msMITIC 2019

Séquence d'apprentissage pédagogique: Xmind

24.06.2021

Simon Noble avatar. Simon Noble

Contexte

Introduction
C’est dans le cadre d’un cours de français que le travail a été effectué. Il s'agit d’une classe de 9VG niveau 2, dans un établissement du pied du Jura. La classe est composée de 10 élèves.

Nous avons travaillé sur les initiatives du 13 juin, dans le but de pouvoir faire un exercice oral de présentation des arguments et d’une explication des initiatives.

L’exercice en détail
Ce travail est constitué d’une grande partie de recherche informatique. Dans ce cadre les élèves de 9ème sont invité·es à naviguer sur internet à la recherche d’informations.
Dans un premier temps, ils et elles sont laissé·es à elles et eux-mêmes, par groupe. Puis un petit pointage est fait pour s’assurer que toutes et tous ont eu accès aux mêmes sources informatiques, celles essentielles.
Dans un deuxième temps, une rédaction agrumentative doit avoir lieu pour leur permettre de comprendre ce que cela signifie avoir un point de vue et le défendre.
Dans un troisième temps, nous confronterons les avis des groupes opposés afin de tenter de dépasser les arguments de base pour descendre en profondeur dans une sphère plus technique des deux initiatives.
Finalement, les élèves de français feront une présentation dans deux autres classes, durant le cours de géographie pour expliquer et défendre leurs opinions. Il ne s’agira pas à proprement parlé d’un débat. En effet, les élèves sont un peu jeunes pour permettre de mener à bien cet exercice. Mais défendre ses arguments est un premier pas vers le débat qui sera abordé en 10 voire en 11ème année.

Utilité du numérique
Pour réaliser ce travail, les élèves évolueront avec Xmind, un programme de création de carte mentale. Il leur permettra d’organiser leur pensée, de faire évoluer les arguments au fur et à mesure de la progression de la recherche. L’avantage de cet outil est multiple: 
  • cela permet une modification du document à tout instant; 
  • la carte mentale permet de représenter de façon spatiale une pensée qui aurait tendance à se faire de manière linéaire. Or l’organisation nécessaire à la pensée dans le cadre de l’argumentation n’est pas linéaire. Il faut pouvoir faire des liens, des rapprochements, connecter des éléments qui ne sont pas forcément dans le « même paragraphe » dans un texte;
  • il est également possible de rendre visible une véritable évolution de la pensée, entre le début et la fin du travail. 

De manière générale, les élèves ont bien compris les fonctionnalités du programme. La version d’utilisation est très simple et le travail a plus consisté en une réflexion d’organisation et moins à un travail de compréhension d’utilisation d’un programme. C’est ce qui fait que l’utilisation de cet outil est particulièrement intéressant.

Compétences enseignantes
La version disponible dans le système scolaire est suffisamment complète, sans être complexe ou compliquée d’utilisation. 20 minutes sont nécessaires pour permettre aux élèves de se sensibiliser à cet outil. 

Alignement pédagogique 

Objectifs
Les objectifs de ce travail sont multiple. Brièvement, il s’agit de permettre à l’élèves de:
  • faire un travail de recherche d’information;
  • se faire une opinion d’un sujet;
  • évoluer dans cet opinion à travers la documentation;
  • organiser sa pensée et la structurer de manière cohérente;
  • développer un discours oral pour présenter ses idées;
  • faire preuve de pertinence afin de convaincre les audit·rices.

Plus précisément et au niveau du français pur, il s’inscrit dans une compréhension qu’on retrouve dans le PER: 
« L1 31: lire et analyser des textes de genres différents et en dégager les multiples sens; 
L1 32: écrire des textes de genres différents adaptés aux situations d’énonciation;
L1 33: comprendre et analyser des textes oraux de genres différents et en dégager les multiples sens; 
L1 34 — Produire des textes oraux de genres différents adaptés aux situations d’énonciation ». 

