Ma séquence d’enseignement s’inscrit dans un cycle de sauts au mini-trampoline en éducation physique et sportive. Elle s’adresse à des élèves de 8ème année, mais elle peut aussi s’appliquer aux autres degrés. Cette séquence s’est déroulée sur 2 périodes, elle correspondait à la 3ème leçon (2 périodes) sur un cycle de 4 leçons. L’objectif final du cycle est de réaliser l’évaluation CM23/8.10 qui est une évaluation obligatoire pour les élèves de 8ème année. Pour obtenir la meilleure évaluation (TBR), les élèves doivent présenter 3 saut différents, à savoir un saut en extension (chandelle), un saut écart et un saut groupé, tout en ayant le tronc droit et le regard à l’horizontal. L’évaluation est réussie (R) si un élève réussi 3 sauts identiques. Il existe donc une énorme différence entre le niveau R et TBR. Afin de mettre les élèves dans les meilleures conditions possibles pour la réussite de l’évaluation, les 3 types de sauts ont été travaillés tout au long du cycle.

La première leçon du cycle est consacrée à la découverte du mini-trampoline, la prise d’élan et le rebond et la présentation des sauts. La seconde leçon est consacrée au travail des 3 différents sauts. La troisième leçon (ma séquence) s’est portée sur une analyse vidéo des élèves en vue de corriger les erreurs et améliorer l’exécution des sauts. Et enfin la quatrième leçon est consacrée à l’évaluation finale. 

Ma séquence porte donc sur la 3ème leçon et l’analyse vidéo des mouvements des élèves. Par groupes, les élèves se filment lors de l’exécution des sauts, analysent leurs mouvements, se donnent des feedbacks et corrigent leurs erreurs en vue de s’améliorer pour l’évaluation finale. L’utilisation des MITIC réside donc dans l’utilisation des IPADs par les élèves, afin de se filmer, de s’auto-évaluer ou évaluer ses pairs, dans le but d’améliorer l’exécution des différents sauts demandés pour l’évaluation finale.

 

L’utilisation du numérique, dans ma séquence l’utilisation de la vidéo, est particulièrement pertinente et utile pour les élèves dans une discipline comme la gymnastique aux agrès (sauts mini-trampoline) car celle-ci se focalise sur l’exécution des mouvements en fonction de certains critères. Le rôle de l’enseignant d’EPS est bien naturellement de donner des feedbacks aux élèves sur l’exécution de leur mouvements afin de les améliorer, mais bien souvent, les élèves de cet âge ont énormément de peine à se représenter ce qu’ils font, à prendre conscience de leurs mouvements. L’analyse vidéo permet donc aux élèves, d’une part de se voir en train d’exécuter un mouvement et constater ce qui est bien réalisé, et d’autre part de se rendre compte des éléments qu’ils doivent améliorer. Le fait de pouvoir voir et revoir les différentes séquences filmées permet aux élèves de disposer de beaucoup d’informations visuelles, ce qui est particulièrement important en EPS. En effet un mouvement de gymnastique peut s’apprendre et s’améliorer grâce à l’observation, au mimétisme (Albert Bandura, théories sur l’apprentissage par observation). Il est bien sur nécessaire que les élèves aient un exemple correct des mouvements à réaliser, c’est pourquoi ils ont pu observer des démonstrations faites par mes soins, des fiches didactiques concernant les sauts et les critères importants. L’utilisation du numérique dans cette séquence  permet aux élèves d’avoir beaucoup plus de feedbacks sur l’exécution des mouvements, car en plus de ceux de l’enseignant, ils reçoivent un retour de la part de leurs camarades. Ils peuvent aussi se voir en train de réaliser leurs mouvements et s’auto-corriger. Le numérique permet aussi de donner aux élèves plus d’autonomie et de se sentir moins observé par l’enseignant (ce qui peut dès fois déstabiliser les élèves). Enfin vu que les consignes étaient de travailler en groupe et de donner des feedbacks à ses camarades, les élèves développent leurs capacités de collaboration.

Les objectifs pour les élèves, au cours de cette séquence d’analyse vidéo, sont de se filmer, d’analyser les mouvements, de fournir un feedback à ses camarades (ou un auto-feedback) et d’essayer d’améliorer l’exécution des mouvements grâce à l’analyse des mouvements. Après la mise en place de ma séquence, j’ai pu constater que les objectifs étaient atteints et que les élèves ont pris beaucoup de plaisir à travailler de cette manière, qui sortait de l’ordinaire pour eux.

