Intégration des vidéos en classe dans un contexte d'apprentissage
Introduction :
Utiliser des vidéos en classe, un atout pédagogique
Il va sans dire que le principal avantage de lui présenter du contenu éducatif sous un format audiovisuel provient du fait que cela suscite grandement son intérêt. D’ailleurs, la préférence des élèves vis-à-vis le médium utilisé pour apprendre est un facteur déterminant pour leurs performances scolaires. Par Phylippe Laurendeau, Utilisation de la vidéo en classe.
Dans cette compétence nous vous proposons d’explorer les pratiques en matière d’intégration de la vidéo en classe, avec pour objectif d’activer leur valeur pédagogique. Par Lorianne Vorlet et Claire Matti
Intégrer des vidéos en classe, quelques outils
Comment évaluer la qualité pédagogique d’une vidéo?
Toutes les vidéos ne présentent cependant pas le même intérêt. Au moment de choisir une vidéo, il est nécessaire de l’envisager sous un œil critique. Pour vous aider dans ce processus, nous vous proposons comme source d’inspiration, le catalogue des critères d’Education 21. Celui-ci est très complet, et basé sur les critères de l’Education au Développement Durable. Mais vous trouverez dans la partie C3 des idées de ce que vous pourriez chercher comme qualité pédagogique dans une vidéo. Pour être plus synthétique, voici quelques points évoqués par Émilie Delaherche dans sa conférence « Une vidéo pédagogique, comment, pourquoi? » :
- Une vidéo doit être courte, idéalement pas plus de 5 minutes, 10 est un maximum. - Le contenu et le vocabulaire doit être adapté. - Le message doit être clair, structuré et illustré. - Le contenu doit être interactif. - Le rythme doit être adapté, attention au débit des narrateurs, le débit doit être assez lent. - Miser sur la simplicité et la sobriété.
Toujours dans l’idée de proposer des grilles de lectures, voici une démarche d’analyse proposée dans la didactique de la géographie : Démarche d’analyse de la valeur d’une vidéo pour son utilisation dans le cadre de la géographie. (Hertig, Lausselet, 2015) Et enfin un mot pour rappeler que toutes les vidéos ne se valent pas scientifiquement parlant. Il est tout aussi nécessaire d’activer votre expertise disciplinaire que votre compétence pédagogique. Privilégier des vidéos issues d’organismes scientifiques ou médiatiques reconnus est un avantage.
Comme le souligne Phylippe Laurendeau dans son article cité ci-dessous, le visionnage d’une vidéo devrait toujours répondre à une activité d’apprentissage. Qu’est ce qui différencie l’élève qui visionne en boucle des vidéos sur Youtube chez lui et l’élève qui regarde une vidéo sur YouTube en classe ? Ce sont les objectifs d’apprentissage qui ont mené au choix de ce support, et aux activités qui vont s’articuler avec. C’est pourquoi, ces tâches sont tout aussi importantes à concevoir que l’élaboration du choix de la vidéo. Dans un premier temps, on peut envisager deux modalités pour l’intégration d’une vidéo (Durafour, 2018) : - L’enseignant a la maîtrise du média et il le stoppe au moment où l’élève doit diriger son attention sur une information. - L’élève a le média à disposition et le manipule en fonction d’un questionnaire préparé par l’enseignant.
Bruno Devauchelle distingue lui cinq activités basées sur un usage pédagogique de la vidéo (Devauchelle, 2016) - Regarder : utilisation simple, l’élève est spectateur. - Critiquer : mettre la vidéo en perspective et s’exprimer à son sujet. Un moyen intéressant d’aborder le niveau taxonomique évaluer, souvent peu abordé. - Enrichir : confronter la vidéo à d’autres sources d’informations, créer des commentaires, en collectif partager sa compréhension. - Modifier : créer un nouveau produit à partir de la vidéo en intégrant quelque chose de personnel. - Créer : concevoir, fabriquer et surtout ne pas oublier la diffusion, élément important qui donne sa cohérence à cette démarche.
Permette à l’élève de dépasser la posture de spectateur passif est un point important dans l’intégration d’une vidéo en classe. Afin de guider son attention, d’éviter le brouillage et d’engager cognitivement l’élève, l’enseignant dispose d’outils permettant de rendre un vidéo réellement interactive. Nous en avons recensés quelques uns, mais notons particulièrement Edpuzzle. Cette plateforme permet, à l’aide de questions intégrées à la vidéo, de diriger le travail de l’élève, de susciter la réflexion et également de contrôler leur compréhension.
En effet intégrer une vidéo dans un contexte d’apprentissage est également un excellent moyen d’obtenir un retour formatif sur les apprentissages des élèves. C’est le cas avec Edpuzzle, grâce à la collecte des réponses et la visualisation de l’avancée des élèves dans l’activité. Mais d’autres activités s’y prêtent également parfaitement, comme celle proposée par Denise Sutter Widmer lors de la construction de cette compétence:
l'enseignant enlève le son et demande aux élèves de créer une bande-son. Puis les élèves confrontent leurs résultats avec celui de la bande-son d'origine. L'enseignant peut ainsi aussi se rendre compte si les élèves ont bien compris les concepts présentés dans la vidéo, dans la mesure où il a déjà abordé certains contenus en amont.
Liens et outils pour la mise en activité des vidéos :
Comment éviter les risques de brouillage de l’information?