Cela dit il s’inscrit aussi dans le L1 38, qui cherche à « exploiter l'écriture et les instruments de la communication pour collecter l'information, pour échanger et pour produire les documents:
  • en élargissant et en perfectionnant ses méthodes de prise de notes;
  • en développant un usage éthique de l'Internet (droits d'auteur, règles d'usage, identification des sources,…);
  • en organisant l'information, en l'enregistrant, en la classant, en la triant et en la retrouvant;
  • en menant une recherche d'informations sur support papier et sous forme électronique, en recourant aux spécificités de chaque support;
  • en articulant les différentes composantes (texte, image, son) d'un document multimédia;
  • en initiant une démarche collaborative;
  • en identifiant les composantes d'un document et les effets qu'il produit sur les destinataires ».

C’est cet objectif qui fait le lien entre ceux du français et des MITIC. Notamment au regard des objectifs FG 31: « exercer des lectures multiples dans la consommation et la production de médias et d’informations », principalement « en identifiant les différents médias, en distinguant différents types de messages et en en comprenant les enjeux »
  Et puis finalement, les élèves sont amené·es à développer des compétences transversales comme de :
  • « prendre en compte de l’autre » pour anticiper son point de vue et mieux défendre le sien,
  • « choisir et adapter un ou des langages pertinents en tenant compte de l'intention, du contexte et des destinataires », afin de s’adapter pour mieux faire entendre ses arguments, 
  • « analyser et exploiter des ressources » notamment informatiques, mais également sur papier; 
  • « élaborer une opinion personnelle » et par là-même une « remise en question » de sa performance en vue d’une amélioration qui permet de dépasser des obstacles. 

Style pédagogique
L’enseignant·e doit agir à plusieurs niveaux. Premièrement, il ou elle est là pour aider les élèves dans leurs recherches. Cela signifie les orienter, les accompagner et les guider.
Deuxièmement, il s’agit de s’assurer que tou·tes les élèves aient atteint un certain niveau de connaissance. Cela passe par une mise en commun régulière de l’avancée des travaux.
Troisièment, il ou elle sert de médiat·rice lors de présentation écrite ou verbale qui met en avant la pensée ou le point de vue des élèves.

Les élèves doivent quant à elles et eux, se mettre dans une véritable posture d’enquêt·rices qui partent à la recherche d’informations pour construire leur raisonnement et leur mode de pensée.

Pour des raisons de timing (nous étions un peu contraint par le temps, puisque notre séquence était finalement notée et qu’elle devait se finir avec la clôture des notes), les élèves ont fait un petit essai individuel, puis nous avons mis en commun et travaillé toutes et tous ensemble, ce que permet la taille de cette classe. Dans ce sens, les élèves ont bien coopéré ensemble. Je reviendrai sur ce point en fin de travail.

Evaluation
L’évaluation se fait ici par la présentation que les élèves feront devant les autres classes. Il ne devait pas y avoir de note originellement. Cela dit, après avoir pris conscience de l'investissement que cela demandait aux élèves, ce travail pouvait faire l'objet d'une note pour les élèves qui avaient besoin de remonter leur moyenne. Cela dit, le simple fait de devoir présenter son travail fait également office de motivation pour que les élèves prennent à cœur leurs recherches. 

En outre, on peut clairement voir l’effet du programme sur l’apprentissage. D’un point de vue purement informatique, le programme permet de travailler vraiment plus facilement. Si l’on considère le travail sur papier et le travail final, la comparaison est juste incroyable tellement le travail informatique est meilleur. Certains élèves plus avancé·es que les autres ont refait plusieurs fois leur version papier. A la fin, ils et elles étaient frustré·es de chaque fois tout recommencer. Ce qui a totalement été mis de côté dans le travail informatique. 
D’un autre point de vue, le fait de pouvoir réaliser une version claire et propre leur a offert une excellente révision du sujet, qu’ils et elles maitrisaient bien mieux après avoir fait le travail d’organisation. 