 

Afin de mener à bien cette séquence, l’enseignant doit être au clair sur le déroulement du cycle et de ses contenus ainsi que sur l’évaluation finale demandée. Il doit naturellement connaître la bonne exécution (critères) des 3 sauts demandés lors de l’évaluation. Finalement il doit être en mesure d’expliquer aux élèves comment utiliser l’IPAD pour se filmer et regarder les vidéos. Fort heureusement, la plupart des élèves de cet âge maitrisent presque mieux l’usage des IPAD que les enseignants. 

Nous avons pu constater l’utilité du numérique pour les élèves dans le chapitre précédent, mais le numérique peut aussi aider l’enseignant dans cette séquence. En effet, vu le nombre élevé de disciplines sportives enseignées en EPS, un enseignant ne peut pas maîtriser tous les mouvements. Le fait de pouvoir proposer un exemple vidéo d’un spécialiste peut donc dispenser l’enseignant de faire une démonstration d’un mouvement qu’il ne maîtrise pas. Et finalement, les mouvements exécutés par des spécialistes ou des athlètes professionnels peuvent plus retenir l’attention des élèves et les motiver à les réaliser correctement.

L’établissement dans lequel j’ai mis ma séquence en place met à disposition des IPADS sous réservation. Il faut donc s’y prendre à l’avance pour les réserver et bien planifier le moment où ils seront utilisés. L’enseignant doit donc être au courant des ressources MITIC mises à disposition des enseignants et savoir à qui s’adresser pour les obtenir. Pour ma part, j’ai effectué la réservation des IPADS via ma prafo, car je ne disposais pas des codes d’accès pour les réserver.

En ce qui concerne les mesures à prendre avec les ressources MITIC, les IPADS que j’ai utilisés permettaient seulement aux élèves d’utiliser la caméra et de visionner les photos/vidéos. Il faut être attentif à ce que les élèves ne puissent pas avoir librement accès à internet et d’autres applications.

 

·        Objectif du PER : CM23 « Mobiliser des techniques et des habilités motrices... en enchaînant et en coordonnant des mouvements » à Perfectionnement des familles de mouvements dans des situations différentes. 

·        Objectif MITIC : facilitation de la correction des gestes techniques à travers un outil numérique et éducation aux médias.

·        Objectifs transversaux : les élèves apprennent à collaborer entre eux pour la correction et la réalisation des mouvements. Ils apprennent aussi à analyser les vidéos pour dégager ce qui peut être pertinent pour s’améliorer ou pour aider les autres à s’améliorer.

·        Objectifs de la leçon (pour les élèves) : se filmer, analyser les extraits vidéos, faire des feedbacks à ses camarades en vue d’améliorer les mouvements (sauts un mini-trampoline). Etre prêts à présenter ses 3 sauts lors de l’évaluation prévue la semaine d’après.

 

Vu que les élèves travaillent par groupes et ont pour consigne de s’entraider en vue de s’améliorer, l’enseignant tient principalement le rôle de chef d’orchestre pour le bon déroulement de la séance. Il garde tout de même son rôle de transmetteur de connaissances, mais l’usage du numérique permet à l’enseignant de se focaliser sur la gestion des groupes de travail et la bonne tenue de la leçon. Puisque que les élèves doivent jouer le rôle « d’enseignant » pour leurs camarades (feedbacks, corrections, améliorations), l’enseignant va plutôt guider les élèves en leur faisant remarquer sur quels critères ils doivent se concentrer lorsqu’ils analysent les mouvements de leurs camarades. L’utilisation du numérique peut ainsi rendre l’enseignement plus efficace, surtout en EPS, car l’enseignant n’est pas obligé de s’occuper de chaque élève pour lui fournir des rétroactions sur ses actions. En « confiant » cette responsabilité aux élèves, l’enseignant peut gagner beaucoup de temps. Il doit toutefois être très attentif aux différents feedbacks effectuées par les élèves et immédiatement les corriger en cas de feedbacks incorrects. Il est préférable pour l’enseignant d’expliquer clairement aux élèves quels sont les critères de réussite pour chaque saut ou de fournir un fiche didactique aux élèves résumant ces critères, afin que les élèves ne puissent pas se tromper lorsqu’ils évaluent et conseillent leurs pairs.

