msMITIC 2019

Séquence 3, MEO: Comment garder le lien dans l’enseignement à distance en musique

13.06.2021

Jonas Pache avatar. Jonas Pache


Introduction

 
Lorsque le semi-confinement a été déclaré en mars 2020, j’effectuais mon stage au secondaire 1 à l’établissement primaire et secondaire de l’Elysée avec 12 périodes hebdomadaires. En plus de ces périodes j’avais obtenu un CDD au Gymnase du Bugnon site de Sévelin avec 2 périodes hebdomadaires.
 
Il était difficile, durant les premiers jours d’enseignement à distance, de savoir quelles étaient les attentes de mes établissements. Au secondaire 1, j’ai été gentiment invité par la direction à ne simplement rien faire. En effet, dans les mails que nous recevions, les branches du premier groupe ne devaient faire que de la révision, les branches du second groupe devaient si possible ne pas donner de travail ou uniquement des lectures et les branches du troisième groupe – ce qui me concernait – nous n’étions même pas mentionnés dans le mail. Après m’être inquiété auprès de la file musique, il y avait en effet une surcharge de travail et si nous voulions aider, ne rien demander aux élèves semblaient être la meilleure solution ! Bien que cela soit un peu frustrant, je comprenais bien sûr l’idée et j’ai donc cherché en parallèle ce qu’il fallait que je mette en place pour le gymnase.
 
Je n’ai pas eu beaucoup plus d’information du côté du secondaire 2, si ce n’est qu’il fallait éviter de surcharger les élèves. Pour ne pas perdre complètement le lien avec ces derniers j’ai mis en place un moment dans la semaine où je leur envoyais des vidéos sur lesquelles ils devaient réfléchir. Mon idée était de leur faire prendre conscience du rôle de la musique dans une période comme celle-ci à travers différentes vidéos. Un smartphone suffisait à cette activité, ce qui pouvait soulager les familles nombreuses qui ne possédaient pas un ordinateur par personne. Une fois par semaine, j’envoyais donc une vidéo à la classe et ils devaient répondre de manière assez simple aux questions que je posais. Cela leur prenait maximum 15 à 20 minutes et je pense que c’était un moment qui pouvait être ludique, tout en étant cadré d’une certaine manière par l’enseignant.
 

Anticipation

 
Les compétences enseignant sont dans cette activité très simples. Il s’agit d’être à l’aise avec la recherche de vidéos sur internet et dans le partage de ces vidéos par mail. J’ai moi-même participé à la création d’une vidéo que nous avons faite avec un orchestre (3ème vidéo dans la liste qui suit plus loin ;-) ). L’idée était que chacun se film chez soit avec sa partie jouée, et ensuite un ami informaticien a fait un montage. C’était une manière de continuer à faire de la musique « ensemble » et de garder le lien. La musique avait donc un rôle important dans le contact social et c’est ce qui m’a donné l’idée d’envoyer ce genre de vidéos aux élèves.
Pour les élèves, c’était également très simple au niveau des compétences. Ils devaient être capables d’ouvrir une vidéo depuis un mail et de répondre à ce mail après avoir visionné la vidéo.

Pédagogie

 
La place du numérique dans cette activité était de retrouver un côté humain, un semblant de contact social dans cette période qui était très particulière. Cela a non seulement permis de garder un lien entre les élèves et l’enseignant, mais pour les élèves cela permettait de rester au contact de l’actualité, de ce qui continuait à se faire une musique. Si l’on s’intéresse au modèle SAMR d’Alain Lévy, nous avons finalement tant une modification qu’une redéfinition qui sont présentes dans cette activité. Nous avons une réelle transformation de l’enseignement simplement dans le fait que celui-ci se fait à distance et est donc impossible sans outils informatique.

Planification

 
Objectifs du PER :
A 34 Mu – Comparer et analyser différentes œuvres artistiques en exerçant une démarche critique face aux œuvres et au phénomènes culturels actuels, en recourant à un vocabulaire adéquat et spécifique.
 
EN 33 – Exploiter des outils numériques pour collecter l’information et pour échanger en utilisant appréhendant l’impact social.
 
Plan :
Les informations ont toutes été transmises par mail et les élèves avaient simplement besoin d’avoir accès à Youtube pour réaliser l’activité. Cela leur prenait 15 à 20 minutes par semaine et ils avaient le choix du moment pour le faire, il s’agissait d’enseignement exclusivement asynchrone.

