semi-confinement. Réaliser ces séances en live (via zoom ou d’autres outils) nous paraissaient totalement impossible, nous avons donc décidé d’envoyer les leçons d’EPS aux élèves sous format d’un document PDF à imprimer à la maison par les élèves.
 
Les élèves ne disposant pas forcément de matériel spécifique à l’EPS à la maison, et pour éviter les inégalités entre élèves, nous avons donc décidé de concevoir des séances de sport sans matériel particulier ou avec des objets que l’on peut facilement trouver dans tous les foyers (tapis, balles, ballons, rouleaux PQ, etc…)

 
Planification et anticipation
 

Comme je l’ai mentionné précédemment, nous nous sommes partagés le travail entre les différents enseignants d’EPS de Cossonay. Nous devions fournir 2 séances hebdomadaires aux élèves. J’ai donc conçu deux « leçons », qui s’apparentaient à des séances d’exercices physiques ou de coordination, pouvant être pratiquées à la maison. Ces leçons étaient transmises aux élèves dans un fichier PDF qu’ils devaient télécharger et imprimer à la maison. L’objectif principal de ces séances était de permettre aux élèves de bouger et de maintenir une activité physique régulière pendant cette période particulière. Vu que les élèves avaient un programme déjà très chargé dans les autres branches, chaque séance proposée aux élèves durait environ 45 minutes. Afin de proposer de la variété aux élèves, chaque séance comportait des exercices et du matériel différent, mais gardait une structure de base commune. Chaque séance se composait d’une partie cardiovasculaire (échauffement), d’une partie renforcement musculaire, d’une partie coordination avec des petits challenges à réaliser et éventuellement d’une partie retour au calme avec des exercices d’étirements (facultatif). Les exercices de renforcement et d’étirements étaient accompagnés d’illustrations (images) afin d’en faciliter l’exécution par les élèves.
 
Les principales difficultés que j’ai rencontrées lors de la création de ma séquence d’enseignement à distance étaient : trouver une variation d’exercices afin que les élèves ne s’ennuient pas et rendre la séance ludique, trouver des exercices qui soient adaptés à tous les profils d’élèves, apporter de la différenciation dans ces mêmes exercices (nombre de séries, nombre de répétitions, rendre l’exercice plus difficile, etc…) pour tenir compte des niveaux physiques très disparates entre les différents élèves, trouver des exercices en fonction du matériel dont disposent les élèves à leur domicile. Mais la principale difficulté résidait dans le fait que nous n’avions aucun moyen de contrôle par rapport à la participation des élèves à ces séances d’exercices. L’absence de contacts avec les élèves, le peu de retours effectués par les  différents maîtres de classe (ce n’est pas du tout un reproche) ne m’ont pas permis de pouvoir adapter mes séances d’une semaine à l’autre, en fonction de ce que les élèves avaient fait ou non.
 
Lors de la conception de ma séquence d’enseignement à distance (les deux séances) j’ai dû mobiliser des compétences dans l’utilisation de logiciels informatiques comme Photoshop, Word ou encore PDF Expert afin de pouvoir fournir un support numérique aux élèves. J’ai également dû trouver des supports sur internet afin de pouvoir illustrer les différents exercices proposés aux élèves. Le but étant qu’ils puissent facilement réussir les exercices planifiés dans les séances. Enfin j’ai aussi utilisé des liens YouTube afin d’illustrer certains exercices. J’avais initialement prévu de proposer aux élèves une application afin de réaliser des exercices physiques, mais ne voulant pas élever leur temps d’exposition aux écrans, j’ai abandonné l’idée.

Du côté des élèves, les principales compétences en jeu avaient rapport à l’utilisation du numérique. Ils devaient utiliser une boîte mail personnelle pour garder le contact avec leur maître de classe, utiliser une plateforme de partage pour télécharger les différents documents liés aux séances d’enseignement, utiliser un lecteur PDF pour prendre connaissance de divers document et utiliser des liens YouTube pour avoir accès aux différentes vidéos explicatives. L’utilisation du numérique par les élèves n’a pas été problématique car la grande majorité des élèves de Cossonay avaient accès aux outils TIC nécessaires pour la séquence que j’ai proposée. La direction avait décidé de mettre à disposition des ordinateurs portables aux élèves qui en avaient besoin. De plus, en accord avec tous les enseignants d’EPS, nous avions choisi d’utiliser des outils simples ne demandant que des compétences numériques de base. Dans l’établissement de Cossonay, l’enseignement à distance s’est mis en place progressivement à partir de la semaine du 23 mars.

