Enseigner avec la VMC

Mon expérience concrète de la VMC

19.03.2021

Philippe Ruffieux avatar. Philippe Ruffieux

Je vous propose un regard très concret sur ma pratique en classe.

Une première expérience magique

Avec ma première classe, j'ai mis en place les arbres de connaissances. En amont, je leur ai parlé de la situation classique lorsqu'ils recherchent de l'aide pour un sujet qu'ils n'ont pas bien compris. Parfois, ils savent vers qui aller et parfois, c'est plus difficile. En plus, ils ne sont pas toujours au clair sur ce qu'ils savent vraiment. Donc, je leur ai demandé
Sous quelle forme pourrait-on représenter les savoirs de la classe ?
Et comment faire pour pouvoir les échanger? Des représentations sous forme de murs des compétences ont été proposées. Le plus marquant, c'est qu'ils étaient très intéressés par la possibilité de ces échanges. Finalement, je leur ai proposé un arbre papier en fond de classe où ils pourraient aller coller leurs photos sur les compétences maîtrisées. Pour le démontrer, ils passeraient une petite épreuve que je leur donnerai… la suite, vous la connaissez.
L'arbre papier en fond de classe
J'enseignais toujours de manière relativement classique, mais lorsqu'un élève était en avance ou pensait avoir compris, je lui demandais de passer le brevet. Ses camarades pouvaient lui demander de l'aide, rôle de tuteur que nous appelons expert. Cette action se faisait lorsqu'il y avait des exercices en autonomie. Et les explications en frontal ou les exercices de découvertes ou expériences se faisaient normalement.
Les élèves dans leurs exercices avec un expert en action


C'était très intéressant de les voir s'expliquer. Parfois l'expert arrivait à faire comprendre en quelques mots ce que je n'avais pas réussi à faire passer en plusieurs leçons. Parfois l'expert peinait à expliquer correctement et devait fournir un effort conséquent pour trouver les mots.

Certains élèves avançaient vraiment très vite avec ce système et validaient rapidement les compétences travaillées. Je leur ai alors demandé de préparer à leur tour des brevets.
Un brevet d'élève

L'expert devait également prévoir le corrigé. Cette nouvelle posture lui demandait une réflexion supplémentaire pour choisir les questions qui testeraient la compétence. Il devait aussi préparer le corrigé. C'est lors de la correction qu'une nouvelle dimension émerge. D'une part, il devait décider si son camarade avait réussi ou non. Les questions de barème ou de notes sont venues. Il a donc fallu leur faire comprendre la sensibilité de l'évaluation formative. En cas de doute, je leur proposais de questionner plus avant. D'autre part, l'expert devait s'assurer de la compréhension de son camarade. Il ne suffit pas de dire ce qui est faux, mais alors d'expliquer pourquoi et donc de l'aider. En plus, il est arrivé que les deux ne soient pas d'accord et même que l'expert se soit trompé. Tous ces échanges sont formateurs.

Le système a si bien fonctionné qu'une année plus tard, certains ont pris suffisamment d'autonomie pour s'auto-organiser, notamment lors de la préparation aux examens. Et des experts ont fait la classe à d'autres sur certains sujets.
Une experte explique un sujet à ses camarades

Pérenniser le fonctionnement 

La deuxième expérience fut plus mitigée. Fort de cette belle expérience où les élèves avaient pris en charge leur apprentissage, j'ai logiquement remis le projet en route avec la classe suivante. La différence est que nous n'avons pas pris le temps d'introduire le dispositif. Je l'ai simplement expliqué.
Malheureusement, la classe a moins bien fonctionné. Les élèves ont réagi par des attitudes habituelles lorsqu'une tâche est imposée. Ils ont fait leurs brevets, mais sans vraiment s'impliquer comme je l'avais anticipé.

Dès lors, j'ai appliqué quelques changements et notamment repris le temps de faire comprendre aux élèves ce qu'ils y gagnaient, de leur demander s'ils étaient intéressés à utiliser un tel système et surtout de leur donner la possibilité de le faire évoluer. Voici une courte vidéo qui montre la VMC en pratique, avec des élèves qui ont une certaine habitude.



Je compléterai dans les jours qui viennent ce qui est actuellement fait dans ma classe.
En attendant, vous pouvez constater que mes explications tournent autour de l'apprentissage, mais je n'ai pas parlé de l'aspect numérique. En fait, c'est un apport intéressant que les élèves apprécient et qui facilite l'organisation. Mais il n'est pas indispensable.