Gestion de la classe 

Éducation aux médias
Le principal frein à ce travail est double. D’une part, il y a la complexité du sujet. En effet, les initiatives suisses sont rarement noires ou blanches et font appellent à des éléments complexes. Cela dit, et aussi paradoxal que cela puisse être, les arguments des deux initiatives sont très terre-à-terre. Cela rend la compréhension plus complexe, mais moins difficile. C’est-à-dire, que les arguments en eux-mêmes ne sont pas difficiles à saisir. Par contre, il faut pouvoir les organiser. C’est là que l’outil Xmind est utile, car il permet de structurer la masse d’informations. 
De l’autre part, il y a un grand nombres de sources différentes, régulièrement contradictoires. Cela signifie que les élèves doivent être très organisé·es. Ce qui n’est pas tout facile pour elles et eux. Le rôle de l’enseignant·e est donc de bien veiller à ce que régulièrement une mise à jour générale soit faite pour que toutes et tous soient « à peu près » au même niveau. 

L’éducation au médias s’ancre dans deux dimensions qui sont la gestion de la masse d’informations ainsi que la diversité des ressources numériques. L’outil utilisé permet donc non seulement d’organiser l’information, mais aussi l’origine de cette dernière, notamment en mettant des lien internet. 

On peut voir que les élèves commencent à se sentir à l’aise avec les ordinateurs. Tout au long de l’année, plusieurs travaux ont été réalisés avec ces machines. En fin d’année, les élèves sont très famili·ères avec les programmes, leur code d’accès. En général, lorsqu’ils et elles voient la caisse contenant les ordinateurs, ils et elles viennent spontanément les prendre et se préparent directement au travail. Cela donne un cadre et une structure intéressante. Je fais donc moins de discipline et la mise au travail est plus simple. Je note qu’il y a une réelle attraction des jeunes pour ces objets. Même si cela m’interpelle et parfois peut m’inquiéter, je ne peux que noter les bienfaits sur la gestion de classe. 


Planification

Cette séquence s’insérait originellement en fin d’année, au moment où le stresse de l’année scolaire commence à passer et où il y a de la place pour autre chose que des notes. En outre, les élèves sont aussi fatigué·es de l’année en question, sentent aussi la fin arriver et sont donc moins récepti·ves aux enseignements traditionnels. Dans les faits, ce fut plus compliqué. D'une part parce qu'il fallait finalement permettre aux élèves qui le souhaitant de recevoir une note, et de l’autre parce qu'effectivement la motivation n'était pas au rdv, même pour une sujet différent et stimulant.
Et puis, il se trouve aussi que l’agenda politique concordait avec l’agenda de géographie où nous sommes en train de finir le thème de l’agriculture. Cela tombe donc à point nommé que mes élèves de français (que j’ai aussi en géographie) puissent intervenir dans mes classes de géographie.

Cela dit, comme d’habitude, le timing n’est pas toujours simple à tenir. Ce qui me semble important, c’est de pouvoir maintenir la logique de base et la cohérence de la planification. Si certaines choses doivent être supprimées (comment ici, nous avons traités que d’une initiative au lieu des deux), cela ne change pas l’expérience ou les objectifs de la séquence.

Déroulement
Le déroulement, s’est passé « presque » comme prévu….
L’arrivée de la fin de l’année et des notes a soudainement accéléré le temps. Nous avons donc dû laisser tomber une des initiatives pour pouvoir maintenir l’ensemble de l’exercice jusqu’au bout. 
Comme expliqué précédemment, cela n’a pas compromis les objectifs ou les enjeux pédagogiques de la séquences.

Etant donné la situation, au lieu que chaque élèves ou groupe d’élèves aient leur propre carte mentale, nous en avons fait une pour la classe. L’enjeu était que les élèves aient une base pour réviser. 
Il s’est alors passé une coopération inédite: un élève, particulièrement à l’aise avec le programme s’est mis au clavier et les 9 autres ont co-construit avec lui le travail de groupe. Je n’ai pratiquement pas eu besoin d’intervenir. C’était tout à fait surprenant de les voir travailler à 10 sur un ordinateur, chacun·e prenant une place, faisant des remarques constructives et intéressantes. A la fin de l’exercice qui a duré 30 minutes (ce qui est remarque pour elles et eux de pouvoir se concentrer sur un laps de temps aussi long), je n’ai presque rien eu besoin de modifier (quelques petits détails de cosmétique et de français). 

Je suis donc très impressionner de voir comme les élèves se sont investi·es dans ce travail, sans même y prêter attention. La collaboration a pris le dessus et les a fédéré·es pour un très beau résultat.