 

Pédagogie

 
Les spécificités de l’EPS impliquent qu’il est quasiment impossible de contrôler un objectif d’apprentissage puisque ce contrôle repose principalement sur l’observation de l’enseignant. De ce fait, en accord avec tous les enseignants d’EPS de l’établissement, l’objectif principal de ces séances à domicile était de mettre à disposition des élèves des outils afin qu’ils puissent prendre en main et gérer leur santé physique et mentale. Le maintien d’une activité physique régulière lors d’une période extraordinaire comme nous l’avons vécue prend tout son sens. L’enseignement à distance était l’occasion d’offrir plus de liberté aux élèves afin qu’ils puissent développer leur autonomie. Dans cette optique le but était de proposer aux élèves des outils qu’ils pouvaient utiliser pour adapter eux-mêmes la difficulté des exercices en fonction de leurs capacités et leurs caractéristiques. L’idée générale était de leurs envoyer une leçon type qu’ils pouvaient adapter à leur manière afin de réaliser au mieux les exercices demandés. Nous savions (les enseignants d’EPS) pertinemment que très peu d’élèves allaient suivre la leçon à la lettre. Nous étions naturellement à la disposition des élèves s’ils en voyaient la nécessité.
 
Même si un bon nombre d’élèves n’ont peu ou pas pratiqué les séances proposées, des traces sont restées chez certains élèves. Je n’ai malheureusement pas pu revoir mes élèves à la reprise, mais certains collègues m’ont confirmé qu’ils avaient pu reprendre certains exercices proposés dans l’enseignement à distance et les utiliser principalement lors des échauffements. Les élèves qui avaient activement participé aux séances à distance ont pu aider leurs camarades à réaliser les différents exercices. D’une certaine manière, ils ont pu développer leur compétence transversale de collaboration.

 
Aujourd’hui, avec le recul par rapport à la situation et après les retours de mes différents collègues et formateurs, je me rends compte que nous aurions pu et du faire différemment. Nous étions conscients que les élèves risquaient de ne pas faire les leçons proposées, nous aurions dû anticiper ce risque et proposer quelque chose de plus ludique aux élèves. De mon côté, je ne me suis pas assez mis à la place des élèves lors de la création de mes leçons. J’ai « bêtement » fait comme mes collègues alors que je pouvais facilement anticiper le fait qu’un support papier ne motiverai pas suffisamment les élèves. Il aurait été intéressant pour les élèves, et pour moi aussi, de leur proposer une ou plusieurs vidéos dans lesquelles je leur démontre les exercices à effectuer. Le rôle de l’enseignant en EPS est aussi de motiver les élèves et le fait de me voir dans une vidéo aurait sûrement favorisé la participation des élèves qui se retrouvaient en quelque sorte « coupés » du monde scolaire. J’aurai aussi sans doute pu demander aux élèves de me fournir une trace de leur participation en leur demandant de me transmettre des images ou des vidéos d’eux en train d’effectuer les exercices demandé. Il aurait aussi été envisageable de leur transmettre en fichier dans lequel ils devaient inscrire le suivi et la progression des exercices qu’ils devaient effectuer. Tout ceci dans le but de pouvoir continuer à effectuer mon travail d'enseignant et de mieux guider les élèves dans l'enseignement à distance.



Déroulement et évaluation
 

L’enseignement à distance au sein de l’établissement de Cossonay a mis un peu de temps à se mettre en place. Toutefois, à partir du 19 mars, le chef de file des enseignants d’EPS a décidé d’organiser des conférences hebdomadaires, auxquelles tous les enseignants d’EPS devaient participer, afin de pouvoir organiser au mieux cet enseignement particulier. Ces séances ont été plutôt fructueuses et nous étions en mesure de proposer une première leçon à distance pour les élèves le 24 mars. La transmission des informations concernant l’organisation de l’enseignement à distance a été fournie aux élèves par leurs différents maîtres de classe. Le programme était le suivant : les élèves recevaient deux leçons hebdomadaires de 45 minutes à effectuer chez eux. Si mes souvenirs sont bons, ils en recevaient une le mardi et une le vendredi, afin de pouvoir respecter leur planning avec les autres disciplines. La période d’enseignement à distance a perduré jusqu’à la reprise des cours en présentiel du 11 mai. Les élèves ont eu « congé » pendant les vacances de Pâques.