Lorsque l’on souhaite intégrer une vidéo en classe, le plus gros risque est que l’élève passe à côté de l’information. Il faut donc veiller à ce que son attention ne soit pas brouillée par le format spécifique de ce média. C’est le moment d’analyser votre média en se centrant sur l’élève. Qu’est ce qu’il peut le gêner et de quoi a t’il besoin pour être guidé ? Certaines vidéos, notamment les bandes annonces, sont formatées pour créer le maximum d’attente et d’émotion chez le spectateur. Pour exemple les deux bandes annonces du film Cargos que vous trouverez plus bas. La version française est relativement sobre. Mais la version internationale mélange images fortes et musique inquiétante. Pourquoi ne pas couper le son ? Le principal est toujours que la vidéo soit en adéquation avec votre classe.
Deux exemples des effets du montage et du son : Un autre moyen d’éviter le brouillage de l’information, est de profiter de l’intégration d’une vidéo pour faire de l’éducation aux médias. Il existe plusieurs formes de vidéos adaptées à l’utilisation en cours, mais toutes ne répondent pas aux même codes et formats. Le fichier PDF suivant offre un résumé des différents genres et format, pour le citer : « Toutes les informations sont organisées pour permettre de dire ce qu'elles ont à dire : selon ce qu'elles veulent raconter, argumenter, expliquer ou commenter. » . Un message qu’il est bon de transmettre à nos élèves. http://reseau-crem.lacsq.org/projet/genres.pdf
L'utilité de la vidéo dans les apprentissages
Pour aller plus loin selon la théorie de Mayer, les informations visuelles (images et texte écrit) transitent par un canal différent (ces informations sont donc traitées différemment) de celui des informations auditives (texte oral). Avec la vidéo, nous combinons l’audio et le visuel, ce qui permettrait de stimuler deux types de mémoire différents et donc potentiellement améliorerait l'apprentissage. Le fondement de cette théorie est que la mémoire de travail est limitée. L'utilisation de la vidéo solliciterait deux canaux différents, ainsi le cerveau va traiter un plus grand nombre d'informations que si un seul canal était stimulé (par exemple seulement le canal visuel). Etant donné que la mémoire de travail a une capacité limitée et que l'information doit d'abord y être traité avant d'être stockée dans la mémoire à long terme, il faut que la mémoire de travail reçoive et traite seulement les informations importantes pour par la suite l'envoyer à la mémoire à long terme. La mémoire à long terme est importante pour l'encrage de l'information. (selon Ibrahim M, Antonenko PD, Greenwood CM, Wheeler D, 2012. Effect of segmenting, signalling, and weeding on learning from educational video. Learning, Media and Technology, 37, 220–235. )
Création de vidéo par les élèves
La création de vidéo par les élèves permettrait la mise en valeur de leurs travaux et pourrait favoriser l'apprentissage de certaines matières. Elle permet à l'élève de développer des compétences de narration, de rédaction et de mise en scène. Cette production stimule aussi l'esprit collaboratif entre les élèves car en général ce travail se fait en équipe. Elle peut permettre aussi la mise en avant de certaines compétences d'élèves qui seraient en échec scolaire. L'élaboration d'une vidéo éveille aussi leur esprit critique mais aussi artistique. L'utilisation de ces différents outils numériques serait un atout pour leur avenir professionnel et potentiellement pourrait éveiller des vocations (je pense à de futurs médiamaticiens, nouveau métier qui est à la mode auprès des jeunes). Les élèves sont souvent influencés par des youtubeurs, ce serait pour eux l'occasion de se mettre dans leur peau. La vidéo jouerait un rôle important dans la motivation des élèves.
Informer les élèves concernant les droits d'auteurs
Il est important de sensibiliser les élèves par rapport à l'utilisation de documents, de musique ou d'images conçus par des tiers pour illustrer les vidéos. Une campagne scolaire (www.respectcopyright.ch) a vu le jour afin de sensibiliser les élèves à partir de 12 ans sur les droits d’auteur. Des manifestations gratuites dans les écoles sont proposées sur ce site. Elles sont organisées sur les thèmes suivants :
· ai-je le droit de télécharger des documents, de la musique ou autre depuis internet et de les transmettre à d’autres personnes ?
· qu’est-ce que je peux publier sur les réseaux sociaux ?
· comment et de quoi vivent les auteurs artistiques ?
· lorsqu’on produit un CD, vidéo ou autre média, à quoi je dois faire attention.
Bibliographie Devauchelle, B., (2016), Éduquer avec le numérique, Pédagogies questions vives, esf sciences humaines. Kaiser, M., & Spanu, M. (2018). « On n’écoute que des clips ! ». Volume !, 14:2(1), 7–20. Retrieved from https://www.cairn.info/revue-volume-2018-1-page-7.htm L’Agence des usages. (n.d.). Retrieved January 22, 2020, from https://www.reseau-canope.fr/agence-des-usages/les-usages-video-des-jeunes-quels-interets-pedagogiques.html Mayer, R. E. (2009). Multimedia Learning, second edition, Cambridge : Cambridge University Press Mayer (2009). théorie de l'apprentissage multimédia, http://psychologie-cognitive.blogspot.com/2012/06/mayer-2009-theorie-de-lapprentissage.html Mayer, R.E. , Fiorella, L., _(2014) Principles for reducing extraneous processing in multimedia learning Coherence, signaling, redundancy, spatial contiguity and temporal contiguity principles Ibrahim M, Antonenko PD, Greenwood CM, Wheeler D, 2012. Effect of segmenting, signalling, and weeding on learning from educational video. Learning, Media and Technology, 37, 220–235.