Dans cette séquence, les élèves sont à la fois utilisateurs des données transmises par leurs pairs (corriger, améliorer l’exécution des sauts) et la fois producteurs de données pour les autres (séquences vidéo, sauts exécutés). Pour les élèves, le fait de pouvoir visionner ses pairs en train d’effectuer des mouvements leur permet de constater qu’ils ne sont pas les seuls à faire certaines erreurs et peut les encourager à vouloir progresser. Il est aussi des fois plus facile pour un élève de s’identifier aux mouvements de l’un de ses camarades qu’aux mouvements d’un enseignant, d’un adulte. Et certaines fois, un feedback donné par un élève, en utilisant ses propres mots, ses propres sensations, peut être mieux perçu et intégré par l’enfant qu’un feedback donné par un enseignant.

Comme expliquer précédemment, l’évaluation de fin de cycle se déroule lors de la leçon 4. Cette évaluation est obligatoire pour les élèves de 8ème année. Les exigences pour l’évaluation sont les suivantes:

Pour réaliser cette évaluation, j’ai séparé la salle en deux. Une partie était destinée à l’évaluation des élèves avec une installation comportant un mini-trampoline, un gros tapis et quelques petits tapis répartis autours du grand tapis. L’autre partie de la salle permettait aux élèves de jouer au unihockey en attendant d’être appelé pour passer l’évaluation. La partie de la salle dévolue à l’évaluation était volontairement plus petite que la partie réservée au unihockey, ceci afin que les élèves aient suffisamment de place pour jouer en 6 vs 6. Pour cette évaluation, 18 élèves étaient présents. J’ai donc réparti les élèves en 3 équipes de 6. 2 équipes s’affrontaient, une équipe était sur le banc. Dès qu’une équipe marquait un goal, l’équipe perdante était remplacée par l’équipe qui se trouvait sur le banc (brésilienne). Les élèves étaient au clair avec les règles de unihockey, ils avaient déjà pratiqué cette activité.

Il n’y a pas eu d’entrainement supplémentaire pour cette évaluation, car à la fin de la leçon 3 (qui représente ma séquence d’enseignement) les élèves étaient prêts à me présenter leurs 3 sauts grâce au travail effectué avec l’analyse vidéo et les feedbacks des élèves. Ils connaissaient les critères de réussite pour chaque saut et les critères de réussite pour l’évaluation. J’ai donc appelé les élèves un par un pour qu’ils me présentent leurs différents sauts. L’évaluation s’est déroulée sans grande surprise car les élèves savaient exactement ce qu’ils allaient me présenter. Ils ont tous réussi à faire ce qu’ils avaient prévu et j’ai même pu constater une amélioration chez certains élèves par rapport à la leçon précédente.

Les objectifs pour les élèves ont été atteints car ils ont su utiliser la vidéo pour conseiller leurs camarades et les aider à s’améliorer en vue de l’évaluation finale. Les élèves ont été en mesure de me présenter ce qu’ils avaient travaillé lors de la leçon 3 avec la vidéo. J’ai l’impression que le fait d’avoir pu s’entrainer de cette manière (vidéo) a permis aux élèves d’avoir plus de confiance lors de l’évaluation. Pour ma part, j’ai été très satisfait du travail de mes élèves et je n’hésiterai pas à réutiliser les ressources numériques à ma disposition dans un autre cycle de gymnastique aux agrès.

 

Au début du cycle, les élèves ont été informés de l’utilisation de l’IPAD afin de les aider à se préparer au mieux à l’évaluation finale. La plupart des élèves étaient très motivés à l’idée d’utiliser un moyen numérique pour les aider dans leurs apprentissages. Une semaine avant la leçon dans laquelle ils devaient utiliser l’IPAD pour se filmer, les élèves ont reçu une circulaire que leurs parents devaient signer afin de les autoriser à être filmés pendant la leçon. Cette circulaire mentionnait que les images et vidéos récoltées seraient utilisées uniquement dans le cadre de mes études à la HEP et que l’anonymat des élèves serait préservé. J’ai donc récolté les formulaires avant le début de la leçon filmée et seulement un élève n’avait pas reçu l’autorisation de ses parents. L’élève n’a donc pas été filmé au cours de cette leçon, mais il a quand même pu participer à l’activité en analysant les vidéos de ses camarades et en participant à la correction des mouvements. Cette activité lui a donc quand même été profitable au niveau des apprentissages.