Comme je l’ai mentionné précédemment, je n’ai pas eu l’occasion de revoir mes élèves et je n’ai donc pas pu échanger avec eux à propos de l’enseignement à distance. Toutefois, mon prafo, mes collègues et l’enseignant stagiaire ont pu me faire un retour après discussion avec leurs élèves. Ils ont pu observer une faible participation aux leçons à distance. Beaucoup d’élèves ont préféré pratiquer des activités physique de leur côté, que cela soit entre amis ou en famille. Certains se sont concentrés sur des exercices qu’ils ont pu trouver sur Youtube ou d’autres plateformes. Mais d’autres ont suivi les séances à la lettre et étaient très satisfaits de la variété des exercices proposés dans les différentes leçons. Ils étaient tout à fait conscients de la difficulté à proposer un programme varié à chaque leçon. Les points négatifs qui sont ressortis le plus concernaient une certaine lassitude à effectuer des exercices de condition physique chaque semaine. Un sentiment de monotonie s’est vite emparé des élèves car, malgré nos efforts, le côté ludique des exercices leur a paru faible. En effet, le jeu est la chose qui leurs à le plus manquée lors de ces leçons d’enseignement à distance. C’est sûrement pour cette raison que certains élèves préféraient aller pratiquer une activité physique en famille ou entre amis. Certains élèves ont aussi eu l’honnêteté de nous faire remarquer qu’ils n’avaient pas particulièrement apprécié recevoir des « devoirs » d’EPS, qui venaient s’ajouter au travail qu’ils devaient effectuer chaque semaine dans les autres branches scolaires. Si à la base, les leçons étaient conçues comme un outil pour maintenir les élèves en forme, certains élèves les ont perçues comme du travail supplémentaire, ce qui a fait chuter leur motivation à réaliser les séances de manière régulière. Malgré une participation relativement faible à ces leçons d’enseignement à distance, la grande majorité des élèves sont restés actifs, en effectuant d’autres activités physiques, ce qui constitue déjà une petite victoire en soi. 
 

Pour conclure, les élèves se sont rendus compte que malheureusement l’enseignement à distance ne pouvait pas remplacer l’enseignement en présentiel. Le rôle d’un enseignant d’EPS est primordial pour entretenir la motivation des élèves et les pousser à se dépasser. Certains élèves ont donc eu plus de peine à se motiver lorsqu’ils étaient « seuls » à la maison. La proximité sociale, le fait de partager son ressenti, ses émotions avec ses camarades représentent les aspects qui ont le plus manqué aux élèves pendant cette période de semi-confinement.

 

D’un point de vue personnel, je tire un bilan plutôt positif de ma première expérience d’enseignement à distance. J’ai pu me familiariser avec certains outils numériques et j’ai apprécié préparé les leçons à distance. J’ai aussi pu me rendre compte de l’importance du numérique lors de cette période « à distance ». Que cela soit pour fournir un support de cours aux élèves ou participer aux séances Zoom des enseignants d’EPS, l’utilisation du numérique nous a grandement faciliter la vie.

 
 
Après réflexion et évaluation de mon travail, je me rends compte que d’autres solutions auraient dû être envisagées, notamment en ce qui concerne l’usage du numérique. Je n’ai certainement pas assez réfléchi à toutes les options qui s’offraient à moi pour mettre en place cet enseignement à distance de la meilleure manière possible. Lors de cette période de confinement, les cours de sport, de fitness en visio-conférence ont pris une place très importante dans le quotidien des personnes confinées et nous aurions pu proposer aux élèves des séances d’exercices en « live » via Zoom ou une autre plateforme. En collaborant de manière plus efficace, les enseignants d’EPS auraient certainement pu se relayer pour animer des séances d’exercices en visio-conférence. Plusieurs bénéfices pour les élèves et pour moi-même auraient pu découler d’une telle démarche. Premièrement ces séances m’auraient permis de garder un contact visuel avec mes élèves et de les accompagner dans cette période particulière et compliquée à vivre pour eux. Je pense qu’une de mes tâches principales en tant qu’enseignant était de les soutenir et de les encadrer dans la réalisation de leurs séances d’exercice. La solution que j’ai proposée aux élèves ne m’a pas permis de le faire. L’utilisation des séances en live m’aurait permis de contrôler la participation des élèves et leur engagement dans les exercices. J’aurai aussi été en mesure de mieux contrôler les apprentissages des élèves, ce qui aurait été plus en accord avec ma posture d’enseignant. Enfin, le fait pour les élèves de voir leurs camarades participer en même temps qu’eux aux séances d’exercices aurait forcément eu un impact sur leur motivation et donc sur leur participation. L’aspect social a quelque peu été négligé lors de la conception de mes leçons d’enseignement à distance. J’aurai du tenir compte du fait que les élèves se retrouveraient seuls (et perdus) devant un support PDF et que donc leur motivation allait en être impactée. 

Avec le recul, si l’expérience se reproduit et que nous sommes à nouveau amenés à donner des cours en ligne, j’opterai surement pour des cours de gymnastique en visio-conférence. 



Éducation aux médias

 
La plupart des images, illustrations que j’ai utilisées dans les documents transmis aux élèves n’étaient pas soumises aux droits d’auteurs. La source des sites internet sur lesquels j’ai trouvé les différentes images a toujours été mentionnée.
Les outils numériques dont les élèves devaient disposés étaient relativement basiques dans le but de faciliter l’accès à l’enseignement pour tous et ne pas créer d’inégalités entre les élèves. Les outils que j’ai utilisés dans mon enseignement à distance étaient eux aussi très faciles à prendre en main.

Traces relatives à la séquence d'enseignement

Leçon EPH à la maison 28 avril.pdf 1.13 MB
Leçon EPH à la maison 1er mai.pdf 529.71 KB