Déroulement et évaluation

 
En chaque début de semaine j’envoyais à toute la classe un lien avec une ou deux vidéos et quelques questions en lien, auxquelles les élèves devaient répondre. Voici quelques exemples que j’avais envoyé :
 
1.      
-        
Question : comment un groupe comme celui-ci pourrait continuer à faire de la musique pendant le confinement ?
 
-        
La vidéo peut répondre à la question précédente. Nouvelle question : Qu’est-ce qui à votre avis est complexe dans la réalisation d’une vidéo comme celle-ci ? La réponse peut avoir un lien avec la technique et/ou avec la musique.
 
2.      
Question : Quel élément technique et musical est plus compliqué à mettre en place dans ce montage par rapport à la deuxième vidéo de la semaine précédente ?
 
3.      
Questions : Quel approche les musiciens ont en lien avec la pandémie ici ? Connaissez-vous la chanson originale ? Si non essayer de la chercher par vous-même et ainsi définir ce que les auteurs de « 120 minutes » ont fait par rapport à cette chanson.
 
4.      
Questions : Quel approche les musiciens ont en lien avec la pandémie ici ? Connaissez-vous la chanson originale ? Si non essayer de la chercher par vous-même et ainsi définir ce que les auteurs de « 120 minutes » ont fait par rapport à cette chanson.
 
5.      
Questions : D’après vous qu’y a-t-il d’unique dans ce moment ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer le décalage qu’il y a entre le saxophoniste et le pianiste à partir de la minute 2 :08 ? D’ailleurs comment définissez-vous ce décalage en musique ?
 
Je prenais ensuite le temps de faire un retour aux élèves qui m’avaient répondu pour mettre en avant les réponses qu’ils m’avaient écrites et pour compléter au besoin un point ou l’autre. Mais dans l’ensemble, je ne recevais que peu de réponse de la part des élèves. Et comme il n’y avait pas d’obligation, je n’ai pas couru après les réponses et me suis plus focalisé sur les élèves qui prenaient le temps et faisaient l’activité. Je pense que les élèves qui ont participé ont réellement découvert une dimension de la musique qui était nouvelle lors du confinement. J’ai pu observer cela grâce au petit questionnaire que j’ai demandé aux élèves de remplir lorsque nous avons retrouvé l’enseignement en présentiel. Dans ce questionnaire, je demandais aux élèves de répondre le plus honnêtement possible aux questions suivantes :
 
-       « Avez-vous pris le temps de regarder les vidéos durant le semi-confinement ? Si oui, avez-vous apprécié cette activité ? »
-       « Qu’avez-vous découvert ou appris dans cette activité ? »
-       « Qu’auriez-vous souhaité de différent dans cette activité pour plus vous investir ? »
 
De manière générale, les élèves ont bien apprécié l’aspect ludique de l’activité et ils ont dans l’ensemble bien participé (du moins c’est ce qu’ils disaient...). Ce qu’ils auraient aimé de différent c’est d’avoir « plus de musique d’aujourd’hui », « qu’on écoute des musique moins ennuyeuses ». Mais ils ont tout de même avoué que j’avais fait en sorte de varier les styles de musique !
Ce qui m’intéresse c’est surtout ce qu’ils ont appris, comme « la musique aide à voir le positif » ou que « la musique permet de s’unir », et d’autre témoignage que j’ai trouvé très touchants.

Éducation aux médias

 
Le sujet des droits d’auteurs a pu être abordé lorsque nous avons repris les cours en présentiel. En effet, j’ai rendu les élèves attentifs au fait que lorsqu’il y avait des vidéos qui reprenaient une musique déjà existante, la version originale était toujours citée dans le titre ou dans le descriptif de la vidéo. 
En ce qui concerne l’ergonomie, sachant que cette activité pouvait se faire sur les téléphones portables des élèves, je n’ai pas eu à mettre en place d’autres structures.
 
Pour conclure, c’était une activité simple mais que j’ai eu beaucoup de plaisir à mettre en place, surtout car j’ai senti une bonne reconnaissance de la part des élèves qui se sont impliqués dans l’activité.


Ressources

- Levy, A., « SAMR, un modèle à suivre pour développer le numérique éducatif ». Technologie n° 206, janvier-février 2017, p. 8-13.