 

Ma séquence d’enseignement était planifiée pour intervenir juste avant la leçon destinée à l’évaluation de fin de cycle. Ceci afin que les élèves soient en mesure de se corriger et de s’améliorer pour l’évaluation finale. Les élèves étaient au courant du déroulement du cycle. Pour mettre en place ma séquence d’enseignement, j’ai dû réserver les IPADs mis à disposition par l’établissement scolaire. Ne disposant que de 2 mini-trampolines et 2 gros tapis par salle de gym, je me suis arrangé avec mon collègue qui travaille dans la salle d’à côté pour pouvoir utiliser le matériel présent dans sa salle. J’ai donc pu disposer de 4 mini-trampolines et de 4 gros tapis. J’ai donc planifié de faire 4 ateliers mini-trampolines et de répartir les élèves en 4 groupes de travail. Les élèves savaient qu’ils allaient devoir travailler en groupe et le déroulement de ma séquence s’est prévu globalement comme je l’avais imaginé et planifié. J’avais décidé de laisser les élèves relativement libre par rapport à l’usage de la vidéo (qui filme ?, quand ?, filmer tous les passages ?, etc…) mais ils devaient me montrer à fin de la leçon, par groupe, au moins 6 sauts filmés qu’ils considéraient comme corrects et valables pour l’évaluation. Avec le recul, j’aurai pu faire différemment et exiger des élèves qu’ils présentent une vidéo minimum pour chaque élève du groupe. Ceci afin de m’assurer qu’ils soient tous en mesure de réussir l’évaluation finale prévue la semaine d’après. Pour rappel, pour réussir cette évaluation (R) les élèves doivent maitriser au moins 1 saut parmi les 3 sauts travaillés.

 

En étant conscient que l’usage des IPADS par les élèves pouvaient amener certains problèmes et dérives, je me suis assuré que les élèves ne pouvaient pas disposer d’une connexion internet. Ensuite, j’ai expliqué au groupe classe comment utiliser la caméra et comment visionner les photos ou vidéos (ils savaient déjà tous comment le faire). 

Après l’échauffement, j’ai laissé les élèves se répartir en 4 groupes de travail. Le but était de faire des groupes affinitaires pour éviter tout problème de discipline au sein des groupes. Une fois les groupes constitués, les élèves devaient installer chacun leur propre atelier comportant un mini-trampoline, un gros tapis et des petits tapis installés autour du gros tapis. J’ai informé les élèves que l’IPAD serait distribué au groupe seulement après l’installation des ateliers et après avoir donné les consignes de travail. Les consignes étaient les suivantes et les mêmes pour chaque groupe : en premier lieu, les élèves devaient regarder une vidéo démontrant l’exécution correcte des 3 sauts et être attentifs à 5 critères (position des bras, position des jambes, tronc droit, regard horizontal et réception amortie). Après que cette étape fut réalisée, les élèves devaient tous réaliser le saut en extension et se filmer. Une fois que chaque élève avait été filmé, les élèves devaient visionner en groupe chaque vidéo en se concentrant sur les critères donnés (position des bras, position des jambes, tronc droit, regard horizontal et réception amortie) et proposer des corrections pour chaque élève. Ils disposaient d’une fiche didactique expliquant les sauts et les critères. Cette procédure a été répétée pour les deux autres sauts (saut écart et saut groupé). A la fin de la leçon chaque groupe devait me présenter 6 sauts filmés qu’ils considéraient comme corrects et valables pour l’évaluation. Ce qui me permettait de voir avec eux s’ils étaient prêts pour l’évaluation et de corriger le cas échéant les dernières erreurs avant la leçon d’évaluation. Cette manière de travailler a permis aux élèves d’être à la fois observateurs et pratiquants, ce qui est particulièrement important pour l’EPS. La liberté laissée aux élèves m’a permis de me déplacer entre les groupes et de contrôler que les élèves étaient réellement impliqués dans l’activité. En visionnant les vidéos produites par les élèves, j’ai pu vérifier leur progression, suite à mes observations des leçons précédentes. Je suis passé dans chaque groupe lors des moments où les élèves analysaient les vidéos pour m’assurer qu’ils faisaient réellement un feedback à leurs camarades. C’est lors de ces moments que j’ai pu m’assurer que les objectifs pour les élèves étaient atteints (se filmer, analyser les extraits vidéos, faire des feedbacks à ses camarades en vue d’améliorer les mouvements).

Après réflexion concernant ma séquence d’enseignement, je pense qu’une amélioration possible serait de mettre à disposition des élèves, sur les IPADS, des vidéos faites par des professionnels dans lesquelles l’exécution des mouvements est parfaite. Ceci afin de limiter les erreurs d’exécution et de montrer le meilleur exemple possible pour les élèves. Il peut arriver qu’un enseignant d’EPS ne maitrise malheureusement pas tous les mouvements gymniques parfaitement (ce qui est mon cas). Le fait d’avoir recours à des vidéos réalisées par des experts de la gymnastique aux agrès peut grandement aider l’enseignement à favoriser les apprentissages de ses élèves. 

Fiches didactiques: